Carmel
Correspondance de Thérèse LT 136 – A Marie Guérin – 16 octobre 1892

DE  
MARTIN Thérèse, Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus
À 
GUÉRIN Marie, Soeur Marie de l'Eucharistie

16/10/1892

J.M.J.T.

Jésus

Au Carmel le 16 Octobre 92.

                Ma chère petite Marie,

                Puisque c'est toi qui as été chargée de me présenter les vœux de bonne fête de la part de toute la famille, je pense que c'est à toi que je dois confier la mission de remercier, d'abord ma chère Tante. Premièrement pour sa petite lettre et le gros paquet de chocolat qui a bien réjoui notre petite provisoire. Ensuite la délicieuse crème au café et puis surtout la chère et aimable petite lettre de sa garde malade laquelle, je n'en doute pas, va bientôt rendre la santé à ma petite Tante chérie. Je prie aussi le petit Docteur de la rue de l'Oratoire d'offrir mes remerciements au Grand Docteur et à sa chère petite Jeanne qui malgré sa convalescence a pensé à ma fête, ce qui m'a bien touchée...
                La petite rechute qui, heureusement, n'a pas eu de suite pour la santé de Jeanne m'a donné une pensée que je vais confier à mon cher petit Docteur. Il me semble que la bonne Sainte Anne trouvait que maintenant elle était un peu oubliée, aussi s'est-elle empressée de faire penser à elle ! Je t'assure que désormais son souvenir m'est toujours présent. Quand je suis par la pensée auprès de ma chère petite soeur de Caen, aussitôt la bonne Sainte Anne me revient en mémoire et je lui confie celle que j'aime.
                Je vois avec plaisir, ma chère petite Marie, que l'air de la ville de Caen ne te porte pas à la mélancolie, ta gaîté, je n'en doute pas (encore plus que ta science de Docteur), va bien vite rétablir nos deux chères malades.
                Les bouchées à la reine faites par un pâtissier aussi distingué que toi me semblent un plat bien délicat pour des carmélites, mais ne pourrais-tu pas prouver ton talent en faisant des pâtés si légers que Jeanne puisse non seulement les dévorer des yeux mais encore les manger sans en éprouver aucun mal...
                Je termine, mon cher petit Docteur, en te priant d'excuser ma vilaine écriture. Embrasse bien fort pour moi toute la famille et remercie de toutes les gâteries qui m'ont été envoyées en si grande abondance que je crains d'en avoir oublié.
                Dis à ma chère Tante que je la prie de déposer un gros baiser de ma part sur tes petites joues et crois à la tendresse de ta petite Sœur.

Thérèse de l'Enfant Jésus rel.carm.ind.

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