Carmel
Sr Geneviève (Céline) à Sr Françoise-Thérèse - 8 août 1937

DE  
MARTIN Céline, Soeur Geneviève de la Sainte Face
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

08/08/1937

Sr Geneviève de la Ste Face à sa soeur Françoise Thérèse
J. + M.
P.C.                                                                                                      Carmel de Lisieux
le 8 Août 1937
Ma petite Léonie chérie,
Ta lettre de fête nous en a dit bien long à toutes les trois, parce que nous voyons clairement que notre chère petite Thérèse t'instruit en même temps que nous et qu'elle nous donne exactement les mêmes leçons... Oui "nos âmes et nos coeurs sont bien pareils et moulés ensemble dans Celui de notre doux Jésus."
Sois sûre, ma petite Soeur chérie, que si tu es inspirée de demander comme seule et unique grâce celle de vivre et de mourir dans l'acte de pur amour c'est que le bon Dieu veut te l'accorder, car "il nous fait désirer et demander ce qu'il veut nous donner." Cela c'est sûr et c'est une grande consolation de le savoir.
En effet, il n'y a bien que cela de vrai et d'utile, "tout est là" comme tu le dis si bien. O ma petite soeur, jamais encore je ne t'ai sentie si près de nous ; serait-ce que bientôt tu t'envolerais au Ciel ?...
Mais ce ne peut être que "bientôt" pour nous quatre, car, d'après nos âges, il ne se peut faire que les années d'exil soient encore nombreuses.
Notre chère aînée paraît le plus près de s'en aller. Elle ne va pas mal, mais ses infirmités se sont accrues, elle a des plaies aux jambes qui nécessitent chaque jour des soins très longs, et elle ne reprend pas d'appétit, c'est extraordinaire pour elle qui en avait beaucoup. Mais si tu savais comme son âme est belle et se pare chaque jour d'un lustre nouveau, si tu savais comme, au sein de son abîme de misères, ses vertus prennent de l'éclat ! On sent la main de la petite Thérèse qui la revêt de ses propres vertus, les mêmes qui ont tant brillé en elle. Et on ne peut douter qu'elle ne fasse la même chose pour chacune de nous. Comme je viens de le dire, je le remarque aussi en toi...
Notre chère petite Mère est toujours la plus alerte, si tu savais l'honneur qu'elle nous fait, car il faut tenir haut le drapeau, "noblesse oblige".
Moi, je vais toujours cahin-caha, mal aux reins pour la plus petite fatigue, rhumatismes à droite ou à gauche. Mon bras va mieux, la douleur est assoupie, mais elle menace sans cesse. Enfin, je n'aurais pas à me plaindre si je restais comme je suis.
Tu me demandes la date de la grâce de juillet, je l'ignore, mais je crois que Sr Marie- Emmanuel l'a présumée et en a parlé dans les Annales.
Oui, notre Congrès a été extraordinairement réussi sous tous rapports. Ce qui nous a le plus consolées, c'est l'hommage rendu à Jésus-Hostie, et la glorification de la religion en France. Le Cardinal Verdier dit que ce qui s'est passé est un "évènement". Il nous l'a écrit. Et tous disent que cet évènement est d'une grande portée. Que Dieu soit loué ! Maintenant, ma petite soeur chérie, je vais t'embrasser de tout mon coeur, en te remerciant encore de ta lettre et des petites fleurs qui répandent encore leur parfum en ce moment, pendant que je t'écris...
Ta petite Céline
Sr Geneviève de la Ste Face
c.d.i.
Je te prie de présenter mes voeux de fête à ta bonne Mère et de l'embrasser pour moi.

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