Sr Geneviève de la Ste Face à sa soeur Françoise Thérèse J. + M. P.C. Carmel de Lisieux le 23 Mars 1940 Ma chère petite Léonie; L'alleluia est chanté, je viens à toi dès la première heure car c'est vers toi que va mon coeur. Oh ! que j'aspire à la Patrie, plus encore si c'est possible, depuis que notre Marie est partie. Ma pensée ne la quitte pas. Lorsqu'on peut fredonner un air notre Mère et moi chantons : ....J'irai voir ma Mère chérie Thérèse et ma douce Marie, J'irai, après l'exil de cette vie, Retrouver le toit Paternel Au Ciel ! Notre Mère ne cesse de me dire que ce ne sera pas long pour nous, que notre attente touche à sa fin, que la vie lui fait l'effet d'un rouleau qui se déroule et qu'il n'y en a plus beaucoup à dérouler pour nous. Ma Léonie, courage, bientôt nous serons au port, nous aussi. La perte de notre Marie m'est une grande douleur, peu consolée, j'étais si habituée à la voir surtout en ces jours de licence et la pensée de son bonheur n'arrive pas à l'atténuer, ou si peu ! seulement par le raisonnement. Mais sans doute qu'il en est mieux ainsi pour ne rien perdre du mérite de la séparation qui doit sauver tant d'âmes à Jésus. Etre consolée ne profiterait qu'à moi. Et toi, ma petite soeur chérie, que deviens-tu ? il nous tarde d'avoir des nouvelles de ta si bonne Mère. A-t-elle pu se remettre sans opération ? Ici on redoute les opérations, ainsi notre chère petite soeur Marie de l'Incarnation est reprise de crises qui nous inquiètent. Si tu savais comme nous pensons à ton incomparable Mère, à toi, écris-nous bien vite. Dis-nous aussi si tu es contente de la circulaire. Nous trouvons toutes que c'est un chef d'oeuvre qui peint bien le caractère original de notre aînée et dévoile une âme si intensément unie à Jésus. Plusieurs soeurs en ont été surprises, car elle ne montrait point toute sa piété au dehors. Peut-être sera-t-on amenées à publier cette circulaire dans un petit livre (1). Elle serait suivie d'extraits de ses lettres. Tu ferais bien de faire copier celles que tu as et de nous envoyer cette copie, ses lettres étaient si belles, si profondes. Au revoir ma soeur chérie. Ta petite Céline Sr Geneviève de la Sainte Face c.d.i. (1) de la main de Mère Agnès Monseigneur ne connaît pas cette pensée de plusieurs de nos Soeurs. Si elle se réalise ce ne sera pas tout de suite !!!
