Carmel
Sr Geneviève (Céline) à Sr Françoise Thérèse – 19 janvier 1940

DE  
MARTIN Céline, Soeur Geneviève de la Sainte Face
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

19/01/1940

Sr Geneviève de la Ste Face à sa soeur Françoise Thérèse

J. + M.
P.C.                                                                  
                                                                                                        Carmel de Lisieux
                                                                                              le 19 Janvier 1940 (Vendredi)
Ma Léonie chérie,
 
Notre chère Aînée est au Ciel ! C'est ce matin à 2 h. qu'elle s'y est envolée. Elle a fait une mort de sainte, simple comme celle d'un patriarche.
Elle a eu sa connaissance jusqu'à la fin. Elle a expiré aussitôt après avoir récité le Pater (1) d'une voix presque inintelligible, l'infirmière seule a cru le saisir en se penchant tout près d'elle, nous voyions ses lèvres remuer c'était tout. On croit qu'elle a dit aussi l'Ave Maria, car une fois le Pa­ter achevé elle récitait encore une prière. Puis, aussitôt, elle a ouvert les yeux et regardé assez haut vers le portrait de notre Thérèse et la statue de la Vierge du Sourire qui étaient en face d'elle. Ce regard s'est prolongé quelques instants.
Elle a expiré très doucement après une agonie assez pénible. La congestion pulmonaire s'était soudainement aggravée à laquelle il se mêlait de l'urémie. Elle n'a été malade que 3 jours. Les infirmières sont en larmes on ne peut pas les consoler. Moi, je n'ai pas pu encore pleurer et notre Mère est très courageuse, mais bien fatiguée. Nous l'avons vue si infirme qu'on ne peut vraiment pas pleurer son bonheur, mieux vaut mille fois être privées de sa douce présence. Je l'ai priée de venir te chercher la première, moi, je vois bien qu'avec la grâce du bon Dieu, j'ai la force de souffrir.
Ce matin à l'Angélus, je m'étais rendue au Choeur pour prier et entendre le glas. En sortant de l'Avant-Choeur, en face de notre petite Thérèse qui y a sa statue, j'ai senti fortement l'encens. Sr Marie Emmanuel qui était plus loin dans le couloir l'avait aussi respiré. Sans doute, il faut prier mais pour lui faire des cadeaux, car je suis persuadée qu'elle a été tout droit au Ciel, comme tu iras aussi bientôt, ma petite soeur chérie. Aussi ne pleure pas. Elle est plus près de toi qu'avant, car elle s'est empressée d'aller à la Visitation voir sa Léonie. Je t'embrasse de tout mon coeur. Ta petite soeur
Geneviève de la Ste Facec.d.i.
Je rouvre ma lettre car nous recevons à l'instant le courrier apporté par Mme Lecourt. Je le garde pour la fête remise à Ste Agnès seconde et je vous en remercie au nom de notre Mère. Elle grondera sa chère "filleule", quand elle verra le cadeau !! Merci ! Merci !...
(1) note plus tardive écrite par Sr Geneviève : c'était plutôt l'Acte d'Ofrrande à l'Amour...

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