Sr Françoise Thérèse Martin à sa soeur Marie du Sacré Coeur V+ J ! De notre monastère de Caen ce 14 Juin 1936 Mon aînée toujours plus chère, Ta fête me ramène naturellement auprès de toi, comme tu es bien nommée, je sens que tu es la privilégiée du Coeur Sacré de ton divin époux, voilà pourquoi Il te tient clouée à sa Croix, petite Soeur chérie, notre Bien Aimé est poursuivi de la haine des méchants, l'amour n'est pas connu!... l'Amour n'est pas aimé !... rien d'étonnant qu'Il mendie, qu'Il cherche des victimes partout. Que c'est consolant pour ses consacrées de l'entendre dire (ne craignez rien, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner son Royaume). Il ne nous faut rien moins que cela pour nous aider à souffrir. J'ai reçu un mot d'Hélène Houdayer qui m'annonce la mort de son beau frère, où est-il le malheureux?.... cela fait frémir, c'est miraculeux que Marguerite n'ait pas perdu la foi; enfin nous espérons contre toute espérance, je me suis empressée, le sachant si malade, de le faire inscrire (au cadran de la Miséricorde avec son frère) et j'ai pris deux heures de garde pour lui et son frère Charles qui est athée aussi, je crois. Bonne, sainte et heureuse fête! ma petite soeur si aimée tu peux compter sur ma communion, c'est le plus beau bouquet que je puis t'offrir, je t'aime tant.... ta petite vieille tremblote toujours comme si elle avait fait un mauvais coup, mais qui deviendra un bien bon et heureux coup qui l'élancera de cette triste terre au Ciel, quelle joie! de nous revoir toutes quatre dans notre vraie Patrie, en attendant nous nous aimons infiniment dès l'exil. Votre petite soeur Françoise Thérèse D.S.B. Nos soeurs tourières auraient dû t'apporter ma lettre, j'ignorais leur voyage à Lisieux, nous sommes bien contentes des images, merci! merci! merci! Ayons confiance envers et contre tout, tout tourne au bien de ceux qui aiment Dieu.
