Carmel
Correspondance de Thérèse LT 172 – A Mme Guérin – 17 Novembre 1894

DE  
MARTIN Thérèse, Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus
À 
GUÉRIN Céline née FOURNET

17/11/1894

J.M.J.T.

Jésus

Le 17 Novembre 1894

                Ma chère Tante,

                C'est l'âme encore tout embaumée de la belle lettre de mon Oncle à Sr Marie-Madeleine que je viens vous souhaiter votre fête.
                O ma petite Tante chérie ! si vous saviez combien je suis fière d'avoir des parents comme vous !... Je suis heureuse de voir le Bon Dieu si bien servi par ceux que j'aime et je me demande pour quelle raison Il m'a fait la grâce d'appartenir à une si belle famille...
                Il me semble que Jésus vient se reposer avec délice dans votre maison comme Il le faisait autrefois à Béthanie. C'est bien «Le divin Mendiant d'amour» qui demande l'hospitalité et qui dit «Merci» en demandant toujours davantage à proportion des dons qu'Il reçoit. Il sent que les coeurs auxquels Il s'adresse comprennent «que le plus grand honneur que Dieu puisse faire à une âme ce n'est pas de lui donner beaucoup, mais de lui demander beaucoup».
                Aussi qu'il vous sera doux un jour, ma Tante chérie, de vous entendre donner le nom de Mère par Jésus Lui-même !... Oui vous êtes véritablement sa Mère, Il nous l'assure dans l'Evangile par ces paroles : «Celui qui fait la volonté de mon Père, celui-là est ma Mère.» Et vous avez non seulement fait sa volonté mais vous lui donnez six de vos enfants pour être ses épouses !... Ainsi vous êtes six fois sa Mère et les anges du Ciel pourraient vous adresser ces belles paroles : «Pour toi tu te réjouiras en tes enfants parce que tous seront bénis et qu'ils seront réunis au Seigneur.» Oui tous sont bénis et dans le Ciel, ô ma Tante chérie, votre couronne sera composée de roses et de Lys...
                Les deux roses qui brilleront au milieu n'en seront pas le moindre ornement. Ce sont elles qui sur la terre auront copié vos vertus afin d'embaumer le triste monde et que Dieu puisse encore rencontrer ici-bas quelques fleurs qui le charment et retiennent son bras qui voudrait punir les méchants...
                Ma petite tante chérie, je voulais vous en dire bien long... mais on vient chercher ma lettre, je n'ai que le temps de vous assurer encore de toute ma tendresse. Je pense aussi à la fête de notre chère Bonne-Maman et je vous prie de l'embrasser bien fort pour moi.

Votre petite fille Thérèse de l'Enfant Jésus rel.carm.ind.

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