Carmel
Sr Marie du Sacré Coeur à Sr Françoise-Thérèse - 31 octobre 1937

DE  
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

31/10/1937

J + M
Carmel de Lisieux 31 Octobre 1937
P.C.
Ma petite soeur chérie,

Je n'attends pas l'Avent pour t'écrire, puisqu'il se trouve une occasion, notre Mère me dit d'en profiter et avant l'Avent ce sera notre Mère et Sr Geneviève.
Quelle gentille lettre tu m'as écrite pour mes cinquante et un an d'entrée au Carmel. Oui, chère petite soeur, mon exil se prolonge, mais il touche cependant à sa fin et puis c'est une grâce de vivre longtemps, nous pouvons donner au bon Dieu plus de preuves de notre amour et après cette vie ce sera impossible ! Oh ! combien nous le remercierons d'avoir souffert quelques années dans cette vallée de larmes ! Comme nous le remercierons de nous avoir abritées dans sa maison, entourées de tant d'amour et de sollicitude ! Il aurait pu nous laisser dans le monde. Mais non, Il a voulu nous cacher "à l'ombre de ses ailes" et après nous avoir aidées à accomplir ses divines volontés sur notre âme, Il nous récompensera au centuple, de nos petits efforts, alors que c'est Lui qui aura tout fait !
Tu me dis que ta retraite n'a pas été consolée, tant mieux ! C'est une grâce de vivre de foi, cela nous fait mieux comprendre notre néant, notre impuissance à tout bien. Pendant ce temps là, Jésus travaille dans notre âme, Il la rend belle à ses yeux. Il faut nous oublier nous-mêmes puisque nous ne sommes capables de rien. Oui, essayons de ressembler aux petits enfants, ils ne sont pas surpris qu'on ne fasse pas attention à eux, ils ne sont pas susceptibles, ils ne s'aperçoivent même pas des manques d'égards. Si nous nous en apercevons, mais c'est encore une grâce, une occasion de donner quelque chose au bon Dieu. Et, ce qui Lui fait beaucoup de plaisir c'est qu'on ne s'en fasse pas de peine, car Il veut que nous soyons heureux, Il aime celui qui lui donne avec joie.
Voilà une longue lettre, chère petite soeur, pour des mains qui ont de la peine à écrire, tu dois t'en apercevoir à mon écriture qui devient toute petite.
Dans ta lettre du 9 Septembre tu signes à la fin : "Votre petite Visitandine si cachée, si contente de vivre inconnue et comptée pour rien". Tu as bien raison ! Il suffit que notre Divin Epoux nous connaisse et nous aime. Lui seul est assez grand pour remplir notre coeur, mais c'est seulement au Ciel que nous comprendrons combien nous sommes aimées de Lui et que nous goûterons les délices de son amour infini...
Demain, fête de la Toussaint, unissons nous à l'allégresse de ceux qui nous ont devancés là-haut !...
Ton aînée qui te chérit
Sr Marie du Sacré Coeur
Respectueux et affectueux souvenir à tes bonnes Mères.

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