Carmel
Correspondance de Thérèse LT 114 – A soeur Agnès de Jésus – 3 septembre 1890

DE  
MARTIN Thérèse, Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus
À 
MARTIN Pauline, Mère Agnès de Jésus

03/09/1890

3 septembre 1890

J.M.J.T.

Jésus

                Agneau chéri, oui, pour nous les joies seront toujours mêlées à la souffrance, la grâce d'hier demandait un couronnement et c'est à vous que Jésus l'a donné, et puis à moi en même temps, car tout ce qui vous fait souffrir me blesse profondément !... Je voudrais bien savoir si Notre Mère vous a consolée et si vous avez encore du chagrin ? Il me semble qu'il faudrait remercier le «St Vieillard Siméon» et lui dire que sa lettre est arrivée, qu'en pensez-vous ?... Je vous donne un petit mot de ma Sr Thérèse de Jésus, elle me l'a donné ce matin. Faut-il lui faire tout cela ?... Je n'ai pas de modèles et puis il me semble que le linge et la Ste Vierge sont plus pressés, mais je vais faire ce que vous allez me dire.
                Croyez-vous que Céline va vraiment mourir ?... Je lui ai promis hier de faire profession pour nous deux, mais je n'aurai pas le courage de demander à Jésus qu'Il la laisse sur la terre si ce n'est pas sa volonté. Il me semble que l'amour peut suppléer à une longue vie... Jésus ne regarde pas au temps puisqu'il n'y en a plus au Ciel, Il ne doit regarder qu'à l'amour. Demandez-lui de m'en donner beaucoup aussi à moi, je ne demande pas de l'amour sensible mais seulement senti de Jésus. Oh ! L'aimer et le faire aimer, que c'est doux !... Dites-lui aussi de me prendre le jour de ma profession si je dois encore l'offenser après, car je voudrais emporter au ciel la robe blanche de mon second baptême sans aucune souillure, mais il me semble que Jésus peut bien faire la grâce de ne plus l'offenser ou bien de ne faire que des fautes qui ne l'OFFENSENT pas mais ne font que d'humilier et de rendre l'amour plus fort. Si vous saviez comme je vous en dirais long si j'avais des paroles pour exprimer ce que je pense ou plutôt que je ne pense pas mais que je sens !... La vie est bien mystérieuse !... C'est un désert et un exil... mais au fond de l'âme on sent qu'il y aura un jour des LOINTAINS infinis, LOINTAINS qui feront oublier pour toujours les tristesses du désert et de l'exil...

le petit grain de sable.

                M. l'abbé Domin ne sait pas que je fais profession, faut-il lui dire ? Il me semble que si Notre Mère n'a pas encore écrit à l'Abbaye, elle pourrait dire à ces Dames de lui en faire part ?-

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