Sr Francoise Thérèse Martin à ses deux soeurs du Carmel V + J ! De notre monastère de Caen ce 10 mai 1941 Mes petites soeurs très chères, Le temps me parait bien long sans nouvelle parce que je suis une enfant gâtée de laide figure au coeur très chaud, ce qui le rachète, avez-vous de la peine pour le ravitaillement? car nous courons à la famine, mais nous avons une confiance invincible en la divine Providence qui jusqu'ici ne nous laisse manquer de rien. Le pain est presque noir mais bon et digestif quand même, il n'est pas comparable avec celui de la grande guerre de 1914 qui était si mauvais. La précieuse santé de notre Maman Agneau se maintient grâce à Dieu, les abcès tant redoutés se font rares, puissent ils disparaître tout à fait! Que la vie de notre Marraine aimée fait du bien ! notre Mère chérie est si contente de la propager le plus possible aussi vous comprenez sa reconnaissance pour le dernier volumineux envoi, quelle richesse ! Comme tu as bien fait, ma petite Maman chérie, de mettre au jour dans les Annales les précieuses lettres de ce saint religieux (digne fils) du Breux Père Emard [= Eymard] combien elles doivent faire du bien et ouvrir bien des yeux à tant de sceptiques même religieux qui osent taxer l'angélique vie de notre Thérèse de mièvrerie, de Ste à l'eau de roses, si cela ne fait pas hausser les épaules de pitié.... Nous avons une bien douce petite soeur Marie-Véronique du 6 mai. Je vous embrasse de tout mon coeur très aimant, vous le savez, Sr Françoise Thérèse D.S.B.
