1. Mon Doux Jésus, sur le sein de ta Mère Tu m'apparais, tout rayonnant d'Amour. L'Amour, voilà l'ineffable mystèreQui t'exila du Céleste Séjour... Ah ! laisse-moi me cacher sous le voileQui te dérobe à tout regard mortelEt près de toi, ô Matinale Etoile ! Je trouverai un avant-goût du Ciel. 2. Dès le réveil d'une nouvelle auroreQuand du soleil on voit les premiers feuxLa tendre fleur qui commence d'écloreAttend d'en haut un baume précieuxC'est du matin la rosée bienfaisanteToute remplie d'une douce fraîcheurQui produisant une sève abondanteDu frais bouton fait entrouvrir la fleur. 3. C'est toi, Jésus la Fleur à peine éclose,Je te contemple à ton premier réveil,C'est toi, Jésus, la ravissante Rose,Le frais bouton, gracieux et vermeil.Les bras si purs de ta Mère chérieForment pour toi berceau, trône royalTon doux soleil, c'est le sein de MarieEt ta Rosée, c'est le Lait Virginal !... 4. Mon Bien-Aimé, mon divin petit FrèreDans ton regard je vois tout l'avenirBientôt pour moi tu quitteras ta MèreDéjà l'Amour te presse de souffrirMais sur la croix, ô Fleur Epanouie !Je reconnais ton parfum matinal,Je reconnais la Rosée de Marie.Ton sang divin, c'est le Lait Virginal !... 5. Cette rosée se cache au sanctuaire,L'ange des Cieux la contemple ravi,Offrant à Dieu sa sublime prièreComme Saint Jean, il redit : «Le voici»Oui, le voici, ce Verbe fait Hostie,Prêtre éternel, Agneau sacerdotal,Le Fils de Dieu, c'est le Fils de Marie,Le pain de l'Ange est le Lait Virginal. 6. Le séraphin se nourrit de la gloire,Au Paradis son bonheur est parfaitMoi faible enfant, je ne vois au ciboireQue la couleur, la figure du LaitMais c'est le Lait qui convient à l'enfanceEt de Jésus l'Amour est sans égalO tendre Amour ! Insondable puissanceMa blanche Hostie, c'est le Lait Virginal !... Air : Minuit, chrétiens Datation : 2 février 1893Destinataire : sr Thérèse de Saint-AugustinCette dernière raconte elle-même l'origine du poème: "Un jour je lui demandai de composer un cantique sur notre sujet préféré. "C'est impossible, me répondit-elle, je ne connais nullement la poésie. -Qu'est-ce que cela fait, il n'est pas question de l'envoyer à l'Académie, il s'agit seulement de me faire plaisir et de satisfaire un désir de mon âme. -J'hésite encore un peu parce que je ne sais pas si c'est la volonté de Dieu. - Oh! pour cela, je vais vous donner un conseil. Avant de commencer, vous allez dire à Notre-Seigneur: "Mon Dieu, si ce n'est pas votre volonté, je vous demande la grâce de ne pouvoir réussir, mais si cela doit procurer votre gloire, venez à mon aide." Je crois qu'après cela, vous pourrez être sans inquiétude. Elle suivit mon conseil..." cf. Souvenirs d'une sainte amitié