Carmel
Sr Geneviève (Céline) à Sr Françoise Thérèse – 24 décembre 1935

DE  
MARTIN Céline, Soeur Geneviève de la Sainte Face
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

24/12/1935

Sr Geneviève de la Ste Face à sa soeur Françoise Thérèse
J. + M.
Pax Christi
Carmel de Lisieux
le 24 décembre 1935
Ma chère petite soeur,
J'avais commencé le 24 à t'écrire, mais nous voilà au 26 quand je reprends la plume, c'est que, on ne s'appartient guère en ces jours chargés d'exercices et... de fatigues, puisque les fêtes, même les plus douces, ne vont jamais sans cela.
Tu as eu de nos nouvelles en cet Avent, par vos chères petites soeurs du Tour. L'une a dit m'avoir connue, mais je ne sais pas si elle m'a reconnue !
De notre coté nous avons entendu parler de toi par le Chanoine Germain, le cher directeur du Pèlerinage. Ainsi, nous sommes mutuellement renseignées.
T'a-t-on dit que cette année 1936 nous fêterons le jubilé d'or d'entrée de notre chère aînée, au mois d'octobre (date de son entrée) Il parait qu'on gagne l'indulgence à partir de l'entrée au couvent, ce qui fait les 50 ans révolus, au service du bon Dieu. On attend la date de profession que lorsque la santé ne donne aucune crainte. Avec cette perspective du jubilé nous espérons bien garder notre chère "Marraine" encore cette année, le bon Dieu va nous la laisser malgré son état si pénible.
Ma Léonie, à propos de Noël, hier, pendant la messe de minuit, je pensais à la Sainte Vierge et la simplicité de sa vie me touchait profondément. Elle qui aurait dû (on le croit du moins) être si éclairée sur les Stes Ecritures ne serait cependant pas venue à Bethléem sans l'édit de César-Auguste. Sûrement elle et St Joseph furent peinés d'être obligés de se déplacer à un tel moment, car ils préparaient et attendaient la venue de l'Enfant à Nazareth
Après, rendus à Bethléem, ils cherchaient un gîte dans les hôtelleries, ils ne pensaient pas à la prophétie qui devait le faire naître dans une étable, sans quoi ils y seraient allés tout droit. Comme pour nous, tout était simple dans leur vie et Dieu atteignait son but par des voies naturelles, au cours des événements.
O ma Léonie, pensant cela et le sentant profondément, je m'en suis encore remise plus complètement au bon Dieu, si c'est possible. Oh ! que ses voies sont belles, comme elles sont grandes et simples tout à la fois, c'est à en mourir de confiance et de bonheur !
A propos de mort, cette pauvre Marcelline est à l'agonie tout à fait à la fin, elle est bien édifiante et nous a conservé une grande affection, prions pour elle.
Et maintenant, ma petite soeur chérie, je vais te souhaiter une bonne et sainte année et je te prie d'offrir mes voeux respectueux à tes bonnes Mères
Ta petite Céline qui t'embrasse de tout son coeur
Sr Geneviève de la Ste Face
r.c.i.

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