Carmel
Sr Marie du Sacré Coeur à Sr Françoise-Thérèse - 25 novembre 1935

DE  
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

25/11/1935

J + M
Carmel de Lisieux 25 Novembre 1935
Pax Christi
Chère petite soeur,

Nous voici encore une fois rendues à l'Avent ! Je me demande vraiment combien d'Avents nous verrons encore. Nos vies me semblent interminables, et cependant elles auront un terme puisque tout finit en ce monde.
Nous venons d'avoir une excellente retraite prêchée par le R.P. Desbuquois. Quel saint ! Combien cela fait du bien de l'entendre car on sent qu'il pratique ce qu'il enseigne, sa seule vue est une prédication. Il y en a encore sur la terre qui aiment le bon Dieu et le dédommagent pour tous ceux qui lui refusent leur amour. Qu'ils sont à plaindre ! Comme il faut prier pour ces pauvres égarés ! Pendant la retraite le Père nous montré à quel point nous sommes solidaires les uns des autres ; une instruction sur la charité m'a beaucoup frappée et j'ai pris la résolution au lieu de penser aux défauts de celle-ci ou celle-là de penser à ses vertus. Comme c'est bien plus apaisant pour l'âme, et comme cela fait plaisir au bon Dieu.
Ce pauvre Père Desbuquois est tellement débordé qu'il passe une partie de ses nuits à sa correspondance, c'est un tour de force qu'il puisse nous donner une retraite, ici il avait plus de 80 lettres à répondre et 100 qui l'attendent à Paris.
Petite soeur chérie que faisons-nous auprès de ces apôtres infatigables qui se dépensent si totalement pour les âmes ?... Heureusement qu'un acte d'amour supplée à notre impuissance et que nous avons à notre disposition les mérites de notre Époux. Notre richesse est bien grande et à chaque instant nous pouvons nous aussi sauver des âmes.
Je ne sais si je t'ai dit que nous avons vu Jeanne il y a 3 semaines environ. Mais rien d'intéressant ; Solange qui était là n'est pas venue nous voir, craignant que sa petite fille s'enrhume au parloir. Je te plains d'avoir assez souvent ceux de Mme Houdayer, il n'y a rien que je redoute comme les visites.
Adieu petite soeur chérie, vivons de plus en plus coeur à coeur avec notre bon Jésus. Près de lui seulement on trouve la paix et le rassasiement de nos âmes.
Ton aînée qui t'aime tendrement
Sr Marie du Sacré Coeur
r.c.i.
Ta lettre a été remise à M. l'Aumônier, je l'ai lue, elle était bien gentille.

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