Sr Françoise Thérèse Martin à ses trois soeurs du Carmel V + J ! De notre monastère de Caen ce 15 Novembre I936 Mes petites Soeurs chéries, C'est probablement notre dernier entretien avant l'Avent qui arrive à grand pas. Petite Maman si aimée, que tu m'as rendue heureuse en m'envoyant le portrait de notre toujours plus chère aînée, comme elle est bien! je la reconnais parfaitement. J'ai lu avec un vif intérêt le touchant discours de Mgr quelle délicatesse exquise! on aime, on apprécie toujours plus notre premier Pasteur, que le bon Dieu nous le laisse bien longtemps, malgré sa fragile santé; je comprends quel appui quel soutien il est pour toi, ma petite Mère, car c'est un esprit supérieur et qui plus est, un vrai saint, dévorant de zèle. Nous avons aussi été gratifiées de la visite de S.E. le Cardinal Suhard, en voilà encore un Prélat selon le Coeur de Dieu, quel sourire, quel venez à moi incomparable, il m'a fait du bien en me disant que j'étais une bonne petite religieuse, d'un ton si convaincu que cela a été un baume pour mon coeur comme si Jésus, je n'en doute pas, me l'avait dit Lui-même. Aujourd'hui, fête de la Présentation de la petite grande Marie de trois ans, nous avons toutes quatre dans la joie de nos coeurs reconnaissants renouvelé nos Sts voeux, quelle union ineffable! pour moi, il n'y a pas de fêtes comparables à celle là, c'est un avant-goût du Ciel. C'est plus que délicieux, c'est céleste, les noces d'or de notre aînée et marraine chérie dans l'intimité de votre cloitre béni entre tous, merci mille et mille fois de nous en avoir fait part si cordialement. Les calendriers annuels nous font un extrême plaisir, ce sont nos aimées étrennes toujours très appréciées. Le généreux Carmel de Carpentras nous a encore envoyé des berlingots, remerciez pour nous, s'il vous plait. Je ne cesse d'être gâtée de toute façon, notre cellule est chauffée. Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens qu'il m'a fait etc. Je vous embrasse et je vous aime déjà, je le sens, comme dans la céleste Patrie qui nous attend bientôt Sr Françoise Thérèse D.S.B. Ma petite Maman, que je regrette de ne t'avoir pas répondu aussitôt les photos reçues! J'ai cru pouvoir attendre une occasion qui n'arrivait pas; pardon! pardon! pardon! Le coeur de ta petite fille n'est pas en défaut, tu le sais. Merci pour vos très chères lettres, vrai festin pour ma petite âme qui en est avide.
