Carmel
Sr Geneviève (Céline) à Sr Françoise-Thérèse - 22 novembre 1936

DE  
MARTIN Céline, Soeur Geneviève de la Sainte Face
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

22/11/1936

Sr Geneviève de la Ste Face à sa soeur Françoise Thérèse
J. + M.
P.C.                                                                                                   Carmel de Lisieux
le 22 Novembre 1936
Ma chère petite Soeur,
Nous voici encore toutes les quatre au rendez-vous de l'adieu qui précède l'Avent, et bientôt, sans doute, nous nous retrouverons pour chanter Noël et nous souhaiter de nouveau une bonne et sainte année. Que le bon Dieu en soit béni puisque c'est sa volonté ! C'est bien méritoire de vieillir sur la terre avec, en prévision, le cortège d'infirmités qui nous attend plus ou moins, mais c'est un si bon moyen de prouver à Jésus notre amour par le don complet de soi-même ! Si les roses pouvaient parler quand elles se flétrissent sur leur tige sans s'effeuiller, elles diraient qu'elles eussent de beaucoup préféré s'effeuiller dans leur fraîcheur, sinon être cueillies en bouton, car c'est avec mépris qu'on les regarde en passant....
Oh ! qu'il est bon d'offrir cela à Jésus !... C'est un genre de martyre peu envié, il est vrai : Mère Isabelle du Sacré-Coeur disait avec effroi qu'elle ne savait pas comment elle aurait fait pour accepter une longue vie. Le bon Dieu le lui a épargné.
Ma petite soeur chérie, tu nous diras, n'est-ce-pas, ce que tu penses de la photo de Sr. M. du S.C. Notre Mère et moi et nous toutes en sommes très contentes. Notre Mère s'attendait un petit peu à ce que tu lui écrives un tout petit mot après l'envoi des photos ; elle te les avait envoyées avec tant de rapidité, de plaisir, d'enthousiasme... Les fêtes de notre aînée chérie ont été bien belles et nous ont laissées une profonde impression, comme un avant-goût de la béatitude éternelle. Notre Thérèse était là sûrement.
Nous avons vu Hélène Houd. qui se disait notre cousine et nous appelait "Mesdames". On sait que nous ne lui passons pas près du coeur. Quelquefois, de simples amies sont plus affectueuses. Ainsi, si tu savais combien ces demoiselles de Fayet sont gentilles avec moi. Elles sont venues l'autre jour.
Et maintenant, ma petite soeur chérie, je vais te dire à bientôt. Je t'embrasse de tout mon coeur. Sr. Geneviève de la Ste-Face
c.d.i.
P.S. de la main de Mère Agnès de Jésus
Ne te fais pas de peine de cette réclamation ; j'ai bien compris que tu attends une autre occasion et j'ai deviné que tu étais déçue, alors tu avais peur de nous contrister en nous disant ta pensée si vite ?

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