Sr Françoise Thérèse Martin à ses trois soeurs du Carmel V + J ! De notre monastère de Caen ce 27 Décembre 1939 Petites soeurs très aimées, Quelle délicieuse fête que l'avènement de notre divin petit Roi d'amour sur cette misérable terre. Il mendie tous les coeurs, mais hélas ! bien peu répondent à son amour méconnu, méprisé, c'est une haine d'enfer qui règne en maîtresse dans toutes les nations, dans tous les milieux, c'est à en verser des larmes de sang. Aussi, soyons heureuses de vivre, donnons à notre Bien Aimé notre vieillesse, nos impuissances, toutes nos misères, puisqu'Il choisit tout et alors seulement, nous pourrons le consoler, le dédommager (que me fait la mort ou la vie) disait notre séraphique Thérèse, mon seul bonheur c'est de t'aimer. Alors dans la joie toute céleste disons-nous, dès l'exil, bonne, très bonne et sainte année!Si vous saviez, soeurs chéries quelle (Maman gâteau) j'ai en notre Mère, j'en suis touchée au delà de toute expression, sa charité me voyant tant souffrir du froid m'a fait installer dans une cellule chauffée et elle m'a confectionné un châle noir qui m'enveloppe presque complètement pour aller et venir sous les cloîtres, avec cela un plastron de laine molton très chaud, qu'elle m'a obligée d'accepter car elle s'en est dépouillée pour sa pauvre enfant; sa bonne et si chère Maman lui en ayant donné deux: voyez comme je suis choyée; je voudrais tout partager avec vous; si notre petite Thérèse qui a souffert du froid jusqu'à en mourir avait été soignée comme je le suis assurément nous l'aurions encore. Merci pour vos très chères lettres, photos, etc... Que tout ce qui vous touche m'est précieux, quel avant-goût des cieux! Sr Françoise Thérèse D.S.B.
