Carmel
Sr Marie du Sacré Coeur à Sr Françoise-Thérèse - 7 juillet 1935

DE  
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

07/07/1935

+ Jésus
Dimanche Le 7 Juillet 1935
P.C.
Ma petite soeur chérie,

Si je ne t'ai pas envoyé un mot par notre bon aumônier c'est parce que j'ai été prévenue trop tard de son voyage à Caen. J'ai bien reçu ta lettre pour ma fête. Oh ! comme toi je voudrais bien fêter le Sacré Coeur au Ciel avec toi l'année prochaine. Si je pars la première je lui demanderai de venir bien vite te chercher. Mais consolons nous tout finit ici-bas, les plus grandes épreuves ont un terme. Je ne sais si je t'ai jamais parlé de notre petite soeur Marie du St Sacrement une âme d'élite comme il y a peu sur laquelle notre Mère fondait ses espérances pour plus tard car elle était très intelligente. Eh bien après sa profession, il y a cinq ans elle est tombée malade de troubles cérébraux et il a fallu la faire soigner au bon Sauveur. Elle ne s'est jamais remise et ces années d'exil ont été un martyre par le désir incessant qu'elle avait de revenir au Carmel. C'était un véritable ange. Avant de partir elle disait : "Je n'ai pas peur d'être humiliée, le bon Dieu peut faire de moi tout ce qu'il voudra qu'il ne se gène pas avec moi!" Aujourd'hui la voilà au terme de son épreuve, elle a une phtisie galopante, il est impossible qu'elle guérisse. Sa soeur (Sr Madeleine de St Joseph) qui était sous prieure il y a 5 ans, remercie le bon Dieu de venir chercher sa pauvre petite soeur qui va s'en aller certainement tout droit au Ciel.
Nous serions heureuses de vous rendre service pour les sabliers, mais nous ne pouvons arriver à nous en procurer de bons, peut-être le Carmel de Caen pourrait-il vous renseigner.
Pour les Annales nous n'avons pas payé de double abonnement et la famille de Sr Marguerite Agnès n'a pas cessé son abonnement, tout cela vient d'un désordre probablement dans le bureau qui s'occupe des envois.
Je finis ma lettre au crayon, n'ayant plus d'encre, j'attends ma petite infirmière pour m'en donner, mais comme je ne veux par la déranger inutilement j'ai pris le parti de me servir de notre crayon.
Tu dis, petite soeur, que je donne à Jésus sans compter. Hélas ! Hélas ! si tu savais comme j'ai peu de courage, comme je l'appelle à chaque instant à mon secours, sans cela je n'aurais pas une ombre de force pour supporter mes infirmités. – Mardi et mercredi tu verras nos soeurs tourières qui iront à Caen pour voir notre pauvre petite malade. C'est pour cela que Mr l'Aumônier est allé à Caen hier.
Je t'embrasse tendrement, ma petite soeur chérie
Sr M. du S. Coeur
r.c.i.
Pour les Annales Sr M.de la Trinité a dû dire que vous ne receviez pas régulièrement si cela se renouvelait il faudrait nous avertir.

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