Mère Agnès de Jésus à sa soeur Léonie + J.M. Carmel de Lisieux 24 Décembre 1940 P.C. Ma petite soeur très aimée, Noël ! Noël ! Réjouissons-nous dans le Seigneur malgré tous les malheurs qui nous entourent. Vivons par avance dans le Ciel et c'est vivre dans le Ciel que de se blottir par la pensée et par le coeur auprès de la crèche de l'Enfant Jésus sous le regard maternel de la Sainte Vierge. Ne te fais pas de peine, ma petite Soeur parce qu'on appelle notre Thérèse, la "petite Thérèse". Ils sont légion ceux qui l'appellent ainsi. On ne peut courir tirer les oreilles à cette armée. Ici, on l'appelle de même, je n'y puis rien, j'en fais autant. Nous n'avons pas souffert de la tempête, mais c'était un bruit infernal toute la nuit ! Quelques ardoises seulement à remettre sur nos toits. Je t'envoie la copie d'une bien bonne lettre du Saint Père, une lettre aussi du Cardinal Baudrillart. Et que dis-tu des lettres de notre si aimée Sr Marie du Sacré Coeur publiées dans les Annales. Monseigneur m'écrit qu'il en a été très édifié et qu'elles feront du bien. Nous allons réunir sous une même couverture qui portera le nom de Sr Marie du Sacré-Coeur les pages des deux numéros des Annales qui parlent d'elle. On me donnera, je le sais, cette publication à ma fête, ne le dis pas !... j'ai appris cela clandestinement... Je voudrais bien être à ta place et mettre chaque matin l'épingle du voile de ta si bonne mère Supérieure. Enfin, j'ai sa photographie ! Est-elle jolie ! Et quel visage qui reflète la paix du bon Dieu ! Je me réjouis de te savoir près d'elle à l'infirmerie. Encore une fois, bon Noël, et bonne année ! Ta vieille petite Soeur-Maman qui te chérit Sr Agnès de Jésus c.d.i. Si je t'ai déjà envoyé la copie de la lettre du Saint Père, veux-tu me la retourner à l'occasion.
