Carmel
Sr Geneviève (Céline) à Sr Françoise Thérèse – 4 août 1935

DE  
MARTIN Céline, Soeur Geneviève de la Sainte Face
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

04/08/1935

Sr Geneviève de la Ste Face à sa soeur Françoise Thérèse
J. M.
+ Pax Christi                                                                                        Carmel de Lisieux
le 4 Août 1935
Ma bien chère petite soeur,
Comme toujours, c'est toi qui es arrivée la première pour me souhaiter ma fête, ton petit bouquet exhalant le même parfum que de coutume... Et puis, le 6, ce sera la Communion où ma Léonie, mon inséparable des jours mauvais, parlera de moi à son Jésus. Je dis "jours mauvais", il n'y en a pas eu de mauvais dans notre vie, mais seulement de très douloureux et même au moment où nous les traversions, notre âme chantait : "Soyez béni, mon Dieu, pour les années de grâce que nous passons dans les maux !" Sais-tu que c'est cette parole que le St Père fit graver sur le grand cachet qui servit pour la première fois à la Canonisation de notre Thérèse ? Nous en avons été bien frappées et émues, j'en ai pleuré... le texte est : "... années de grâce que nous avons passées dans les maux".
Ah ! bientôt, c'est dans la Patrie que nous chanterons cette louange ! nos âges nous en sont une garantie plus sûre que les maladies. Prends bon courage, ma petite Léonie aimée, cela ne peut plus être long à présent, ni pour les unes, ni pour les autres. Notre lien de quatre était serré, il faut en convenir, mais quand le nœud sera ouvert, les perles s'échapperont vite du fil et rouleront sans qu'on ait le temps de les renfiler, et s'il en reste ce ne sera pas pour longtemps.
Tu ne m'avais pas dit que la fille de Mme Gosselin, la jeune veuve, était entrée en religion, elle nous a écrit et je lui ai répondu, j'étais si contente qu'elle se soit donnée au bon Dieu !
Et Dom Mayeul t'écrit-il toujours ? Il a rompu avec nous... C'est au sujet de son ouvrage "Trilogie" qu'il avait donné à lire avant l'impression. Sr Marie Emmanuel l'avait lu et fait quelques réflexions, mais quand le livre a été imprimé, notre Mère a remarqué plusieurs petites choses à corriger dans une future édition et les lui a fait signaler. Mais il n'a pas bien pris cela disant qu'on aurait dû lui faire ces réflexions sur le manuscrit même. Mais, outre que c'est très difficile de juger un livre, dans ses détails, d'après un manuscrit, il n'y a pas d'ouvrage qui ne soit revu et corrigé aux éditions successives. Aussi, nous ne comprenons pas son attitude. Sr Marie Emmanuel si douce et bien élevée, n'a eu rien à se reprocher et, lui, a écrit de véritables lettres d'injures tombant sur les femmes, en général, à bras raccourcis. Il s'est fait juger, le pauvre ! Nous comprenons qu'il soit "abbé émérite" et que ses religieux n'en aient plus voulu, avec un caractère pareil ! Que le bon Dieu lui pardonne comme nous lui pardonnons !
Et pour M. l'abbé Surget il a écrit et récrit ici, il a sa relique depuis déjà quelque temps, les soeurs qui s'occupent des reliques lui ont répondu et l'ont servi. Je ne sais s'il a des cheveux, mais s'il en a, il devra se trouver bien partagé, ce sont nos plus beaux reliquaires qui en ont, tu sais bien que cette relique est très, très précieuse. Juge si on avait des cheveux de la Ste Vierge ! Moi je la préférerai à une particule d'ossement qui se confond avec de la colle ! sur ce, je t'embrasse ma petite soeur très aimée, oui de tout mon coeur !
Ta petite soeur
Sr Geneviève de la Ste Face
r.c.i.

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