Carmel
Sr Geneviève (Céline) à Sr Françoise-Thérèse - 25 janvier 1937

DE  
MARTIN Céline, Soeur Geneviève de la Sainte Face
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

25/01/1937

Sr Geneviève de la Ste race à sa soeur Françoise Thérèse
J. + M.
P.C.                                                                                                        Carmel de Lisieux
le 25 Janvier 1937
Ma chère petite Léonie,ou plutôt ma chère Françoise Thérèse,
Je viens avec une grande affection au coeur te souhaiter une bonne fête. Le 29, ma Communion sera pour toi toute seule mais tu n'es jamais oubliée les autres jours, car chaque matin je pense à toi, je prie pour toi et demande à Jésus de te donner ce que je demande pour moi. Mes petites soeurs sont la moitié de moi-même et je ne saurais rien désirer pour moi sans le désirer pour elles.
A vrai dire, nous recevons toutes les mêmes grâces sous une forme ou sous une autre. Comme c'est consolant de penser que Jésus nous a appelées toutes les cinq à l'honneur d'être ses épouses ! Il y a un verset du Mardi, aux heures, à Tierce, qui est ainsi annoncé par la chantre : "Il m'a regardé..." oh ! à chaque fois que je l'entends mon coeur tressaille et je voudrais être ce porte voix qui dit bien haut, qui annonce : "Il m'a regardé !" Alors, je demande à Jésus de me regarder, car son regard ne peut que nous laisser "revêtues de beauté..." Son regard c'est quelque chose de lui-même, c'est comme un création une participation à sa vie pour celui qui est regardé... comme le Verbe de Dieu qui est une Personne divine. Oh ! avec quelle ardeur je demande à Jésus d'être regardée par lui ! ­Lorsque Jésus, dit l'Évangile, "eut regardé le jeune homme riche, il l'aima". Il ne pouvait en être autrement, tant son seul regard l'avait rendu aimable. Aussi, le grand châtiment des impies sera-t-il que Dieu "détourne d'eux son visage". S'il les regardait ils seraient sauvés... C'était encore un appel, une miséricorde quand Jésus regardait les pharisiens avec indignation. Ils étaient encore sauvables. Quand il détourne son visage c'est fini tout espoir a disparu ! Et nous, il nous a regardées et il nous regarde encore, avec amour. Alors, oh alors qui dira notre beauté.
26 Janvier.
J'avais interrompu ma lettre ici, hier soir, heureusement pour toi, ma petite soeur chérie, car ce que je te dis ne va guère t'intéresser. C'est que je n'ai rien d'intéressant à te dire.A la fin de l'année, j'ai dû mettre de côté la petite Imitation que tu m'avais achetée à Caen en 1890, je n'y voyais plus à lire dedans, mais on la garde en souvenir de ma Léonie. Celle que j'avais reçue à ma Première Communion, m'avait été volée à St Pierre pendant que j'allais communier. A mon retour je ne l'avais plus retrouvée sur le prie-Dieu. Je l'ai regrettée parce qu'elle contenait une image peinte par Thérèse qu'elle venait de me donner en souvenir de sa Profession 8 Septembre 1890. Elle avait écrit dessus un des répons de Ste Agnès : "Je suis unie à celui dont la Mère est Vierge, à Celui dont le soleil et la lune admirent la beauté". J'ai eu du chagrin de perdre cette image. Enfin, j'en suis à ma 3ème Imitation. Puissè-je après avoir si longtemps étudié l'Imitation de Jésus, le posséder bientôt, au Ciel. Encore bonne fête, ma petite Léonie chérie ! Ta petite Céline qui t'embrasse
Sr Geneviève de la Ste Face   c.d.i.

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