Carmel
Sr Marie du Sacré Coeur à Sr Françoise-Thérèse - 5 janvier 1936

DE  
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

05/01/1936

J + M
Carmel de Lisieux 5 Janvier 1936
Pax Christi

Ma petite soeur chérie,

Comme je ne t'ai pas écrit la dernière fois, je profite de Melle Violette pour t'envoyer ce petit mot. - Je veux d'abord t'apprendre la mort de Marcelline (Sr Marie Joseph de la Croix) Elle est partie au Ciel le lendemain de Noël, car je crois qu'elle y est allée tout droit. Elle est morte comme une sainte ? La dernière nuit on l'entendait dire souvent : "Oh ! le bon Dieu je l'aime !" Elle a beaucoup souffert pendant sa maladie et a édifié toute la Communauté par sa patience. Elle m'a écrit une dernière lettre le 6 décembre dans laquelle elle me dit : "Profondément touchée de votre lettre et des images de ma bien aimée sainte je tiens à vous dire un dernier merci, merci surtout pour les prières que vous faites pour moi, elles me sont un grand soutien pour les dernières heures que j'ai à passer sur la terre. Je vis dans la paix mais je demande au bon Dieu la patience, la confiance et l'abandon. Ma petite Thérèse me fait passer par sa voie crucifiante, mais je fais mon possible pour dire fiat à tout car mon exil me paraît bien long et j'aspire à voir mon doux Sauveur. Je ne vous oublie pas toutes les quatre et garde de vous un édifiant et fidèle souvenir ainsi que de votre pieuse famille et au Ciel où j'espère être bientôt rendue je prierai pour vous. J'envoie à votre très révérende Mère mon reconnaissant souvenir. Pour vous, chère soeur Marie du Sacré Coeur, pour Sr Françoise Thérèse et pour Sr Geneviève, ma religieuse et fidèle affection. Je désire que notre Communauté ait toujours part aux prières de la vôtre.
Au revoir au Ciel.... Votre petite soeur en Jésus Hostie."
J'espère, chère petite soeur, que ces détails vont t'intéresser, quand je pense à tous ceux que nous avons connus et qui sont dans leur éternité je me dis que la vie d'ici-bas n'est vraiment qu'un court passage.
Tâchons de bien employer le peu de temps qui nous reste car nous aussi nous sommes à la fin de notre exil.
On nous prédit pour l'hiver prochain un froid terrible, je vois déjà nos beaux lauriers gelés jusqu'à la racine. Cette année, si l'eau continue à tomber on nous prédit de grands dégâts, enfin je vois que le mieux est de s'abandonner au bon Dieu si l'on veut vivre en paix sur cette triste terre.
Adieu, petite soeur chérie, il est temps que je finisse, j'écris de plus en plus mal, car cela me fatigue le cou d'avoir la tête penchée. Je t'embrasse bien fort en te souhaitant de nouveau une sainte année.
Respectueux et affectueux souvenir à tes bonnes Mères.
Ton aînée
Sr Marie du Sacré Coeur
r.c.i.

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