Carmel
Correspondance de Thérèse LT 173 – A soeur Thérèse-Dosithée (Léonie) – Janvier (?) 1895

DE  
MARTIN Thérèse, Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

01/01/1895

Janvier (?) 1895

J.M.J.T.

Jésus

                Ma chère petite Soeur

                C'est avec grande joie que je viens t'offrir mes voeux au commencement de cette nouvelle année. Celle qui vient de s'écouler a été bien fructueuse pour le Ciel, notre Père chéri a vu ce que «L'oeil de l'homme ne peut contempler». Il a entendu l'harmonie des anges... et son coeur comprend, son âme jouit des récompenses que Dieu a préparées à ceux qui l'aiment !
                Notre tour viendra aussi... peut-être ne verrons-nous pas finir l'année qui commence ! peut-être l'une de nous entendra-t-elle bientôt l'appel de Jésus !...
                Oh ! qu'il est doux de penser que nous voguons vers l'éternel rivage !...
                Chère petite Soeur, ne trouves-tu pas comme moi que le départ de notre Père chéri nous a rapprochées des Cieux ? Plus de la moitié de la famille jouit maintenant de la vue de Dieu et les cinq exilées de la terre ne tarderont pas à s'envoler vers leur Patrie. Cette pensée de la brièveté de la vie me donne du courage, elle m'aide à supporter les fatigues du chemin. Qu'importe (dit l'Imitation) un peu de travail sur la terre... nous passons et n'avons point ici de demeure permanente ! Jésus est allée devant afin de nous préparer une place en la maison de son Père et puis Il viendra et Il nous prendra avec Lui afin que là où Il est nous y soyons aussi... Attendons, souffrons en paix, l'heure du repos approche, les légères tribulations de cette vie d'un moment produisent en nous un poids éternel de gloire...
                Chère petite Soeur, que tes lettres m'ont fait de plaisir et surtout de bien à l'âme, je me réjouis en voyant combien le Bon Dieu t'aime et te comble de ses grâces... Il te trouve digne de souffrir pour son amour et c'est la plus grande preuve de tendresse qu'Il puisse te donner, car c'est la souffrance qui nous rend semblables à Lui...
                O ma petite Soeur chérie ! n'oublie pas la dernière, la plus pauvre de tes soeurs ; demande à Jésus qu'elle soit bien fidèle, qu'elle soit comme toi heureuse d'être partout la plus petite... la dernière !...
                Je te prie d'offrir mes voeux à tes bonnes Mères et de leur assurer que je leur suis bien unie dans le Coeur de Jésus.
                Ta pauvre petite Soeur

(Th. de l'Enfant Jésus) rel.carm.ind.

Retour à la liste