Carmel
Correspondance de Thérèse LT 021 – A Marie – 2 Octobre 1886

DE  
MARTIN Thérèse, Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus
À 
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur

02/10/1886

Samedi 2 Octobre 6 heures du Soir
Fête des Sts Anges

            Ma chère petite Marie,
            Nous venons de recevoir la dépêche je suis bien contente car je crois que cela veut dire que tu as vu le Père à Douvres, il t'a envoyé une lettre Mercredi qui te disait d'aller au devant de lui aujourd'hui. Tu ne peux pas te figurer ce que nous nous sommes tourmentées, Céline a envoyé des lettres à Douvres et à Calais poste restante.            Tous les jours la Ste Vierge a eu un cierge et je l'ai tant priée et suppliée que je ne pouvais croire que tu ne saurais pas que le père revenait aujourd'hui. Monsieur Pichon a aussi envoyé une lettre à papa nous n'osions pas la décacheter, Pauline nous a dit que cela valait mieux parce que il y avait peut être quelque chose de pressé dedans, mais il y avait seulement que Monsieur Pichon ne savait pas encore le jour où le Père reviendrait et qu'il allait écrire au supérieur pour le savoir.            Oh ma petite Marie si tu savais comme je trouve que tu nous as dit bien vrai ; le bon Dieu nous gâte mais tu ne te figures pas ce que c'est que d'être séparé d'une personne qu'on aime comme je t'aime si tu voyais tout ce que je pense mais je ne peux pas te le dire il est trop tard et j'ai écrit ma lettre toute de travers parce que je n'y voyais pas. Ma petite Marraine chérie j'ai demandé à Pauline si les petites bouteilles or Bronze servaient pour la peinture à l'aquarelle elle m'a dit que non que c'était pour peindre les Saints et les statues je te dis cela pour ne pas que tu m'en achète comme souvenir Je t'en conjure ne me rapporte rien cela me fera vraiment de la peine. Léonie t'embrasse bien et papa aussi            Au revoir ma Marie bien aimée embrasse bien fort pour moi mon petit père chéri
Ta vraie petite fille qui t'aime autant qu'on peut aimer.                                                                                                                                                 Thérésita

            Surtout n'oublie pas nos commissions et le tabouret à ma Tante. Félicité te dit bien des choses elle est d'une humeur charmante depuis que tu est partie Ma tante et mon oncle Jeanne et Marie vous disent bien des choses. Nous n'avons pas encore porté la dépêche au Carmel.

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