Sr Geneviève de la Ste Face à sa soeur Françoise Thérèse + J.M. Carmel de Lisieux le 27 mars 1937 Ma chère petite Léonie, Je ne prends pas un grand papier pour te souhaiter de bonnes fêtes de Pâques, je ne sais même pas si je vais pouvoir arriver au bout de celui-ci. Figure-toi que j'ai un rhumatisme au bras droit et que tenir une plume m'est très difficile il faut que je me repose au bout de quelques lignes et que j'écrive le bras tendu, ce qui met mon papier bien loin ! Mais ne parlons pas de ces petites misères quand notre chère aînée est encore si malade. Sans doute la grande crise mortelle est passée, mais elle a du mal à reprendre le dessus de l'intoxication qui lui a donné une angine, de l'urémie etc. Elle a encore les jambes très enflées et pas d'appétit. Cependant elle s'alimente petit peu par petit peu et le docteur n'est pas inquiet. Il dit qu'après avoir pris le rapide pour s'en aller elle n'est même pas en omnibus ! Ainsi, ma petite soeur chérie, sois bien tranquille le bon Dieu va sans doute nous la laisser encore malgré son état d'infirmité si pénible. Et toi ma Léonie, tu as été grippée sans t'en aller non plus. Décidément, la petite Thérèse aime mieux ses petites soeurs sur la terre qu'au ciel. Peut-être lui sommes-nous plus utiles là. Il faut bien que le bon Dieu se garde des amis ici-bas pour regarder l'univers avec amour, sans eux, il ne pourrait plus le supporter avec les flots de haine et d'orgueil qu'il fait couler. Cette pensée m'aide à supporter l'exil. Je t'embrasse de tout mon coeur, ma petite soeur mille fois chérie. Ta petite Céline Sr Geneviève de la Ste Face c.d.i.
