Carmel

Mars

Selon une coutume des Carmels, au début de chaque mois, les religieuses tiraient d'une corbeille posée sur les marches du choeur, un billet portant le nom d'un saint patron protecteur pour le mois, à découvrir et à vénérer spécialement.

 feuillet du second jour du mois - 8 cm. X 12,8 cm.

Le feuillet du 1er mars n'a pas été conservé.

Saint Simplice pape - 2 mars.

PENSÉE. Le vaisseau de l'Église peut quelquefois paraître sur le point d'être inévitablement englouti par les flots que soulève une effroyable tempête ; mais Dieu ne permet l'orage que pour montrer sa puissance en ramenant un calme inespéré.

PRATIQUE. Mettez votre confiance en Dieu, relativement aux maux qui peuvent nager l'Église ou vous frapper vous-même.

PRIEZ pour les besoins de la sainte Eglise romaine. Dieu aime que nous donnions à cette tendre mère une marque de déférence et d'affection si propre à attirer sur nous les bénédictions du ciel.

 

ORAISON.

Faites, nous vous en supplions, Dieu tout-puissant, que, solennisant la fête du bienheureux Simplice, votre confesseur et pontife, nous en recevions un surcroît de piété et de mérites pour le salut. Par J.-C N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
En Asie, S. Troade. Martyr.
En basse Bretagne, S. Joëvin, évêque.
Saint Simplice naquit à Tivoli. Après avoir été l'ornement du clergé de Rome sous les papes saint Léon et saint, Hilaire, il succéda à ce dernier sur la chaire de saint Pierre en 467. Dieu le suscita, sans doute, dans ce temps orageux pour consoler et défendre son Eglise, dont la foi fut exposée à de rudes des assauts. Les barbares s'étaient emparés de toutes les provinces de l'empire d'Occident, et ils les avaient infectées pour la plupart dessuperstitions de l'idolâtrie ou des erreurs de l'arianisme. Rome tomba en leur puissance la troisième année du pontificat de Simplice. De graves désordres, d'imprudents abus, avaient préparé les voies à cette grande révolution, en exaspérant les peuples d'Italie. Le triste état de l'Eglise d'Orient ne donna pas moins d'occupation à la sollicitude de Simplice. Le saint pontife ne manqua à rien de ce que demandaient de lui d'aussi tristes conjonctures. Il tacha de consoler son troupeau, et il l'exhortait sans cesse à conserver le précieux dépôt de la foi, employant tour à tour la douceur et la sévérité pour réprimer les entreprises de l'hérésie et du schisme. Il couronna enfin dignement un pontificat si orageux par la mort des Saints, en 438.
 
Tout est danger pour nous en ce monde. 1° Hélas ! comment pouvoir résister à de si formidables ennemis, comment vaincre des obstacles sans cesse renaissants ? 2° Si de nous-mêmes nous n'avons que la confusion de la lâcheté et de la défaite à attendre, rappelons-nous qu'on est bien fort et qu'on met bientôt la victoire de son côté, quand on com­bat avec Dieu et pour la gloire de Dieu.

Sainte Cunégonde impératrice - 3 mars.

PENSEE Comment arrive-t-il que de tant de personnes qui paraissent tendre à la perfection il y en ait pourtant si peu qui y parviennent? La raison en est que la plupart la font consister uniquement dans des pratiques de dévotion, bonnes en soi, mais qui peuvent se trouver et se trouvent effectivement alliées à beaucoup de défauts.

PRATIQUE. Pour l'honneur de la religion, prenez un soin prudent de votre réputation.

PRIEZ pour ceux qui vous calomnient.

 

ORAISON

Exaucez-nous, ô Dieu qui êtes notre salut, afin que, nous réjouissant de célébrer la fête de la bienheureuse Cunégonde, nous soyons touchés des sentiments d'une plus solide dévotion. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Bresse, saint Titien, évêque.

En basse bretagne,, saint Gulgnolé, abbé.

Sainte Cunégonde naquit vers la fin du X° siècle. Elle eut pour père Sigefroi, premier comte de Luxembourg, et pour mère Hedeswige, qui l'éleva, dès son enfance, dans les sentiments d'une tendre piété. Ses parents la marièrent ensuite à saint Henri, duc de Bavière, qui fut depuis empereur. Les deux époux, avant la célébration de leur mariage, convinrent de garder une virginité perpétuelle, et de se porter mutuellement à la perfection. Sainte Cuné­gonde, était la mère des pauvres ; et, comme elle s'était interdit les amusements de la cour, elle trouvait de quoi les soulager, fonder des monastères et enrichir les églises. Dieu permit, pour éprouver sa patience, qu'elle fût indignement calomniée, et que son saint époux, ajoutant trop aisément foi à la calomnie, soupçonnât sa vertu. Elle prouva son innocence en marchant les pieds nus sur des fers de charrue rougis au feu, sans en ressentir le moindre mal. L'empereur, frappé du prodige, demanda pardon à Cunégonde de soit imprudente crédulité. Cet événement dégoûta de plus en plus notre sainte de la cour et du monde. Aussi, après la mort de son mari, elle s'empressa de se retirer dans un monastère, où elle donna l'exemple des plus sublimes vertus, et mourut l'an 1040.

Pour étouffer un scandale, gardez-vous d'un autre scandale. 1° N'attendez pas que Dieu fasse des miracles pour confondre ceux qui vous veillent du mal. 2 S'il y a scandale, il est de votre devoir de vous justifier devant les hommes par des moyens que la religion approuve et prescrit. 3° Si la calomnie prévalait, quand vous avez rempli votre devoir, humiliez-vous sous la main de Dieu, qui a ses vues, en permettant l'oppression des bons et des innocents.

Saint Casimir prince de Pologne - 4 mars.

PENSÉE. Notre fragilité est prodigieuse, et, malgré toute notre vigilance, il nous arrivera souvent de transgresser la loi divine en plusieurs points ; mais au moins empressons-nous d'effacer ces transgressions par les gémissements d'un coeur contrit et humilié.

PRATIQUE. Veillez sur votre volonté, afin que vous n'ayez jamais le malheur d'offenser Dieu de propos délibéré.

PRIEZ pour la jeunesse chrétienne.

ORAISON

Dieu, qui avez fortifié, par une volonté ferme dans votre amour, le bienheureux Casimir, vivant au sein des délices de la cour et des charmes du monde, faites, nous vous en supplions, par son intercession, que vos fidèles méprisent les biens d'ici-bas, et ne soupirent sans cesse qu'après la félicité des cieux. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DE MARTYROLOGE ROMAIN

 A Rome, saint Luce, pape et martyr.
.A Trêves, saint Basin. évêque.
Saint Casimir, troisième fils de Casimir III, roi de Pologne, naquit à Cracovie l'an 1458. Comme il avait un esprit vif et pénétrant, il fit de grands progrès dans la piété et dans les sciences. Mais ce qu'il y a de plus admirable, c'est qu'il sut toute sa vie garder son innocence, au milieu même des plaisirs si dangereux de la cour. Il dut cette grâce insigne à son esprit de prière et de mortification. Il avait une grande dévotion pour la sainte messe, pour la passion de N.-S. et pour sa divine Mère, en l'honneur de laquelle il a composé une hymne fort touchante qui porte son nom. Plein de respect pour tout ce qui concernait le culte divin, les plus petites cérémonies de l'Eglise intéressaient sa piété. La couronne lui fut offerte ; mais, Dieu n'ayant pas permis qu'il montât sur le trône, il se consola aisément de se voir débarrassé d'un fardeau qu'il redoutait. Il termina paisiblement, encore jeune, en 1483, une carrière des plus méritantes. Il s'opéra beaucoup de miracles à son tombeau. Le pape Léon X le canonisa en 1522. Cent vingt ans après sa mort, son corps fut trouvé sans corruption, récompense sensible de sa pureté virginale.

Que votre règne arrive, Seigneur ! 1°. Un chrétien qui veut que Dieu règne dans son âme doit être mort à toutes les vanités du monde, et juger de chaque chose par le rapport qu'elle peut avoir avec son avancement spirituel. 2° Il y en a bien peu qui arrivent à cet heureux état ; c'est que parmi ceux qui se disent chrétiens, et qui même font profession de piété, il n'en est presque aucun qui ne laisse subsister dans son coeur des attachements illicites, et qui ne corrompe ses meilleures actions par des retours secrets d'amour-propre.

Saint Adrien et Saint Eubule martyrs - 5 mars

PENSÉE. Armons-nous de courage pour souffrir avec notre divin Modèle. Il nous consolera et nous fortifiera au milieu de nos souffrances, comme il a consolé et soutenu les martyrs au milieu de leurs supplices ; et, comme il a couronné leurs travaux, il couronnera aussi les nôtres.

PRATIQUE. Acquérez l'habitude de vous posséder vous-même, dans les peines comme dans les joies de cette vie.

PRIEZ pour les bonnes âmes qui cherchent à faire violence à leur caractère trop impétueux.

ORAISON.

Dieu, qui nous réjouissez par la solennité annuelle de la fête de vos saints martyrs Adrien et Eubule : daignez nous accorder d'être excités à la vertu par les exemples de ceux que nous félicitons de leurs mérites. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Antioche. saint Phocas, martyr.

A Arles, saint Virgile, évêque.

 

La septième année de la persécution de Dioclétien, continuée par Galère Maxime, la Palestine ayant pour gouverneur Firmilien, qui venait de faire couler le sang de plusieurs martyrs, Adrien et Eubule vinrent de Mangane à Césarée pour y visiter les confesseurs de la foi. On leur demanda, à la porte de la ville, quel était le sujet de leur voyage, comme cela se pratiquait à l'égard des étrangers. Ils avouèrent ingénument la vérité, et furent aussitôt conduits devant le gouverneur, qui, après les avoir fait déchirer avec des ongles de fer, les condamna aux bêtes. En vain leur proposa-t-on la vie, s'ils voulaient adorer les idoles. Ils demeurèrent inébranlables dans leur fidélité à Dieu, et méritèrent la couronne du martyre.

Portez votre croix.1° C'est une obligation qui regarde tous les hommes, sans exception ; vouloir s'y soustraire, c'est vouloir n'être chrétien que de nom. 2° En conséquence de cette doctrine de l'Evangile, sommes-nous patients dans les épreuves, mortifiés dans ce qui flatte nos sens, sévères à réprimer la fougue de nos passions? 3° Travaillons donc sans relâche à la réformation de notre intérieur ; embrassons avec zèle les pratiques de la pénitence, si. nécessaires pour expier nos fautes passées et pour détruire en nous tous les désirs de l'homme charnel, afin qu'il n'y ait plus de contradiction entre notre créance et nos moeurs.

Sainte Colette vierge - 6 mars.

PENSEE. Jésus-Christ n'ayant jamais fait que la volonté de son Père, depuis le premier instant de sa vie jusqu'à son dernier soupir, comment voudrions-nous faire la nôtre ? Quiconque est opiniâtrement attaché à ses désirs court grand risque de marcher aveuglément dans la voie de l'enfer.

PRATIQUE. Aimez à méditer la Passion de N.-S. Jésus-Christ, les vendredis surtout.

PRIEZ pour la délivrance des âmes du purgatoire.

ORAISON.

O Dieu, qui établissez votre demeure dans les coeurs chastes: faites qu'honorant avec une humble piété la pureté de votre fidèle épouse Colette, nous l'imitions par la sainteté de notre vie. Nous vous le demandons par J-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Tortone, saint Marcien, évêque et martyr,

En Chypre, saint Conon, martyr.

Sainte Colette, fille d'un charpentier, naquit en 1380 à Corbie en Picardie. Elle fut élevée dans la crainte de Dieu et la pratique des vertus chrétiennes. Elle s'était fait une solitude de la maison paternelle, vivant retirée dans une petite chambre, où elle partageait son temps entre la prière et le travail des mains. Alarmée du péril auquel l'exposait sa beauté, elle pria Dieu de la lui ôter ; et elle devint si maigre et si pâle, qu'elle était à peine reconnaissable. La mort de ses parents l'ayant dégagée des liens qui la retenaient dans le monde, elle se retira dans une communauté; mais, ne la trouvant point assez austère, elle passa, de l'avis de son confesseur, dans le tiers ordre de Saint-François, puis chez les urbanistes. Ayant conçu le dessein de ramener cet institut à sa pureté primitive, elle médita son projet dans la solitude durant trois ans, et se rendit ensuite auprès de Benoît XIII , qu'on reconnaissait alors en France pour pape légitime. Elle en fut très bien accueillie; elle reçut le titre de supérieure générale des clarisses, avec plein pouvoir d'établir dans cet ordre tous les règlements qu'elle jugerait propres à contribuer à l'honneur de Dieu et au salut des âmes. Malgré les contradictions inouïes qu'elle eut à essuyer, elle rétablit un grand nombre de couvents et en fonda de nouveaux. Elle mourut à Gand l'an 1447.

Etudiez votre vocation. 1° Dieu n'appelle pas tous les hommes au même état, et, avant de nous fixer à un genre de vie, nous devons examiner avec soin ce que Dieu demande de nous. 2° Une fois la volonté de Dieu reconnue, non par des imaginations, mais par des données authentiques, il faut la suivre, quels que soient les obstacles qui pourraient venir à l'encontre. 3°. Si nous avons fait fausse route, hâtons-nous d'employer les moyens qui sont en notre pouvoir, de nous remettre en bon chemin.

Saint Thomas d'Aquin docteur de l'église - 7 mars.

PENSÉE. Je ne commencerai à vivre véritablement, ô mon Dieu, que lorsque je serai entièrement rempli de vous et de votre amour. Maintenant je suis à charge à moi-même parce que je ne suis point encore assez plein de vous (S. Thomas d'Aquin).

PRATIQUE. Soyez zélé pour votre instruction religieuse.

PRIEZ pour ceux qui sont chargés d'enseigner aux autres

 

ORAISON.

 

O Dieu, qui jetez un nouveau lustre sur vote Eglise par la merveilleuse érudition du bienheureux Thomas, votre confesseur, et la rendez fécond par son saint ministère : donnez-nous de comprendre ses leçons et d'imiter ses exemples. Nous vous le demandons par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

En Mauritanie, sainte Perpétue et sainte Félicité, martyres.

Nicomédie saint Théophile, évêque.

Saint Thomas naquit vers la fin de l'année 1226. Il eut pour père Landulphe, comte d'Aquin, qui le mit dès l'âge de cinq ans sous la conduite des religieux du Mont-Cassin, pour lui donner les premiers principes des sciences et de la religion. Ses maîtres  furent étonnés de ses progrès. Ils n'avaient point encore eu de disciple qui annonçât tant de talents pour l'avenir, et qui montrât de si heureuses dispositions pour la vertu. Ses belles qualités firent l'admiration de ses parents et lui valurent une singulière affection de sa mère. Thomas, plein de mépris pour le monde, résolut de le quitter ; et, malgré l'extrême opposition de sa famille et de sa mère surtout, il entra chez les dominicains de Naples en 1243, âgé de dix-sept ans. On employa, pour le détourner de sa vocation, des moyens que l'humanité même repoussait. On porta la fureur jusqu'à lui envoyer unecourtisane pour essayer de leséduire. Il la chassa de sa chambre en s'armant d'un tison allumé. Dieu le récompensa de cette généreuse fidélité par le don d'une pureté parfaite. Il devint une des gloires de l'ordre de Saint-Dominique par l'admirable onction de ses prédications et la solidité de ses écrits. Il refusa constamment les places honorifiques qui lui furent offertes, et mourut plein de mérites le 7 mars 1274

Quiconque se propose d'étudier en chrétien 1°doit se défier de ses propres lumières, ne se mettre au travail qu'après avoir imploré le secours d'en haut, se tenir continuellement en la présence de Dieu, élever de temps en temps son coeur vers lui par des aspirations enflammées, lui demander avec ferveur l'éclaircissement de ses doutes et la solution de ses difficultés. 2° Soyez fidèle à cette pratique, et vous éprouverez, comme saint Thomas, qu'on apprend plus au pied du crucifix que dans les livres. Alors les connaissances que vous acquerrez tourneront au profit de votre âme; elles deviendront pour vous un nouveau motif de reconnaître votre néant, de vous attacher à Dieu, de l'aimer, de le servir.

Saint Jean de Dieu - 8 mars.

PENSEE. Toutes les misères qui affligent l'humanité sont dignes de pitié, mais, après le péché, qui tue l'âme, la perte de la raison est le fléau le plus déplorable et le plus à plaindre qui puisse exister.

PRATIQUE. Songez à faire toutes les bonnes oeuvres qui sont en notre pouvoir, tandis que vous en avez le temps.

PRIEZ pour les malheureux aliénés.

ORAISON.

O Dieu, qui avez fait que le bienheureux Jean, embrasé de votre amour, pût traverser les flammes sans en être atteint, et qui, par lui, avez enrichi votre Eglise d'une nouvelle famille: accordez-nous, par ses mérites et son intercession, que le feu de votre charité nous guérisse de nos défauts, et nous soit un gage du bonheur éternel. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

En Egypte, S. Philémon, diacre et martyr.
A Tolède en Es­pagne, S. Julien, évêque, très célèbre pour sa sainteté et sa science.

Saint Jean de Dieu naquit en Portugal en 1495, de parents fort peu favorisés des biens de 1a fortune, el mais pieux et charitables, qui l'élevèrent dans la crainte du Seigneur. L'envie de voyager le porta, dans un âge encore tendre, à quitter son pays et sa  famille. Bientôt réduit à l'indigence, il s'enrôla, et eut le malheur de se laisser aller aux désordres trop communs dans cet état périlleux. Etant ensuite rentré en lui-même, il passa en Afrique, dans l'espoir d'y expier ses péchés par le martyre; mais son confesseur le renvoya en Espagne, où il rencontra le P. Avila, qui acheva de perfectionner sa vertu, et qui, profitant de son inclination pour le soulagement des malheureux, l'engagea à se consacrer tout entier à leur service. Il s'y livra avec une ardeur infatigable, et finit par établir un hôpital, où il rassemblait tout ce qu'il pouvait de malades et  d'indigents. Un jour que le feu prit à son hôpital ; il emporta lui-même tous les malades à travers les flammes. Il était d'une humilité étonnante; il l'avait poussée jusqu'à contrefaire le fou, afin de se faire mépriser. il mourut en1550. L'établissement qu'il avait fondé fut la première origine de l'ordre des frères de la Charité, qu'il serait à souhaiter de voir de nos jours, comme jadis, à la tête des hôpitaux, ainsi que d'autres communautés de femmes dévouéesaux pauvres malades. On n'aurait pas à y déplorer tant d'incroyables abus.

La parole de Dieu brise les cèdres. 1° Pourquoi êtes-vous toujours les mêmes, après tant de sermons et de lectures pieuses? C'est que vous ne recevez point la parole de Dieu avec les dispositions convenables. 2° Cette divine semence ne peut prendre racine dans des coeurs indifférents et mondains ; elle ne fructifie que dans ceux qui la reçoivent avec foi, avec respect, dans le silence des passions, et qui ont soin de la nourrir et d'écarter tout ce qui serait capable de l'étouffer.

Sainte Francoise veuve - 9 mars.

PENSEE. C'est une illusion bien ordinaire aux personnes dont la piété n'est pas réglée par la prudence, de préférer des dévotions de surérogation à l'accomplissement des devoirs essentiels de leur état.

PRATIQUE. Bornez-vous plutôt à peu de dévotions; mais arrangez-vous de manière à être fidèle à celles que vous avez choisies comme cadrant avec votre profession.

PRIEZ pour les mères de famille.

 

ORAISON.

O Dieu, qui, entre autres dons de votre grâce, avez rendu remarquable, dans la bienheureuse Françoise, votre servante, sa familiarité avec son ange gardien : accordez-nous, par son intercession, de mériter la compagnie des Anges. Nous vous le demandons par J.-C.N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Barcelone, saint Pacien, évêque. — Saint Césaire, médecin, frère de saint Grégoire de Nazianze.

 

Sainte Françoise naquit à Rome l'an 1381. Elle témoigna, dès son enfance, beaucoup d'inclination pour la vertu, et une horreur extraordinaire pour tout ce qui peut blesserla pureté. Elle aimait singulièrement la prière et la solitude. A onze ans elle résolut de se faire religieuse ; mais ses parents ne le voulurent pas ; et, l'ayant mariée à l'âge de douze ans, elle ne songea plus qu'à se sanctifia dans cet état par son application à tous les devoirs d'une mère chrétienne. Quoique jeune et riche, elle s'interdit les festins, les spectacles et divertissements profanes, et son exemple fut, pour les dames romaines, une leçon utile et efficace. Elle prenait le plus grand soin de l'éducation de ses enfants et veillait continuellement à la garde de leur innocence. Elle traitait ses domestiques avec une bonté touchante. Ses mortifications étaient extraordinaires  mais toujours subordonnées à la volonté de son mari, qui savait du reste apprécier le mérite d'une telle femme. Dieu permit le bannissement de son mari, la confiscation de ses biens, et d'autres malheurs domestiques. Françoise supporta courageusement ces rudes épreuves. Ayant perdu son mari elle entra chez les oblates, qu'elle avait fondées, et y fut un modèle de ferveur. Il lui fut donné de jouir de la présence sensible de son ange gardien. Elle mourut en 1440

On se sanctifie dans tous les états : le tout, c'est de vouloir fermement. 1°. L'état religieux fournit sans doute de grands moyens de piété; on y est tout à Dieu tous les désirs, tontes les pensées, toutes les démarches y sont ennoblies, sanctifiées par la profession solennelle que l'on a fait de se consacrer à Dieu sans réserve.2° Ces avantages ne sont pas cependant exclusivement propres au cloître, et l'on peut aussi en jouir sans sortir du monde : il suffit, pour cela. à l'exemple de sainte Françoise, de remplir fidèlement ses devoirs en vue de Dieu, et de lui rapporter ses pensées, ses paroles, ses actions, et tous les mouvements de son coeur.

Les quarante martyrs de Sébaste - 10 mars.

PENSEE. Quelquefois, après avoir résiste courageusement aux plus violentes tempêtes, on vient à faire naufrage dans le port. Opérons donc notre salut avec crainte, et ne cessons de demander à Dieu qu'il nous soutienne jusqu'à la dernière heure.

 

PRATIQUE. Dites souvent, avec le saint roi David :

 

Seigneur, transpercez mes chairs des flèches de votre crainte.

 

PRIEZ pour les soldats chrétiens.

ORAISON.

Accordez-nous, Dieu tout-puissant, qu'après avoir été excités, par le courage des glorieux martyrs, à confesser la foi, nous les trouvions bienveillants à intercéder pour nous. Nous vous le demandons par J.-C N.-S.. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Paris, saint Droctovée, abbé. — saint Ymelin, abbé.

 

Dans le temps que l'empereur Licinius persécutait les chrétiens, l'an 320, quarante jeunes soldats de la légion de Sébaste déclarèrent qu'ils adoraient Jésus-Christ, et ils furent sur-le-champ dégradés, mis à la torture, et enfin condamnés à mort. Il y avait près de la ville un étang glacé, sur lequel on les exposa tout nus pendantla nuit. Rien n'était plus affreux que de voir leurs corps se fendre par la rigueur du froid; mais ils s'encourageaient mutuellement à souffrir avec générosité. Cependant celui qui les gardait vit en l'air une lumière, et des Anges qui portaient chacun une couronne. Mais il s'étonnait qu'il n'y en eut que trente-neuf, lorsqu'il aperçut un des chrétiens vaincu par la douleur, et se traînant à demi mort vers un bain chaud préparé pour ceux qui renonceraient à Jésus-Christ, et dans lequel l'apostat expira presque aussitôt. Le garde, converti, prit sa place, et consomma son martyre, avec tous les autres, dans les flammes où on les fit jeter.

quoi nous sert notre courage ? La sagesse des philosophes, l'éloquence des orateurs, sont déconcertées; les tyrans eux-mêmes sont saisis d'étonnement à la vue du courage dont les martyrs offrent le spectacle extraordinaire dans leurs glorieux combats. 2° Quelle sera notre excuse au tribunal de J.-C., si, ayant été à l'abri des persécutions et des tortures, nous avons cependant négligé d'aimer Dieu, et de travailler à la sanctification de nos âmes? 3° Quel contraste! D'un côté, les martyrs, inséparablement attachés à Dieu parmi les plus rudes épreuves ; de l'autre, des chrétiens, dans le sein d'une paix profonde, refusant à ce même Dieu un coeur qui lui est dû à tant de titres! Encore une fois, que dirons-nous au jugement de Dieu?

Saint Euloge prêtre et martyr - 11 mars.

PENSEE. Vous pouvez être indigné des mauvais traitements, des outrages, des injustices dont on vous accable ; mais il vous est expressément défendu de songer à vous en venger. La vengeance est l'âme des lâches; le pardon est la vengeance des grandes âmes; la miséricorde est le propre de Dieu!

PRATIQUE. Obéissez à Dieu d'abord, ensuite aux hommes à qui vous devez obéissance.

PRIEZ pour les supérieurs.

ORAISON.

Accordez-nous, Dieu tout-puissant, qu'honorant la mémoire du bienheureux Euloge, martyr, nous soyons, par son intercession, fortifiés dans l'amour de votre nom. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
 A Sardes, saint Euthyme, martyr.
A Carthage, saint Constantin, confesseur.

Saint Euloge, issu d'une des premières familles de Cordoue, se distingua tellement par sa science et sa piété, qu'après avoir été ordonné prêtre il fut mis à la tête de l'école ecclésiastique. Il sanctifiait ses études par la prière et le jeûne, et il s'attirait l'amitié et la vénération de tous ceux qui le connaissaient par son humilité, sa douceur et sa charité. Cependant les paroles imprudentes de quelques chrétiens contre Mahomet ayant occasionné une persécution, Euloge fut arrêté. Il s'occupa dans sa prison à composer son exhortation au martyre. Elargi quelque temps après, il continua, par ses discours et ses écrits, à encourager les confesseurs de la foi. Tant de zèle, réuni à tant de talents, le firent désigner pour le siège de Tolède; mais il se rencontra quelques obstacles qui empêchèrent son sacre. Et d'ailleurs il ne tarda pas à souffrir lui-même le martyre, auquel il exhortait les autres. Ce fut à l'occasion d'une jeune chrétienne, nommée Léocritie, qu'il avait aidée à s'échapper de la maison paternelle, où sa foi courait les plus grands dangers. Comme on le conduisait au supplice, un eunuque lui donna un soufflet pour avoir mal parlé de Mahomet ; Euloge tendit l'autre joue, et en reçut un second. Il consomma son glorieux martyre en 859. Quatre jours après, Léocritie eut le même bonheur.

Il faut souffrir pour le nom de Jésus-Christ. 1° L'Eglise ne parut jamais plus triomphante qu'au milieu des terribles épreuves auxquelles le divin Maître a voulu la soumettre. Il en est ainsi de vous, âmes privilégiées, à qui la divine miséricorde ménage les faveurs les plus signalées. 2° Ce ne sera que dans l'autre vie que vous comprendrez toute l'utilité des épreuves ; vous verrez alors que vous devez aux infirmités, aux humiliations, aux croix, la pratique des vertus, et ce trésor de bonnes oeuvres dont votre couronne sera formée dans le ciel...

Saint Grégoire le Grand - 12 mars.

PENSÉE. Les Saints savent allier les talents les plus sublimes, et les qualités les plus éminentes, avec la plus profonde humilité : et vous, par un contraste qui devrait vous faire impression, vous joignez mille défauts à des prétentions insoutenables !

PRATIQUE. Regardez-vous comme le serviteur de tous ceux à qui vous pouvez avoir à commander.

PRIEZ pour les évêques.

ORAISON.

O Dieu, qui avez accordé à l'âme de votre serviteur Grégoire les récompenses de l'éternelle béatitude : daignez nous accorder qu'étant accablés sous le poids de nos péchés, nous soyons allégés, en considération de ses prières pour nous. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN
A Rome, saint Maximilien. martyr.

En Bretagne, saint Paul, premier évêque de Léon.

 

Saint Grégoire, surnomméle Grand, à cause de l'éclat de ses actions, de ses écrits et de ses vertus, naquit à Rome vers l'an 540.Il fut élevé avec beaucoup de soin, et, dès l'âge de trente-quatre ans, il parut digne d'occuper les premières places de l'E­tat. Mais, y ayant renoncé, il consacra une partie considérable de ses biens à la fondation de plusieurs monastères, et il en établit un dans sa propre maison, où il prit l'habit. Il n'en sortit que par ordre du pape Pélage II, qui l'envoya à Constantinople pour des affaires importantes; et, dès qu'elles furent terminées, il revint dans sa solitude. On ne tarda pas à l'en tirer de nouveau pour l'élever sur le Saint-Siège. Le triste état où se trouvait la chrétienté demandait un homme d'une Sainteté consommée, d'une capacité supérieure et d'un courage à toute épreuve. Or, tel était, et tel se montra Grégoire. Il calma les divisions qui déchiraient les Eglises d'Orient; il arrêta en Italie les courses des Lombards, acheva de ruiner le parti des donatistes, avança la destruction de l'arianisme, procura la conversion des Anglais, réforma le chant et les offices, en un mot pourvut à tous les besoins de l'Eglise, et trouva encore le moyen d'instruire son peuplé par lui même et de composer plusieurs ouvrages excellents. Son humilité lui fit prendre la qualité de serviteur des serviteurs de Dieu, que ses successeurs ont adoptée. Enfin il termina par une sainte mort un si glorieux pontificat, l'an 604.

Qui est bon supérieur ? Autant un coeur humble a d'égards pour ses inférieurs, autant un orgueilleux a de dureté : l'un se fait estimer et aimer de tous, l'autre se fait craindre et mépriser. 2° II a sans cesse devant les yeux l'exemple des Apôtres, et règle sur leur conduite celle qu'il tient dans le gouvernement des âmes. 3° Il s'interdit cette hauteur impérieuse qui aliène les esprits et n'arrache qu'une obéissance forcée. Ses ordres sont plutôt des prières, ses réprimandes des faveurs.

Sainte Euphasie vierge - 13 mars.

PENSÉE. Quelle que soit votre naissance, quels que soient vos talents, quels que soient vos mérites, aimez à vous effacer et à être réputé pour rien. Cet anéantissement sur la terre vous engendre à la gloire éternelle des cieux.

PRATIQUE. Faites-vous bien connaître au directeur de votre conscience, et suivez ses avis : alors vous marcherez droit.

PRIEZ pour les directeurs des consciences.

 

ORAISON.

Exaucez-nous, ô Dieu, qui êtes notre salut, afin que, célébrant la fête de la bienheureuse Euphrasie, votre vierge, nous en recevions un accroissement la piété. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
 
A Constantinople, saint Nicéphore, évêque.

A Camerino, saint Assevin, évêque,

 

Sainte Euphrasie naquit à Constantinople vers l'an 380. Elle eut pour père Antigone, qui occupait une place très distinguée à la cour de l'empereur Théodose le Jeune. Sa mère, étant devenue veuve à l'âge de vingt-deux ans, refusa de contracter de nouveaux engagements, et se retira avec sa fille en Egypte, où elle avait de riches possessions. Elle se fixa dans le voisinage d'un monastère de religieuses qui édifiaient par la pratique de toutes les vertus. La jeune Euphrasie, qui n'avait encore que sept ans, se sentait puissamment portée à embrasser leur genre de vie, et en manifesta le désir à sa mère. Cette pieuse dame en fut comblée de joie, et, peu après, la conduisit elle-même à la supérieure, qui lui mit entre les mains une image de Jésus-Christ. La petite Euphrasie baisa respectueusement la sainte image, en disant : « Je fais voeu de me consacrer à Jésus-Christ pour le reste de ma vie. » Le temps ne fit que l'affermir dans sa vocation; et, après la mort de sa mère, l'empereur, qui l'avait promise en mariage au fils d'un sénateur, l'ayant envoyé chercher, elle lui fit une réponse de refus en termes si touchants, que Théodose et ceux à qui il en fit part ne purent retenir leurs larmes. Elle eut cependant bien des tentations à combattre ; mais elle en sortait toujours victorieuse par sa simplicité à les découvrir aux directeurs de sa conscience, et à faire tout ce que l'obéissance lui prescrivait pour l'humilier. Elle parvint à une sainteté éminente, et mourut l'an 410.

Il faut savoir se taire et parler à propos.  Le démon ne cherche qu'à nous faire nous compromettre par l'indiscrétion de notre langue, et quelquefois, tout au contraire, par de fâcheuses réticences. 2° La fidélité à découvrir ses tentations à son directeur, souvent même la seule résolution qu'on en prend, nous en délivre. 3. Quel est le malade qui refusât de faire usage d'un remède aussi facile; s'il en existait un de ce genre pour les maux du corps?

Sainte Mathilde, reine - 14 mars.

PENSÉE. La charité envers les pauvres se borne trop souvent au soulagement du corps, et cependant il serait si facile de joindre à ses aumônes quelques avis charitables qui dissiperaient l'ignorance ou relèveraient la langueur spirituelle des malheureux !

PRATIQUE. Donnez chaque jour quelque mot d'édification selon votre position ; c'est une aumône à ne pas négliger plus que l'autre.

PRIEZ pour les pauvres ignorants.

ORAISON.

O Dieu, l'unique espérance des âmes saintes, qui, exilées loin de vous sur la terre, ressentent vivement la douleur de cette séparation : faites que, vaquant nuit et jour à la prière, selon l'exemple de la bienheureuse Mathilde, nous méritions de participer avec elle aux consolations célestes. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN

A Chartres, saint Lubin, évêque.

A Thessalonique, saint Euphrose, martyr.

 

Sainte Mathilde, fille d'un seigneur saxon, fut élevée sous les yeux de son aïeule, abbesse du monastère d'Erford, et prit de bonne heure le goût dela piété. Elle apprit à travailler à tous les ouvrages convenables à son sexe, et contracta insensiblement l'habitude d'employer dignement tous ses moments. Mariée, en 913, à Henri, fils d'Othon , duc de Saxe, qui depuis fut élu roi de Germanie , et qui réunissait beaucoup de piété à toutes les qualités qu'exige la majesté royale , elle vécut avec lui dans une grande union et dans la pratique de toutes les vertus convenables à son rang. Son inclination la plus douce, après l'exercice de la prière, était le soulagement des malheureux. Après la mort de l'empereur, elle commit une faute en soutenant les prétentions du plus jeune de ses enfants au préjudice de l'aîné; mais Dieu la lui fit expier par les mauvais traitements qu'elle eut à essuyer de la part des deux frères, qui se liguèrent contre elle, et la dépouillèrent même de son douaire. La persécution fut longue et cruelle; mais les deux princes rougirent pourtant à la fin de l'indignité de leurs procédés, et se réconcilièrent sincèrement avec leur mère. La sainte veuve, après avoir accepté en esprit de pénitence les coups si sensibles, ne profita des grands biens qui lui furent rendus que pour augmenter ses mérites en multipliant ses aumônes. La mort vint en interrompre le cours et lui en procurer la récompense, l'an 968.

Le tout est de bien commencer.1°. Le commencement de la vraie vertu est de la désirer avec ardeur, et de la demander à Dieu, dans une intime persuasion qu'elle est préférable à tous les trônes du monde, et que tous les biens créés ne sont au prix d'elle, qu'un peu de sable et de boue. 2° Lorsqu'on une fois acquit ce précieux trésor, il faut travailler sans cesse à ne pas s'en laisser déposséder, c'est-à-dire prier avec ferveur, vaquer à la méditation des choses saintes, et lire souvent les livres de piété.

Saint Zacharie pape - 15 mars.

PENSEE La vraie piété sait trouver le secret d'être à ses affaires, à son ménage, à son travail, en un mot à ses devoirs, tout en étant à Dieu. S'il en est autrement, c'est qu'on ne veut pas rectifier des abus.

PRATIQUE. Ayez du zèle pour la propreté des églises et la parure des autels.

PRIEZ pour l'abolition de l'esclavage.

ORAISON.

O Dieu, qui veillez sur votre peuple avec bonté ; qui le gouvernez avec amour, et qui établissez, pour le conduire, des ministres qui sont les vicaires de votre charité : accordez, par l'intercession du bienheureux Zacharie, pontife, l'esprit de sagesse à. ceux que vous avez chargés du gouvernement de votre Eglise, afin que l'avancement spirituel des saintes brebis fasse la joie éternelle des pasteurs. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
A Césarée, S. Longin, soldat et martyr, qu'on dit être celui qui ouvrit avec une lance le côté de N. S.

Dijon, S.Tranquille, abbé.

 

Saint Zacharie, Grec de nation, succéda au pape, succéda au pape Grégoire III en741. C'était un homme d'une bonté et d'une douceur singulière. Il ne se vengeait de ses ennemis que par des bienfaits, et il saisissait toutes les occasions d'obliger ceux qui l'avaient persécuté avant son exaltation sur le siège de saint Pierre. Zacharie donna, dans plusieurs occasions difficiles, les preuves éclatantes de son zèle et de sa prudence. Il fit de sages règlements pour réprimer les abus, pour maintenir la discipline, et pour étouffer les semences de division qui troublaient la paix de plusieurs Eglises. Le saint pape avait encore une tendre charité pour les malheureux. Ayant appris que des marchands vénitiens avaient acheté des esclaves à Rome pour les revendre aux Maures d'Afrique, il leur reprocha d'abord un trafic si injurieux à l'humanité et à la religion, et paya ensuite la somme qu'on lui demanda pour rendre la liberté à tous ces esclaves. Il orna la ville de Rome de plusieurs églises magnifiques, fit un grand nombre de fondations en faveur des pauvres et des pèlerins, et assigna un revenu annuel et fort considérable pour l'entretien des lampes de l'église de Saint-Pierre. Il mourut l'an 752.

Ne pas avancer, c'est reculer.  Le progrès ne consiste pas dans la multiplication des exercices, mais dans l'accroissement de la fidélité et de la ferveur. 2° Recommencer tous les jours, et ne se décourager jamais, c'est le moyen infaillible de devenir parfait.

Saint Abraham ermite - 16 mars.

PENSEE «  Il n'est pas étonnant qu'on soit renversé à terre dans le combat ; mais il est honteux de ne pas se relever. Bannissez le découragement : tous les hommes peuvent faire des chutes; c'est une suite de leur faiblesse. Pensez seulement à implorer le secours de la grâce » (S. Abraham).

PRATIQUE. Ayez une grande défiance de vous-même et une pleine confiance en Dieu.

PRIEZ pour la persévérance des justes.

ORAISON.

Seigneur, qui êtes le Sauveur et le gardien de ceux qui vous cherchent, et qui avez fait la grâce au bienheureux Abraham de renoncer au monde et de se réfugier sous vos ailes, pour ne prendre point part à la corruption du siècle : faites que par son intercession votre peuple se garantisse du souffle contagieux du malin esprit, et s'attache à vous comme à son unique maitre. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
A Ravenne, saint Agapit, évêque.
Cologne, saint Héribertévêque.

Saint Abraham naquit aux environs d'Edesse, et reçut de ses nobles et pieux parents une excellente éducation. Il aurait voulu ne point se marier ; mais il le fit pour obéir à ses parents. Cependant, après la célébration de ses noces, il découvrit à son épouse la résolution où il était de vivre dans une continence perpétuelle. Il partit ensuite secrètement, sans doute par une inspiration de Dieu et du consentement de sa femme, se proposant de n'avoir plus rien de commun avec le monde. Cependant l'évêque d'Edesse le tira de sa solitude pour 1'ordonner prêtre et l'envoyer aux habitants d'un bourg voisin, qui était encore tout païen, et dont l'obstination avait rebuté tous les missionnaires qu'on y avait envoyés. Abra­ham ne cessa de prier, et son zèle et ses voeux furent exaucés. L'endurcissement de ce peuple indocile fut vaincu. Le saint revint à sa solitude. Ayant perdu un frère qui laissait une fille nommée Marie, il se chargea de l'élever, et lui bâtit une cellule auprès de la sienne ; mais, après vingt ans d'une vie très édifiante, la jeune solitaire, s'étant laissé séduire par un libertin, rentra dans le monde, et y passa deux ans dans le désordre. Il en coûta à son oncle bien des larmes et des fatigues pour savoir ce qu'elle était devenue. Enfin il la trouva, et eut la consolation de ramener au bercail cette brebis égarée. Ils moururent l'un et l'autre de la mort des Saints vers l'an 350.

S'il y a des dangers partout, partout aussi il y des ressources.  L'homme, quelque part qu'il aille, se porte lui-même, et est à lui-même son plus dangereux ennemi mais aussi, s'il s'attache à Dieu, Dieu est sa force, et il n'est pas de lieu où il ne le trouve toujours présent. 2° « Les Anges dit saint Grégoire le Grand, portent avec eux leur paradis, quelque part que Dieu les envoie, parce qu'ils ne cessent jamais de lui être unis, et que, demeurant toujours dans le sein de son immensité, ils exercent leur ministère dans le sanctuaire de sa divinité. »

Saint Patrice apôtre d'irlande - 17 mars.

PENSEE. S'il est vrai que les vertus des enfants rejaillissent de tout leur éclat sur les pères, quelle gloire pour saint Patrice d'avoir été le fondateur d'une Eglise qui fut, durant tant de siècles, si féconde en héros chrétiens, et qui, dans ces derniers temps encore, se montre si ardente à conserver le dépôt de la foi, malgré toutes les persécutions que l'hérésie lui suscite

PRATIQUE. Bénissez Dieu du bienfait de la foi.

PRIEZ pour l'affranchissement des catholiques d'Irlande.

ORAISON.

O Dieu, qui avez daigné envoyer le bienheureux Patrice, votre confesseur et pontife, pour prêcher votre gloire aux peuples d'Irlande, accordez-nous, par ses mérites et son intercession, de pouvoir accomplir, avec l'aide de votre grâce, ce que vous nous ordonnez. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Châlons-sur-Saône, saint Agricole, évêque.

En Brabant, sainte Gertrude, vierge.

 

Saint Patrice naquit, vers la fin du IVe siècle, dans un village de la Grande-Bretagne. Ses parents étaient de bonne famille, et l'élevèrent chrétiennement. A l'âge de seize ans, une troupe de barbares l'enlevèrent de son pays avec plusieurs vassaux de son père, et l'amenèrent en Irlande, où il fut réduit à garder les troupeaux sur les montagnes et dans les forêts. Dans cette cruelle position, il eut beaucoup à souffrir, et il souffrit en chrétien. Il passait en prières une grande partie de la nuit et du jour, et demandait surtout à Dieu cet esprit de religion qui fait supporter les épreuves avec patience et même avec joie. La Providence le délivra au moment où il y pensait le moins , et le ramena en Angleterre au bout de quelques années. Ensuite on le fit diacre, prêtre, puis évêque, pour aller annoncer l'Evangile aux Irlandais. Patrice, sans reculer devant les difficultés et les dangers même de cette mission, passa en Irlande, parcourut toute cette île, où l'idolâtrie régnait presque universellement. Ses prédications y produisirent de merveilleux effets, et l'Irlande fut bientôt convertie à la foi, et devint une pépinière de Saints pour le ciel. Après bien des persécutions, qui ne manquèrent point de venir entraver les belles oeuvres qu'il fonda, il mourut paisiblement vers l'an 464.

Ce qui fait l'homme apostolique!...  Il en est qui composent des sermons avec autant d'art que d'esprit, et qui possèdent dans un degré supérieur le talent de charmer les oreilles par les ressources de l'éloquence. Dieu ne réprouve pas ces moyens, mais il ne les bénit qu'autant qu'ils sont rapportés à sa gloire, et pour cela il faut être homme d'oraison avant d'être prédicateur. 2° Il en est qui entendent la parole de Dieu parce que cela les amuse ou pique leur curiosité. On conçoit assez qu'un homme apostolique perdrait son temps à parler à ce genre d'auditeurs, s'il ne leur tenait le langage le plus simple et le plus substantiel.

Saint Cyrille archevêque de Jérusalem – 18 mars.

PENSEE. Les peuples fidèles ont l'oeil sur ceux qui sont chargés de les conduire, à la lueur du flambeau de la foi dans les sentiers de la vertu. Ils en attendent des exemples saints qui sanctionnent des leçons de justice et de vérité.

PRATIQUE. Prenez garde que votre conduite ne soit en contradiction avec vos paroles.

PRIEZ pour les pasteurs des âmes.

ORAISON.

Répandez dans votre Eglise Seigneur, l'esprit dont était animé le bienheureux Cyrille dans l'exercice de son ministère sacré; afin qu'en étant remplit comme lui, nous nous appliquions à aimer ce qu'il a aimé, et à pratiquer ce qu'il a enseigné. Par J.-C. N. S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN,

A Augsbourg, saint Narcisse. évêque.

En Angleterre, saint Edouard, roi.

 

Saint Cyrille naquit, vers l'an 315, aux environs de Jérusalem. II s'appliqua de bonne heure à l'étude des divines Ecritures, et il se les rendit si familières, que la plupart de ses discours ne sont qu'un tissu de passages ou d'allusions à divers endroits des Livres saints. Il puisa une connaissance parfaite de la doctrine de l'Eglise dans les écrits des Pères qui l'avaient précédé; il lut aussi les écrits des philosophes païens, persuadé qu'il y trouverait des armes pour combattre l'idolâtrie avec succès. Cette érudition prodigieuse engagea Maxime, évêque de Jérusalem, à lui confier le ministère de la parole dans son Eglise et l'instruction des catéchumènes. Cyrille s'acquitta de ces différentes fonctions avec une telle réputation, qu'on le jugea digne de succéder à Maxime. Il fut témoin oculaire du prodige fameux qui déconcerta la mesure que Julien l'Apostat avait prise pour démentir la prophétie de Jésus-Christ contre le temple de Jérusalem. Son attachement inviolable à la foi catholique lui valut bien des persécutions de la part des ariens et des ennemis de Dieu. Il fut exilé deux fois, et, de retour au milieu de son troupeau, il travailla à rétablir la paix troublée par le schisme et l'hérésie. En 381, il assista au concile de Constantinople, et mourut cinq ans après.

Le quatrième précepte 1° oblige les inférieurs à respecter leurs supérieurs, et à leur obéir. Ce précepte est comme le ciment qui lie les hommes dans la société. 2° Mais il oblige aussi les supérieurs à aimer leurs inférieurs, et à les gouverner avec équité, avec douceur, avec prudence ; sans cela, le mal viendrait de plus haut, et n'en serait que plus  grave.

Saint Joseph - 19 mars.

PENSÉE. « J'ai choisi le glorieux saint Joseph pour mon patron, et me recommande à lui en toutes choses. Je ne me souviens pas d'avoir jamais rien demandé à Dieu par son intercession, que je ne l'aie obtenu. Jamais je n'ai connu personne qui l'ait invoqué sans faire des progrès notables dans la vertu »  (sainte Thérèse).

PRATIQUE. Exercez-vous à vivre de la vie intérieure; Joseph en est un modèle parfait.

PRIEZ pour demander la grâce d'une bonne mort.

ORAISON.

Assistez-nous, Seigneur, par les mérites de l'Époux de votre très sainte Mère; afin que son intercession nous obtienne les grâces que nous ne pouvons obtenir par nous-mêmes. Nous vous le demandons à vous, qui vivez et régnez avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Gand, saint Landoald, prêtre.

A Smyrne, saint Germanicus, martyr.

 

Saint Joseph descendait en droite ligne des plus grands rois de Juda et des plus illustres d'entre les anciens Patriarches; mais il tire sa principale gloire de ses vertus, de son humilité, et des fonctions sublimes  qu'il eut a remplir auprès de l'auguste Vierge Mère de Dieu, et auprès du Sauveur du monde. Sa famille était déchue de son éclat, et il était réduit à exercer la profession de charpentier .L'Evangile ne nous dit qu'un mot de ce digne époux de Marie : C'était un homme juste! Il est aisé de comprendre toute l'étendue de ce court éloge que lui donne l'Esprit-Saint. Saint Jérôme assure que saint Joseph a toujours été vierge, et il est constant qu'après avoir été uni à sa très sainte épouse il vécut toujours dans la plus parfaite continence. Le ciel avait présidé à un mariage qui entrait dans l'accomplissement de ses desseins. Marie en devenant miraculeusement mère, n'avait plus rien à craindre de la calomnie pour son honneur. Elle trouvait en outre, dans Joseph, un aide, un compagnon, un consolateur. Que de grâces inondèrent la belle âme du fidèle gardien de Jésus et de Marie .La plus précieuse fut sans doute celle de mourir entre leurs bras. Aussi réclame-t-on spécialement son assistance pour obtenir de mourir d'une bonne mort.

Quelle vie que celle que menaient Marie et Joseph dans leur pauvre cabane à Nazareth! 1°Toujours ils jouissaient de l'aimable présence de Jésus ; toujours ils brûlaient pour lui de l'amour le plus tendre; toujours ils travaillaient et vivaient pour lui. O vie vraiment céleste! O conversation toute divine! O anticipation de la bienheureuse éternité !2°Nous pouvons malgré notre faiblesse, imiter. Marie et Joseph, et participer, jusqu'à un certain point, à leur bonheur, en marchant sans cesse dans la présence de Dieu, et en contractant la sainte habitude de converser souvent avec Jésus, et de réfléchir sur son infinie bonté pour allumer en nous le feu sacré de son amour.

Saint Wulfran évêque - 20 mars.

PENSÉE. Le propre de la contemplation est d'élever l'âme au-dessus des sens, et de lui découvrir un nouveau monde dont les richesses et la beauté la ravissent hors d'elle-même.

PRATIQUE. Ayez une estime particulière pour les vrais serviteurs de Dieu, pour ceux que vous voyez animés d'un généreux dévouement pour sa gloire.

PRIEZ que Dieu vous remplisse du zèle de sa gloire.

 

ORAISON.

O Dieu, qui êtes la lumière des fidèles et le pasteur des âmes, et qui avez donné à votre Eglise le bienheureux évêque Wulfran, afin qu'il distribuât à vos brebis le pain de la parole, et qu'il les formât par ses exemples : accordez-nous, par son intercession, la grâce de conserver la foi qu'il a prêchée, et de suivre la route dans laquelle il a marché. Par  J.-C.N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

En Judée, S. Joachim, père de la bienheureuse Vierge Marie.
A Apollonie, saint Nicétas, évêque.

 

Saint Wulfran était fils d'un officier qui servait dans les armées du roi Dagobert. Il passa quelques années à la cour sous Clotaire III et sainte Bathilde, sa mère; mais il n'échoua point contre les écueils où la vertu des courtisans fait si souvent naufrage. Il sut allier les devoirs de son état avec la pratique des maximes de l'Evangile. Il avait une estime particulière pour les vrais serviteurs de Dieu. Ayant été élevé sur !e siège de Sens en 682, il se livra tout entier aux fonctions de l'épiscopat ; mais à peine eut-il gouverné son diocèse deux ans et demi, qu'il résolut de le quitter pour aller prêcher la foi dans la Frise, à l'exemple de plusieurs missionnaires anglais qui travaillaient de ce côté-là. Il s'y rendit donc après avoir fait une retraite, et ses prédications eurent les plus heureux succès. Après avoir gagné ce pays à la foi de Jésus-Christ, Wulfran se retira au Monastère de Saint-Vaudrille , où il mourut en 720. — Saint Wulfran est patron d'Abbeville, où ses reliques furent transférées au commencement du XIIIe siècle.

La bénédiction d'un bon prêtre; 1°reçue avec foi, porte des fruits de conversion de sanctification, de joie céleste. 2° Méprisée, elle laisse l'homme dans l'endurcissement, dans le vice, dans l'inquiétude, 3° Ne temporisez jamais à faire valoir une grâce que Dieu vous prodigue aujourd'hui ; car il vous la retirera demain, si vous ne vous mettez en mesure d'en faire un  bon usage.

Saint Benoit abbé - 21 mars.

PENSÉE. Il est des tentations que l'on peut combattre de front ; mais il en est d'autres dont on ne triomphe qu'en fuyant. Et encore, comme on ne peut se fuir soi-même, il faut joindre à la retraite la mortification et la prière.

PRATIQUE. Considérez bien quelles sont pour vous les occasions qui vous exposent à pécher, et prenez la ferme résolution de les éviter.

PRIEZ pour les religieux et les religieuses.

 

ORAISON.

Que l'intercession du bienheureux Benoît, abbé, nous soit favorable près de vous, Seigneur, afin que nous obtenions, par sa protection, ce qui serait refusé à nos mérites. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Catane, saint Bérylle, évêque.

A Alexandrie, saint Sérapion, anachorète et évêque.

 

Saint Benoit, cet illustre patriarche des moines de  l'Occident, naquit vers l'an 480 à Norcia en Ombrie. Ses parents l'envoyèrent jeune encore à Rome pour  y faire ses études. La crainte d'y perdre son innocence parmi une jeunesse peu retenue dans ses moeurs, le détermina à fuir le monde, et à se retirer dans une grotte, où il vécut inconnu pendant trois ans. Il y fut assailli de tentations fort délicates; mais son courage à les repousser, jusqu'à se rouler dans les ronces et les épines, l'en délivra pour toujours, Cependant le secret de sa retraite finit par se divulguer, et la réputation de sa sainteté engagea les religieux d'un monastère voisin à le prendre malgré lui pour abbé. Mais, comme il voulut entreprendre de les réformer, ils commencèrent à murmurer, et, passant promptement du mécontentement à la haine, quelques-uns résolurent de se défaire de lui , et ils lui servirent un breuvage empoisonné. Le saint fit le signe de la croix, et le vase se rompit. Il retourna dans la solitude. Mais, comme on accourait à lui de toutes parts se ranger sons sa conduite, il fonda plusieurs monastères. Le plus célèbre fut celui du Mont-Cassin, qu'on peut considérer comme le berceau de ce grand ordre qui a donné tant de saints à 1'Eglise. Saint Benoit mourut,: plein des vertus les plus sublimes, l'an 543.

De la solitude intérieure. 1°. Un homme peut être seul sans posséder le grand art de demeurer avec lui-même dans la solitude. Tels sont ceux qui, après s'être séparés du monde, laissent errer leur imagination sur mille objets où le monde vient se refléter.2°. D'abord on s'en trouve dissipé, puis le coeur s'éprend, et on finit par des désirs frivoles et souvent criminels. 3° Ayez donc toujours Dieu en vue  pour exciter votre amour ; et, d'un autre côté, considérez vos misères et votre néant pour vous humilier.

Sainte Catherine veuve - 22 mars.

ENSÉE. O mon Dieu, je possède tout en vous possédant ! Ayant votre amour, qu'ai-je besoin des biens d'ici-bas? Que peut-il manquer à mon bonheur? Il n'y a de vraiment malheureux en ce monde que ceux qui vous abandonnent, vous, dont notre âme ne peut se passer.

PRATIQUE. Purifiez sans cesse votre coeur par des actes de contrition, pour mériter de vous unir plus étroitement à Dieu.

PRIEZ pour les âmes désireuses de leur perfection.

ORAISON.

Exaucez-nous, ô Dieu, qui êtes notre salut; afin que, nous réjouissant à l'occasion de la fête de la bienheureuse Catherine, nous en obtenions aussi un surcroit de piété. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Carthage, saint Octavien, archidiacre.

A Troyes, saint Carmélien, évêque.

 

Sainte Catherine était fille de sainte Brigitte et d'Ulphon, prince de Néricie en Suède. L'amour de Dieu sembla prévenir en elle l'usage de la raison. Ses parents l'envoyèrent, à l'âge de sept ans, au monastère de Risberg , pour y être élevée dans la pratique des vertus chrétiennes. Elle fut ensuite mariée à Edgard, jeune seigneur rempli de piété. Les deux époux s'engagèrent d'un mutuel consentement à garder la continence, et le ciel prit plaisir à les combler de ses plus précieuses faveurs. Ils avaient tous les deux les mêmes inclinations et les mêmes désirs, et ils s'excitaient mutuellement à la prière, à la mortification, et à la pratique des oeuvres de charité. Après la mort de son père, Catherine, qui avait une grande dévotion pour Jésus crucifié et pour les reliques des Saints, accompagna sa mère dans le voyage qu'elle fit à la terre sainte et en d'autres lieux de piété. Celle-ci étant morte à Rome, Catherine retourna en Suède. et se retira dans le monastère de Watzen, dont elle mourut abbesse en 1381. Durant les vingt-cinq dernières années de sa vie, elle ne passa aucun jour sans se purifier, par le sacrement de pénitence, de ces fautes de fragilité qui échappent au plus juste.

Purifiez vos coeurs.1°La confession fréquente est un des moyens les plus puissants pour vous purifier et vous élever à la perfection. 2° Si, en se confessant souvent, on ne devient pas plus saint, c'est qu'on n'y apporte pas les dispositions convenables. 3° Pour vous bien confesser, faites chacune de vos confessions comme si elle devait être la dernière de votre vie.

Saint Victorien et ses compagnons martyrs - 23 mars.

PENSEE. «  Allez dire au roi que je mets ma confiance en J.-C. ; qu'ainsi il peut me condamner aux flammes, aux bêtes, ou à tel autre supplice qu'il lui plaira. Je ne consentirai jamais à me rendre coupable d'ingratitude envers le Dieu que j'ai le bonheur de connaître, et qui a versé sur moi les grâces les plus précieuses » (saint Victorien).

PRATIQUE. Souffrez avec générosité pour la justice, si la divine miséricorde vous en ménage l'occasion.

PRIEZ pour ceux que l'on traite avec injustice et sans pitié.

ORAISON.

Dieu tout-puissant et éternel, qui allumez le feu de votre amour dans les coeurs de vos Saints : donnez à nos âmes la même force de foi et, de charité dont vous avez animé votre bienheureux martyr Victorien et ses compagnons; afin qu'en nous réjouissant de leurs victoires nous profitions aussi de leurs exemples. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
En Afrique, saint Fidèle, martyr.
Limasaint Turibe, archevêque

Hunerie , roi des Vandales en Afrique, et arien furieux, voulant exterminer les catholiques de ses Etats, porta contre eux, l'an 484, les plus cruels édits. Il crut que Victorien, qu'il avait fait gouverneur de Carthage, se rendrait plus facilement que les autres ; mais il le trouva inflexible, et prêt à tout souffrir plutôt que de trahir sa foi. On employa, pour en venir à bout, les plus affreux supplices. Ce héros chrétien, après avoir lassé ses bourreaux, termina heureusement son glorieux martyre. Il fut suivi de celui de quatre autres chrétiens, qui confessèrent la foi avec la même constance. Deux d'entre eux étaient frères et s'étaient promis l'un et l'autre de mourir ensemble s'il était possible, et avaient demandé à Dieu, comme une grande faveur, la grâce d'être condamnés au même supplice. L'un d'eux, emporté par la violence du mal, demanda quelque ménagement, lorsque son frère l'avertit qu'il ne devait pas faire une pareille demande. Encouragé par ces paroles, celui qui se sentait faiblir pria au contraire d'ajouter de nouveaux tourments à ceux qu'il endurait déjà; et tous les deux lassèrent la patience  des bourreaux.

Soyez fermes chrétiens !  heureux ceux qui se font honneur de leur religion, de leur piété, de leur politesse chrétienne. 2° On n'est pas un vrai chrétien quand on n'ose point le paraître. Dieu veut que nous l'honorions, non pas seulement de coeur, mais aussi de bouche et d'action.

Saint Simon martyr - 24 mars.

PENSÉE. A quels excès ne conduisent pas l'envie et la jalousie? Ces passions haineuses sont d'autant plus dégoûtantes, qu'elles se cachent quelquefois sous le voile sacré de l'amitié, qu'elles trahissent sans retenue et sans pudeur!

PRATIQUE. Ayez horreur de la duplicité, et surtout à l'égard le ceux à qui vous accordez votre amitié.

PRIEZ pour la conversion des juifs.

ORAISON.

Accordez-nous, Seigneur, que, célébrant la fête du bienheureux Simon, votre martyr, nous soyons, par son intercession, fortifiés dans l'amour de votre nom. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Rome, saint Pigmène, prêtre et martyr,

.4 Bresse, saint Latin, évêque.

 

Saint Simon était de Trente, ville célèbre par le dernier concile général qui s'y tint au milieu du XVIe siècle, contre les protestants. L.es juifs de cette ville s'assemblèrent dans leur synagogue, le mardi de la semaine sainte de l'année 1472, pour délibérer sur les préparatifs de leur pâque qui tombait le jeudi suivant. Ils résolurent, pour assouvir leur haine contre Jésus-Christ et ses disciples, d'égorger un enfant chrétien le lendemain de leur pâque, qui était, cette année, le vendredi saint. Un médecin d'entre eux se chargea du soin de fournir la victime, et choisit, pour l'exécution de son horrible projet, le mercredi soir, temps où les chrétiens étaient à ténèbres. Ayant donc trouvé, à la porte d'une maison, un enfant seul, nommé Simon, âgé d'environ deux ans, il l'attira par des caresses perfides, et l'emmena avec lui à la synagogue. Là, par mille cruautés, on lui arracha la vie. On cite un certain nombre de saints enfants qui ont ainsi été immolés par les juifs. Ce serait cependant une calomnie de prétendre, comme quelques auteurs l'ont fait, que ces horribles cruautés avaient été de tout temps pratiquées par ce peuple, et de le rendre responsable du crime de quelques particuliers.

Tremblez devant la divine justice. 1° Le crime peut lever la tête, s'il l'ose, quand il parvient à échapper aux lois et aux châtiments qu'elles lui infligent. Il est facile de tromper l'homme, de l'abuser, de le dépouiller, de l'immoler à d'indignes passions. 2° Mais on ne peut se dérober aux regards du souverain juge : il laisse quelquefois le crime impuni pour un temps; mais le jour de la justice arrive, et il n'est point de coupable qui puisse lui échapper.

l'Annonciation - 25 mars.

PENSÉE. « C'est en ce jour que le Rédempteur du monde, vrai Dieu et vrai homme, est conçu dans le sein de Marie; c'est en ce jour que Marie reçoit le plus beau, le plus glorieux de tous les noms, celui de Mère de Dieu; c'est enfin en ce jour que s'opère le plus grand des miracles » (Gerson).

PRATIQUE. Ayez une grande dévotion à l'Angelus, prière qui se récite trois fois le jour.

PRIEZ pour les pieuses associations en l'honneur de la T. S. V.

ORAISON.

O Dieu, qui avez voulu que votre Verbe prit une chair semblable à la nôtre, dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie, au moment que l'Ange lui  annonça ce mystère : accordez à nos prières que, comme nous croyons qu'elle est véritablement Mère de Dieu, nous soyons aidés auprès de vous par son intercession. Nous vous le demandons par le même  J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

Laodicee, saint Pélage. évêque.

En Angleterre, saint William, martyr.

 

Cette grande fête tire son nom de l'heureuse nouvelle de l'Incarnation du- Fils de Dieu, que l'ange Gabriel vint apporter à Marie. La vue de l'Ange causa d'abord quelque alarme à la modestie incomparable de la plus pure des Vierges;mais Gabriel la rassura, en lui faisant connaitre que le mystère qui devait s'opérer en elle, loin de flétrir la fleur de sa virginité, ne ferait qu'en relever l'éclat; et, pour confirmer les promesses qu'il lui faisait de la part de Dieu, il lui cita l'exemple récent d'Elisabeth, cousine, qui avait conçu dans sa vieillesse et malgré sa stérilité. Marie, pleine de foi, s'anéantit devant Dieu. Voici, dit-elle, la servante du Seigneur! Que tout ce que vous m'avez annoncé s'accomplisse selon sa divine volonté! Aussitôt que Marie eut donné son consentement, le mystère promis à la terre depuis tant de siècles, attendu par tant de justes, prédit par tant de prophètes comme le salut des pécheurs, s'accomplit dans son chaste sein. Le Verbe divin, y prit un corps et une âme semblables aux nôtres, Dieu eut un adorateur d'une dignité infinie; le monde ; un médiateur tout-puissant ; et Marie parut la femme bénie entre toutes les femmes, l'espérance de l'humanité et la  porte du Ciel!

Qu'est-ce que la solide dévotion à Marie?  L'éminente dignité à laquelle Marie est élevée nous inspire sans doute une grande confiance dans son intercession;  mais en vain prétendrions-nous qu'elle nous sera favorable, si nous n'imitons ses vertus, et surtout sa pureté et son humilité. 2° De toutes les vertus, il n'y en a point qui attire plus efficacement le Saint-Esprit que la pureté. Faut-il que le vice maudit qui lui est contraire soit si commun? 3° Mais la pureté, ainsi que les autres vertus, ne peut subsister sans l'humilité, qui en est tout à la fois le fondement et la gardienne. Sans elle, en effet, l'édifice du salut, ne portant plus que sur le sable, ne pourra résister à la fureur des vents et à la violence des orages.

Saint Ludger évêque - 26 mars

PENSEE. Se laisserait-on aller aussi facilement à la négligence et aux distractions dans les prières, si l'on était bien pénétré de la majesté du Dieu à qui l'on parle, et de l'étendue de la misère pour laquelle nous implorons sa miséricorde?

PRATIQUE. Avant de commencer vos prières, mettez-vous bien dans la présence de Dieu, et pensez à ce que vous êtes devant lui!...

PRIEZ pour les séminaristes.

 

ORAISON.

Accordez-nous, ô Dieu tout-puissant, que la pieuse solennité de la fête du bienheureux Ludger, votre confesseur et pontife, augmente en nous et la dévotion et les mérites pour le ciel. Par J.-C. N.S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Rome, saint Castule, martyr.

A Alexandrie, saint Eutique, martyr.

 

Saint Ludger, d'une des premières familles de Frise, naquit vers l'an 743. Son père, se conformant à ses désirs, l'envoya jeune encore à Utrecht pour y être élevé, dans la science des Saints et dans l'étude des belles-lettres, par saint Grégoire, disciple et successeur de saint Boniface, apôtre de ce pays. De là il vint à York, où il étudia sous le célèbre Alcuin, avec tant de succès que ce grand homme en parlait comme d'un génie extraordinaire. Avare de son temps, il n'en perdait pas la plus petite partie ; en partageait tous les moments entre les exercices de la religion et l'étude de l'Écriture et des Pères. Ludger retourna à Utrecht, et fut fait prêtre. Il travailla d'abord dans son pays; et son zèle y produisit les fruits les plus abondants. Elevé ensuite  sur le siège de Munster, il l'honora par une conduite tout épiscopale, et par l'éclat des miracles et des prophéties. Il fut desservi et calomnié auprès de Charlemagne ; mais la divine Providence permit que sa piété touchât le religieux prince, qui le dispensa de se justifier et le combla d'honneurs. Il mourut l'an 809.

Pourquoi si peu d'attention et de l'erreur dans la maison de Dieu ? Les Saints gardaient un silence respectueux qui prenait sa source dans le sentiment intime dé la présence le Dieu: 2° Ne semble-t-il pas que nos temples soient devenus des lieux profanés, où il est permis de tenir les discours les plus frivoles? 3°. Comment, après cela, voudriez-vous que Dieu vous exauçât? Ne craignez-vous pas de l'irriter par des prières dérisoires?

Saint Jean ermite - 27 mars.

PENSEE. Plus on aime à converser avec les hommes, plus on perd le goût des choses de Dieu. Ne voyons les hommes pour Dieu, et nous les verrons sans danger. Ne les voir que pour s'amuser, c'est montrer que Dieu n'est pas le maître votre coeur.

PRATIQUE. Sanctifiez les visites que la bienséance vous commande.

PRIEZ pour vos amis.

ORAISON.

Seigneur, qui êtes le Sauveur et le gardien ceux qui vous cherchent, et qui avez fait la grâce au bienheureux Jean de renoncer au monde et de réfugier sous vos ailes , pour ne prendre point part à la corruption du siècle : faites, par son intercession, que votre peuple se garantisse du souffle contagieux du démon, et qu'il s'attache à vous avec un coeur pur, comme à son unique maitre, qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Salzbourg saint Rupert, évêque.—Sainte Lydie, martyr.

 

Saint Jean, né vers l'an 305, était d'une extraction fort basse, et apprit dans son enfance le métier de charpentier. Il quitta le siècle à l'âge de vingt-cinq ans, et se mit sous la conduite d'un saint anachorète, qui, pour l'exercer dans la pratique de l'obéissance et de l'humilité, lui ordonnait quelquefois des choses qui paraîtraient ridicules aux yeux du monde. C'est à son extrême docilité que Cassien attribue les grâces extraordinaires dont Dieu le favorisa dans la suite. Après la mort de son maître, s'étant retiré sur le haut d'un rocher, dans une cellule dont il fit murer la porte, il répandit un tel éclat de sainteté, multitude de personnes de tout rang s'empressaient de venir lui demander des conseils. Ses avis étaient pleins de sagesse, et d'autant plus efficaces, qu'il découvrait avec un prodigieux  discernement les sentiments les plus cachés de ceux qui venaient à lui. Ce don de prophétie s'étendait même aux événements de la politique, et il prédit à  Théodose les victoires qu'il remporta sur les tyrans Maxime et Eugène; enfin il prédit sa propre mort, qui arriva l'an 394.

Heureux celui qui a le courage de fuir le monde, dans le dessein de se consacrer: aux larmes de la pénitence et à la contemplation des choses célestes. ! 1°Il trouvera dans la retraite une source intarissable de douceurs et de consolations, qui ne sont connues que de, ceux qui en font l'épreuve. Sa plus chère occupation sera de louer et de remercier le Seigneur, qui lui communique par anticipation la félicité des Saints. 2° Concentré en lui-même, il n'aura d'autres soins que de remonter au principe de ses imperfections pour s'en corriger ; que de réprimer les saillies de ses sens par la mortification ; que de purifier les affections de sen coeur, que de bannir de son esprit toutes les pensées vaines et frivoles; que de faire, en un mot, de nouveaux progrès dans les vertus qui unissent l'âme à Dieu de la manière la plus parfaite.

Saint Gontran roi - 28 mars.

PENSÉE. Il y a plus de sagesse à savoir prévenir une faute qu'à la punir quand elle est commise, quelque prudemment qu'on le fasse. C'est là où doivent tendre les premières pensées d'un digne supérieur.

PRATIQUE. Pardonnez les injures qu'on vous fait personnellement; ne vous affligez que de l'offense de Dieu

PRIEZ pour ceux avec qui vous êtes en relation habituelle.

ORAISON.

Faites, Seigneur, par l'intercession du bienheureux Gontran, que votre peuple marche dans les sentiers de votre amour, parce que la pleine félicité est d'être continuellement occupé à vous servir, vous qui êtes l'auteur de tout bien. Nous vous en supplions par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

En Palestinesaint Prisque. martyr.

En Afrique, saint Royat, martyr.

 

Saint Gontran, fils de Clotaire 1er, roi de France, et petit-fils de Clovis et de sainte Clotilde, naquit vers l'an 525. A la mort de son père en 561 , il eut pour part les royaumes d'Orléans et de Bourgogne Ce fut pour lui une source de guerres continuelle avec ses frères Caribert et Sigebert; mais l'usage chrétien qu'il fit de ses victoires prouva que tout son ambition se bornait à rendre ses sujets heureux. Il fut le protecteur des enfants de ses frères, qui coururent souvent de grands dangers, et, comme d'ailleurs il puisait dans la religion les vrais principes d'un gouvernement juste, pacifique et bien faisant, son règne fut accompagné d'une prospérité constante dans la paix et dans la guerre. Si, par une suite de la barbarie de ces temps grossiers, on eut quelques fautes à lui reprocher, il les effaça depuis par la pénitence et par la pratique des bonnes oeuvres. Il honorait les évêques comme ses pères, les consultait comme ses maîtres. Il fonda un grand nombre d'églises et de monastères. Sa charité pour les malheureux était immense; elle éclata surtout dans un temps de famine, où , non content de répandre de larges aumônes, il tâchait, par ses jeûnes et ses prières, de fléchir la colère céleste. Son amour pour la justice le portait à prévenir les désordres par de sages règlements. Ce bon prince mourut en 593.

Toute vraie politique, comme toute vraie philosophie a sa source dans la vraie religion. 1° Qu'ils se trompent ces profanes, qui s'imaginent que les lois de la politique ne peuvent s'allier avec les maximes de l'Evangile! 2 Qu'on jette les yeux sur l'histoire, dans tous les siècles, et l'on reconnaîtra facilement qu'un Etat n'est jamais plus florissant que quand la religion est le mobile de ceux qui gouvernent.

Saint Jonas et ses compagnes martyrs - 29 mars.

PENSÉE. Ne vaut-il pas mieux semer le blé que de le laisser se gâter dans un grenier, sous prétexte de le préserver des pluies et des orages? Or, cette vie est comme une semence que l'on jette sur la terre; elle produira dans le monde à venir, où J.-C. la renouvellera dans une gloire immortelle.

PRATIQUE. Ne mettez point de délai dans le service de Dieu : faites promptement ce que vous avez à faire.

PRIEZ pour les personnes lentes et portées à la paresse.

ORAISON.

Dieu tout-puissant et éternel, qui allumez le feu de votre amour dans les coeurs de vos Saints : donnez à nos  âmes les mêmes sentiments de foi et de charité dont vous avez animé votre bienheureux, martyr Jonas et ses compagnons; afin qu'en nous réjouissant de leurs victoires nous profitions de leurs exemples. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
A Nicomédie, saint Pasteur, martyr.
A Clermont en Auvergne, saint Linguin, martyr.
Il s'éleva une cruelle persécution contre les chrétiens de Perse dans la dix-huitième année du règne de Sapor. Ce n'étaient partout que ruisseaux de sang, que ruines d'églises et de monastères. Jonas et Barachise, tous deux frères, de la ville de Béthasa ayant appris que plusieurs fidèles devaient être exécutés à Hubaham, y coururent aussitôt dans le dessein de les servir et de les encourager .Neuf d'entre eux reçurent la couronne du martyre. Immédiatement après l'exécution de ces neuf chrétiens, Jonas et Barachise, qui les avaient exhortés à mourir plutôt que de renoncer à leur foi, furent arrêtés et conduits devant le juge. Celui-ci leur fit les plus vives instances pour les porter à obéir au roi de Perse, et à adorer le soleil, la lune, le feu et l'eau. Il est plus juste, répondirent les saints, d'obéir au roi immortel du ciel et de la terre qu'à un prince sujet à la mort. Le juge et ses magistrats qui l'assistaient, irrités d'entendre donner à leur roi le titre de mortel, furent d'avis qu'on séparât le deux confesseurs, et qu'on essayât de les vaincre par des supplices. différents. Ils résistèrent avec générosité, rendant gloire à Dieu et à Jésus-Christ au milieu des cruautés qu'on leur fit subir, et, après avoir fatigué leurs bourreaux; ils consommèrent leur martyre l'an 327.                   

Qu'est-ce que Dieu demande-de nous dans les épreuves 1° Que nous les recevions, avec joie, du moins avec résignation et avec patience. 2° Combien perdent le fruit qu'ils pourraient retirer de telle maladie ou de telle affliction ? 3° Aveugles, ils ne voient pas que le désir trop ardent de leur santé ou d'une position meilleure ne vient que des impatiences de l'amour-propre. S'ils sentaient le prix des souffrances, il y aurait chez eux plus de calme et moins d'inquiétude sous le coup qui les frappe.

Saint Jean Climaque - 30 mars.

PENSEE. « Mon Dieu, je ne prétends rien sur la terre, sinon de vous être si fortement uni par la prière, que je ne puisse jamais être séparé de vous. Que les autres désirent les richesses et la gloire; pour moi, je ne désire qu'une chose, c'est de vous être inséparablement uni, et de mettre en vous seul toute l'espérance de mon bonheur et de mon repos » (S. Jean Climaque

PRATIQUE. Concevez un juste mépris des biens de ce monde; et ne vous en servez que comme d'un emprunt fait à Dieu.

PRIEZ pour les âmes pénitentes.

ORAISON.

Faites, Seigneur, que nous soyons secourus par l'intercession du bienheureux Jean, abbé ; afin que celui dont vous vous êtes servi pour nous instruire de la perfection évangélique, nous obtienne le secours qui nous est nécessaire pour arriver au salut éternel. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Rome, saint Quirin, tribun et martyr.

Syracuse, saint Zozime, évêque.

 

Saint Jean Climaque, que l'on croit originaire de la Palestine, naquit vers l'an 525. Il fut élevé avec soin, et les progrès qu'il fit dans les sciences lui acquirent une grande réputation de savoir. Mais à peine eut-il atteint l'âge de seize ans, qu'il sacrifia tous les avantages qu'il pouvait espérer du monde. Il se retira sur le mont Sinaï, où plusieurs solitaires menaient une vie angélique ; et pour éviter tout salut de distraction, il voulut vivre dans un ermitage écarté, où il se mit sous la conduite d'un vénérable vieillard nommé Martyrius. Un silence rigoureux fut le moyen qu'il employa pour se garantir d'un vice ordinaire aux personnes habiles, c'est-à-dire de cette démangeaison de parler de tout, qui provient d'une vanité secrète. Humble d'esprit et de coeur, il faisait le sacrifice de ses lumières, sans contredire ni disputer. Il s'assurait par l'obéissance le mérite de ses actions, et il observait avec attention tous les mouvements de la grâce, pour y correspondre  avec fidélité. Il finit par embrasser la vie monastique. Sa sagesse et son expérience le firent élire supérieur général de tous les moines et solitaires du  mont Sinaï. On n'eut qu'à se louer de son gouvernement. Pour perpétuer le fruit de ses salutaires instructions, on l'engagea à écrire son Echelle sainte, .Il ne tarda pas ensuite à se démettre de sa charge, et il retourna dans sa première solitude, où il mourut un an après, en 695

Que la charité est admirable! 1° Un enfant prend moins de plaisir à se bercer dans les bras d'une tendre mère, que n'en prend un véritable enfant de la charité à être toujours uni à Dieu et comme dans le sein de N.-S. et du Père céleste. 2° La joie que les personnes vraiment charitables ont dans leur coeur rejaillit sur leur visage, et Dieu fait refléter dans leur extérieur, comme dans la glace d'un miroir, l'éclat et la sérénité de leur âme.

manquant - 31 mars.