Carmel
Correspondance de Thérèse LT 138 – A Mme Guérin – 17 Novembre 1892

DE  
MARTIN Thérèse, Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus
À 
GUÉRIN Céline née FOURNET

17/11/1892

J.M.J.T.

Jésus

Au Carmel le 17 Novembre 1892

                Ma chère Tante,

                La plus petite de vos filles se sent impuissante à vous redire sa tendresse et tous les vœux qu'elle forme pour vous. Mais le cœur d'une mère devine aisément ce qui se passe dans l'âme de son enfant, aussi, chère petite Tante, ne vais-je pas essayer de traduire des sentiments que vous connaissez depuis longtemps.
                Cette année le bon Dieu a rempli mon cœur d'une bien douce consolation en rappelant de son exil mon cher petite Père. En repassant dans mon esprit les années douloureuses qui viennent de s'écouler, mon âme déborde de reconnaissance. Je ne puis regretter des peines qui sont passées et qui on achevé et embelli la couronne que Dieu se dispose à placer bientôt sur le front vénérable de celui qui l'a tant aimé et servi si fidèlement...
                Et puis ces peines m'ont appris à connaître mieux les trésors de tendresse cachés dans le cœur des parents chéris que le bon Dieu m'a donnés... «Le plus beau chef-d'œuvre du cœur de Dieu, c'est le cœur d'une Mère.» Je sens combien est vraie cette parole et je remercie le Seigneur de m'en avoir fait faire la douce expérience.
                Chère petite Tante, je vous assure que si vous avez pour nous un cœur maternel, votre petite fille en a un qui est bien filial, aussi elle demande à Jésus de vous combler de toutes les faveurs qu'un cœur d'enfant peut rêver pour sa Mère chérie. Souvent le silence seul est capable d'exprimer ma prière, mais l'hôte divin du tabernacle comprend tout ; même le silence d'une âme d'enfant qui est remplie de reconnaissance !... Si je ne suis pas présente le jour de la fête de ma Tante chérie, mon cœur sera bien près d'elle et personne plus que moi ne la comblera de tendresse.
                Je vous prie, ma chère Tante, d'embrasser pour moi mon bon Oncle et mes petites sœurs chéries.
                Je vous quitte, ma Tante chérie, en vous restant bien unie comme une fille l'est à sa Mère.
                Votre enfant qui vous aime

Sr Thérèse de l'Enfant Jésus rel.carm.ind.

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