Carmel
Sr Geneviève (Céline) à Sr Françoise Thérèse – 26 janvier 1940

DE  
MARTIN Céline, Soeur Geneviève de la Sainte Face
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

26/01/1940

Sr Geneviève de la Ste Face à sa soeur Françoise Thérèse
J. + M.
P.C.                                                                                                    Carmel de Lisieux
                                                                                                          le 26 Janvier 1940
Ma Léonie chérie,
 
J'espère que tu as bien reçu toutes nos lettres, y compris le mot de l'autre jour après l'inhumation. J'y avais joint la photie de l'entrée du caveau. Nous voudrions ne rien oublier afin que notre soeur chérie, notre Léonie, n'ignore aucun détail et qu'elle ait toutes les consolations possibles dans cette épreuve.
Je pense à notre Marie jour et nuit, je ne puis pas me faire à sa disparition si rapide. Je ne suis pas encore habituée à ne plus la voir. Le dimanche soir j'étais allée lui demander si elle avait fini sa lettre pour la fête de Notre Mère. Elle me répondit qu'ayant eu des visites toute la journée elle ne l'avait pu et l'achèverait le lendemain. En effet, elle la terminait le lundi matin. Elle n'avait plus que trois jours à passer sur la terre.
Je ne me souviens pas si je t'ai dit que le Vendredi matin après les glas de l'Angélus, en sortant du choeur, j'avais senti des parfums d'encens, un encens très doux et suave. Et voilà qu'hier soir, je venais de me coucher et d'éteindre la lumière, il m'a encore été donné de les respirer. Voici : depuis plusieurs jours j'avais pris les deux couvertures du lit de Sr Marie du Sacré Coeur qui y étaient lorsqu'elle quitta la terre, je m'en servais avec amour. Hier soir jeudi, était l'octave de son dernier jour ici-bas et voilà que les couvertures dégageaient de l'encens. Les effluves passaient et revenaient pendant dix minutes environ. Alors ces paroles de l'Ecriture me revinrent à l'esprit : "La mort des saints est précieuse aux yeux de Dieu". Et il ne sait pas comment faire pour nous le prouver, c'est bien vrai !
Ma Léonie chérie, je venais te souhaiter ta fête et je t'ai dit toute autre chose, pardonne-moi. Pardonne-moi aussi "de ne pas être entrain", car nous sommes absolument noyées par toutes les lettres à lire et à répondre. C'est une  consolation, mais un grand travail, une grande fatigue, aussi je sens que je m'exprime bien mal. Comprends tout ce que je voudrais te dire et si bien !
Ma Léonie, cette année, c'est par le coeur de notre Marie que je passe pour te souhaiter ta fête qu'elle te la souhaite elle-même pour moi et te fasse les grâces qu'elle te désire, maintenant qu'elle est auprès de toi....
Ma communion de lundi sera pour ma petite soeur chérie.
Sr. Geneviève de la Ste-Face r.c.i. 
Mon affectueux souvenir à ta bonne Mère
 
P.S de la main de Mère Agnès de Jésus
Le mien aussi !  P. Mère

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