Sr Françoise Thérèse Martin à ses deux soeurs du Carmel V + J ! De notre monastère de Caen Saint jour de Pâques 1940 [24 mars] Petites soeurs très aimées, En haut nos coeurs! les tristesses de l'exil nous y invitent toujours plus, n'est-ce pas? Ne fallait-il pas que le Christ souffrit et qu'ainsi il entrât dans sa gloire. Petite Maman chérie, nous sommes embaumées, notre si bonne Mère et moi de la sainte vie de notre Marie du Sacré Coeur, elle est si bien écrite, que le monde est méchant! d'aller ainsi noircir une famille intègre comme la nôtre; voilà bien la jalousie des hommes, Notre -Seigneur n'est-Il pas le grand persécuté, le disciple ne peut être au-dessus du Maître adoré, c'est un honneur pour lui d'être ainsi traité. Depuis la sainte mort de notre Marraine chérie, mes infirmités augmentent considérablement, mais grâce à Dieu, tout n'est que physique, fort heureusement et je me réjouis à la pensée que notre ainée chérie s'apprête à venir bientôt me chercher, il est temps, j'aurai quarante ans de profession le deux juillet prochain. Notre Mère très aimée ne veut pas entendre parler de cela, elle me dorlote toujours plus, poule mouillée que je suis et moi je désire tant mourir entre ses bras si tendrement maternels. Sa délicatesse est extrême, quand nous avons reçu le précieux manuscrit, elle s'est empressée de me l'apporter voulant que je le lise avant elle, je dus obéir.- Bonne et très chère Mère ! elle nous a fait bien peur à la fin du carême, elle est trop généreuse, trop courageuse.... voulant toujours plus faire que ses petites forces; Marraine chérie, gronde ta filleule!! Petites soeurs très aimées, mon affection pour vous ne connaît plus de bornes. Sr Françoise Thérèse D.S.B.
