Sr Françoise Thérèse Martin à sa soeur Mère Agnès de Jésus V + J ! De notre monastère de Caen ce 15 Janvier 1939 Ma petite Soeur-Maman si aimée, Bonne et sainte fête! nous avons encore cette année l'infini bonheur de te redire toutes trois notre immense tendresse qui croit sans cesse jusqu'au bienheureux revoir de la réunion éternelle qui ne peut pas beaucoup tarder à nos âges, grâces à Dieu. C'est le Général de Castelnau avec sa petite fille qui vont te remettre mes voeux de fête, tu vois que ce n'est pas banal ; aussi reçois les bien, qu'ils soient contents de leur pèlerinage, ils aiment tant notre petite sainte. Notre aînée chérie gravit toujours son douloureux calvaire, c'est une victime choisie et très aimée de notre doux Jésus poursuivi d'une haine d'enfer, je suis persuadée qu'elle ira au Ciel tout droit, quant à moi pauvre poule mouillée, je me traîne comme je peux avec un rhumatisme au pied gauche, par ailleurs je vais très bien, qui sait si je ne verrai pas la fin du monde, j'en ai plus peur qu'envie. Le joli portrait de notre angélique petite novice d'il y a 50 ans, que tu as eu la délicatesse d'envoyer à notre Mère chérie, petite Maman gâteau, nous a fait bien plaisir. Hélas! le bon Dieu va nous demander un grand et bien couteux sacrifice que tu vas partager avec nous, j'en suis sure; notre Mère si aimée, si dévouée à toute épreuve doit nécessairement être déposée après l'Ascension, cette année, puisqu'elle aura ses six ans de supériorité, douleur amère ! je serais si heureuse de mourir entre ses bras, mais je n'en suis pas digne... Je suis bien plus fidèle à mes résolutions de retraite, comme cela fortifie l'âme... Nos chères Srs Marguerite Agnès et Joseph Marie se joignent à moi pour réitérer leurs meilleurs souhaits de fête. En t'embrassant si filialement ma petite Maman je t'offre tout ce que nous possédons de plus précieux, Jésus notre unique amour, mon bouquet traditionnel de communions, Sr Françoise Thérèse D.S.B.
