Carmel
De Léonie à Thérèse – 1er juillet 1896

DE  
MARTIN Léonie, Soeur Françoise-Thérèse
À 
MARTIN Thérèse, Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus

01/07/1896

De Léonie à Thérèse.1er juillet 1896V+J !La Musse le 1 Juillet 1896Ma très chère petite soeur,Si tu savais comme toujours je pense à toi, et ton souvenir m'est si doux, il me rapproche de Dieu et jecomprends ton désir d'aller le voir bientôt pour te perdre éternellement en Lui : moi aussi je le désirecomme toi, j'aime à entendre parler de la mort et je ne comprends pas les personnes qui aiment cettevie de souffrance et de mort continuelle.Pour toi, ma chérie, tu es prête à aller voir le bon Dieu, sûrement tu serais bien reçue ; mais moi,hélas ! j'arriverais les mains vides et pourtant j'ai la témérité de ne pas avoir peur, comprends-tu cela ?c'est incroyable ; je le sais et j'en conviens, mais je ne puis m'en empêcher.Comment vas-tu ? ma petite soeur chérie, sur ce sujet seulement, je n'ai pas confiance en toi car tu medis toujours que tu vas bien ou mieux et je n'en crois rien du tout .Quand tu m'écriras, surtout, dis-moi la vérité exactement et parle-moi du bon Dieu et de tout ce quipeut me faire avancer dans la vertu, il n'y a que cela qui me fait plaisir vraiment et que j'attends duCarmel bien aimé.Si tu savais, comme il faut que je sois aidée pour ne pas me laisser aller aux plaisirs et vanités dumonde, car malgré toute la bonne volonté possible, on s'y laisse insensiblement entraîner et si on n'ytrouve pas la mort, du moins la piété et l'amour pur, pour Jésus y est bien altéré ; on n'a plus à offrir àce cher Bien-Aimé que des fleurs fanées ; moi-même, combien ne lui en ai-je pas offert bien des fois.Soeur chérie, tu m'empêcheras n'est-ce pas ? de recommencer; je suis si faible ; tu sais que je comptesur toi.Que je suis heureuse de ne pas aller à la noce [de Hélène Maudelonde et Jules Houdayer], merci !merci ! de ce que vous savez toujours arrêter votre petit cheval échappé.Merci, à ma chère petite Mère Agnès, de sa bonne lettre ; Je vous embrasse toutes bien fort comme jevous aime.Je t'en prie, demande tout particulièrement pour moi au bon Dieu qu'Il me délivre de mes scrupules ;toujours repliée sur moi-même, cela me fait horriblement de mal et me retarde extrêmement dans laperfection : sois sûre que je mets le doigt bien sur la plaie pour te la montrer.Ta petite soeur, qui te chérit de tout coeur.Léonie.e. de m.Ne m'oublie pas près de notre bonne Mère.J'ai peur que Marie de l'Eucharistie oublie le scapulaire de madame St Fçois de Sales ; deux grandsmorceaux de sa robe, sans broderie aucune, seulement les images.

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