Carmel

Suppliques des soldats envoyées au Pape pour la béatification de Thérèse

L'initiative de ces Suppliques revient à l'officier Pierre Mestre, laïc proche du Carmel, qui avait découvert Histoire d'une âme lorsqu'il était en garnison à Lisieux. Peu après, il avait commencé une ardente propagande. Cet ancien élève des Assomptionnistes était resté très lié avec le P. Emmanuel Bailly, leur supérieur général. Le rencontrant à Paris au cours d'une permission en 1916, il évoqua une idée qui lui tenait à cœur, l'envoi à Benoît XV de pétitions de soldats en faveur de la canonisation de Sœur Thérèse. Bailly lui promit de porter sa supplique à Rome. C'était en réalité un ensemble de lettres collectées par les soins de l'officier. Plus d'une vingtaine furent calligraphiées par Lisieux, mais les autres furent envoyées directement au Vatican.

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Ces lettres mêlent toutes expressions formelles et récits très personnels, contenant des allusions à la situation de chacun et le récit des grâces reçues. Les soldats parlent en leur nom propre, en soulignant toutefois qu'ils se font les interprètes de quantité d'autres soldats, ou de leur unité. Mestre lui-même commente l'envoi de ces suppliques dans une lettre à Mère Agnès, que Marie du Sacré-Coeur cite à Léonie : "Le pape a été fort touché de ces demandes et voudrait que cela se généralise dans l'armée française, écrit Soeur Marie du Sacré-Coeur à Léonie en 1916. Sans doute cela ne modifiera pas la procédure de canonisation mais le nombre de ces suppliques militaires serait une chose curieuse et impressionnerait fort" [MSC à Soeur Françoise-Thérèse le 1er novembre 1916]. C'était un pressentiment de la conséquence directe qu'auront ces suppliques : la dispense de l'enquête sur la Réputation de sainteté.

Les suppliques des soldats se comptent en dizaines, alors que les suppliques ultérieures de fidèles se compteront en centaines de milliers. En revanche, ce sont les suppliques des soldats qui sont restées dans les mémoires comme décisives et extraordinaires.

Antoinette Guise Castelnuovo

Nous présentons ici les 26 suppliques dont des copies sont conservées aux archives du carmel.

Commandant Mestre

Aux Armées, le 24 Juillet 1916.
A Sa Sainteté le Pape Benoît XV
Très Saint Père,
Elève du T.R. Père d'Alzon, de sainte mémoire, et des Augustins de l'Assomption qu'il a fondés, j'ai appris d'eux, dès mon jeune âge, non seulement à respecter en votre personne sacrée le représentant de Notre Seigneur Jésus Christ sur la terre, mais encore à lui obéir aveuglément, à suivre en tout ses directions, à avoir en un mot ce que nos maîtres appelaient si bien le Culte du Pape. C'est dans ces sentiments de soumission et de fidèle attachement au Vicaire de Jésus Christ que je viens, comme Catholique, et plus particulièrement comme officier supérieur de l'armée française, Vous adresser, au nom d'un grand nombre de mes camarades, une très humble requête. Vous avez bien voulu l'an dernier, Très Saint Père, autoriser la frappe d'une médaille à l'effigie de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Ste Face. La petite Carmélite de Lisieux est très en honneur parmi nous. Nous l'aimons, nous la vénérons, nous l'implorons. Combien, en effet, d'officiers et de soldats lui doivent depuis le début de la guerre actuelle, la grâce d'une bonne mort, d'une protection certaine sur le champ de bataille, du retour à la foi, d'une compréhension plus nette de la vie chrétienne ! C'est sous toutes les formes que notre petite sainte répand ses faveurs dans nos rangs.Nous vous remercions donc tous du fond du coeur de l'autorisation donnée pour la médaille ; nous portons cet insigne sacré avec respect. Mais nous osons vous demander davantage encore. Veuillez, T.ST Père, pour la gloire de Dieu et la sanctification des âmes, hâter la Béatification de notre chère Protectrice. Des milliers de militaires français Vous béniront et je m'associerai de grand coeur à leur élan de reconnaissance.Prosterné à Vos pieds, T.S. Père, j'implore pour moi, pour ma famille, et pour mes frères d'Arme, votre bénédiction apostolique. Daigne Votre Sainteté agréer les hommages respectueux d'un fils très humblement soumis en Notre Seigneur.

Pierre Mestre
Chef du 92e d'Infanterie /Commandant le 9eme Bataillon
Officier de la Légion d'honneur /Décoré de la Croix de guerre avec palmes.

Alexandre Ginetti

Aux Armées Belges, le 22 Juillet 1915.
Très Saint Père,
Le coeur brisé de douleur à la vue des cruelles souffrances qu'endurent depuis si longtemps ses compatriotes, à la vue des ruines qui s'accumulent chaque jour dans son cher pays et dans tous les pays éprouvés par la guerre, et surtout, oui, surtout, à la vue des attaques dirigées contre la Ste Eglise et son Chef Auguste, un pauvre petit soldat belge, animé d'une confiance toute filiale, vient se jeter avec le plus profond respect aux pieds de Votre Sainteté pour la supplier de daigner écouter sa prière.

C'est vers le Sacré Coeur et la Vierge Immaculée que les fidèles tendent les bras pour apaiser la justice divine, et moi je crois que si Dieu veut nous sauver, si Jésus veut être glorifié avec sa divine Mère, c'est par l'intercession de celle qu'Il s'est choisie pour nous révéler les merveilleuses tendresses de son Coeur qu'Il veut être glorifié et le sera. Je le crois, c'est certainement le désir de Notre-Seigneur que le monde entier invoque et connaisse celle qui se consumait du désir de l'aimer et de le faire aimer de tous les hommes, Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. Elle a aimé Jésus à la folie et Lui Il lui a dévoilé tous les secrets de son Coeur. Maintenant qu'elle est près de Lui, elle doit lui redire sans cesse " Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre, je veux faire aimer l'amour". N'a-t-elle pas dit qu'elle ne pourrait prendre de repos avant que l'Ange ait dit : "Le temps n'est plus..." Comment alors n'aurions-nous pas confiance en elle, l'épouse le plus aimante de Jésus, l'enfant de prédilection de la Vierge Immaculée.

Pour moi, si mon coeur est embrasé d'amour pour Jésus et sa divine Mère, c'est à elle que je le dois ; aussi mon plus grand bonheur est-il de la faire connaître, et le peu d'argent dont je dispose est employé à cette fin. Si j'étais dans mon cher pays, mon unique préoccupation serait de la faire connaître, car cette petite sainte connue, c'est Jésus et Marie connus et aimés comme ils désirent l'être, c'est le règne de l'Amour !Moi, pauvre petit soldat belge, je prends la respectueuse liberté , Très saint Père, de venir humblement supplier Votre Sainteté de hâter le jour où sera proclamée bienheureuse la fidèle Epouse de Jésus, Sr Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Ste Face, du Carmel de Lisieux, et d'ordonner que des prières publiques soient dites dans toute l'Eglise afin d'obtenir du Sacré Coeur et de la Vierge Immaculée, par l'intercession de la Servante de Dieu, la paix dans le monde, et le règne de Jésus dans les âmes.

Très Saint Père, la première bénédiction pontificale de Votre Sainteté a été pour notre pauvre Belgique meurtrie ! qu'elle daigne donc pardonner la témérité du pauvre petit soldat Belge qui voudrait être, Très Saint Père, de votre Sainteté, l'un des fils les plus respectueux et les plus obéissants

Alexandre Ginetti
Soldat carabinier Belge.

Ss-Lieutenant Faget

Aux Armées, le 16 Octobre 1916.
A Sa Sainteté le Pape Benoît XV.
Très Saint Père,

Veuillez permettre, je vous prie, à un officier de l'Armée française de vous adresser une très humble requête. Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, que nous prions tous avec tant de ferveur, et qui semble si bien nous comprendre, a déjà grâce à Votre Sainteté une médaille à son effigie. Nous vous supplions, T.S. Père, pour la gloire de Dieu et la sanctification des âmes, de hâter la béatification de la petite carmélite de Lisieux. Ce serait pour beaucoup de soldats un bonheur indescriptible. Prosterné à vos pieds, T.S. Père, j'implore pour moi, ma famille et mes frères d'armes, votre bénédiction apostolique. Daigne Votre Sainteté agréer les hommages respectueux d'un fils très humblement soumis en Notre Seigneur.

 André Faget
Officier de la brigade Marocaine 1er Mixte
Décoré de la Croix de guerre

Colonel de Gastines

Supplique du Colonel de Gastines

Aux Armées, le 25 Août 1916
Très saint Père,
Apprenant que de différents côtés des officiers de l'armée française, témoins de la puissante protection de la Petite Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, du Carmel de Lisieux, s'adressent à Votre Sainteté pour la supplier de voir d'un oeil favorable sa béatification, je suis heureux de m'associer à leurs suppliques. Les faits miraculeux qui m'ont été rapportés seront exposés par ceux-là mêmes qui en ont été l'objet.

Pour moi j'aime à témoigner devant Votre Sainteté de la confiance personnelle qui m'a incité à faire le voeu d'aller prier sur la tombe de la Sainte de Lisieux après la guerre, avec le membres de ma famille la plus proche qui y participent, afin de remercier la Vénérable Servante de Dieu de sa protection. Sur le front depuis le commencement des hostilités, aucun de nous n'a été atteint jusqu'ici.

En suppliant Votre Sainteté de daigner accueillir favorablement ma requête, je la prie de croire aux sentiments de vénération et de soumission de son très humble serviteur et fils,

Colonel de Gastines
Commandant la 2e Brigade de Cavalerie légère, pour le Général.

Colonel de Loustal

Aux Armées, le 3 Septembre 1916.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV

Très Saint Père,

Ayant appris par plusieurs de mes camarades de l'armée française vous demandant de vouloir bien, pour la gloire de Dieu et la sanctification des âmes, hâter la Béatification de la Sr Thérèse de l'Enfant. Jésus et de la Ste Face, j'ose me permettre de me joindre à eux pour adresser bien humblement à Votre Sainteté la même requête.J'ai eu l'insigne honneur et la grande joie de donner une de mes filles au Carmel il y a 4 ans ; la dévotion de ma famille à la Sr Thérèse n'a pu que s'en accroître.

De plus, sans pouvoir citer de fait absolument précis, je suis tout à fait convaincu que, depuis le début de la guerre, la Soeur Thérèse nous a spécialement protégés, moi personnellement, le 28eme Régiment d'Artillerie, composé uniquement de Bretons et de Vendéens, parmi lesquels nos aumôniers avaient répandu avec succès la dévotion à la Servante de Dieu.Prosterné à vos pieds, Très Saint Père, j'implore pour moi, pour ma famille, spécialement pour ma carmélite, pour le 28e Régiment d'Artillerie lourde que je commande actuellement au 11e Corps, votre bénédiction apostolique.

Daigne Votre Sainteté agréer les hommages les plus respectueux d'un fils entièrement et humblement soumis en Notre Seigneur,

Colonel de Loustal
Commandant l'Artillerie lourde du 11e Corps d'Armée

Capitaine de Romanet

Très Saint Père,

Humblement prosterné à vos pieds, je viens, comme beaucoup de mes frères d'armes, supplier Votre Sainteté de hâter la Béatification de la petite Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, à laquelle ma famille et moi devons tant de reconnaissance. Grâce à sa protection, mes deux fils et moi avons été merveilleusement protégés de la mort, sur le front.Ces jours derniers encore, le plus jeune a été miraculeusement sauvé dans un très grave accident d'automobile, sur le front où il aurait dû être tué ainsi que 8 de ses camarades, mais la petite Soeur Thérèse veillait sur eux, grâces lui en soient rendues ! Daignez, très St Père, agréer nos instantes prières et recevoir l'humble hommage de ma respectueuse et fidèle soumission.

 Capitaine de Romanet
Attaché à l'État-major de la 5ième Région.

 

deuxième supplique - Aux Armées, le 1er novembre 1916

Très Saint Père,

Humblement prosterné à vos pieds, votre fils très respectueux et obéissant vous conjure d'agréer son humble supplique. Des officiers supérieurs vous ont déjà prié de jeter les yeux sur leur prière de hâter la Béatification de celle que, tous, sur le champ de bataille, nous invoquons et qui nous sauve. Sur moi, qui suis le moindre de ses privilégiés, elle a visiblement mis le sceau de sa protection. Elle m'a sauvé cent fois de la mort, sous la mitraille, en particulier lorsque, enseveli et asphyxié par les obus et les gaz, je l'ai appelée et lui ai crié : "Sauvez-nous !" mes camarades et moi sommes sortis de là sains et saufs.

Une autre fois, en permission, j'ai jeté son image dans un incendie de forêt, lequel s'est arrêté net. Ce fait a été relaté et envoyé au Carmel de Lisieux, comme le premier il a été signé des témoins. Recevez, Très Saint Père, l'assurance de ma soumission entière, et veuillez bénir votre fils respectueux, qui vous assure de son religieux attachement.

de Romanet

Capitaine Michel d'Anne

Le 5 Septembre 1916.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV

Très Saint Père,

Comme ancien élève du collège Stanislas de Paris, comme descendant, membre, et chef d'une famille sincèrement catholique et dévouée au Saint Siège, comme officier français, prosterné aux pieds de Votre Sainteté, je la prie respectueusement de bien vouloir agréer l'expression de notre vénération, de notre dévouement, et de notre obéissance absolue.

Visiblement protégé, en moi-même et dans ma famille, au spirituel et au temporel, par la Sr Thérèse de l'Enfant. Jésus, je m'unis de tout coeur avec tant de catholiques français et de soldats, qui ont en elle une confiance entière et jamais trompée, pour lui témoigner notre reconnaissance, et je joins mon humble prière à celle que tant de fils vous adressent, afin qu'il plaise à Votre Sainteté, pour la gloire de Dieu et la sanctification des âmes, de hâter l'heure de la béatification de notre chère Protectrice.

Prosterné aux pieds de votre Sainteté, j'implore d'elle, pour ma famille, pour mes camarades, et pour moi-même, votre bénédiction apostolique. Daigne Votre Sainteté agréer les respects d'un fils très humblement soumis en Notre Seigneur,

Michel d'Anne.
Capitaine d'Infanterie territoriale

Capitaine Loir-Mongazon

Aux Armées, le 12 Septembre 1916

Très Saint Père,

Je viens humblement me joindre aux nombreuses personnes qui, comme moi, ont éprouvé le bienfait de l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant. Jésus, pour implorer de Votre Sainteté sa Béatification. Grâce à elle, sans nul doute, j'ai obtenu le mois dernier la Croix de guerre.

Il y a un an, dès que j'ai connu la vie de la petite carmélite de Lisieux, je lui avais demandé de me faire obtenir cette récompense d'ici la fin de la campagne. Ce souhait s'est réalisé plus tôt que je ne m'y attendais et en reconnaissance, j'ai fait déposer ma Croix sur son tombeau. Ma compagnie s'est particulièrement ressentie de sa protection, à Verdun, en Mars dernier, car elle a été des plus favorisées n'ayant eu que 8 blessés légers et pas un mort.

Les sentiments chrétiens dans lesquels j'ai été élevé, et qui se rattachent à un nom connu et vénéré en Anjou, vous sont garants, Très Saint Père, de la vénération filiale que je vous porte et qui font que je m'inclinerai toujours devant vos décisions. Je serais heureux cependant, Très St Père, si Votre Sainteté accueillait avec bienveillance la demande de milliers de personnes qui ont mis leur confiance en Sr Thérèse de l'Enfant. Jésus.

Prosterné à vos pieds, Très St Père, j'implore pour ma famille et pour moi votre bénédiction apostolique

Daigne Votre Sainteté agréer les hommages les plus respectueux d'un fils humblement soumis en Notre Seigneur.

Capitaine Loir-Mongazon
Du 71ième d'Infanterie Décoré de la Croix de guerre.

Capitaine de Chaumontel

21 Septembre 1916.     A Sa Sainteté Benoît XV

Très Saint Père,

Au milieu de toutes les angoisses qui assaillent votre coeur et lui font vivre intimement le drame poignant qui se joue, le plus humble de vos enfants osera-t-il vous prier d'accueillir favorablement la supplique qu'il dépose aux pieds de Votre Sainteté ? Votre paternelle bonté, tant de fois affirmée, votre inlassable sollicitude pour toutes les causes, petites ou grandes, qui se réclament du Christ, de Qui vous êtes le Représentant ici-bas, ma filiale confiance, me le font espérer, Très Saint Père, et je viens à vous comme on venait à Lui.

Combien en effet ne sommes-nous pas impuissants par nous-mêmes à acquitter notre dette envers la Sr Thérèse de l'Enfant. Jésus, nous tous qu'elle a miraculeusement protégés, ramenés à la pratique de la foi, ou soutenus aux heures tragiques du combat ?  Sauvé de la mort par elle, en des circonstances de guerre qui comportent une succession de faits échappant à toute logique humaine, je suis de ceux qui crient bien haut leur infinie gratitude, mais que d'autres nourrissent dans le silence et le recueillement les mêmes sentiments de reconnaissance ardente ! Que d'autres, officiers ou soldats, me l'ont exprimé, ne trouvant pas de termes assez émus pour bénir "l'Ange du Carmel de Lisieux", dont l'effigie, par Vous autorisée, protège tant de vaillantes poitrines !

Daignez, T. St Père, considérer cet élan irrésistible des coeurs vers celle qui fut leur Interprète auprès du divin Libérateur ; daignez le consacrer de votre approbation en hâtant la Béatification de l'humble Servante de Dieu, et que ce titre de "Bienheureuse" soit, pour elle et par Vous, l'hommage de tous ceux sur lesquels elle a veillé. Prosterné à vos pieds, T.S. Père, j'implore de Vous cette insigne faveur, persuadé qu'elle contribuera à la plus grande gloire de Dieu comme à la plus grande sanctification des âmes, et je vous demande très humblement, pour ma famille et pour moi-même, votre bénédiction apostolique,

Capitaine de Chaumontel
Capitaine d'Infanterie. Décoré de la Croix de guerre

Capitaine Bastien

Aux Armées, le 15 Septembre 1916.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV

Très Saint Père,

Vous êtes sur la terre le Représentant de Notre Seigneur Jésus Christ et, quoi que mon pauvre et cher pays affecte de vous ignorer officiellement, vous n'en êtes pas moins pour le Peuple français le cher et vénéré Souverain de nos âmes. Croyez bien que nous vous aimons, que nous sommes avec vous dans toutes les angoisses qui assaillent votre noble coeur car nous savons que vous aimez la France qui reviendra à vous, très St Père, veuillez en agréer la certitude.

Comme catholique, et plus spécialement comme officier de l'Armée française, je viens vous adresser, au nom de plusieurs camarades, une humble requête. Nous vous remercions tout d'abord d'avoir bien voulu autoriser l'an dernier la frappe d'une médaille à l'effigie de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus car nous aimons et vénérons l'Ange terrestre que Dieu a mis dans son ciel pour soutenir notre espérance ici-bas. Officiers et soldats, que ne devons-nous à la Religieuse si humble, si petite avant sa mort, si grande et déjà si glorieuse depuis son entrée au Ciel ?

Elle a protégé miraculeusement les uns et leur a donné la force chrétienne qui rend invincible, elle a rendu la foi et a appris aux autres à mourir en mettant sur leurs lèvres des paroles de repentir et d'amour, elle a adouci le terrible passage aux malheureux qui agonisaient lentement, en leur montrant le ciel. Oui, que ne lui devons-nous pas ? La confiance en elle est si grande que tous nos soldats veulent un souvenir de la Carmélite de Lisieux.

Personnellement, elle m'a sauvé le 6 septembre 1914, premier jour de la bataille de la Marne. La balle qui devait me traverser le coeur ce jour-là a dévié sur une croix que la petite " sainte" avait placée là... Et depuis, à tous instants, je me sens effectivement protégé, à tel point que j'ai pour elle la confiance d'un enfant pour sa Mère, celle qu'elle avait elle-même pour Dieu.

Aussi, T.S. Père, au nom de ma famille et d'amis, en celui de nombreux soldats, je viens vous demander, pour la plus grande gloire de Dieu et la sanctification des âmes, de bien vouloir hâter la Béatification de l'humble Religieuse qui du ciel fait tant de bien sur la terre. Prosterné à vos pieds, T.S. Père, j'implore pour ma famille et moi-même, pour tous mes camarades, votre bénédiction apostolique.

Daigne Votre Sainteté agréer les hommages respectueux d'un fils humblement soumis en Notre Seigneur.

Victor Bastien
Capitaine au 1er Régiment. d'Infanterie Coloniale
Chevalier de la Légion d'Honneur. Décoré de la Croix de guerre.

Capitaine du Rozet

Aux Armées, Septembre 1916

Prosterné aux pieds de Sa Sainteté, je la supplie de nous accorder la joie de pouvoir honorer du titre de Sainte la Sr Thérèse de l'Enfant. Jésus.

Personnellement, j'ai eu recours à elle aux heures d'angoisse et j'ai toujours ressenti l'effet de sa protection. Je porte sous ma tunique une relique de la vénérée petite Soeur et c'est à Elle que je dois d'avoir été protégé en Juin 1915 alors qu'un éclat d'obus me frappait à l'épaule et, par miracle, ne me faisait pas de blessure sérieuse. C'est à Elle que je dois d'être revenu sain et sauf des combats de Champagne (automne 1915) et de Verdun (juillet; août 1916)

C'est à la Petite Soeur que ma fille a été confiée. Agée de 6 mois en janvier 1915, elle avait la santé très ébranlée. Ma femme s'est adressée à la petite sainte et ma petite fille jouit actuellement d'une parfaite santé.

J'ose demander à Sa Sainteté sa bénédiction, pour moi, pour ma famille, pour mes amis, pour tous ceux qui me sont chers, à cette heure de terrible épreuve. Je suis, de Sa sainteté, l'humble serviteur

Vicomte du Rozet
Capitaine de Cavalerie - Etat-Major 15e Div.

Commandant Pusey

Aux Armées, Septembre 1916

Très Saint Père,

Les officiers, sous-officiers, caporaux et soldats, du 2ième Bataillon du 81ième Régiment d'Infanterie française, humblement prosternés à vos pieds, viennent solliciter de votre bonté la grande faveur de la prochaine Béatification de Sr Thérèse de l'Enfant. Jésus. Par son intercession, ils ont éprouvé maintes fois les effets de la protection divine et ils voudraient lui témoigner par cette demande leur reconnaissance pour la protection toute spéciale dont ils ont été l'objet à plusieurs reprises.

Commandant Pusey, Capitaine Bezombes, Capitaine Rigot, Ss-Lieutenant Luseau,
Sergent Haucet, Sergent-fourrier Madrigo, et 16 signatures suivent

Sous-Lieutenant du Roscoat

Aux Armées, 19 septembre 1916

Très Saint Père,

Depuis le commencement de la campagne, je me suis mis sous la protection de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. Plein de confiance en son intercession, je lui attribue pour une grande part la faveur d'avoir échappé jusqu'à ce jour à tout danger grave ; une seule blessure a été pour moi sans conséquence. Je sais que plusieurs de mes camarades préservés comme moi, seraient infiniment reconnaissants à la bonté de Dieu si elle daignait lui faire accorder les honneurs de la Béatification.

Du meilleur de mon coeur j'unis mes voeux aux leurs en les déposant, avec mon très humble respect, aux pieds de Votre Sainteté.

A. du Roscoat
Ss/ Lieutenant mitrailleur

Capitaine Feret

Le 25 Septembre 1916.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV

Très saint Père,

Je viens très humblement et très respectueusement m'agenouiller devant Vous pour exprimer à Votre Sainteté mon entier dévouement jusqu'à la mort et ma grande et surnaturelle affection. J'ajouterai que ma vénération et mon affection pour le Souverain Pontife ont beaucoup augmenté pendant le règne glorieux de votre Saint Prédécesseur.

Je m'adresse à Vous comme à un Père et je viens vous demander de hâter la Béatification de Sr Thérèse de l'Enfant. Jésus. Depuis le commencement de la guerre, ma Compagnie a été mise par moi sous la protection de Soeur Thérèse et nous avons tous ressenti les effets de cette protection. Je crois que Soeur Thérèse est une sainte de France et que le bon Dieu, qui aime beaucoup notre pays, nous l'a envoyée pour nous sauver, pour nous faire du bien, et pour en faire à toute l'humanité.

Daigne Votre Sainteté agréer les hommages respectueux d'un fils dévoué qui se permet, malgré son indignité, de demander à Votre Sainteté de le bénir, lui et les siens.

Capitaine Féret
du 42e Territorial

Capitaine Lesueur

Aux Armées, le 3 octobre 1916.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV

Très Saint Père,

En vous adressant cette supplique, bien que je sois le plus indigne de vos fils, j'accomplis un devoir de reconnaissance envers la petite Carmélite de Lisieux, Sr Th. de l'Enfant. Jésus. J'ai acquis, en effet, la certitude qu'à maintes reprises elle a veillé sur moi et a intercédé auprès de Dieu en ma faveur.

Avant de partir pour le front, il y a 14 mois, je me suis rendu en pèlerinage sur sa tombe ; je lui ai confié ma détresse profonde : un père adoré, officier, fait prisonnier à Maubeuge et mort en captivité, de chagrin et de privations ; une épouse et une mère de santés précaires ; trois petits enfants dont l'aînée a 6 ans ; ma maison incendiée par le obus, tous mes biens matériels perdus et ma situation plus que compromise... Au milieu de ces tristesses je me suis confié à Soeur Thérèse comme à mon bon ange et je lui ai demandé de me ramener au milieu des miens, si telle était la volonté de Dieu. Depuis 14 mois, elle n'a pas cessé de me protéger ; jour et nuit son image ne m'a pas quitté. Commandant une Compagnie d'Infanterie, je lui ai voué mes hommes ; or, de l'aveu des chefs, c'est jusqu'à ce jour l'une des unités qui a le moins souffert du régiment.

Des nombreuses marques de protection dont j'ai été l'objet, je ne veux retenir que celle-ci : Le 23 juillet 1916, me trouvant dans la fournaise de Verdun, je reçois l'ordre de me porter, avec mes hommes, sur un emplacement dangereux, soumis à un bombardement sévère ; pour m'y rendre, je dois traverser un violent feu de barrage ; comprenant la gravité de la situation, je prends dans mon portefeuille l'une des reliques de Soeur Thérèse, qui ne me quittent jamais et je la place dans la coiffe de mon casque. Puis j'accomplis ma mission, sans me soucier le moins du monde des obus qui tombent autour de moi. Une heure plus tard je suis blessé à la tête et c'est à la protection de mon casque que je dois d'échapper à la mort.

A l'ambulance, j'ai immédiatement conté le fait à notre aumônier divisionnaire, professeur au Séminaire d'Amiens, qui connaissait bien ma vénération pour la sainte carmélite. J'ignore ce que me réserve l'avenir, mais quel que soit mon destin, je l'accepte avec foi et résignation. Au fond du coeur je garderai jusqu'au bout une profonde gratitude envers Sr Thérèse qui m'a inspiré, dans les moments les plus pénibles, cette confiance absolue et cette calme sérénité.

Aussi je me joins aux personnes les plus autorisées qui supplient Votre Sainteté de proclamer la Béatification de l'humble Servante de Dieu. Prosterné à vos pieds, j'implore, T. S. Père pour ma famille si éprouvée et pour moi-même votre Bénédiction apostolique

E. Lesueur
Capitaine adjudant-major
320ième d'Infanterie

Capitaine Soulary

Aux Armées, le 8 Octobre 1916.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV

Très Saint Père,

Plusieurs de mes camarades, officiers de l'Armée française, ont déjà demandé respectueusement à votre Sainteté de hâter la Béatification de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, à l'intercession de laquelle tant de nos soldats doivent d'avoir été protégés dans les combats et d'être revenus à Dieu. Je suis, T.S. Père, un des protégés de la saint Carmélite de Lisieux. Ma femme et mes enfants m'ont confié à elle, le 1er Août 1914, à mon départ pour la frontière. Je ne saurais énumérer toutes les grâces qui m'ont été obtenues par son intercession, mais, après 25 mois de campagne passés tout entiers sur le front, je n'ai encore été ni malade, ni blessé.

Parmi ces grâces, il en est deux auxquelles j'attache un prix inestimable : la première est que, malgré tous les obstacles inhérents au temps de guerre, il m'a été accordé de pouvoir faire, presque tous les jours, la Ste Communion. La deuxième est la vocation religieuse de ma fille, entrée le 8 septembre dernier, fête de la Nativité de la Ste Vierge, au Carmel de Lisieux. C'est pénétré de reconnaissance envers notre sainte Protectrice et plein de confiance en votre paternelle Bonté, que je viens, T.S. Père, joindre ma supplique à celles que des personnalités plus autorisées ont déjà adressées à Votre Sainteté.

Prosterné humblement à vos pieds, T.S. Père, je vous demande pour moi, ma famille, mes camarades, et mes soldats, votre bénédiction apostolique, en vous assurant de mon profond respect et de mon absolu dévouement.

A. Soulary
Capitaine d'Artillerie
Commandant le 3e groupe du 11e Régiment. d'Artillerie
Décoré de la Croix de guerre.

Sergent Tabut

Aux Armées, le 23 Octobre 1916.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV

Très Saint Père,

Né à Lisieux, et ayant presque toujours habité cette ville avant la guerre, je commençais à connaître Sr Thérèse de l'Enfant Jésus lorsqu'une personne amie me prêta le petit opuscule de ses miracles. Quelque temps après je lisais sa vie, et dès lors je suis resté un fervent admirateur de sa petite voie de confiance et d'abandon que je m'efforce d'appliquer aux circonstances actuelles de ma vie. Entre temps je fais tout mon possible pour la faire connaître à mes camarades et je suis émerveillé du résultat ; je distribue des médailles et des gravures, et je n'en ai jamais assez.

Aussi je me permets, T.S. Père, de vous remercier bien respectueusement de la médaille dont vous avez autorisé la frappe. Mais j'ose vouloir autre chose et fréquemment je répète la prière : "Si c'est pour votre gloire et la sanctification des âmes, faites, ô mon Dieu, que bientôt l'auréole des bienheureuses rayonne au front si pur de votre petite Epouse Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Ste Face." C'est pourquoi, T.S. Père, moi et mes camarades, prosternés à vos pieds dans un sentiment de filiale soumission, nous vous adressons cette supplique en vous demandant de hâter la béatification de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, notre nouvelle Jeanne d'Arc.

Daignez agréer, T.S. Père, l'assurance de tout notre attachement à l'Eglise catholique et bien vouloir nous donner la bénédiction apostolique que nous implorons pour nous et nos familles.

Sergent Tabut, du 36e d'Infanterie
Ex-vice-président de la Jeunesse Catholique à Lisieux
Suivent 62 signatures d'officiers et soldats de la 7e Cie. du 36e.

Sergent Guillaumet

Bordeaux, le 17 Juin 1918

Très saint Père,

Humblement prosternés devant le trône de Votre Sainteté, nous exposons à votre bonté paternelle la requête de nos coeurs reconnaissants, afin qu'il vous plaise d'ordonner, en vertu du pouvoir souverain que le Père Commun des fidèles tient de notre divin Sauveur, que soit activé le Procès de Béatification de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus.

Notre gratitude envers l'humble Carmélite dont le Seigneur se plaît à exalter le mérite et à manifester la puissance céleste par le miracle, désire ardemment voir l'Eglise, gardienne du dogme, expression visible et infaillible du Christ éternel, proclamer officiellement l'héroïcité des vertus et l'authenticité des faits miraculeux, en l'élevant sur les autels. Nous avons été nous-mêmes les privilégiés de Soeur Thérèse. C'est grâce à son intervention miraculeuse qu'à l'issue d'une opération chirurgicale alors que la science annonçait la mort prochaine leur mère fut conservée à mes enfants. Depuis lors, notre famille est visiblement protégée par l'aimable avocate auprès de Dieu.

Et comment exprimer aussi, sans les développements nécessaires, dont l'ampleur dépasserait les limites de cette humble supplique, l'action providentielle de Soeur Thérèse aux armées françaises. Là aussi, sa protection est visible, et il n'est pas de jour, au témoignage des bénéficiaires, où n'éclate sa puissance à l'appel des âmes en détresse. Plusieurs fois déjà, sa présence s'est manifestée en faveur de soldats en danger de mort, épouvantés par l'imminence du péril.

Pour ces faits, et de milliers d'autres dont le fleurissement céleste couvre notre sol national d'une roseraie mystique, selon la promesse de la pieuse Carmélite, nous vous supplions, Très Saint Père, d'accorder aux âmes chrétiennes la béatification de leur Bienfaitrice et de confirmer ainsi sa glorification céleste. Daignez, Très Saint Père, étendre votre main paternelle sur notre Patrie, afin de calmer l'angoisse de nos coeurs devant la grandeur des sacrifices nécessaires, et pour que Dieu lui accorde la paix par la victoire.

Nous implorons aussi pour nous, pour nos cinq enfants et toute notre famille, la bénédiction apostolique. Enfants fidèles de l'Eglise, notre Mère, nous offrons à Votre Sainteté l'humble soumission de nos personnes et de nos actes,

Henri Guillaumet
Sergent au 144e Infanterie
et Eugénie Guillaumet, née Gabolde

Commandant Pagès de l'Herm

Etat-Major du Gouverneur, Le Havre, le 30 Octobre 1916.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV.

Très Saint Père,

Daignez permettre à un de vos enfants de France de vous adresser humblement la requête suivante en faveur d'une cause qui lui est chère à plus d'un titre.

Au début de la guerre actuelle, j'ai appris à connaître Sr Thérèse de l'Enfant. Jésus du Carmel de Lisieux et les grâces qu'elle répandait sur la terre, et je partis sur les champs de bataille, porteur de la médaille dont vous avez bien voulu autoriser la frappe, en mettant toute ma confiance dans sa protection. Cette protection ne m'a jamais fait défaut et, dans les circonstances les plus périlleuses, il m'a suffi d'invoquer la sainte Carmélite de Lisieux et de l'appeler à mon aide pour conjurer instantanément les plus graves dangers et rétablir les situations les plus compromises. Elle a manifestement été ma protectrice et celle des braves de mon bataillon.

De plus, mon fils, jeune officier de 19 ans, deux fois blessé dans des conditions qui auraient pu être mortelles, s'est trouvé miraculeusement protégé, chaque fois, par Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, en qui il avait mis toute sa confiance. Il en est de même d'un jeune ami, officier également, qui muni depuis cinq jours, par les soins de mon épouse, d'une médaille de Soeur Thérèse, a été miraculeusement protégé, alors qu'il reposait dans un wagon qui fut mis en miettes par la mitraille ennemie.

En raison de ces manifestations évidentes d'une efficace intercession auprès de Dieu, je me fais un devoir et une obligation de conscience de m'unir aux voix plus autorisées que la mienne pour vous demander instamment, Très St Père, de vouloir bien hâter la Béatification de la protectrice de tant de braves. Prosterné à vos pieds, T.S. Père, et me recommandant auprès de Votre Sainteté de mon parent Mgr Gauthey, archevêque de Besançon, qui bénit jadis mon mariage, j'ose implorer pour ma famille et pour moi votre bénédiction apostolique. Daigne Votre Sainteté agréer les respectueux hommages d'un fils très humblement soumis en Notre Seigneur

Commandant Pagès de l'Herm
Chef de Bataillon d'Infanterie / Breveté d'Etat-Major
Chevalier de la Légion d'honneur / Décoré de la Croix de guerre.

Comte Pierre d'Audigné

Le 2 novembre 1916

Très Saint Père,

Permettez qu'au milieu des malheurs de notre chère France un de vos fils les plus dévoués vienne à vous, comme à Celui qui nous tient la place du Christ et que nous aimons toujours à vénérer comme le Pasteur Souverain de nos âmes.

Voici, Très Saint Père, le sujet de la démarche que j'ose me permettre auprès de Votre Sainteté. Comme catholique et Français, spécialement comme adjudant de l'armée française, je viens vous demander de hâter la Béatification de la Servante de Dieu Protectrice des soldats, Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. Personnellement, en Champagne et dans l'Aisne, elle m'a grandement protégé, au moment même où j'invoquais son nom. Plusieurs de mes compagnons et chefs ont obtenu de grandes faveurs dans les mêmes conditions.

J'ajouterai que, présentement, à mon dépôt, je me suis vu dans de fort mauvais pas et, quatre ou cinq fois, à l'instant même où je touchais sa relique, j'en suis sorti à mon avantage. J'ai confiance, Très Saint Père, que vous daignerez agréer mon humble requête. Je vous l'adresse au nom de ma famille dont un des membres a l'insigne honneur d'être au carmel de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. Et, au nom aussi de nombreux soldats qui désirent comme moi la glorification de celle qui a dit si prophétiquement : "Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre."

Prosterné à vos pieds, Très Saint Père, j'implore pour ma famille et pour moi-même votre bénédiction apostolique.

Comte Pierre d'Audigné
Adjudant au 15e Chasseurs

Caporal Héricourt

Aux Armées, le 2 Novembre 1916

Très Saint Père;

J'ose unir bien humblement ma voix à celle des soldats français qui, je le sais, ont demandé à Votre Sainteté de placer bientôt sur les autels leur protectrice si puissante Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, du Carmel de Lisieux. Cette poésie, rimée dans un instant de repos, vous dira, Très Saint Père, mes sentiments de reconnaissance et de confiance envers ma céleste avocate. Humblement prosterné à vos pieds, je prie Votre Sainteté de bénir ma famille et moi-même

A la Sainte du Carmel
Lorsque, pour une attaque, il faut que l'on bondisse,
Hors du trou, le front haut, dans un suprême effort,
On a beau mépriser le péril et la mort,
On a beau de sa vie, avoir fait sacrifice,
L'âme implore d'instinct; et vers le ciel, où glisse
Le vacarme de fer qui décide du sort,
La prière du coeur prend un rapide essor
Pour appeler à l'aide une ombre protectrice;
J'ai tourné mon regard vers "la petite Soeur"
Avant de m'élancer contre l'envahisseur,
Dans le tourbillon fou d'où l'on sort un sur seize,
Et, si j'ai passé sauf à travers la fournaise
De feu, de sang, de mort, de massacre et d'horreur,
Je ne le dois qu'à toi, puissante Soeur Thérèse.
Caporal Héricourt
418e Régiment de Marche
le 25 Octobre 1916.

soldat Pasdeloup

Aux Armées, le 24 Août 1918.

A Sa sainteté le Pape benoît XV.

Très saint Père,

Au milieu de la tourmente que subit la France, je suis heureux, plus que jamais, de faire partie de l'Eglise catholique Romaine, plus que jamais je crois à la Communion des saints. Aussi, permettez à l'humble soldat français que je suis, Très saint Père, de vous exprimer la reconnaissance que je dois à la petite Carmélite de Lisieux, Sr Thérèse de l'Enfant Jésus.

Je me suis placé sous sa protection et au cours de cette terrible guerre, en de nombreuses circonstances, sous des bombardements violents, j'ai acquis la certitude que sa main protectrice voulut bien écarter de moi tout danger. C'est dans ces sentiments de gratitude que, de tout coeur et humblement, je sollicite de votre paternelle bonté, en union avec mes camarades, de hâter la béatification de notre chère Protectrice.

Très humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté, j'ai l'honneur, Très Saint Père, de solliciter pour ma famille et pour moi votre bénédiction apostolique. Votre fils, très humblement et respectueusement soumis en Notre Seigneur.

P. Pasdeloup
Secrétaire Q.G. de la 1e Division Marocaine

Capitaine de St Basile

Aux Armées, 12 Novembre 1916

Très Saint Père,

Humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté, pénétré du respect et de l'amour que ma pieuse et sainte mère m'avait inculqué dès mon enfance pour l'auguste personne du Pape, j'ose vous prier, T.S. Père, comme fils de l'Eglise catholique et officier de l'Armée française, de mettre bientôt au nombre des Bienheureuses la ravissante petite Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, du Carmel de Lisieux.

Miraculeusement protégé par elle que j'invoquais sans cesse sous un bombardement affreux qui se prolongea à Verdun pendant plusieurs jours au moment de la Pentecôte, je n'ai pas eu une égratignure. Sa protection me suit partout ; trois fois au moins j'ai été enveloppé dans des tourbillons de terre et de flamme provenant d'obus tombés à quelques pas de moi et pourtant je suis resté indemne. Sur le choix de deux places vacantes, j'ai eu celle qui devait me conserver la vie et l'autre a vu tomber mon pauvre camarade.

C'est donc, Très St Père, dans l'élan d'une reconnaissance immense, que j'unis ma voix à celle de mes nombreux frères d'armes pour la glorification de cette jeune saint qui réalise si bien en notre faveur sa promesse admirable de "passer son ciel à faire du bien sur la terre". C'est aussi, T.S. Père, au nom de ma pieuse femme guérie merveilleusement par Soeur Thérèse, il y a bientôt deux ans, de la fièvre typhoïde, que je supplie Votre Sainteté de faire briller au plus tôt dans le firmament de l'Eglise cette radieuse étoile, comme signe de paix céleste dans nos temps troublés.

Capitaine de St Basile
Adjudant-major au 137e d'Infanterie

Adjudant Flandin

Aux Armées, 2 décembre 1916.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV.

Très Saint Père,

Permettez au plus humble de vos fils de venir exposer à vos pieds sa requête en son nom personnel et au nom de camarades de l'Armée française.

Avec St Michel, Ste Clotilde, St Louis-roi de France, et la Bse Jeanne d'Arc, notre chère Armée compte au ciel une sainte protectrice dont l'intercession auprès du Dieu des Armées se manifeste journellement. Sr Thérèse de l'Enfant Jésus répand, en effet, une pluie de roses sur les soldats qu'elle protège si efficacement. Son nom est répandu comme celui de Jeanne d' Arc. Il n'est pas une partie du vaste front de combat où Sr Thérèse ne soit connue, aimée et vénérée. Partout j'ai vu sa sainte image parmi les combattants comme parmi la population civile, en Alsace, en Champagne, dans la Somme.

C'est vous dire, Très Saint Père, la confiance qu' inspire à tous notre Sainte petite Soeur ! Que de soldats portent religieusement sur eux son image bénie et l'invoquent dans le danger ! Et sa protection puissante ne leur fait pas défaut. Ma batterie a pris part aux combats sur la Somme pendant 68 jours. Soumise à des bombardements presque journaliers, elle n'a perdu que 3 hommes pendant tout notre séjour dans la tourmente ; ce qui est insignifiant étant donné l'effectif et la durée du séjour. Beaucoup ont vu la mort près d'eux, mais Soeur Thérèse les a merveilleusement et visiblement protégés. Sous l'émotion du danger passé, combien m'ont dit : Réellement, notre petite Soeur Thérèse nous protège !" Personnellement, je dois mon salut à sa précieuse intercession et à la grande confiance que j'ai placée en elle.

C'est pourquoi, Très Saint Père, nous désirons de tout notre coeur de chrétiens et de soldats, voir glorifier et béatifier Celle qui, du haut du ciel, nous garde si bien. Nous le désirons non seulement par reconnaissance et par piété, mais aussi pour la plus grande gloire de Dieu et la sanctification des âmes. Nous le désirons pour notre chère France que vous aimez tant et qui, à l'exemple de l'Enfant prodigue, reviendra à Vous, nous en avons la très ferme conviction. Prosterné à vos pieds, T.S. Père, j'implore pour ma famille, pour ma femme, mes enfants, et moi-même, pour tous mes camarades, votre Bénédiction apostolique.

Daigne votre Sainteté agréer les hommages respectueux d'un fils humblement soumis et tout dévoué

Flandin Gustave
Adjudant au 55e d'Artillerie, 41e Bie., Secteur 184

Sous-Lieutenant Batardy

En campagne, ce 1er décembre 1916.

Très Saint Père,

Voulez-vous permettre à un petit soldat de France de venir, en son nom et en celui de très nombreux camarades, vous dire la reconnaissance et l'amour que nous avons pour le Vicaire de Notre Seigneur Jésus Christ. Très Saint Père, nous comprenons toutes vos peines et nous compatissons à toutes vos angoisses

Il s'est trouvé qu'en ces heures sombres où toute la vraie France est debout pour repousser l'étranger du sol sacré de la Patrie, des sectaires voulurent rallumer, par de basses calomnies, des passions éteintes et diviser ainsi les défenseurs des autels et des foyers du Pays. T.S. Père, ces gens- là ne sont pas de chez nous, et le vrai peuple de France vous est reconnaissant de tout ce que vous avez fait pour notre malheureux Pays. Nous connaissons, T.S. P. l'ignominie de ces campagnes, la peine qu'elles vous ont faites, et nous venons vous dire notre attachement indéfectible à la Chaire de St. Pierre.

Malgré des apparences trompeuses pour qui ne la connaît, la France est toujours la nation catholique, la nation apôtre ! elle est, malgré des erreurs passagères, la fille aînée de l'Eglise. Ce rôle, très saint Père elle le reprendra officiellement après la guerre. Tant de beau sang, généreux et pur, a coulé pour cela ! Vers le ciel monte l'immense détresse de son sol souillé par l' envahisseur, de ses églises mutilées, de ses prêtres égorgés, de ses populations exilées, de ses fils qui tombent chaque jour par milliers. A tant de sacrifices, le Christ Jésus, Roi des Francs, ne peut rester insensible. Pie X, de sainte et vénérée mémoire, a dit : "La France sera sauvée !"

Et nous, très saint Père nous qui sommes les ouvriers de la reconstruction, nous qui combattons et qui tombons avec joie pour Dieu, l'Eglise, le Pays, venons vous dire : Ayez confiance, la France se retrouvera elle-même ! Connaissant, très saint Père votre bonté pour nous, je viens vous adresser, au nom de plusieurs camarades, une humble requête. Vous avez bien voulu, très saint Père permettre l'introduction de la Cause de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, aussi viens-je vous dire combien nous aimons cet Ange de pureté et d'humilité, et, en retour, combien elle nous protège et nous garde visiblement au milieu des dangers du combat. Ici, au front, elle est invoquée par beaucoup. Combien d'âmes elle a ramenées à Dieu, combien de vies elle a sauvées ! les annales du Carmel de Lisieux pourront le dire ! Personnellement, elle m'a sauvé plusieurs fois d'une mort certaine !

Le 21 Juin 1915, dans une attaque, un obus tombé près de moi, tua beaucoup de mes compagnons, ne me causant que des blessures légères. Dans l'enfer de Verdun, du 15 Mai au 13 Juin 1916, je suis passé, avec mes hommes, en des endroits où des multitudes d'autres tombaient, jamais je n'eus une égratignure et pas un de mes hommes ne fut touché. Je portais toujours des reliques de Soeur Thérèse et je mettais moi et mes hommes sous sa protection. Le 25 Juillet 1916, je reçus l'ordre d'enlever un ouvrage ennemi très fortement défendu, je mis, moi, mes hommes et l'opération qui m'était confiée sous sa sauvegarde. Tout a réussi au-delà de mes espérances et pas un homme ne fut touché. Voici, très saint Père des exemples de sa protection, pris parmi tant d'autres, et je suis prêt à les certifier sous la foi du serment.

Aussi, très saint Père en mon nom, en celui d'amis, et de très nombreux soldats, je viens vous demander de bien vouloir hâter, pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes, la Béatification de la douce Carmélite, et de la placer bientôt parmi l'incomparable cortège des saints et saintes de la Patrie ! Prosterné à vos pieds, très saint Père j'implore pour moi-même et pour tous ceux qui me sont chers Votre Bénédiction Apostolique.

Daigne Votre Sainteté agréer les hommages respectueux d'un fils humblement soumis en Notre Seigneur

Raymond Batardy
Sous-lieutenant décoré de la Croix de guerre - 101e d'Infanterie, 11e Cie. - Secteur 38.

Maréchal des Logis Henri Romagny

D'une grotte, sur le front, Janvier 1917.

Très saint Père,

Touchés des marques de sympathie que Votre Sainteté ne cesse de manifester à l'égard de Notre Mère Patrie, nous venons, ô Père très vénéré, en fidèles enfants de la Ste Eglise, la France chrétienne, malgré certaines apparences contraires, n'a pas cessé de l'être par le coeur des petits et des humbles qui, en ces jours de deuil, tournent leurs regards vers leur Pontife bien-aimé. Nous savons, Très Saint Père, que votre coeur saigne à la vue de nos églises dévastées ; de nos tabernacles fracturés et souillés, de nos villes martyres et de nos villages en ruines, de nos champs de bataille où chaque jour par milliers, des hommes faits pour s'aimer s'entretuent, tombent et meurent.

Nous comprenons aussi combien grande est votre douleur à la vue de tant d'autres églises, vivantes celles-là, âmes créées par Dieu et pour Dieu, qu'un ennemi redoutable et puissant a dévastées ; de ces tabernacles vivants, faits pour recevoir Jésus-Eucharistie, que les suppôts de Satan ont fracturés et souillés par leurs théories malsaines et corrompues.

De toutes ces douleurs, Très Saint Père, nous essayerons de vous consoler dans l'avenir, par la fidélité à tous nos devoirs, car l'épreuve qui est venue nous visiter nous a rappelés à la vérité. D'ailleurs, pour nous secourir au milieu de nos détresses, le bon Dieu "qui aime les Francs" n'a-t-il pas suscité, dans notre pays, une humble carmélite, venue pour nous "sourire" et pour "enseigner sa petite voie aux âmes" ? Nous ne voulions plus connaître la souffrance, les privations, les peines, et Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, en venant à notre secours, nous enseigne que, "pour une souffrance supportée avec joie nous aimerons davantage le bon Dieu toujours". Par Elle, nous avons appris à aimer la souffrance comme elle l'aimait, et les 28 mois de front supportés avec résignation, presqu'avec joie, malgré la séparation de ceux que nous aimons, de nos femmes et de nos enfants restés en pays envahis, malgré les jours quelquefois pénibles, parfois périlleux, en sont une preuve.

"J'aime la France, ma Patrie, je veux lui conserver la foi" avait dit notre "Petite Soeur". Elle a fait plus, car je pourrais citer de mes amis qui lui doivent le retour à la foi après plusieurs années d'erreurs. "Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre", avait dit cet ange du Carmel et il ne se passe pas de jours sans que des faits extraordinaires s'accomplissent dans nos rangs. "Le bon Dieu m'a chargée de grâces pour moi et pour bien d'autres", avait-elle dit encore, et il semble qu'à ce point de vue les soldats sont particulièrement privilégiés, si j'en crois les nombreuses lettres que m'adressent mes frères d'armes. J'en sais quelque chose pour ma part et je suis heureux d'exprimer ici, hautement, toute la reconnaissance que je dois à Sr Thérèse de l'Enfant Jésus.

Aussi, Très Saint Père, serait-ce trop de vous demander pour elle une grande faveur en remerciement de tant de bienfaits ? Oh ! vous qui avez entendu l'appel de nos envahis et leur avez porté secours, Vous qui avez écouté les plaintes de nos frères prisonniers et avez fait améliorer leur sort; Vous qui avez entendu les gémissements de nos grands blessés et les avez fait rendre à la Mère Patrie, Daignez écouter aujourd'hui les supplications de ceux qui souffrent, luttent et meurent.

Accordez-nous de trouver au retour dans nos foyers, dans nos églises abandonnées, l'image de notre Protectrice ! Que, placée sur nos autels, nous puissions la vénérer, la prier. Que, par Elle, nous apprenions à aimer Dieu davantage, "comme elle l'aimait.", et la faire aimer à notre tour. Qu'à sa suite nous marchions dans sa "voie d'enfance spirituelle" pour mériter le ciel dont elle nous aura tracer la route. Enfants de l'Eglise, rendus à nos oeuvres, à la vie dans le monde, nous aurons une double raison d'aimer notre chère "sainte". N'a-t-elle pas promis de laisser "tomber sur l'Eglise militante une pluie embaumée afin de lui donner la victoire" ? Alors combien grande sera notre confiance en la 'Petite Reine'? qui nous aura aidés, secourus, aux heures les plus tragiques que les peuples aient jamais connues.

Soumis par avance à votre sage décision, Très Saint Père, c'est avec confiance que nous attendons le verdict du Procès de Béatification en cours de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, et c'est dans ce ferme espoir, qu'à genoux, humblement prosterné, j'implore votre Paternelle bénédiction pour tous les miens, particulièrement pour ma femme et mon fils restés en pays envahis, et pour moi-même.

De Votre Sainteté, le très humble serviteur et fils.
H. Romagny, Maréchal des Logis, observateur
19e Bat., 3e d'Artillerie à pied - secteur 19.

Commandant Girault

Aux Armées, le 28 décembre 1916.     A Sa Sainteté Benoît XV

Très saint Père,

Au milieu de la tourmente que subit la France, je suis heureux, plus que jamais, de faire partie de l'Eglise catholique Romaine, plus que jamais je crois à la communion des Saints.  Permettez, T.S. Père à un officier français, qui lutte sur les champs de bataille depuis le début de la guerre, de vous exprimer la reconnaissance qu'il doit à la petite Carmélite de Lisieux, Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. Je me suis placé sous sa protection et, récemment, sur un champ de bataille à jamais célèbre pour notre vaillante armée, frappé d'une balle en plein front, j'ai échappé miraculeusement à la mort, et, de nouveau complètement guéri, je retourne au feu.

C'est dans ces sentiments de reconnaissance que, de tout coeur et humblement, je sollicite de votre paternelle bonté, en union avec mes camarades, de hâter la Béatification de notre chère Protectrice. Très humblement prosterné aux pieds de Votre sainteté, j'ai l'honneur, très saint Père de solliciter pour ma famille, mes frères d'armes et moi, votre bénédiction apostolique. Votre fils, très humblement et très respectueusement soumis en Notre Seigneur

François Girault
Chef de Bataillon d'Infanterie / Commandant le 3e Bataillon du 148e Régiment
Chevalier de la Légion d'honneur / Décoré de la Croix de guerre.

Lieutenant d'Agrain

Ecole militaire d'Artillerie, Fontainebleau, 31 décembre 1916.

Très Saint Père,

Humblement prosterné à vos pieds, je, soussigné, Jean d'Agrain, lieutenant mitrailleur au 20e Régiment de Dragons ai l'honneur de solliciter de Votre Sainteté de bien vouloir hâter l'heure de la Béatification de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, afin que nous puissions honorer cette sainte Carmélite sur les autels comme nous la prions dans nos coeurs.

J'attribue à sa protection d'avoir accompli, moi et toute ma section, indemnes de blessures et de maladie, 470 jours de tranchée de première ligne, souvent sous d'intenses bombardements. J'ai confiance que Soeur Thérèse continuera à me protéger jusqu'au bout, ainsi que ma section. Pour mes quatre enfants également j'ai reconnu l'intercession de notre petite sainte durant de très graves maladies, et, c'est de tout coeur que je demande très respectueusement à Votre Sainteté d'admettre Sr Thérèse de l'Enfant Jésus au rang des bienheureuses.

Que Votre Sainteté daigne agréer l'hommage de mon respectueux dévouement et m'accorder sa paternelle bénédiction, à moi et à ma famille.

Jean d'Agrain
Lieutenant mitrailleur au 20e Dragons.

Lieutenant Baud

Le 3 Janvier 1917

Très saint Père,

Dans ces dernières années où la foi française eut à subir de terribles assauts, j'ai eu le bonheur d'être élevé chrétiennement et d'apprendre à aimer à la fois la France et l'Eglise. Officier français, j'ai servi mon Pays de mon mieux et fus blessé deux fois. Enfant de l'Eglise, j'ai appris à honorer son Chef et à être soumis à Lui comme au représentant de Dieu sur la terre.

C'est donc avec respect et soumission que je viens vous solliciter, très saint Père , en union avec de nombreux soldats français, de daigner honorer une fois de plus de votre tendre sollicitude l'Eglise de France. Peu de temps avant la guerre, j'ai connu la dévotion à la petite Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. Ma famille s'y consacra d'une façon particulière, et, quand la guerre éclata, me confia à la protection de la petite sainte. Depuis, cette protection n'a jamais failli, et j'ai déposé entre les mains de la Supérieure du Carmel de Lisieux plusieurs témoignages de sauvegarde miraculeuse tant pour moi que pour mes hommes.

Nous avons la ferme confiance que la petite Soeur continuera à faire pleuvoir sur son pays et sur l'Eglise la pluie de roses spirituelles qu'elle promît à sa mort. C'est pourquoi, très saint Père , nous vous supplions de hâter la Béatification de notre chère Soeur, pour faire resplendir d'une manière nouvelle les vertus chrétiennes dont elle fut le modèle, pour rendre à la France par l'une de ses enfants, la paix temporelle et spirituelle dont elle a tant besoin et pour hâter le jour béni où une France nouvelle se consacrera au Coeur Sacré de Jésus.

Louis Baud
Lieutenant au 99e d'Infanterie.

Sergent Denis

Aux Armées, le 12 janvier 1917.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV.

Très Saint Père,

Ma Mère la Ste Eglise m'apprit dès l'enfance à respecter le représentant de Notre Seigneur Jésus Christ. sur la terre, à lui obéir aveuglément, à suivre ses directives. C'est dans ces sentiments d'attachement filial au Vicaire de J.C. que je viens, comme sergent de l'armée française, Vous adresser une humble requête. malgré son caractère particulier, je crois qu'il est vrai de dire qu'elle a plus d'un écho dans le grand nombre de mes camarades.

C'est à la lecture de la vie admirable de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, et à l'imitation de ses vertus, que je dois d'avoir trouvé la douceur dans les épreuves qui m'eussent été très amères sans la connaissance de la vérité. Déjà, Très Saint Père, vous avez bien voulu autoriser une médaille de Soeur Thérèse. Nous vous en remercions du fond du coeur mais nous osons vous demander encore davantage. Veuillez, très saint Père pour la gloire de Dieu et la sanctification des âmes, hâter la béatification de notre chère Protectrice.

Prosterné aux pieds de Votre Sainteté, j'implore pour ma famille, mes frères d'armes et pour moi, Votre bénédiction apostolique. Votre fils humblement soumis en Notre Seigneur.

Jean Denis
Sergent au 146e d'Infanterie  / Décoré de la Croix de guerre.

Capitaine M. Barbé

Aux Armées, 20 Janvier 1917

Très Saint Père,

Au milieu des angoisses douloureuses qui étreignent votre coeur de Pontife et de Père, le plus humble de vos fils ose venir déposer aux pieds de Votre Sainteté, l'hommage de sa soumission aussi filiale que respectueuse. Héritier de cette France toujours aimée malgré ses chutes, il a recueilli avec un pieux transport les traditions du passé, et regarde comme son premier devoir, après le service de Dieu, celui de la Cause du Pape.

Très Saint Père, si la France officielle s'affiche oublieuse de ses droits, les catholiques de France les veulent doublement venger. Leurs coeurs sont blessés de chaque outrage lancé à votre dignité suprême, car des fils aimants sentent au vif les persécutions intentées à leur Père. Puisqu'ils souffrent les premiers des peines faites à Votre Sainteté, vous les verrez, très saint Père comme purifiés par cette douleur profonde et vous les aimerez encore comme vos fils préférés. Ils personnifieront à Vos yeux la vraie France, celle que Dieu vous a choisie pour Fille aînée, la nation qui n'a jamais refusé son élite, aux plus grandes et belles causes.

C'est ainsi, très saint Père que la France a produit de tout temps des fleurs exquises de sainteté pour le Royaume céleste. A l'heure si tragique où nous vivons, il nous est doux et réconfortant d'élever nos regards vers cette Patrie du Ciel pour y trouver des appuis et des intercesseurs auprès de Dieu. Parmi eux, Très Saint Père, nos coeurs cherchent naturellement une âme angélique, ravie il y a peu d'années à la terre, et qui depuis son entrée au séjour du repos n'a cessé de "redescendre" ici-bas pour consoler ceux qui souffrent et panser leurs blessures.

Cette fleur de pureté, épanouie sur la montagne du Carmel, est notre sainte à nous, soldats. Nous l'aimons à l'égal de Jeanne d'Arc, et elle se montre, en retour, si bonne pour nous ! Nous voyons en elle, Très Saint Père, une messagère de paix, suscitée par Dieu dans sa miséricorde pour venir au secours de la France blessée, et lui révéler ensuite le moyen de se relever, en suivant sa "petite voie" d'amour et d'abandon confiant. Au nom de mes frères d'armes et en ma qualité de protégé de la chère sainte ainsi que tous les miens, j'ose prier Votre Sainteté, de hâter l'heure bénie et attendue par nous avec tant d'impatience, où l'Eglise proclamera Bienheureuse, la petite Sr Thérèse de l'Enfant Jésus du Carmel de Lisieux.

Humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté, j'implore sa paternelle bénédiction pour la France, ma famille et moi-même, me redisant votre fils soumis et reconnaissant,

Maurice Barbé
Capitaine au 102e d'Artillerie lourde

Baron Jacques de Leusse de Lyon

Aux Armées, le 31 Mars 1917

Très Saint Père,

L'amour et la reconnaissance devant se prouver par des actes, je suis poussé par mon coeur à parler à Votre Sainteté du bien que nous a fait Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. En dehors de mille pétales de roses qu'elle a semés dans notre vie, ce qui m'a particulièrement frappé c'est son action spirituelle sur les âmes. Elle a été envoyée par Dieu à une époque où les doctrines révolutionnaires, engendrant le culte de la personne, avaient fait naître dans la masse des esprits un orgueil impératif de leurs propres qualités Ils étaient entraînés à ne compter que sur eux et sur leurs forces. Dieu, le centre de toutes choses, devenait un Etre lointain n'occupant qu'une toute petite place dans leurs préoccupations, tandis qu'eux-mêmes devenaient grands, très grands, dans leur estime.

Ce mal s'est répandu jusque chez les hommes de coeur honnête et de pensées chrétiennes, et beaucoup d'entre eux sont arrivés à perdre de vue leur faiblesse dont Dieu seul est le soutien. C'est alors que, par la grâce de notre Sauveur, la petite Soeur Thérèse est venue nous donner l'exemple opposé. Elle s'est faite petite, disant ne rien pouvoir par elle-même, mais attendant tout de son Père céleste, et elle prit le chemin de la confiance et de l'abandon total en Lui. Ses écrits sont remplis de cette pensée ; peu de temps avant sa mort elle a prononcé ces paroles : "Je sens que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l'aime, de donner ma petite voie aux âmes. Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre."

Elle en a déjà fait beaucoup ! et combien d'âmes n'a-t-elle pas transformées en les engageant dans sa "petite voie". C'est bien là sa vraie Mission ainsi qu'elle l'affirme. J'ai pu le constater en maintes circonstances : Sr Thérèse est un véritable propulseur d'amour pour Notre Seigneur. Les nombreuses personnes de ma connaissance qui l'invoquent sont toutes marquées d'un sceau spécial fait de confiance et d'abandon complet. La dévotion à la petite Soeur semble épanouir les âmes et transforme leur amour pour le Sauveur en le rendant en quelque sorte vivant.

Les exemples que j'en pourrais citer sont trop nombreux, cependant il y a quelques mois j'ai pu la faire connaître à des hommes que je rencontrais chaque matin à la Sainte Table. Ils étudièrent la "petite voie" et me confièrent ensuite que leurs âmes avaient été éclairées par une chaude lumière, qu'ils comprenaient Dieu et l'aimaient comme ils ne l'avaient pu faire jusqu'alors et que cette doctrine de la sainte avait donné à leurs coeurs une paix, une joie qu'ils n'avaient jamais ressenties. Je les ai connus avant et après, ils étaient transformés !

Très Saint Père, je devais à Sr Thérèse de joindre ma voix à celles qui vous ont demandé de la glorifier le plus prochainement possible, s'il plaît à Dieu. Je le lui devais pour le bien que je lui ai vu produire autour de moi et pour celui qu'elle m'a fait. Elle m'a été donnée comme modèle par un saint prêtre alors que j'avais 30 ans et que, depuis des années, cherchant la voie parmi les saints, je reculais toujours, effrayé par la grandeur de leurs âmes si disproportionnées à la mienne ! La "petite voie" m'est apparue comme la seule que je puisse suivre. La paix est venue dans mon coeur ! Depuis lors j'ai fait mon possible pour la suivre et, quoi que encore sur le seuil de la route, j'y ai trouvé un tel repos de l'âme et un si grand amour pour Dieu que je ne puis taire ma reconnaissance et voudrais la prouver par cet acte.

Très Saint Père, c'est prosterné à vos pieds que je dépose humblement cette supplique entre vos mains. J'agis comme votre enfant car n'êtes-vous pas notre Père ? C'est ainsi que j'aime à vous appeler, c'est sous ce nom que, chaque jour, je prie pour Votre Sainteté, suppliant Dieu que bien vite Il réalise le plus cher désir de nos coeurs par la réunion du Père et des enfants. C'est aussi comme votre fils que j'implore pour ma famille et moi votre bénédiction et, si vous voulez bien m'y autoriser, une place dans votre coeur. Permettez-moi aussi de demander votre bénédiction pour tous les ouvriers obscurs qui travaillent pour le règne du Sacré Coeur : ils sont légion en France ! et Notre Seigneur aidant leurs efforts fait germer la semence dans les sillons qu'ils ont creusés. Bientôt, nous l'espérons, par son Amour, et notre patient labeur, la moisson sera belle.

Daigne Votre Sainteté agréer les sentiments du plus profond respect avec lequel je suis votre fils très humble mais tout dévoué

Baron Jacques de Leusse de Lyon
2e Section spéciale de dépanneurs d'avions - Secteur 52.

Mr H. de Boislaville

Au front, le 21 Avril 1917

Très Saint Père,

Devant les cruelles souffrances qui étreignent votre coeur à la vue de vos enfants, oserai-je malgré toute mon indignité, avoir recours à votre paternelle bonté, à votre miséricordieuse charité, pour m'aider dans mon impuissance, à acquitter la dette d'immense reconnaissance contractée par ma famille tout entière et moi en particulier, envers l'Ange du Carmel de Lisieux, en qui nous avons depuis de longues années une confiance qu'avive sa miséricordieuse protection envers nous tous.

Providentiellement gardés par la bien-aimée Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, je suis, avec mes cinq frères, tous les six sous les drapeaux, je suis et nous sommes de ceux qui désirent exprimer avec tout leur coeur, leur immense reconnaissance, sentiment que tant d'autres militaires, officiers et soldats, regrettent de ne pouvoir exprimer avec tout l'élan de leur foi. Qu'il me soit permis au nom de mes frères, tout comme moi gardés par l'Ange du Carmel au milieu des tourmentes terribles de cette affreuse guerre, de la proclamer bien haut notre très aimée Protectrice. Partis tous les six avec sa précieuse relique comme sauvegarde, en Argonne, en Champagne, à Verdun, dans la Somme, dans les Vosges, à l'arrière, nous avons pu revenir toujours sains et saufs après les heures douloureuses.

C'est pourquoi, me faisant l'écho des sentiments de mes frères, j'ose, Très Saint Père, porter aux pieds de Votre Sainteté notre reconnaissance, et, unissant notre respectueux désir, nous nous permettons de supplier très humblement Votre Sainteté de daigner hâter l'heure si désirée par nous de la Béatification de Celle qui nous a été une si douce et si fidèle Protectrice. Que bientôt le titre de Bienheureuse devienne pour Elle, et par Vous, l'hommage de tous ceux sur qui Elle a daigné veiller ici-bas.

Humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté, implorant de vous, Très Saint Père, cette immense faveur, persuadé qu'elle contribuera à la plus grande gloire de Dieu et à la sanctification des âmes, j'ose, malgré mon indignité, solliciter pour mes frères, ma famille et moi-même votre apostolique bénédiction.

Henry de Boislaville
111e d'Artillerie lourde.

Lieutenant Gaillard

Le 1er Juin 1917.     A Sa Sainteté Benoît XV

Très Saint Père,

Aux nombreuses requêtes qui vous ont été déjà adressées dans le but d'obtenir de Votre Sainteté la Béatification de la petite Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, permettez-moi de joindre la mienne bien humble mais bien fervente.

Innombrables sont ceux qu'elle a secourus, protégés, sauvés : tous gardent au coeur pour elle une tendre gratitude et leur plus cher désir est de voir bientôt la "Petite Fleur" si humble et si jolie, occuper la place glorieuse que Dieu réserve dans son Ciel aux plus petits. Personnellement, Elle m'a sauvé la vie en Avril 1915. Blessé très grièvement, ma blessure s'est aggravée tout à coup d'un érésipèle ; ma température atteignait 41°7, j'étais condamné. La petite Soeur Franciscaine qui me soignait, sachant que j'étais resté éloigné des pratiques de la religion depuis de longues années, adjura la petite Sainte de ne pas me laisser paraître ainsi devant le Juge Suprême, puis elle plaça sous mon oreiller une relique de Soeur Thérèse. Peu d'instants après, je m'endormais. A mon réveil, ma température n'était plus que de 38° et continuait à baisser jusqu'à la normale, j'étais sauvé. A cette guérison, il faut ajouter celle de mon âme qui est bien une autre guérison car elle ne s'est pas

faite tout à coup, dans un élan de reconnaissance ; elle s'est mûrie lentement, mais aussi sûrement, et ce n'est qu'un an plus tard que j'approchai des Saints Sacrements. J'ai retrouvé la foi, et c'est de tout mon coeur que je crie ma reconnaissance à la chère petite Soeur Thérèse pour cette double guérison. Très saint Père, avec Ste Geneviève, avec la Bse Jeanne d'Arc dont on célébrait la fête il y a quelques jours mon cher Pays a trouvé avec l'humble Carmélite une protectrice puissante et dévouée. Si, nombreux sont les corps qu'elle a guéris, plus nombreuse encore sont les âmes qu'elle a sauvées ; car où elle a passé, calmant et guérissant, reste le doux parfum de sa vertu qui pénètre et captive, aussi la grande part qui lui revient dans le retour à la foi de notre belle France ne sera pas le moins beau fleuron de sa couronne de gloire.

Prosterné à vos pieds, T.S. Père, j'implore votre bénédiction apostolique pour la soeur et l'infirmière si attentives qui m'ont soigné pendant plus de deux années avec tant de dévouement, pour tous ceux que j'aime, pour moi-même, pour tous nos combattants. Je prie Votre Sainteté d'agréer les hommages très respectueux du plus humbles de ses fils.

Lieutenant Emmanuel Gaillard de l'Infanterie Coloniale
Chevalier de la Légion d'Honneur /  Décoré de la Croix de guerre.

Adjudant Pasqualini

Aux Armées, le 20 mai 1917.     A notre T.S. Père le Pape, à Rome.

Très saint Père,

Dans l'espoir qu'il pourra servir à la plus grande gloire de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, j'ose rapporter à Votre Sainteté le fait suivant. Le 21 Janvier 1917, je me trouvais avec ma section et une section de mitrailleurs au secteur des CL. Dès 7 heures du matin, une canonnade des plus violentes était dirigée sur l'emplacement occupé par les deux dites unités. Nous n'avions pour tout abri que des trous d'obus creusés les jours précédents ! Midi vient : la canonnade battait encore son plein. Vers deux heures du soir, la canonnade est telle que je n'en ai jamais vue de pareille depuis que je suis au front. Vers 2 heures 30, c'était un véritable enfer, seul le ciel pouvait nous sauver. J'invitai alors mes hommes à prier ; je sortis le fanion du Sacré-Coeur et l'image de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus et nous nous mîmes à prier en nous passant les emblèmes sacrés de la main à la main.

A cinq heures du soir le bombardement cessa. Je fis alors, avec les deux sergents des mitrailleuses, la reconnaissance du front de nos unités. Sacs, fusils, tout avait été déchiqueté ! Mais, ô miracle ! pas un homme n'avait été touché. Nous avons tous attribué cette grâce au Sacré Coeur et à l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus.

Honoré Charles Pasqualini (de Campile, Corse)
Adjudant à la 5e Compagnie du 173e de Ligne

Sous-Lieutenant de Crozé

Hôpital St Julien, Laval Le 29 Janvier 1917.

Très Saint Père,

Humblement prosterné aux pieds de Sa Sainteté, j'ose, en union avec tant d'autres de mes frères d'armes, officiers et soldats des armées de la France, faire monter vers Elle ma supplication ardente en faveur de la sainte privilégiée à qui Dieu semble avoir réservé un rôle si glorieux dans les temps douloureux où nous sommes.

Il n'est pas de jour où Sr Thérèse de l'Enfant Jésus ne manifeste le crédit dont elle jouit au ciel, et la puissance dont Dieu arme son bras. Dans les tranchées françaises, son nom est invoqué avec une confiance que justifient tant de marques de merveilleuse protection. Bien des fois, j'en ai été le témoin ému et j'ai admiré les grandes leçons que la divine Providence nous donne en exaltant l'humble Carmélite de Lisieux et faisant d'elle, en quelque sorte, la Sainte de la Patrie et la Protectrice toujours exaucée de ceux qui luttent ou qui meurent pour la grande cause de la Justice et du Droit.

Je me hâte d'ajouter que je n'ai pas été que le témoin de cette si étonnante puissance. J'en ai éprouvé moi-même les heureux effets. Très grièvement blessé au cours de la glorieuse victoire de Verdun, j'ai été non seulement protégé par elle d'une mort certaine, mais l'application d'une relique, provenant de sa tombe bénie sur une plaie douloureuse dont je souffrais horriblement, a été pour moi le commencement d'un apaisement bienfaisant dans mes souffrances. En décernant à Soeur Thérèse les honneurs de la Béatification, Votre Sainteté mettra le comble aux voeux de tant de Français qui lui doivent une reconnaissance que rien au monde ne saurait payer.

Daignez, Très saint Père, agréer l'humble hommage de vénération de celui qui aime à se dire de Votre Sainteté le fils très respectueux, très soumis et fidèle

Pierre de Crozé
Sous-Lieutenant au 130e d'Infanterie

Capitaine Maurice de Rubiana

Aux Armées; 12 juin 1917

Très saint Père,

Déjà vieil officier de l'Armée de France ayant affronté au Maroc et dans la Métropole les dangers de la guerre, étant intimement persuadé d'avoir été protégé par l'intercession auprès de Notre Seigneur Jésus Christ, de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, je viens vous demander la permission de déposer humblement devant vous cette requête faite avec mon coeur de soldat pieux et reconnaissant. D'ailleurs, ce désir que je vous exprime respectueusement, est aussi celui d'une grande quantité de mes camarades officiers et soldats, de ma famille tout entière, de bon nombre de mes amis et connaissances.

Personnellement, il y a longtemps que j'aurais dû disparaître dans les tourmentes que j'ai traversées si je n'avais eu près de moi la petite Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. Ses reliques ne me quittent jamais ; j'en ai une sur mon coeur et une au bras avec lequel je dois montrer à mes hommes le chemin du devoir. Le 5 janvier 1917 au poste de Commandement, à Cléry, en face Péronne, un obus de 150 est tombé sur l'abri où je travaillais. Je devais être tué... et ce n'est pas la protection constituée par la terre qui couvrait cet abri qui l'a empêché, c'est la protection divine, céleste, de Soeur Thérèse. Je l'ai remerciée avec toute mon âme, tout mon coeur, de m'avoir conservé à mes petits garçons qui ont tant besoin de moi pour vivre leur vie dans laquelle ils ne font que commencer à marcher.

Très Saint Père, je me mets à deux genoux devant vous, et je vous supplie de me permettre de vous demander. Au nom de mes enfants, de ma famille entière, de mes camarades officiers et troupiers, de mes amis et en mon nom personnel, pour la plus grande gloire de Dieu, pour la sanctification de nos âmes pieusement repentantes : de bien vouloir hâter la Béatification de la pure Enfant, de la religieuse si bonne, si douce, si agréable à Dieu, qui avant de rendre sa belle âme à Notre Seigneur Jésus Christ. lui demandait humblement avec tout son trésor de charité de lui permettre "de passer son Ciel à faire du bien sur la terre", parole sublime qui nous remplit d'admiration et qui émeut fortement nos coeurs reconnaissants !

Prosterné à vos pieds, T.S. Père, j'implore avec humilité, pour ma famille, pour tous mes camarades de combat et pour moi, votre bénédiction apostolique qui sera notre sauvegarde dans l'accomplissement du devoir que nous devons remplir, hélas ! si pénible soit-il. Daigne Votre Sainteté agréer les hommages les plus respectueux d'un fils qui lui est entièrement, et avec tout son coeur, soumis en Notre Seigneur Jésus Christ.

Capitaine Maurice de Rubiana
1er Régiment de Tirailleurs indigènes
Chevalier de la Légion d'Honneur / Médaillé du Maroc.

Capitaine Bessède

Aux Armées, le 3 Août 1917.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV.

Très Saint Père,

A l'heure où tant de misères et de deuils continuent à s'abattre sur notre malheureux et cher pays, permettez-moi, au nom des gradés et des soldats de ma Compagnie, de venir déposer aux pieds de Votre Sainteté, l'hommage respectueux de notre entière soumission et filial attachement. Nous reconnaissons en vous, T.S. Père, le représentant de Notre Seigneur Jésus Christ, le Chef de l'Eglise Catholique, le Docteur Infaillible, le Souverain vénéré de nos âmes.

Nous comprenons vos angoisses depuis 5 ans et en fils aimants, nous prenons une grande part à toutes vos douleurs. Mais nous partageons aussi tous vos espoirs, T.S. Père, et nous avons la ferme confiance que tant de sang pur et généreux n'aura pas coulé en vain ; que tant de victimes, et il y en a de bien belles, n'auront pas fait inutilement leurs sacrifices : la France reviendra à son Dieu. Malgré ses égarements, elle n'a pas renié sa foi ni oublié sa mission, elle continuera à donner à la Ste Eglise des prêtres, des missionnaires et des saints. Elle se relèvera et elle revivra les jours glorieux de son histoire quand elle était debout et toujours prête à servir la cause de Dieu, à défendre le St Siège et les intérêts de l'Eglise. Notre Patrie reverra ces beaux jours, "le Sacré Coeur y régnera malgré ses ennemis" Du fond de nos tranchées, avec une entière confiance, nous vous prions, T.S. Père, d'en agréer l'assurance.

Avec la même confiance, connaissant votre bonté pour nous, nous venons déposer aux pieds de Votre Sainteté une humble requête. On ne compte plus les faveurs attribuées à Sr Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face, notre sainte française. La pluie de roses qu'elle avait promise est tombée sur la terre, elle s'est répandue dans les âmes sous la forme de vocations raffermies, ou suscitées, de conversions inespérées, de guérisons inexplicables, et de combien d'autres bienfaits encore ! Et cette rose céleste semble plus abondante depuis le début de la guerre. Ils sont nombreux les heureux privilégiés des attentions de Sr Thérèse ! Pour notre part, quelle reconnaissance ne lui devons-nous pas de nous avoir gardés à travers les balles et les obus, en de multiples circonstances, notamment les 6,13, et 14 Septembre 1916 à un des moments les plus critiques de la bataille de Verdun. Depuis cette époque nous avons eu de bien rudes journées, les 10 et 15 février 1917 en particulier et si nous avons à déplorer la mort de quelques-uns de nos camarades, nous avons eu du moins la consolation de les voir partir munis pour la plupart des Sacrements, grâce que nous aimons à attribuer à la protection de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus.

Nous sommes bien nombreux à la connaître et à l'invoquer sur le front, très saint Père et notre confiance en elle grandit de jour en jour, aussi, si ce doit être pour la vocation d'un plus grand nombre de petites âmes dignes de l'Amour de Notre Seigneur, pour l'accroissement des vocations sacerdotales en particulier pour lesquelles Soeur Thérèse a tant prié, pour l'extension de la gloire de Dieu, nous osons exprimer à Votre Sainteté combien nous serions heureux de voir briller bientôt au front de la "Petite Thérèse" la blanche couronne des Bienheureux. Humblement prosternés à vos pieds nous vous prions, T.S. Père, de bien vouloir hâter cet heureux jour et nous implorons pour nous, pour nos familles et pour tous ceux qui nous sont chers, Votre Bénédiction Apostolique.

 

Prosper Bessède, prêtre, Capitaine au 288e Régiment d'Infanterie, 19e Compagnie.
Suivent 7 signatures de Sergents, 8 signatures de Caporaux, 16 signatures de Soldats.

Capitaine Lecouffe

Le 29 septembre 1917.     A Sa Sainteté Benoît XV.

Très saint Père,

Beaucoup d'officiers et de soldats français, et je suis de ce nombre, doivent à la Petite Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus, religieuse du Carmel de Lisieux (France) une protection miraculeuse sur les champs de bataille. Personnellement, je l'ai priée dans des circonstances extrêmement critiques : elle m'a protégé miraculeusement. Je lui dois la vie, la foi et le courage.

Permettez-moi, Très Saint Père, tant en mon nom personnel qu'au nom de ma famille et de quelques-uns de mes soldats, de vouloir bien pour la plus grande gloire de Dieu hâter la béatification de l'humble religieuse qui, du ciel, fait tant de bien sur la terre. Daignez agréer, Très Sait Père, l'hommage de mon plus profond respect,

Capitaine Lecouffe
du 23e Fal, Chevalier de la Légion d'Honneur - décoré de la Croix de guerre

Adjudant Jacoud

Le 8 Novembre 1917

Très Saint Père,

Permettez à un soldat français de vous exprimer, tant en son nom qu'en celui de nombreux camarades, tout leur attachement et leur amour pour le représentant de Notre Seigneur Jésus Christ. Il vous sera doux, de savoir, Très Saint Père, que si certains de vos fils ont oublié Dieu et persécuté l'Eglise, beaucoup lui sont restés fidèles et que la France possède encore de fervents chrétiens pour défendre sa foi comme elle possède des héros pour défendre son sol. Oui, la France demeure toujours, malgré ses oublis et ses fautes, la nation catholique, la fille aînée de l'Eglise.

Vous nous avez donné une nouvelle preuve de votre affection paternelle, de votre intérêt pour notre cher pays, Très Saint Père, en permettant l'Introduction de la Cause de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, mais je viens vous demander, en mon nom et en celui d'âmes nombreuses, qui ont été comme moi l'objet de sa protection, de hâter le plus possible, pour la plus grande gloire de Dieu, le bien des âmes et la joie de la France chrétienne la Béatification de la douce et bienfaisante carmélite qui réalise si bien son voeu de "passer son ciel à faire du bien sur la terre". Nombreuses et variées sont les grâces obtenues par son intercession ; bien grande aussi est l'influence bienfaisante produite par la lecture de sa vie et de ses poésies : que de douces larmes versées, que de tentations vaincues, que de chagrins dissipés en la lisant ! Que l'on se sent pressé à son école d'aimer et de louer Dieu !

Prosterné à vos pieds, Très saint Père, j'implore pour moi et tous les miens, Votre bénédiction apostolique. Daigne Votre Sainteté agréer les humbles hommages d'un fils soumis en Notre Seigneur.

Adjudant Jacoud

Lieutenant Salin

Aux Armées, le 11 novembre 1917.     A Sa sainteté le Pape Benoît XV.

 

Très Saint Père,

La Cause de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus est trop chère à tous les bons Français et même aux petits soldats de France pour qu'ils ne viennent pas dire hautement à Votre Sainteté les faveurs toutes spéciales qu'ils doivent à son intercession près de Dieu.

Je connais la vie et les mérites de la sainte carmélite avant la guerre actuelle et bien des grâces spirituelles et matérielles m'avaient été obtenues par son intermédiaire pour ma famille et moi-même, mais combien plus ai-je senti les effets de sa protection au cours de cette guerre, et dans combien de situations périlleuses, qui me paraissaient sans issues n'est-elle pas venue à mon secours et ne m'a-t-elle pas miraculeusement protégé ! Je pressais contre ma poitrine la médaille que je n'avais jamais cessé de porter, je l'invoquais plus ardemment à ces heures critiques, et j'ai la certitude que c'est sa prière qui m'a sauvé.

A mon témoignage, Très Saint Père, je pourrais joindre celui d'un prêtre brancardier qui, au cours de la relève de blessés, a senti mainte et mainte fois la protection de la "petite sainte" comme il l'appelle, échappant aux dangers de la guerre et obtenant des grâces inespérées de conversion et de sainte mort pour de pauvres égarés. Puisse Votre Sainteté agréer ces humbles témoignages et surtout hâter le jour où nous pourrons adresser publiquement à notre grande protectrice béatifiée par Votre Sainteté les sentiments de nos coeurs reconnaissants ! Ce jour-là, Votre Sainteté aura répondu aux voeux suppliants de mères, d'épouses, de fils, qui ne comptent plus les roses reçues du ciel de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus.

Bercé par cette espérance, je me prosterne à vos pieds, Très Saint Père, vous demandant votre bénédiction apostolique pour ma famille et moi-même. Daigne Votre Sainteté agréer les hommages profondément respectueux et reconnaissants de vos enfants de France humblement soumis,

Ss. Lieutenant F. Salin
97e Infanterie

Caporal James

Aux Armées, le 12 Novembre 1917.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV.

Très saint Père,

Je viens, Très Saint Père, vous présenter mon humble requête. Au front depuis 2 ans, j'ai foi et confiance en Sr Thérèse de l'Enfant Jésus qui, du haut du ciel, m'a protégé en de nombreuses occasions. Je suis dans un régiment de zouaves et, certes, ce n'est pas un des moins exposés, et toujours grâce à Soeur Thérèse, je suis sorti à peu près indemne de tous les combats, soit en Belgique, dans la Somme, en Champagne, à Verdun, de même qu'en Lorraine.

A Verdun, j'ai pris part à une attaque, qui au dire des camarades était des plus dures que nous ayons faites, je me suis mis sous la protection de la Petite Soeur, et depuis cet instant il a semblé que rien ne pouvait plus m'atteindre. Des obus tombaient à côté de moi, sans me toucher. Enterré deux fois, j'ai pu me dégager seul, et n'ai pas reçu une égratignure alors que je voyais mes camarades tués à côté de moi.

A cette attaque j'ai reçu la croix de guerre et les galons de caporal et je me suis fait un devoir de les porter à ma sainte petite soeur en reconnaissance ainsi que 2 vases de cuivre faits pour elle, sur le front. Autre fait encore : j'ai toujours mis la cagna où je loge sous la protection de notre petite sainte et jamais elle ne s'est écroulée. Il y a quelques jours à peine, un obus est tombé dessus et elle n'a même pas été ébranlée, un autre obus a percuté au-dessus de la porte : les éclats sont tombés à mes pieds mais je n'ai rien eu.

Beaucoup de mes camarades portent des reliques de Soeur Thérèse et la vénèrent mais je vais encore la faire connaître davantage. Aussi, Très Saint Père, au nom de ma famille, de mes camarades et de mes amis, je viens vous demander de bien vouloir hâter la Béatification de la petite Soeur Thérèse qui de là-haut, fait tant de bien sur la terre.

Votre fils soumis en Notre Seigneur.

Adolphe James
Caporal au 1er Régiment de Zouaves

Lieutenant Colpin

Aux Armées Françaises en Italie, 7 Février 1918

Très saint Père,

Humblement prosterné à vos pieds, qu'il me soit permis de vous assurer de mon entière et profonde soumission filiale. Daignez aussi permettre à votre enfant, Très Saint Père, de vous présenter une requête dont le résultat le comblerait de joie et comblerait de joie avec lui un grand nombre de Français, si vous jugiez bon de lui donner une suite favorable.

La guerre a été un vaste champ ouvert à la Miséricordieuse Bonté de Dieu et à la bienveillante intercession de ses serviteurs, les Saints du ciel. Parmi ceux que l'on a invoqués le plus souvent et qu'une multitude de combattants connaissent en France, Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, du Carmel de Lisieux, tient une place remarquable.

Que de prodiges ne lui attribue-t-on pas ! Que de grâces, que d'effets miraculeux de sa protection à la fois puissante et bienveillante n'enregistre-t-on pas de toutes parts ! Pour ma part ce que je puis affirmer en toute loyauté, c'est que la "Petite Thérèse" a manifesté à ma famille et à moi une protection des plus visibles. Ma famille, sous le joug de l'envahisseur, me donne rarement, hélas ! de ses nouvelles, et pour cause ! Dans aucune des lettres que j'ai reçues d'elle, la Saint Carmélite n'est oubliée, et chaque fois on me signale une ou plusieurs grâces obtenues par son intercession .

Personnellement, je lui redevable de bien des faveurs. pour ne citer que deux faits entre beaucoup d'autres, je ne parlerai à Votre Sainteté que de la protection miraculeuse dont je fus l'objet au cours de la guerre. En Février 1916, au début de la grande bataille de Verdun, je fus très grièvement blessé. Je n'échappai à une mort certaine que grâce à Sr Thérèse de l'Enfant Jésus en qui j'ai la confiance la plus aveugle. En Septembre 1917, le 22, chargé d'une opération périlleuse, je me recommandai à elle, et lui recommandai tous ceux qui avec moi et sous mes ordres, faisaient partie de l'expédition. Cependant, je partis avec son image sur la poitrine... Combien de dangers ne dûmes nous pas affronter ! La blessure ou la mort nous guettaient à chaque pas. La petite Soeur Thérèse nous ramena tous sains et saufs.

Ces faits qui me sont personnels ne sont pas les seuls que l'on puisse attribuer, j'en suis sûr, à la sainte Carmélite. Aussi, c'est en union avec tous ses protégés, pour la gloire de Dieu et aussi à la gloire de cette petite sainte Française, que je vous prie, Très Saint Père, de hâter l'heure de sa Béatification. Cette glorification remplira d'espérance et d'allégresse ceux qui la vénèrent depuis si longtemps et qui verront enfin sur les autels, objet d'un culte public, Celle qui n'a encore pour autels que leurs coeurs reconnaissants.

Puisse-t-elle du haut du ciel bénir notre démarche et la rendre agréable à Votre Sainteté dont je me dis, en N. Seigneur Jésus Christ, le fils très humble et très obéissant,

Henri Colpin
Sous-Lieutenant au 126e d'Infanterie

Commandant Goullard

Le Havre, 3 juin 1918.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV

Très saint Père,

Daignez permettre à un de vos enfants de France de vous adresser humblement la requête suivante en faveur d'une Cause qui lui est chère.

Au début de la guerre actuelle, j'ai appris à connaître Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, du Carmel de Lisieux, et les grâces qu'elle accordait à ceux qui l'invoquaient ; je m'empressai de porter sur moi les reliques, et de mettre toute ma confiance dans sa protection. Sur le patrouilleur que je commande, par une nuit noire, la tempête faisait rage, mon bateau menaçait à chaque instant de se briser sur les roches, il m'a suffi d'invoquer Soeur Thérèse et de l'appeler à mon aide pour conjurer le péril qui me menaçait. Subitement, la tempête s'est calmée, j'ai vu comme en

une vision le phare sauveur ; puis la pluie a commencé à tomber, le temps à s'obscurcir, mais j'étais sauvé. En raison de cette manifestation évidente d'une efficace intervention auprès de Dieu, je me fais un devoir de m'unir aux voix plus autorisées que la mienne pour vous demander, Très saint Père, de vouloir bien hâter la Béatification de la Protectrice de tant de braves.

Daigne Votre Sainteté agréer les respectueux hommages d'un fils humblement soumis en Notre Saigneur.

Commandant L. Goullard
Commandant la patrouilleur français "Dragon".

Lieutenant de Laloubie

Aux Armées, le 29 Juin 1918, Fête de Sts Pierre et Paul.

Très saint Père,

Par liens de race, mais surtout à titre d'officier de France, cette supplique est à seule fin d'exprimer un désir, un souhait plus ardent, pour obtenir de Votre Sainteté un nouveau rayon de gloire à l'Eglise, en la priant de s'intéresser à la Béatification d'une Carmélite française : Soeur Thérèse, du Carmel de Lisieux.

De la Marne à l'Yser, des Flandres à Verdun, de l'Alsace à l'Orient, c'est toute une gamme valeureuse de nos hommes d'armes, rendant une hymne de reconnaissance à celle qui fut Petite Sr Thérèse de l'Enfant Jésus ! Daignez, Très Saint Père, faire hâter la marche de la Cause imposée par les échos nombreux des grâces reçues, afin que notre foi religieuse, patinant nos épées chante bientôt une sainte de plus dans nos temples de victoires.

De Votre Sainteté, le respectueux parent et très humble fils soumis,

Lieutenant Louis de la Loubie

Brigadier Maréchal

Belfort, le 17 Juillet 1918.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV

Très Saint Père,

Prosterné à vos pieds, je vous offre l'hommage de la plus profonde vénération, du plus parfait attachement d'un soldat de l'Armée Française. Je vous offre aussi l'hommage de mes camarades, à leur insu il est vrai, mais croyez bien que si leurs actes sont quelquefois désordonnés, le fond est bon. Nous nous ressentons de la conduite des mauvais bergers, mais beaucoup d'entre nous, certes, cherchent la "voie sûre"... Les coeurs ont leurs secrets. Par un doux effet de la miséricorde de Dieu, j'ai trouvé cette voie, mais beaucoup d'autres attendent l'étincelle qui doit la leur montrer belle et resplendissante.

Sr Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Ste Face, vous le savez, Très Saint Père, a conquis bien des coeurs de soldats parce qu'elle porte à ravir ses titres de noblesse et qu'elle a su faire monter l'honneur jusqu'au ciel. Elle est pour nous la Vierge très pure qui parsème de roses embaumées les champs de la grande souffrance présente. La beauté force à lever la tête et ceux qu'elle a pris ne peuvent plus détourner les yeux. Quelle confiance elle inspire et comme elle apprend à aimer ! Par elle un coin du voile est soulevé qui laisse voir le Ciel.

Je sais que beaucoup vous demandent de hâter sa Béatification. Permettez-moi d'ajouter à tant d'autres mon humble suffrage, mon ardent désir. Le moment n'est-il pas venu de laisser resplendir au grand jour son éclatante lumière ? Puisqu'elle ne veut pas rester inactive au Ciel et qu'elle le prouve chaque jour, aidez-lui, Très Saint Père, à passer son ciel à faire du bien sur la terre. Laissez couler à pleins bords le baume de sa douce beauté sur toutes les blessures de la guerre. Maintenant qu'elle jouit de l'immortalité bienheureuse, ne lui infligez plus les épreuves d'attente qu'elle a connues sur terre. Pardonnez mon insistance, ce n'est plus la raison qui parle en moi, c'est mon coeur qui veut l'aimer davantage.

Comme elle-même autrefois, je dis : "Très Saint Père, j'ai une grande grâce à vous demander": Donnez à notre Petite Soeur du Ciel la consécration officielle de la Saint Eglise dont vous êtes le Chef vénéré : béatifiez-la. Donnez-vous cette joie qui comblera la nôtre.

J'implore, Très Saint Père, pour tous ceux que j'aime et pour moi-même votre bénédiction apostolique. Daigne Votre Sainteté agréer les hommages respectueux d'un fils humblement soumis en N. S.

E. Maréchal
Brigadier au service automobile de la Place de Belfort

Capitaine Grillet

Très Saint Père,

Depuis le début de l'horrible catastrophe qui éprouve le monde entier, et surtout notre chère France, les catholiques français ont adressé leurs ardentes supplications à Dieu qui seul peut nous rendre la paix. Se rappelant que notre Patrie fut autrefois sauvée par une humble bergère envoyée de Dieu, les catholiques se sont mis sous la protection de nombreux saints que la France vénère. La dévotion des officiers et soldats s'est portée vers une humble Carmélite, la Petite Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, et les grâces obtenues se chiffrent par milliers.

Personnellement, depuis deux ans que j'ai le bonheur de m'adresser à elle, j'ai toujours été exaucé par son intercession ; elle m'a protégé sur le front de bataille, elle a guéri plusieurs de mes enfants sérieusement malades, j'ai mis mon 7e enfant sous sa protection, en lui demandant de lui donner la vocation religieuse. C'est pourquoi, Très Saint Père, au nom de ma famille, en mon nom personnel, je viens très humblement vous demander, pour la plus grande gloire de Dieu et la sanctification des âmes, de bien vouloir hâter la Béatification de l'humble Carmélite, qui, selon sa promesse "passe son ciel à faire du bien sur la terre".

Très humblement prosterné à vos pieds, j'implore, Très Saint Père, pour mes soldats, pour ma famille et pour moi-même, votre bénédiction apostolique. Daigne Votre Sainteté agréer les hommages d'un fils humblement soumis en Notre Seigneur Jésus Christ.

A. Grillet
Capitaine au 57e Bataillon de Chasseurs à pied.

Mr Broca, ingénieur

Aux Armées, le 15 Août 1918.     A Sa Sainteté le Pape Benoît XV.

Très Saint Père,

Humblement prosterné à vos pieds, je me fais un honneur et un bonheur, comme catholique et comme Français de venir offrir à Votre Sainteté, en mon nom et au nom de ma famille, l'hommage profondément respectueux de notre très filiale affection .

S'il est dans notre pays des malheureux qui vous méconnaissent, s'il en est qui osent faire à Votre Sainteté l'inconcevable injure de voir dans les sentiments admirables de votre noble coeur un acte d'hostilité ou tout au moins d'indifférence pour notre Patrie, il en est d'autres, Très Saint Père, et ceux-là sont la majorité des Français, qui vous aiment de toute leur âme, qui vénèrent en Vous le Représentant officiel de Notre Seigneur Jésus Christ. accueillant chacune de vos directions si lumineuses, certains qu'en vous suivant ils ne sauraient faire fausse route et aspirant au jour béni, et qu'ils espèrent prochain où la France tout entière reviendra officiellement à Vous, en revenant au bon Dieu et à sa sainte Loi.

Oui, nous catholiques, nous vos enfants très aimants, très pieusement et très affectueusement soumis, nous savons que vous avez pour notre Patrie une prédilection toute spéciale, et daignez, Très Saint Père, au nom de cette prédilection, permettre à l'humble soldat qui vous adresse ces lignes, de présenter à Votre Sainteté une pieuse requête. Parmi tant d'âmes de Saints que la France a vues naître, il en est une, belle et douce entre toutes, qui, après avoir suivi durant sa courte existence ici-bas le "petite voie d'amour", vivant avec une angélique perfection la vie d'enfance spirituelle enseignée par le divin Sauveur, passe maintenant son ciel à faire du bien sur la terre, en laissant tomber chaque jour plus abondamment sa suave et mystérieuse pluie de roses.

Ma famille bien-aimée et moi nous devons à Sr Thérèse de l'Enfant Jésus les plus précieuses faveurs. En 1915, le plus jeune de nos petits garçons agonisait, en proie à une congestion pulmonaire compliquée de rougeole. Ma chère épouse, désespérée, s'adresse à la "petite sainte" et, du jour au lendemain, notre cher petit est miraculeusement sauvé. En 1916, ma mère tombe, foudroyée par une embolie cérébrale. On la relève inanimée et, quelques instants après, le prêtre que l'on avait appelé en toute hâte lui administrait les derniers sacrements, sans qu'elle ait repris connaissance. De nouveau ma pieuse épouse supplie l'angélique petite Thérèse de venir encore à notre secours et voici que notre chère malade reprend peu à peu ses sens et, quinze jours après, elle circulait par la ville, à la stupéfaction de ceux auprès de qui elle avait passé pour morte.

Et moi, personnellement, combien de fois, au cours de cette terrible guerre, n'ai-je pas senti effectivement la toute puissante protection de l'angélique petite Carmélite de Lisieux ? Combien de fois, pendant les affreux bombardements ou sous les raids d'avions, n'ai-je pas appelé à mon secours, celle que nous aimons d'une affection profonde et sans cesse grandissante, cette douce et compatissante "petite sainte" aux mains pleines de roses ? Et je puis dire, moi aussi, que jamais je ne l'ai implorée en vain.

Et si la douce petite Thérèse se montre si généreuse quand il s'agit du corps ou d'intérêts temporels, que dire du bien immense qu'elle fait dans les âmes? Quand elle entre dans une maison elle y emporte avant tout l'amour du bon Dieu. Nombreuses sont les personnes pour qui cette pensée de l'admirable petite Soeur fut l'occasion d'un retour à la prière et à la pratique de leurs devoirs religieux.

Aussi, Très Saint Père, pour la plus grande gloire du bon Dieu, pour le bien et la sanctification des âmes, pour la régénération de la France qui a vu fleurir sur son sol cette douce et ravissante fleur du Ciel, en mon nom personnel, au nom de toute ma famille, au nom de tant d'amis sur qui Soeur Thérèse laisse tomber sans cesse sa pluie de roses, je supplie Votre Sainteté de daigner bientôt, réalisant ainsi notre voeu le plus cher, ceindre de l'auréole des Bienheureuses, le front si pur de l'angélique petite Epouse de Jésus qui, après s'être faite si petite ici-bas, est devenue si grande et si puissante dans le Ciel.

Puisse cette supplique apporter à vos pieds, Très Saint Père, comme un pieux écho de la profonde et très respectueuse affection de vos enfants de France, et quand Votre Sainteté aura, par la Béatification de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus ajouté un nouveau et magnifique fleuron à la couronne de Saints, si riche déjà, dont notre pays a le droit d'être fier, les fervents amis de l'angélique petite Soeur n'oublieront pas, dans leur reconnaissance, l'auguste et bien-aimé Pontife qui aura, par là, ajouté à la gloire de Dieu et à l'honneur de notre Patrie.

Prosterné à vos pieds, Très Saint Père, j'implore pour ma chère famille et moi-même l'insigne faveur de votre bénédiction apostolique. De Votre Sainteté, le fils très humblement soumis et respectueux.

P. Broca, ingénieur
11e Son. de C.O.A.

Aide-Major Dayras

Aux Armées, 20 Août 1918

Très Saint Père,

Humblement prosterné à vos pieds, je viens vous dire après tant d'autres ma confiance en Sr Thérèse de l'Enfant Jésus et joindre ma voix à toutes celles qui implorent de vous sa Béatification. Pour la plus grande gloire de Dieu, nous vous demandons cette Béatification de l'humble soeur qui a déjà amené à la foi tant d'impies et ramené tant d'égarés. Pour les uns comme pour les autres sa petite voie de confiance et d'abandon a été le chemin facile et sûr vers le Coeur de Jésus parce que c'est le chemin des enfants, toujours si largement ouvert à ce Coeur Sacré.

Les incroyants qui s'embarrassaient dans les objections fallacieuses de leur esprit orgueilleux ont été sauvés du jour où ils ont eu la simplicité de tendre leurs mains vers le Père en toute confiance ; et les pusillanimes qui avaient la Foi sans oser la pratiquer en ont trouvé le courage quand ils ont su reconnaître leur faiblesse. Depuis la guerre, les bienfaits de cette petite vie se multiplient, tellement elle est simple et naturelle aux soldats - et l'humble religieuse qui les y mène est bien la petite soeur des combattants. Au soldat qui se sent si petit au milieu du danger et si impuissant à le conjurer il est bon de s'en remettre comme l'enfant, à l'exemple de Soeur Thérèse, à la toute-puissance du Père.

Au soldat qui voit approcher la mort sans avoir le temps d'acquérir pour le ciel des mérites qui la feraient moins redoutable, Soeur Thérèse apprend l'acceptation et l'offrande chrétienne des plus humbles actions qui se transforment ainsi en gages précieux pour l'éternité. Au soldat qui, dans ce même moment, pleure l'immensité de ses fautes passées, Soeur Thérèse affirme que sa confiance en Dieu n'en doit pas être ébranlée. Ainsi, chaque jour, des milliers d'agonisants ont accompli doucement et sûrement le terrible passage par la petite voie de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. Je ne connais pas d'exemple d'homme qui ait demandé à la petite Soeur la grâce de cette résignation confiante et qui n'en ait bientôt senti en lui la douce consolation. Pour ma part, dès qu'une neuvaine a été commencée en mon nom au Carmel de Lisieux, j'ai ressenti ce calme apaisant au milieu du danger, cette grâce de confiance invincible et d'abandon absolu en les bras de Notre Seigneur.

Mais la puissance de Soeur Thérèse ne se borne pas à ces bienfaits essentiels dans l'ordre spirituel ; nombreux sont ceux qu'elle a matériellement protégés. Pour mon compte personnel, alors que la neuvaine commencée pour moi au Carmel n'était pas encore terminée, le 18 Avril, mon poste de secours a été effondré par un obus de gros calibre. Personne n'a été tué et ceux de mes infirmiers qui ont été blessés ne l'ont été que légèrement comme moi-même. Depuis ce jour, ma confiance en Sr Thérèse de l'Enfant Jésus est inébranlable. C'est pour cela que je m'associe humblement aux prières de tous ceux qui demandent sa Béatification pour le plus grand bien des âmes et la plus grande gloire de Dieu.

Agenouillé à vos pieds, Très Saint Père, j'implore votre bénédiction apostolique, pour ma famille, mes amis, moi-même, et tout spécialement la pieuse personne qui m'a initié à la dévotion à Soeur Thérèse. Daigne Votre Sainteté agréer l'hommage respectueux d'un fils humblement soumis en Notre Seigneur.

J. Dayras
Aide-Major au ... Régiment. d'Infanterie
décoré de la croix de guerre.

Sous-Lieutenant Maurice Vuillet

Ecole de Tir aérienne de Cazaux, le 25 Août 1918.     A Sa Sainteté Benoît XV.

Très Saint Père,

Au milieu de la tempête, permettez à l'un de vos enfants de faire entendre sa voix pour crier sa reconnaissance envers celle qui fut au combat sa protectrice, Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, du Carmel de Lisieux. Comme catholique et plus spécialement comme soldat, je vous remercie, pour moi et mes frères d'armes d'avoir autorisé la frappe de la médaille que nous portons avec grande vénération et qui en maintes circonstances nous a protégés dans la bataille.

Pleins de reconnaissance, je vous supplie donc, Très Saint Père, pour la sanctification des âmes, de hâter la béatification de la petite religieuse qui nous a si souvent soutenus et protégés. Votre fils très respectueusement soumis en Notre Seigneur.

Ss. Lieutenant Maurice Vuillet
du 102e Bat. de chasseurs à pied
Décoré de la croix de guerre.

Commandant Pébay

Aux Armées, le 30 Août 1918

Très Saint Père,

Fervent du culte de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, je me permets de joindre ma supplication aux innombrables voix qui vous demandent la Béatification de cette éminente et très pure Servante de Dieu. Depuis 4 ans au front, exposé aux plus grands dangers, j'ai été miraculeusement préservé par son intercession, et j'ai l'entière confiance qu'elle me protègera jusqu'à la fin de la guerre.

Au clair jardin de cette terre de France qui, nous le savons, vous est particulièrement chère, celle qui se dénommait la petite Epouse de l'Enfant Jésus est une des fleurs les plus rares et les plus odorantes. Il vous plaira, Très Saint Père, de convier le monde entier à en respirer le parfum et de la mettre au rang des protectrices officielles de notre cher pays, dont le sang coule à flots, et qui demeure, en dépit des forces du mal, la clef de voûte de l'Univers chrétien.

Prosterné à vos pieds, Très Saint Père, j'implore pour ma famille et moi-même, pour mes amis et camarades, votre bénédiction apostolique. De Votre Sainteté, le très humble et obéissant serviteur

Commandant Pébay du 96e Inf.
Chevalier de la Légion d'Honneur / Décoré de la Croix de Guerre.
A cette supplique est jointe celle du Capitaine Charrier, du 122e Inf.

Sous-Lieutenant Nalin

Aux tranchées, le 31 Août 1918

Très Saint Père,

Daignez permettre à l'un de vos fils de France de vous adresser humblement la requête suivante en faveur d'une cause qui lui est chère à plus d'un titre.

Dans le courant de cette horrible guerre, j'eus le bonheur, étant blessé, d'être soigné dans un hôpital où l'on me fit connaître la vie de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. depuis ce jour, je me suis senti attiré par le parfum qui s'en exhale et je demandais à Soeur Thérèse de vouloir bien être désormais ma petite Providence. Il m'est impossible de relater les grâces multiples, petites et grandes dont j'ai constaté être favorisé depuis. Dans les situations les plus pénibles, et quelquefois les plus désespérées, à chaque invocation à ma sainte Protectrice je ressentais l'effet bienfaisant de sa protection invisible mais certaine. Entre tous je ne citerai que le fait suivant :

Aux dernières affaires de l'Aisne, juillet 1918, je commandais une section comme Sergent. Après avoir reçu du Carmel de Lisieux les médailles dont vous avez bien voulu autoriser la frappe, j'en distribuais à chacun de mes hommes que tous, même les plus récalcitrants d'ordinaire, acceptèrent avec plaisir. Je suppliai Soeur Thérèse de nous protéger tous, lui promettant de mettre cette faveur en lumière avec la signature de chacun de mes hommes. Nous revînmes tous, j'ai à coeur de tenir ma promesses, mais ayant été nommé s/ Lieutenant et par là-même éloigné de mon Bataillon je dois me contenter aujourd'hui d'attester pour tous.

Parmi eux il était un "païen", père de deux petites filles. Il me dit : "Si Soeur Thérèse me protège, je fais baptiser mes enfants". Il vit et va tenir sa promesse. D'autres de mes hommes ont été protégés, notamment deux d'entre eux blessés par un obus et qui se sentaient mourir. Je leur recommandai de beaucoup prier la "petite Sainte" et, contre toute attente, ils sont sauvés et vont beaucoup mieux.

Je m'unis donc, Très Saint Père, aux voix plus autorisées qui m'ont devancé, pour vous prier de hâter la Béatification de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, notre puissante Protectrice.

Ss. Lieutenant P. Nalin
115e chasseur Alpin.

Lieutenant E. Connil

Aux Armées, le 19 Août 1918

Très Saint Père,

Quelle douce émotion remplit mon coeur, à la pensée que du sol de notre Patrie si douloureusement meurtrie va s'envoler vers vous le filial souvenir d'un de vos chers fils ! Ah ! Très Saint Père, soyez-en bien persuadé, la France qui souffre à l'heure présente cette longue et patiente épreuve est bien celle de nos vieilles traditions chrétiennes et ceux qui, prenant brutalement le gouvernail, ont violenté ses sentiments les plus nobles, n'empêcheront jamais que ses enfants ne soient d'abord les vôtres. Quoi qu'ils fassent, vous êtes, vous demeurerez toujours le cher et vénéré Souverain des braves fils de Clovis et de St Louis.

Bientôt mourra sur la grève la dernière vague d'impiété et votre noble coeur qui aime la France, nous le savons, entendra monter vers lui, pleine de l'accent du repentir et de la gratitude, la voix aimante et fidèle de tous ses chers enfants. Comme catholique et comme officier de l'Armée française, au nom de beaucoup de mes camarades, je viens, prosterné à vos pieds, vous adresser une humble requête. Votre coeur a deviné ma pensée et vous savez déjà que je viens vous parler de notre chère petite Soeur du Ciel Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, du Carmel de Lisieux.

Très Saint Père, si vous saviez comme ils sont touchants les hommages rendus à la belle petite âme que Dieu semble avoir mis dans son Ciel tout spécialement pour nous protéger ! Son image connaît les secrets de bien des portefeuilles, sa petite médaille n'est pas moins répandue, et combien souvent j'ai rencontré notre petite sainte, comme nous l'appelons, formant à côté du portrait familial, l'intime décor de nos cantonnements !

Elle est si bonne et elle répand si gracieusement sa pluie de roses sur nos misères ! Ses miracles sont la vie de chaque jour. Qui racontera jamais toutes les faveurs qu'elle nous obtient et nous prodigue avec tant de largesse ! Je lui dois personnellement des grâces toutes spéciales. Elle m'a visiblement protégé au milieu des dangers quotidiennement renouvelés, et, tout récemment encore, le 4 Août, en allant prendre une position avancée, je reçus un éclat d'obus qui vint frapper mon casque avec une telle brutalité qu'en tout autre endroit j'eusse été gravement atteint ; je n'avais rien, pas même une égratignure.

Jamais mon coeur n'avait ressenti l'attirance du Coeur de Jésus comme il le ressent depuis que j'ai lu la vie si simple, si pure, si suave de la Petite Thérèse. J'ai maintenant en elle une confiance sans borne, j'en ai fait ma plus chère confidente. Aussi, Très Saint Père, au nom de ma famille, de beaucoup d'amis, de camarades et de soldats, de bien vouloir hâter la Béatification de l'humble religieuse, délicieuse fleur du Carmel, qui du Ciel continue à faire tant de bien sur la terre.

Lieutenant E. Connil
du 160e Inf.

Lucien Courtin

Le Mans, 4 Septembre 1918

Très Saint Père,

Actuellement sur un lit d'hôpital où je suis soigné pour une blessure reçue lors des derniers combats, je ne veux pas attendre ma guérison complète pour témoigner à Votre Sainteté les sentiments de ma plus filiale affection.

En union avec tous mes camarades, mes chefs, toutes les saintes âmes qui ont le bonheur d'appartenir à l'Eglise Catholique Apostolique et Romaine, je me prosterne, Très Saint Père, à vos pieds et demande humblement à Votre Sainteté cette faveur de voir le plus tôt possible prononcée la Béatification de la servante de Dieu Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. Cette demande est une dette de reconnaissance envers l'Ange du Carmel de Lisieux. En effet, indépendamment des multiples faveurs obtenues, grâce à son intercession, avant 1914, je puis affirmer, en loyauté de conscience et devant Dieu, que pendant cette guerre, Soeur Thérèse m'a réellement préservé de la mort en plusieurs circonstances.

En Avril 1915, en Champagne, une bombe tombant à mes pieds et qui, humainement parlant aurait dû me broyer, ne me causa aucun mal, alors que des camarades plus éloignés furent blessés. En Juin de la même année, une fièvre typhoïde dont j'étais atteint, et qui paraissait maligne, fut arrêtée net quand j'eus prié Sr Thérèse de l'Enfant Jésus. En Septembre 1917, au milieu d'une effroyable mêlée, près de Verdun, où disparut les 3/4 de mon bataillon, je n'attribue qu'à Sr Thérèse la grâce d'avoir échappé à ce massacre. Enfin, lors de la dernière offensive, Juillet 1918, lorsque je fus blessé, les rafales de mitrailleuses étaient si violentes autour de moi que je ne puis attribuer encore mon salut qu'à Soeur Thérèse.

C'est pourquoi, Très Saint Père, animé de la plus grande reconnaissance envers la petite sainte je serais extrêmement heureux de la voir honorée sur nos autels. J'ai l'honneur, Très Saint Père, de vous demander pour ma famille, mes compagnons d'armes, mes chefs, votre bénédiction apostolique. Votre fils très aimant et très respectueusement soumis en Notre Seigneur

Lucien Courtin
du 320e d'Infanterie

Achille Lesne

Aux Armées, le 10 Sept. 1918

Très Saint Père,

Enfants de Dieu et de l'Eglise, vos humbles fils, protégés reconnaissants de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, et, soldats, tels sont ceux qui, humblement, et de tout coeur, sollicitent votre paternelle bonté, de hâter la Béatification de la petite Carmélite de Lisieux, Soeur Thérèse, envers qui ils ont une profonde reconnaissance. Nombreux sont ceux qui, avec eux, désirent voir arriver le jour heureux de sa Béatification !

Nous avons l'honneur, Très Saint Père, de solliciter pour nos familles, nos frères d'armes, et nous-mêmes votre bénédiction apostolique. Vos fils très respectueusement soumis en Notre Seigneur,

Achille Lesne, Privat Paul et René Allaire
17e Inf. 17e Inf. Mitrailleur, 17e Inf.

Marquis de Langle

Château du Plessis par Tresboeuf (Ille et Vilaine), le 15 Septembre 1918.

Très Saint Père,

Votre Sainteté est sur la terre le représentant de Notre Seigneur Jésus Christ et c'est avec un profond chagrin que les Français voient combien le gouvernement de notre chère et malheureuse patrie veut ignorer officiellement votre souveraineté. Notre Seigneur se laissera toucher par les ferventes prières et les immenses sacrifices de ses enfants et il permettra à la France de redevenir officiellement sa fille aînée.

Comme catholique et comme officier de l'armée française, je me permets d'adresser à Votre Sainteté une humble requête. Pendant les mois que j'ai passés sur le front des armées la Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus, du Carmel de Lisieux m'a protégé à ce point que je n'ai jamais eu la moindre blessure. En Janvier 1915, mon dernier petit garçon âgé de 15 mois a été gravement malade et pendant plusieurs jours dans un état considéré comme désespéré par un grand médecin.

J'étais alors au loin, sur le front et je n'ai jamais eu d'inquiétude car en priant la Soeur Thérèse j'avais l'impression qu'elle le guérirait. J'ai su en effet que ma femme l'avait confié à la Soeur Thérèse et que le mieux s'était produit dès que son image avait été attachée à son berceau. Enfin, lorsqu'il y a quinze mois Notre Seigneur m'a envoyé la terrible épreuve de rappeler à Lui ma chère femme, toute jeune, subitement, sans qu'elle ait pu me dire un mot ni me faire une recommandation, la Soeur Thérèse m'a donné le courage de supporter cette cruelle douleur.

Aussi, Très Saint Père, je viens demander à Votre Sainteté, pour la plus grande gloire de Dieu et la sanctification des âmes, de vouloir bien hâter la Béatification de l'humble religieuse qui, du Ciel fait tant de bien sur la terre. Prosterné à vos pieds, Très Saint Père, j'implore votre bénédiction apostolique pour mes enfants, ma famille et pour moi-même avec les très respectueux sentiments d'un fils humblement soumis à Votre Sainteté,

Marquis de Langle
Capitaine au 106e d'artillerie lourde.

Général Allenou

10 Septembre 1918

Très St Père,

Humblement prosterné devant votre Sainteté, j'implore votre bénédiction pour moi, pour toute ma famille et pour la France, qui lutte héroïquement depuis plus de quatre années, champion de la liberté du Monde. Que votre Sainteté daigne favoriser le mouvement religieux qui entraîne une grande quantité d'âmes à Dieu par la dévotion à la petite Soeur Thérèse de Lisieux ; Qu'elle hâte le jour où il sera permis de l'invoquer comme bienheureuse, afin que plus grand devienne le nombre de ceux qui, à son exemple, auront une confiance et un abandon absolu en Dieu, abandon de véritables enfants en leur Père. Et qu'ainsi la France, convertie, redevienne la Fille aînée de l'Eglise et reprenne sa place à la tête des nations pour la gloire de la Vierge Marie et du Sacré Coeur.

Veuillez agréer, T. St Père, l'hommage que vous offre un de vos fils très respectueux en fidèle catholique et soldat breton

Général Allenou
Inspecteur des Effectifs aux Armées françaises
ancien Commandant de la 5e Division de cavalerie de 1914 à 1917

Commandant Etienne

Lisieux (Calvados), le 24 septembre 1918

Très Saint Père,

Officier supérieur de l'armée active, ayant obtenu, par l'intercession de Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus du Carmel de Lisieux, de nombreuses grâces spirituelles et temporelle, j'ai l'honneur de présenter à votre Sainteté, l'hommage respectueux de mon dévouement filial et de me joindre à tous ceux qui vous supplient, Très Saint Père, de hâter la Béatification de la servante de Dieu, et en particulier à mes camarades militaires.

Après avoir été guéri de façon inespérée d'une longue et grave maladie, au Tonkin en 1915, par l'intercession de Soeur Thérèse, je n'ai cessé, depuis mon arrivée sur le front français en novembre 1916, de recevoir, pour mon bataillon et pour moi, des grâces de toutes sortes.

En novembre dernier un enfant d'un officier de mes amis, atteint d'ostéite grave à la jambe, a été guéri complètement, en quelques jours, à la suite d'une union de prières à la Petite Thérèse. Ma femme, infirmière de la Société de secours aux blessés a constaté chez des blessés et des malade, des guérisons rapides, et parfois inespérées, après leur avoir fait connaître soeur Thérèse de Lisieux, et leur avoir donné des images ou des sachets-souvenirs de la petite soeur.

Nous sommes, pour la 5e fois depuis novembre 1916, en pèlerinage d'actions de grâces à Lisieux et chaque fois que nous allons prier sur la tombe de notre protectrice, nous voyons de nombreuses personnes civiles et militaires de toutes les conditions et de pays divers, venant comme nous témoigner leur Foi et leur Espoir, remercier soeur Thérèse avec les marques d'une vive reconnaissance et lui demander, en pleine confiance, de nouveaux bienfaits.

Daignez, Très Saint Père, accueillir cette humble supplique et agréer les profonds hommages de votre fils très respectueux et très dévoué

E. Etienne
Chef de bataillon d'Infanterie coloniale
Commandant le 31e Bataillon Sénégalais aux armées.

Commandant Mestre

Dernière supplique du Commandant Mestre[qui avait commencé le projet de ces suppliques en 1916]

Angers, le 21 décembre 1921

Le Commandant Mestre à Sa Sainteté le Pape Benoît XV, à Rome.

Très Saint-Père,

Nous connaissons l'affection paternelle que Vous portez à la Fille aînée de l'Église. Vous lui en avez donné récemment une nouvelle preuve, lorsque, le 14 août dernier, Vous avez bien voulu promulguer le Décret sur l'héroïcité des vertus de la Servante de Dieu, Thérèse de l'Enfant-Jésus et, en cette circonstance, appeler la France la Mère des Saints.

En glorifiant la petite Carmélite de Lisieux, Vous nous avez causé une grande joie. Comme Français et comme catholiques, nous en avons été très touchés ; nous Vous en remercions de tout coeur et nous Vous en sommes profondément reconnaissants.

Mais ceux que Vous avez rendus le plus heureux, ceux qui vous remercient le plus vivement, ce sont les soldats de la Grande Guerre, qui, au cours des hostilités, ont ressenti maintes fois la protection de Celle que nous appelions communément sur le front : notre chère Sainte. Malgré mon indignité, je suis du nombre de ceux qu'Elle a visiblement protégés ; et, à ce titre, j'éprouve un bonheur réel à venir vous témoigner ma sincère gratitude.

J'ai eu l'honneur d'être le premier, je crois, à Vous demander, pendant la guerre, de bien vouloir hâter la béatification de la petite Soeur Thérèse. Le T.R.P. Emmanuel Bailly, Supérieur Général des Augustins de l'Assomption, accepta de Vous remettre lui-même ma supplique. Aujourd'hui, puisque, grâce à Votre Sainteté, la Cause est déjà en si bonne voie, je me permets très humblement de Vous renouveler ma demande.

Si, le 14 août dernier, des milliers de Combattants ont éprouvé une douce satisfaction à saluer leur céleste protectrice du titre de Vénérable, leur joie sera débordante, je peux l'affirmer hautement, le jour où la Servante de Dieu sera proclamée Bienheureuse. Nous attendons ce jour avec la plus grande impatience, mais aussi avec une soumission absolue aux décisions de la Sainte Église.

Veuillez agréer, Très Saint Père, avec l'expression de mes remerciements, l'hommage filial et respectueux de mon inaltérable attachement au Vicaire de Jésus-Christ.

Pierre Mestre

Officier de la Légion d'Honneur

mutilé de guerre

attaché à la Sous-Intendance Militaire d'Angers