Sr Francoise Thérèse Martin à ses deux soeurs du Carmel V + J ! De notre monastère Bonne et sainte fête de Pâques 13 avril 1941 Mes petites Soeurs chéries, Du coup, je le sens bien, je m'en vais dans mon éternité quel bonheur! Je suis tout à fait fixée à l'infirmerie ; nos voeux les plus chers à toutes trois seront satisfaits, c'est notre incomparable Mère Agneau qui me fermera les yeux, et vous inséparablement unies en sa personne bénie et chérie, vous serez là aussi, de vos bras, je l'espère, je tomberai dans ceux de notre très miséricordieux Sauveur de sa très Sainte Mère, (ma Maman chérie) et de tous les nôtres, heureux habitants glorieux de la céleste Patrie. Que le chapelet de Marraine me fait plaisir! comme il est gentil! est-il enrichi de toutes les indulgences possibles? pouvons-nous en bénéficier? Connaissez-vous cette photo qui nous vient de chez le nouvel aumônier ami de M. l'Abbé Quenel (artiste peintre) c'est lui ce saint prêtre qui l'a assisté à ses derniers moments et qui est tout heureux de me l'offrir à mon tour, je suis bien contente de vous la donner. Pour dire un mot du successeur de notre regretté Père Heurtevent nous sommes bien gratifiées de posséder celui-ci qui a un zèle dévorant, malheureusement, il n'a pas de santé, nous avons tout à craindre de ne pas l'avoir longtemps, il est pris partout, ainsi aujourd'hui, il a dit trois Messes dont l'une chantée. Petites soeurs, que j'aime si éperdument je ne puis plus écrire, mes infirmités augmentent, je n'ai plus de sain que les genoux, le coeur et la tête, grâce à Dieu, mais II peut tout prendre, tout est à Lui! abandon complet, même pour ma très petite, très pauvre intelligence. Je suis toute confuse d'être ainsi si entourée d'affection et de prévenances par Maman Agneau et de toutes mes Soeurs chéries. Votre petite visitandine dont le coeur est si grand si aimant, Sr Françoise Thérèse D.S.B.