Carmel
Mère Agnès de Jésus à Sr Françoise-Thérèse – 19 avril 1941

DE  
MARTIN Pauline, Mère Agnès de Jésus
À 
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse

19/04/1941

Mère Agnès de Jésus à sa soeur Léonie
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J.M.                                                                                                        Carmel de Lisieux 19 Avril 1941
Alleluia !
Petite soeur très aimée,
 Nous nous sentons bien unies n'est-ce pas pour chanter l'Alleluia malgré les tristesses présentes.
C'est que nous habitons le Ciel par avance. Quelle grâce que ce détachement de la terre ! Comment vas-tu petite Soeur comme santé physique ? Et ta bonne Mère que j'aime tant avec toi. Jamais nous ne nous sommes senties si unies à la Visitation... Je n'en reviens pas, c'est comme si nous habitions le même monastère. Cela dépend de ma sainte "Filleule" j'en suis sûre.
Dans les prochaines Annales on a annoncé les lettres de Maman.
Celles qui viendront ensuite donneront les premières que nous avons entre les mains. Tu liras cela avec attendrissement et beaucoup d'édification.
Plus tard notre Maman incomparable parle de ses enfants à mesure que le bon Dieu les lui envoie. Comme elle a eu souci de sa petite Léonie ! C'est très touchant. Tu nous permettras de dire n'est-ce pas que tu n'es pas restée à la Visitation du Mans à cause de ton caractère (1) alors inconstant ; de ta santé ; car toute petite tu ne venais pas bien, tu avais de l'eczéma purulent. Papa dans une circonstance où tu étais très gravement malade a dû faire un pèlerinage à pied à N.D. de Séez pour ta guérison et on a fait une neuvaine à la Bse Mte Marie.
Mais on te montrera les lettres qui parlent de toi avant de les imprimer, et il faut encore quelques mois pour qu'on en soit de là. Je compte, si tu le permets mettre un renvoi pour dire, - si c'est vrai -, que tu nous as demandé de publier cela pour montrer ce que tu dois à Maman. On dirait qu'en mourant elle ne pensait qu'à l'avenir de sa Léonie. Oh ! comme elle a bien tourné sa Léonie ! Comme son caractère d'enfant s'est assoupli ! Sr Geneviève me disait encore aujourd'hui que tu étais devenue la douceur même.
Rien de Louise bien entendu. Parle de cela à ma Vénérée et aimée Filleule.
Je t'embrasse petite Soeur privilégiée. Si tu ne voulais pas qu'on dise un mot de ton enfance, les lettres perdraient beaucoup, elles feraient moins de bien
Maman
(1) Sois tranquille, ces lettres ne diront pas ce que tu as proclamé si humblement et si hautement : "J'ai eu une enfance détestable !..." Ce qui est tellement exagéré !!

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