Sr Françoise Thérèse Martin à sa soeur Marie du Sacré Coeur V + J ! De notre monastère de Caen ce 11Juin 1939 Mon aînée très aimée, Nous avons encore le plaisir très apprécié à toutes trois de t'entourer de notre tendresse qui ne peut vraiment plus s'accroître pour te fêter dès l'exil comme nous le ferons un jour au Ciel, ce m'est bien doux, Marraine chérie, de penser au bonheur qui t'attend car je suis persuadée qu'au sortir de cette vie de misère et de souffrances tu entreras dans le Coeur de notre Bien Aimé Jésus sans aucun détour. Je ne cesse de Lui demander cela pour toi, surtout dans mes communions. Ne te fatigue pas pour m'écrire, je t'en supplie, la peine que tu te donnes m'enlève tout plaisir, pourtant bien grand, tu le sais.... Non, je n'ai pas comme toi, les doigts enflés, mais tout de même, écrire m'est très pénible, c'est tout l'être qui est pris chez ma pauvre carcasse. Dieu soit béni ! le moral est bon, tout va bien, peu importe le reste. Tu connais la chanson les douleurs sont des folles etc. Notre Mère Marie Agnès que je l'aime ! Je suis si contente de pouvoir lui donner le doux nom de Mère, depuis que je connais ce trésor j'ai su l'apprécier de suite, nos âmes se sont senties attirées l'une vers l'autre, enfin, nous nous sommes parfaitement comprises. Notre Mère chérie est ravie de ta lettre, petite Maman et le comble de sa joie sont les signatures de nos deux petites soeurs. Vous ne nous dites rien du terrible orage à Lisieux, avez- vous été complètement épargnées? Dites-nous bien toute la vérité. Que veut dire ce noviciat fermé chez vous, quelle épreuve ! j'en suis très peinée, il n'y a pas très longtemps où vous n'aviez que l'embarres du choix, faisons bien vite un procès à notre sainte aimée. Toutes quatre quel avant goût du Ciel que notre affection sans limite Sr Françoise Thérèse D.S.B.
