Carmel
Correspondance de Thérèse LT 183 – A soeur Geneviève – 24 Février 1896

DE  
MARTIN Thérèse, Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus
À 
MARTIN Céline, Soeur Geneviève de la Sainte Face

24/02/1896

24 Février 1896

contrat d'alliance de Jésus avec Céline

                Moi Jésus, le Verbe Eternel, le Fils unique de Dieu et de la Vierge Marie, j'épouse aujourd'hui Céline, princesse exilée, pauvre et sans titres. Je me donne à elle sous le nom de : Chevalier de l'Amour, de la Souffrance et du Mépris.

                Mon intention n'est pas encore de rendre à ma Bien-Aimée sa Patrie, ses Titres et sa Richesse. Je veux qu'elle partage le sort qu'il m'a plu de choisir sur la terre... Ici-bas, mon Visage est caché, mais elle sait me reconnaître alors que les autres me méprisent ; en retour, je place aujourd'hui sur sa tête le Heaume de salut et de grâce, afin que son Visage soit caché comme le mien... Je veux qu'elle cache les dons qu'elle a reçus de moi, me laissant les lui donner et reprendre comme Il me plaira, ne s'attachant à aucun, oubliant même tout ce qui peut la grandir à ses yeux comme à ceux des créatures.
                Ma Bien-Aimée s'appellera désormais : Geneviève de Sainte Thérèse (son titre le plus glorieux, celui de : Marie de la Sainte Face, demeurera caché sur la terre afin de briller au Ciel d'un éclat incomparable). Elle sera bergère de l'unique Agneau qui devient son Epoux. Notre union enfantera des âmes plus nombreuses que les étoiles du firmament, et la famille de la séraphique Thérèse se réjouira de la splendeur nouvelle qui lui sera donnée.
                Geneviève supportera patiemment l'absence de son Chevalier, le laissant combattre seul afin que lui seul ait l'honneur de la victoire ; elle se contentera de manier le glaive de l'Amour. Comme une douce mélodie sa voix me charmera au milieu des camps. Le plus léger de ses soupirs d'Amour embrasera d'une ardeur toute nouvelle mes troupes d'élite.
                Moi la Fleur des Champs, le Lys des Vallées, la nourriture que je veux donner à ma Bien-Aimée sera le Froment des Elus, le Vin qui fait germer les Vierges... Elle recevra cette nourriture des mains de l'Humble et Glorieuse Vierge Marie, notre Mère à tous les deux...
                Je veux Vivre en ma Bien-Aimée et, pour gage de cette vie, je lui donne mon Nom, ce cachet royal sera la marque de sa toute-puissance sur mon Coeur.
                Demain, jour de l'Eternité, je lèverai mon Casque... Ma Bien-Aimée verra l'éclat de ma Face Adorable... Elle entendra le Nom Nouveau que je lui réserve... Elle recevra pour sa Grande Récompense la Bienheureuse Trinité !... Après avoir partagé la même Vie cachée, nous jouirons dans Notre Royaume des mêmes Gloires, du même Trône, de la même Palme et de la même Couronne... Nos deux Coeurs unis pour l'Eternité s'Aimeront du même Eternel Amour !!!...

                                               Donné sur la montagne du Carmel, sous notre seing et le sceau de nos armes, en la fête de mon agonie, le vingt-quatrième jour de Février, l'an mil huit cent quatre-vingt-seize.

th. de l'enfant Jésus éditeur du chevalier divin

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