Sr Francoise Thérèse Martin à ses deux soeurs du Carmel V +J ! De notre monastère de Caen ce 16 février 1941 Mes petites Soeurs chéries, Vraiment, petite Maman Agneau tu as été bien inspirée de gronder notre Agneau immolé qui fait des imprudences, comme je lui en signalais filialement par un doux et respectueux reproche, il me répond en chantant: (je n'en pourrais jamais trop faire, je n'en ferai jamais assez !) Quand on entend de pareils langages on comprend la tendresse de l'Epoux crucifié pour sa bien aimée entre toutes, à l'heure actuelle, II a soif d'en trouver beaucoup de cette trempe, Il est heureux d'être compris par ces âmes victimes. Elles font envie à la petite poule mouillée que je suis; cela m'humilie et c'est très bon pour rester dans mon petit néant et me contenter d'être un petit centime jeté dans la bourse commune. Le départ de notre cher Aumônier pour le Ciel, me détache tout à fait de ce très triste exil où il n'y a que souffrances et séparations. Jésus nous reste, il est notre unique suffisant. Tout de même que deviendrai-je sans vous?... Notre Père céleste et notre Maman du Ciel le savent bien, c'est pourquoi je compte qu'Ils viendront me voler la première, mon coeur est tout fondu dans l'amour... Petites soeurs, je vous aime tant, je vous dis une reconnaissance immortelle, que de gâteries pour ma fête! encore deux cents francs qui valent au moins 500 frs à l'heure actuelle ! Sr Françoise Thérèse D.S.B. Croyant notre Mère chérie, notre trésor encore en danger de retourner en clinique, je me suis empressée de lui donner le remède souverain, le crucifix de notre sainte petite Thérèse... si toutefois je ne prive pas quelqu'une de nos chères soeurs, combien je serais heureuse de posséder jusqu'à ma mort le chapelet de notre marraine,notre aînée chérie ; qui ce précieux souvenir vous retrounerait certainement avec le crucifix de Thérèse. Si cela ne se peut, petite Maman Agneau je n'en ai aucune peine.
