Carmel
Correspondance de Thérèse LT 168 – A Céline – 5-10 Août 1894

DE  
MARTIN Thérèse, Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus
À 
MARTIN Céline, Soeur Geneviève de la Sainte Face

10/08/1894

5-10 Août 1894

J.M.J.T.

Jésus

                Ma Céline chérie,

                Ta lettre est ravissante elle nous a fait répandre de bien douces larmes !...
                Ne crains rien, Jésus ne te trompera pas, si tu savais comme ta docilité, ta candeur d'enfant le ravit !... moi j'en ai le coeur déchiré... j'ai tant souffert pour toi que j'espère n'être pas un obstacle à ta vocation ; notre affection n'a-t-elle pas été épurée comme l'or au creuset ?... Nous avons répandu en pleurant des semences et maintenant nous reviendrons bientôt ensemble portant des gerbes en nos mains. Je ne vais pas écrire au Père aujourd'hui, je crois qu'il vaut mieux attendre sa lettre pour voir ce qu'il dira ?... Si tu aimes mieux que j'écrive pour te justifier, dis-le moi quand tu viendras et je ne serai pas embarrassée !... J'en ai gros sur le coeur !!!...
                Mais je remercie le bon Dieu de cette épreuve que Lui-même a voulue, j'en suis sûre, car il est impossible que Jésus trompe un petit enfant comme toi.
                Toutes les trois nous t'aimons encore mieux qu'avant si c'est possible, ton regard nous en a dit si long. Si tu entendais Sr Marie du S.C. je t'assure qu'elle t'étonnerait !... Elle n'hésite pas à dire que son Père bien-aimé s'est trompé.. mais il n'a été que l'instrument docile de Jésus, aussi la petite Thérèse ne lui en veut pas !...
                Remercie bien ma tante de sa lettre si elle sait que je t'ai écrit, dis-lui que nous sommes profondément touchées.
                (Mère M. de G. a bien pleuré aussi en lisant ta lettre, pauvre mère, elle ne sait rien du tout... tu vois comme nous sommes discrètes !)

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