Carmel
Sr Marie du Sacré Coeur à Sr Françoise-Thérèse - 13 octobre 1935

DE  
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

13/10/1935

J + M
Carmel de Lisieux 13 Octobre 1935
P.C.
Ma petite soeur chérie,

Tu dois te demander pourquoi je mets tantôt "Jésus", tantôt Pax Christi ? C'est depuis que nous avons pris l'observance des Pères Carmes, alors comme je suis habituée depuis cinquante ans bientôt à écrire "Jésus" au commencement de mes lettres j'y reviens toujours. - Oui, ma petite soeur, l'année prochaine il y aura 50 ans le 15 octobre que je suis entrée au Carmel et que je n'ai pas su devenir une sainte, ce qui est le plus triste. Je pensais à cela ce matin lorsque ces paroles de l'acte d'offrande m'ont consolée : "Je désire être sainte, mais je vois mon impuissance et je vous demande ô mon Dieu, d'être vous-même ma sainteté. Puisque vous m'avez donné votre Fils pour être mon Sauveur et mon Epoux, tous les trésors infinis de ses mérites sont à moi."
Combien ces paroles m'ont fait du bien ! En effet, que puis-je faire de moi-même ? Mais j'ai la confiance que Jésus mon Epoux suppléera à ma pauvreté et m'enrichira de tous ses biens.
Dans ta dernière lettre, chère petite soeur, tu nous dis que Soeur Jeanne Marguerite comptera le 18 octobre 60 ans de profession religieuse. Que de mérites acquis ! Que d'exemples vertus elle vous laissera en héritage. Ce jour-là nous ferons toutes pour elle la sainte communion en action de grâces d'une si longue vie religieuse vécue avec tant de fidélité et d'amour. Tu diras à cette chère bonne Mère qui t'a reçue dans l'Arche Sainte combien nous l'aimons.
Nous avons en ce moment une de nos soeurs du voile blanc la plus active, qui est retenue à l'infirmerie par un mal de genou.
C'est une épreuve, non seulement pour elle, mais pour ses compagnes qui sont obligées de faire tout son ouvrage. Elles se dévouent avec une grande charité, mais ma pauvre petite infirmière qui n'est pas forte est souvent bien fatiguée. Cette pauvre vie n'est qu'un tissu de misères, grandes et petites, qu'il faut porter avec amour puisque c'est la volonté du bon Dieu.
Adieu, chère petite soeur, dis à Sr Marguerite Agnès que je ne l'oublierai pas non plus le 17 jour de sa fête. Je demanderai à la Bse Marguerite Marie de faire d'elle une autre sainte Marguerite qui sera canonisée au Ciel, car sur la terre les canonisations donnent trop de mal !
Ton aînée qui t'aime tendrement
Sr Marie du Sacré Coeur
r.c.i

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