Carmel

Janvier

Selon une coutume des Carmels, au début de chaque mois, les religieuses tiraient d'une corbeille posée sur les marches du choeur, un billet portant le nom d'un saint patron protecteur pour le mois, à découvrir et à vénérer spécialement. Voici le texte de ces billets du temps de Thérèse. 

feuillet du premier jour du mois - 8 cm. X 12,8 cm.

La circoncision - 1er janvier.

PENSÉE. Le temps passe ; la mort arrive ! Songez à l'unique chose, nécessaire, votre salut. «  Les holocaustes ne vous étaient point agréables, alors j'ai dit : Voici que je viens pour accomplir votre volonté, ô mon Dieu. »

PRATIQUE. Ne cherchez en toutes choses que l'accomplissement de la volonté divine, préférant toujours le Créateur à la créature.

PRIEZ le Seigneur que cette nouvelle année vous voie croitre en vertus et en mérites devant Dieu.

ORAISON.

O Dieu, qui vous étant fait homme avez voulu être circoncis en ce jour, et recevoir le nom de Sauveur, faites que, renonçant aux oeuvres de la chair, nous obtenions la récompense du salut éternel par l'invocation de votre saint nom ; vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
A Alexandrie, sainte Euphrosine, vierge
En Afrique, saint Fulgence, évêque.

La circoncision, dont l'origine était antérieure de plusieurs siècles à la promulgation de la loi de Moïse, fut ordonnée à Abraham sous des peines très rigoureuses. Le précepte de cette cérémonie était fondé sur trois raisons principales : elle devait être d'abord le sceau de l'alliance que le Seigneur daignait contracter avec le peuple choisi ; et puis, un signe qui distinguât des autres peuples de la terre les descendants du saint patriarche; enfin, un gage des bénédictions promises, dans la personne d'Abraham, à tous ceux qui observeraient fidèlement les ordonnances du Seigneur. Jésus-Christ n'était aucunement assujetti à cette loi, pas plus qu'aux autres observances judaïques; mais, comme il venait pour apprendre aux hommes à garder les commandements de Dieu d'une manière plus parfaite, il a voulu s'y soumettre pour accomplir toute justice. Par là aussi, d'esclaves, il nous a rendus libres et propres à recevoir l'adoption des enfants de Dieu dans le baptême qu'il a institué pour cet effet. Il est évident par plusieurs passages des saintes Ecritures que la circoncision du corps n'était que le symbole de la circoncision du coeur qui consiste dans le retranchement des passions déréglées. Nous ne pouvons donc mieux honorer les prémices du sang adorable que le Sauveur verse aujourd'hui pour nous, ni mieux sanctifier le commencement de cette nouvelle année, qu'en prenant la ferme résolution de combattre sans relâche celle de nos inclinations vicieuses que nous savons par expérience nous avoir été la plus funeste.

Trois moyens de vaincre la passion dominante : 1° S'examiner tous les jours sur les fautes auxquelles elle nous expose, et s'en humilier. 2° S'abstenir de tout ce qui peut l'entretenir, et s'exercer à des actes contraires. 3°. Enfin prier Dieu de nous venir en aide et de nous accorder la grâce de la maîtriser chaque jour de plus en plus.

Saint Macaire - 2 janvier.

PENSÉE. Avez-vous un règlement de vie ? exercez-vous le suivre avec une exactitude toujours plus parfaite. Si vous n'en avez pas, donnez-vous-en un qui vous guide.

PRATIQUE. Proposez-vous d'imiter les Saints, surtout dans leur esprit de régularité et leur amour de la retraite.

PRIEZ pour les personnes appelées à une vie de solitude et de contemplation.

ORAISON.

O Dieu, dont la grâce a soutenu saint Macaire, abbé, dans sa constante générosité à suivre J.-C. pauvre et à imiter J.-C. humble de coeur : accordez à tous ceux qui ont le bonheur d'être entrés dans la voie de vos commandements, la grâce de ne jamais regarder en arrière, et de ne pas s'arrêter en chemin ; mais que, courant vers vous sans faillir, ils obtiennent la vie éternelle, par le même J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
En Périgord, saint Sylvan, martyr.
A Corbie, en Picardie, saint Adelard, abbé.
Saint Macaire (le jeune) naquit à Alexandrie. Il exerça d'abord une profession bien commune ; mais encore à la fleur de l'âge, touché de la grâce, il fit un éternel divorce avec le monde pour se consacrer à Dieu sans réserve, et se retira dans les déserts de la Thébaïde. Là il s'instruisit à fond des maximes de la plus sublime vertu, sous la conduite des plus habiles maîtres de la vie spirituelle, et persévéra pendant plus de soixante ans dans les pratiques de la contemplation et de la pénitence. Cependant sa vertu fut souvent exercée par diverses tentations ; entre autres, il lui vint à l'esprit la pensée de quitter le désert, tantôt sous un prétexte, tantôt sous tel autre plus ou moins spécieux : mais sa fermeté le délivra bientôt de ces pièges inopportuns dans lesquels l'ennemi du salut essaya de l'attirer. Dieu récompensa, dès ce monde, sa courageuse fidélité par le don des miracles et du discernement des esprits, et par la connaissance des choses cachées. L'arianisme, qui désolait alors l'Eglise, le trouva également inébranlable dans sa foi, et il mérita d'être exilé pour son inviolable attachement à la doctrine catholique. Enfin, après avoir atteint une extrême vieillesse, il s'endormit dans le Seigneur, vers l'an 394.

Voulez-vous assurer votre progrès dans la perfection ? 1° Efforcez-vous d'oublier la terre, où rien n'est stable. 2°. Sachez bien que les tentations vous suivront partout, et que la paix promise par le Sauveur se trouve au milieu des tribulations, comme la rose environnée d'épines. 3° Consacrez un jour chaque mois à un recueillement plus spécial, et à un sérieux retour sur vous-mêmes.

Sainte Geneviève - 3 janvier.

PENSÉE. Mon bonheur est de m'attacher à Dieu et de mettre mon espérance dans le Seigneur.

PRATIQUE. Avisez à sanctifier vos actions les plus simples et les plus communes par mon ardent amour de Dieu.

PRIEZ pour les personnes qui ont pu vous contrister par leur impolitesse, leur injustice ou leur ingratitude à votre égard

ORAISON.

Donnez-nous, Seigneur, le même esprit de lumière et d'amour dont vous avez rempli votre fidèle servante sainte Geneviève ; afin qu'attentifs à l'imiter dans l'obéissance qui vous est due, nous vous soyons agréables par la pureté de notre foi et la pratique des bonnes oeuvres. Nous vous le demandons par les mérites de N. -S. J. -C. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
Au pays de Vimeu, en Picardie, saint Blimond, second abbé de Saint-Valery, mort vers le milieu du VII° siècle.

A Maréol, près d'Arras, sainte Bertille vierge.

 

Le village de Nanterre situé à deux lieues de Paris, eut la gloire, vers l'an 422, de donner à l'Eglise cette sainte illustre que la capitale de la France s'honore d'avoir pour patronne. Geneviève n'avait que sept ans, lorsque saint Germain, évêque d'Auxerre, allant combattre l'hérésie de Pélage dans la Grande-Bretagne, vint à Nanterre. Geneviève se trouvait avec ses parents dans la foule qui se pressait autour de lui pour recevoir sa bénédiction. Saint Germain, subitement inspiré, la discerna au milieu du peuple, et prédit sa sainteté future. Geneviève lui ayant exprimé le désir qu'elle éprouvait de vivre dans une virginité perpétuelle et de n'avoir d'autre titre que celui d'épouse de Jésus-Christ, saint Germain la mena à l'église, accompagné de tous les fidèles assemblés, et la consacra solennellement à Dieu. Sa vertu crût avec l'âge, sa mortification s'étendait à tout et son oraison était presque continuelle. Mais il fallait qu'elle fût éprouvée par le feu des tribulations. Les grâces extraordinaires qu'elle recevait du ciel la firent d'abord traiter de visionnaire et d'hypocrite. A la calomnie se joignit bientôt la persécution, et on vint même jusqu'à attenter à sa vie lorsqu'elle essaya de rassurer ses compatriotes contre les alarmes que leur causait l'approche d'Attila; mais l'événement la justifia, et un autre service important qu'elle rendit à la ville de Paris en y conduisant un convoi de vivres, tandis que Childéric la tenait assiégée, acheva de lui concilier la vénération et la confiance des Parisiens. Elle mourut l'an 512. Paris a souvent obtenu, par la puissante intercession de sainte Geneviève, des grâces signalées, d'où provient la confiance qu'elle inspire aux Parisiens.
Le triomphe de la charité chrétienne consiste : 1° non seulement à faire du bien à ses amis, 2° mais encore à ceux qui nous haïssent et nous persécutent; 3° le monde ne croit pas que cela puisse se faire loyalement, il se trompe : tous les Saints ont fait.

Saint Grégoire - 4 janvier.

PENSÉE. Pour faire le bien, souvent il ne suffit pas d'avoir de bonnes intentions, et d'agir même par obéissance et par vocation; il faut encore de la prudence et de la discrétion

PRATIQUE. Adressez vos voeux à Notre-Seigneur par la médiation de la sainte Vierge, des saints Anges et des Saints.

PRIEZ pour les prêtres : que Dieu les remplisse de l'esprit de leur saint état!

ORAISON.

Nous vous supplions, Seigneur, d'écouter les prières que nous vous adressons en la solennité de saint Grégoire, évêque et de nous accorder le pardon de nos péchés, par l'intercession de celui à qui vous avez fait la grâce de vous rendre un culte si digne de vous. Nous vous le demandons au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.
En Crète, saint Tite, évêque. — A Reims, saint Rigobert, évêque.

Grégoire était un des principaux sénateurs de la ville d'Autun. Après la mort de sa femme, il ne s'occupa plus que des exercices de la vie chrétienne. L'éclat de ses vertus l'ayant fait juger digne d'entrer dans le sanctuaire, on le plaça malgré lui sur le siège de Langres, à la cinquante-septième année de son âge. Il gouverna son Eglise avec autant de zèle que de prudence, pendant trente-trois ans; mais, pour donner plus d'efficacité aux travaux de son épiscopat, il les sanctifia par une humilité profonde, par une prière continuelle, et par les austérités de la mortification. Saint Grégoire de Tours, son arrière-petit-fils, rapporte que, non content de passer dans de fervents entretiens avec Dieu tout le temps qu'il avait de libre pendant le jour, il se levait secrètement la nuit pour aller à l'église, dont les Anges lui ouvraient les portes. Sa sollicitude embrassait à la fois les chrétiens et les païens : il arrachait les premiers à leurs désordres, et les seconds aux erreurs de l'idolâtrie. Il mourut au commencement de l'année 541, quelques jours après l'Epiphanie. Sa dévotion pour saint Bénigne, martyr et apôtre de Bourgogne, était telle, qu'il voulut être enterré auprès de son tombeau à Dijon; où il résidait souvent, et qui était alors du diocèse de Langres. Son fils Tétri­que, qui mérita par sa vertu de succéder à son père sur le siège de Langres, s'empressa d'exécuter cette pieuse et dernière volonté de son père. Il y a toute apparence que la translation des reliques de saint Grégoire se fit le 4 janvier, jour auquel le Martyrologe romain fait mémoire de lui.

Ne cessez jamais de prier: 1°. parce que vous avez un besoin continuel de la grâce 2°. parce que-Dieu n'accorde... [suite illisible]

L'épiphanie de Notre Seigneur - 6 Janvier.

PENSÉE. Pour peu que nous soyons reconnaissants envers Dieu du don de la foi et de la grâce du saint baptême, nous devons désirer pour nous, et chercher à propager parmi les autres, une connaissance plus parfaite et un amour plus généreux de N. -S. J. -C.

PRATIQUE. Ne nous décourageons pas à la vue de notre faiblesse; mettons notre confiance dans les mérites du Sauveur, qui nous fortifiera par sa grâce.

PRIEZ pour la conversion des nations infidèles.

 

ORAISON.

O Dieu, qui en ce jour, guidant les Gentils par une étoile, les amenez à la connaissance de votre Fils unique, faites que, vous connaissant déjà par les lumières de la foi, nous parvenions un jour au bonheur de vous contempler dans tout l'éclat de votre divine majesté. Par N. -S. J. -C. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Rennes en France. saint Mélanie, évêque.

A Reims, sainte Macre, vierge et martyre.

 

Le principal objet de la fête de l'Epiphanie est d'honorer la manifestation de J. -C. aux Mages. Suivant l'opinion commune, ces Mages étaient des rois de l'Orient, au nombre de trois, qui, avertis de la naissance du Sauveur par une étoile miraculeuse, se mirent aussitôt en chemin pour aller lui rendre leurs hommages. Le nouvel astre leur servit de guide jusqu'à Jérusalem. Là, l'étoile les ayant abandonnés, ils déclarèrent hautement qu'ils venaient adorer le nouveau roi des Juifs, et ils s'informèrent du lieu de sa demeure. Les docteurs consultés répondirent que celui dont ils parlaient devait naître à Bethléem. Ils s'y rendirent, trouvèrent l'enfant dans une crèche, l'adorèrent, et lui présentèrent de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Pour éviter ensuite la fureur d'Hérode que leur arrivée avait alarmé, ils s'en retournèrent dans leur pays par un autre chemin. Cette solennité doit nous être d'autant plus chère, que les Mages étaient les prémices de la gentilité, qui, par un secret jugement de Dieu, devait bientôt être substituée aux enfants d'Abraham. Aussi l'Epiphanie a-t-elle toujours été regardée comme une des principales fêtes de l'année ; et les pieux festins dont l'usage, quoique bien dégénéré de nos jours, s'est perpétué d'âge en âge, sont encore un témoignage sensible de la joie toute spirituelle qu'inspirait à nos pères le souvenir de leur vocation à la foi.

Le roi nous rend les cohéritiers de J. -C. : 1° si nous vivons comme des enfants dignes d'avoir Dieu pour père, et !a sainte Eglise pour mère ; 2° si nous sommes dociles aux leçons et fidèles à imiter les vertus de notre divin Maître et modèle ; 3° si, à la vue du ciel, nous savons mépriser la terre!

Saint Lucien, martyr - 7 Janvier.

PENSÉE. Le moyen le plus sûr d'être heureux, ce n'est pas de chercher à plaire au monde, mais de s'efforcer d'être agréable à Dieu.

PRATIQUE. Pour vous rappeler la présence de Dieu, et lui offrir votre coeur, ayez quelques petites sentences qui auront fait impression sur votre âme, et répétez-les souvent par coeur.

PRIEZ pour les personnes qui cherchent à connaître la volonté de Dieu dans leurs doutes.

ORAISON

Faites, nous vous en supplions, Dieu tout-puissant, qu'honorant la précieuse mort du bienheureux Lucien, votre martyr, nous soyons, par son intercession, fortifiés dans l'amour de votre nom. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

Au Mans, saint Aldric, évêque.

Dans le Tyrol, saint Valentin, évêque.

 

Saint Lucien était de Samosate en Syrie. Ayant perdu ses parents, jeune encore, il distribua tous ses biens aux pauvres, afin de servir Dieu dans un plus parfait détachement des choses visibles. Il substitua l'étude de l'Ecriture sainte à celle de la rhétorique et de la philosophie, dans laquelle il avait fait les progrès les plus rapides. Devenu prêtre, il ne s'occupa plus qu'à porter les autres à la vertu par ses discours et par ses exemples. Il ne s'en tint pas là: persuadé qu' un prêtre est redevable à l'Eglise de l'emploi de ses talents, il entreprit de donner une nouvelle édition des Livres saints, en corrigeant toutes les fautes qui s'étaient glissées dans le texte de l'Ancien, et du Nouveau Testament, soit par l'inexactitude des copistes, soit par la malice des hérétiques. Cette nouvelle édition mérita une estime universelle, et fut d'un grand usage à saint Jérôme. On soupçonna cependant la pureté de sa foi, à cause de sa liaison avec le parti de Paul de Samosate ; mais du moins il est certain qu'il mourut catholique. Quoique prêtre d'Antioche, ce fut à Nicomédie qu'on l'arrêta, lorsque Dioclétien y publia ses premiers édits contre les chrétiens. Conduit devant le juge, il confessa généreusement la foi, et osa même en présenter une savante apologie. Ni l'ennui de la prison, ni la cruauté des tourments n'ébranlèrent sa fermeté, et l'on ne put jamais tirer de lui que ces deux Mots : Je suis, chrétien. Il consomma son martyre l'an 312.

Lisons l'Ecriture sainte : 1° avec respect, parce que c'est la parole de Dieu ; 2° avec amour, parce qu'elle nous fait connaitre la vérité qui console; 3° avec docilité à l'Eglise, parce qu'interprétée par l'Eglise elle est la règle de nos coeurs et la voie du salut.

Saint Apollinaire évêque - 8 Janvier.

PENSÉE Que de personnes réputées pieuses, à qui cependant on pourrait demander si elles ont de la foi, tant elles ont de réserves secrètes dans le sacrifice de leur amour -propre et de leurs passions!

PRATIQUE. Imposez-vous chaque jour quelque mortification légère si vous le voulez, mais qui vous tienne en haleine dans le chemin de la vertu.

PRIEZ pour les personnes tièdes au service de Dieu.

ORAISON

Exaucez, nous vous en supplions, Seigneur, les prières que nous vous adressons dans la solennité de la fête du bienheureux Apollinaire, votre confesseur et pontife; et, connue il a été agréable à vos yeux, que ses mérites et son intercession nous obtiennent le pardon de tous nos péchés. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS OU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Metz. , saint Patient, évêque.

En Brabant,

sainte Gudule vierge, patronne de Bruxelles.

 

Claude Apollinaire, évêque d'Hiéraple en Phrygie, fut une des plus brillantes lumières du second siècle de l'Église. Nous ne savons presque rien du détail de ses actions; mais l'éloge que les anciens auteurs font de lui ne permet pas de douter qu'il n'ait eu toutes les vertus qui caractérisent les saints évêques. Les hérétiques trouvèrent toujours en lui un ennemi redoutable. Il composa de savants traités où il réfutait sans réplique leurs systèmes impies ; et, afin de leur ôter tout subterfuge, il montrait dans quelle secte de philosophes chacun d'eux avait puisé ses erreurs. Le saint pasteur, attendri sur les ravages que la persécution causait parmi son troupeau, ne se contenta pas d'en gémir devant Dieu. Il osa prendre ouvertement la défense des chrétiens dont le paganisme avait conjuré la perte entière. Il fit leur apologie, qu'il adressa à l'empereur Marc Aurèle, vers l'an 177. Il détruisait dans cet ouvrage tous les prétextes dont les idolâtres couvraient leur injuste acharnement contre les disciples de Jésus-Christ ; il implorait ensuite la clémence du prince en faveur des chrétiens qui avaient si bien servi l'empire par le secours de leurs prières, ayant obtenu du ciel une pluie miraculeuse à laquelle les Romains durent leur salut. Il parait que Marc Aurèle reçut favorablement un ouvrage si solide, et qu'il arrêta pour le moment la fureur des ennemis du christianisme ; car saint Apollinaire continua de s'appliquer avec zèle au gouvernement de son Eglise jusqu'au moment où il priait Dieu de le retirer de ce monde. On ignore l'époque de sa bienheureuse mort. 

Appliquons-nous à la pratique de la méditation: 1°. Les gens du monde la regardent comme une oeuvre de surérogation ; mais les Saints de tous les siècles l'ont jugée indispensable à quiconque veut assurer son salut ; 2° c'est pour y vaquer avec plus de liberté et de fruit, qu'ils cherchent la retraite, et se dérobent au tumulte du monde, autant que les devoirs de leur état le leur permettent.

S. Julien l'hospitalier et ses compagnons martyrs - 9 janvier.

PENSÉE. La charité n'est pas seulement une vertu spéculative, mais plutôt une vertu de fait, par laquelle on s'emploie de tout son pouvoir, de tout son crédit, de coeur et d'âme, au service du prochain.

PRATIQUE. Aimez à vous gêner pour éviter des peines aux autres; et craignez de vous réjouir jamais aux dépens d'autrui.

PRIEZ pour les pauvres et les affligés abandonnés.

ORAISON.

Nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, de nous accorder par l'intercession des bienheureux martyrs Julien et ses compagnons, la grâce de marcher dans votre amour et l'amour de nos frères; parce que c'est là le perpétuel et parfait bonheur, si nous servons fidèlement, jusqu'à la mort, l'auteur de tous biens. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

Dans la Mauritanie, sainte Marcienne, vierge et martyre

A Ancône. saint Marcellin, évêque.

 

On lit dans les Actes de saint Julien et de sainte Basilisse, qui vivaient en Egypte, et dans les anciens Martyrologes, que le jour même de leur mariage, par une inspiration particulière de l'Esprit-Saint, sans doute, ils s'engagèrent l'un et l'autre à vivre perpétuellement dans la continence. Dieu seul était l'objet de tous leurs désirs et de toutes leurs pensées ; et ce fut dans le dessein de lui plaire de plus en plus qu'ils s'assujettirent à tous les exercices de la vie ascétique. Ils consacrèrent tous leurs revenus au soulagement des pauvres et des malades ; ils firent même de leur maison une espèce d'hôpital. Il y avait des logements séparés pour les hommes et pour les femmes. Basilisse était chargée des personnes de son sexe ; et Julien, que son immense charité avait fait surnommer l'Hospitalier, avait soin des hommes. La première mourut en juin, non pas toutefois sans avoir auparavant essuyé de rudes persécutions. Julien lui survécut de plusieurs années, et reçut enfin la couronne du martyre avec Celse enfant, Antoine prêtre, Anastase, et Marcianille mère de Celse. On croit que tous ces saints souffrirent le 9 janvier 313 sous Maximin II. La fête de saint Julien se trouve marquée en un grand nombre de jours différents. On a bâti, dans bien des endroits, des hôpitaux sous l'invocation de saint Julien et de sainte Basilisse.

Pourquoi sommes-nous si peu charitables? C'est que 1° nous avons trop peu d'humilité; 2° nous n'avons pas du prochain l'estime que la foi nous inspire; 3° nous oublions ­que la charité est l'âme du christianisme et le caractère de la vraie piété.

* 10 janvier manquant * Saint Théodose, Abbé - 11 Janvier.

PENSÉE. Le monde a la souffrance en horreur : la religion domine la nature et lui montre, dans les maux de cette vie, une échelle pour monter aux cieux!

PRATIQUE. Habituez-vous à recevoir avec résignation toutes les douleurs dont la divine Providence permet que vous soyez éprouvés.

PRIEZ pour les pauvres que leur indigence expose à de dangereuses tentations.

 ORAISON.

Nous vous en supplions, Seigneur, notre Dieu, accordez-nous d'être allégés par l'intercession du bienheureux Théodose abbé ; afin qu'après avoir donné, par lui, à vos serviteurs, des leçons de perfection évangélique, vous nous ménagiez encore, par lui, les secours nécessaires pour arriver au salut éternel. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Redon en Bretagne. saint Tethvin, moine. — Saint Hortense, évêque.

 

Théodose naquit l'an 423 dans une petite ville de Cappadoce. Il eut le bonheur d'être élevé dans la piété par des parents vertueux qui le formèrent à la piété autant par leurs exemples que par leurs instructions. Son âme n'avait de goût que pour les choses de Dieu. Ayant embrassé l'état ecclésiastique, acquit une grande connaissance des saintes Ecritures qu'il lisait assidûment. La voix de Dieu l'appelait dans la retraite: avant de s'y consacrer, il résolut de visiter les lieux saints. Après avoir satisfais sa dévotion, il ne s'occupa plus que du choix de la vie qu'il embrasserait pour appartenir à Dieu sans réserve: Il se détermina d'abord pour l'institut des cénobites, comme le plus sûr pour un commençant qui a besoin des avis d'un guide sage et éclairé. Mais ensuite, redoutant le poison des éloges qu'on donnait à sa vertu, il alla se cacher dans une grotte profonde, où, détaché de tous les objets sensibles, il soumettait la chair à l'esprit par de longues veilles, par des jeûnes rigoureux, par une prière continuelle. L'éclat de sa vertu attira encore auprès de lui plusieurs personnes pressées de servir Dieu dans la retraite. Il n'en voulut d'abord recevoir que six ou sept; bientôt il en admit un plus grand nombre. La charité le fit ensuite se résoudre à ne refuser aucun de ceux dans lesquels il remarquait d'excellentes dispositions. La nécessité de penser continuellement à la mort était le sujet de la première instruction qu'il faisait à ses disciples. Sa charité pour les pauvres et les étrangers était aussi inépuisable que sa fermeté dans la foi ; les présents et les menaces ne purent jamais le détourner de l'orthodoxie. Il mourut saintement en 529.

Aimez la solitude et le recueillement, 1° vous surtout qui êtes plus susceptibles de recevoir les mauvaises impressions des scandales du monde; 2° vous qui avez fait une triste expérience de votre faiblesse; 3° vous enfin que l'attrait de la grâce touche plus particulièrement dans ce sens.

Saint Alfred abbé – 12 janvier.

PENSÉE. C'est lorsqu'une âme prend la résolution de renoncer au monde, qu'elle connaît par expérience le plaisir ineffable qui se trouve au service de Dieu, et qu'elle goute cette délicieuse paix qui en est la compagne inséparable

PRATIQUE. Détachez-vous de plus en plus des créatures pour ne vous attacher qu'à Dieu seul.

PRIEZ pour ceux qui sont en voie de conversion.

 

ORAISON.

O Dieu, qui avez accordé au bienheureux Alfred abbé la grâce de suivre constamment Jésus-Christ pauvre et humble de coeur: donnez à ceux qui entrent dans la voie de vos commandements de ne point regarder en arrière, et de ne pas s'arrêter en chemin ; mais faites que courant vers vous sans faire de chute, ils parviennent à saisir le gage de la vie éternelle. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Rome, sainte Tatienne, martyre. - Sains Arcade, martyr.

 

Saint Alfred (ou Aelred) naquit en 1109, dans la partie septentrionale de l'Angleterre, de parents distingués par leur noblesse et leur vertu. Ils prirent un soin extrême de l'éducation de leur fils, qui répondit parfaitement à leurs vues. Sa réputation l'ayant fait connaître à David, roi d'Ecosse, ce prince religieux voulut se l'attacher, en lui confiant le gouvernement de son palais. Alfred rempli cette charge avec une supériorité qui lui attira l'estime du prince et de tous les courtisans. La corruption du monde ne put rien gagner sur son âme. Incapable de se laisser éblouir par l'éclat des grandeurs passagères, il conserva toujours l'humilité, cette vertu favorite de Jésus-Christ, et sans laquelle il n'y a point de vrai chrétien. La pensée de la mort, qui devait tôt ou tard le séparer de ceux qu'il chérissait le plus tendrement, lui fit prendre la généreuse résolution de briser tous les liens qui pouvaient le retenir dans le monde; il quitta l'Ecosse, et vint, à l'âge de vingt-quatre ans, embrasser l'institut de Cîteaux à Rieval. Son exactitude à garder la règle du silence était extraordinaire. Ayant été nommé, malgré lui, abbé de Revesby, puis de Rieval, il s'appliqua à faire régner, dans son monastère où il y avait trois cents religieux, la paix et la charité la plus parfaite. On lui offrit plusieurs évêchés ; mais son humilité et son amour pour la solitude les lui firent tous refuser. Son unique plaisir était de vaquer à la prière, et de s'entretenir dans la ferveur par de pieuses lectures. mourut en 1166, à l'âge de cinquante-sept ans; il y en avait vingt-deux qu'il était abbé.

Admirez dans saint Alfred trois qualités excellentes :1° Il souffrait patiemment ceux qui l'importunaient, et ne se rendait jamais importun à personne. 2° Il écoutait volontiers les autres, et ne se pressait pas de répondre à ceux qui le consultaient. 3° Ses paroles et ses actions portaient, sans jamais se démentir, la douce empreinte de cette onction et de cette paix divine dont son âme était remplie.

Sainte Véronique de Milan - 13 janvier.

PENSÉE. Si vous n'agissez que par des motifs purs, si vous rapportez tout à la gloire de Dieu, votre vie deviendra une prière non interrompue et une méditation continuelle de la volonté du Seigneur, puisque vous passerez les nuits et les jours à l'accomplir.

PRATIQUE. Examinez sans cesse comment vous remplissez les devoirs de votre état.

PRIEZ pour ceux qui sont dans une fausse direction.

 

ORAISON.

Exaucez- nous, ô Dieu qui êtes notre salut, et, comme nous nous réjouissons de la fête de la bienheureuse Véronique, faites que nous soyons pénétrés des sentiments d'une vraie piété. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Césarée, saint Léonce. Évêque.

A Amases, sainte Glaphyre, vierge.

 

Sainte Véronique naquit dans un village peu éloigné de Milan. Ses parents, d'une condition vile aux yeux du monde, étaient entièrement dépourvus des biens de la fortune; ils n'avaient quelque travail de leurs mains pour faire subsister leur famille ; mais, à défaut de richesses, ils avaient la crainte de Dieu, trésor infiniment préférable. Véronique n'apprit point à lire; elle avait continuellement sous les yeux les exemples les plus édifiants, qui gravèrent dans son coeur l'amour de la Vertu. La prière était le plus cher objet de ses délices. Elle écoutait attentivement les instructions familières que l'on a coutume de faire aux enfants, et le Saint-Esprit lui en donnait l'intelligence; ce qui la mit en état de méditer presque sans cesse les principales vérités de notre sainte religion, et donnait de jour en jour de nouvelles forces à son âme. Les devoirs de la piété ne prenaient rien sur ceux de son état. Elle avait mille prévenances obligeantes pour ses compagnes, et se regardait comme la dernière d'entre elles. Cependant elle se sentit appelée à la vie religieuse; mais elle eut à vaincre bien des obstacles. Enfin, après une admirable persévérance de trois années, elle fut admise chez les augustines. de Sainte-Marthe à Milan, où elle se distingua bientôt par sa ferveur dans tous les exercices, et par son exactitude à observer tous les points de la règle. Sa fidélité embrassait les plus petites choses comme les plus importantes. Elle fut éprouvée par une maladie de langueur, et elle mourut en 1497, âgée de cinquante-deux ans.

Trois choses importantes dans la vie spirituelle : 1° de s'établir dans une parfaite pureté de coeur qui consiste à aimer Dieu par-dessus tout, et à n'aimer les créatures qu'en lui et pour lui; 2° de ne murmurer jamais, et de ne point s'impatienter à la vue des défauts du prochain, mais de les supporter avec patience, et de prier pour lui; 3° d'avoir chaque jour un temps marqué pour méditer la vie et surtout la passion de Jésus-Christ.

Saint Hilaire de Poitiers - 14 janvier.

PENSÉE. Le divin Sauveur nous assure que personne ne peut entrer dans le royaume du ciel, s'il ne devient semblable à un enfant, et si, par la simplicité naturelle à cet âge, il ne déracine toutes les affections déréglées de son coeur.

PRATIQUE. Sur toutes choses évitez la duplicité et le mensonge; coûte que coûte, soyez toujours franc et loyal.

PRIEZ pour les malheureuses victimes de la fourberie du siècle.

ORAISON.

O Dieu, qui avez donné à votre peuple, pour ministre du salut éternel, le bienheureux Hilaire, faites, nous vous en supplions que nous méritions d'avoir pour intercesseur dans les cieux, celui que nous avons eu pour docteur de la vie spirituelle sur la terre. Par J. -C. N. -S.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Nole, en Campanie, saint Félix, prêtre.

En Bavière, saint Engelmar, laboureur.

 

Saint Hilaire naquit à Poitiers, au commencement du IVe siècle, d'une des plus illustres familles des Gaules, mais encore engagée dans les erreurs du paganisme. Il employa sa jeunesse à l'étude de l'éloquence. Il avait trop de droiture dans l'esprit pour ne pas comprendre toute l'absurdité des superstitions païennes. Ce premier pas fait, les simples lumières de la raison l'amenèrent à la connaissance d'un Etre suprême et nécessaire, de la liberté de l'homme, des châtiments et des récompenses dans une autre vie. Il lut les saintes Ecritures qui déterminèrent sa conversion. Il était marié ; mais ayant été élevé, malgré les résistances de sa modestie, sur le siège de Poitiers, il se sépara de sa femme. Hilaire, après son sacre, ne se regarda plus que comme l'homme de Dieu: Il prêcha les saintes ordonnances de la loi évangélique avec un zèle infatigable qui édifia toute l'Eglise. Constance, protecteur déclaré de l'arianisme, cherchait alors à répandre cette erreur dans l'Occident : Hilaire y opposa de nombreux et savants écrits dont l'empereur fut irrité, et qui lui valurent d'être exilé en Phrygie. Mais la divine Providence sembla l'y avoir conduit tout exprès pour défendre la cause de la religion au concile de Séleucie. Les hérétiques, alarmés de la supériorité qu'il y prenait, le firent renvoyer dans les Gaules, où on le reçut comme en triomphe. Il mourut l'an 368.

Soyez simples. 1°. Ne cherchez que dans le défaut de cette simplicité les égarements où sont tombés les hérétiques, et l'opiniâtreté avec laquelle ils ont fermé les yeux aux lumières de la foi. 2° Les Pères de l'Eglise valaient bien nos prétendus philosophes pour l'étendue des connaissances, et cependant ils vivaient dans cette enfance spirituelle recommandée par Jésus-Christ. 3° Ils savaient, ces hommes de coeur généreux, et d'âmes vraiment grandes, que la conversation de Dieu n'est qu'avec les simples, et qu'il regrette tous ceux qui s'approchent de lui avec un coeur double.

Saint Paul ermite - 15 janvier.

PENSÉE. Si Dieu n'est pas le principe comme la fin de toutes nos actions, si nous n'agissons pas dans une dépendance continuelle de la divine volonté, qui nous demande notre coeur d'abord, qu'est-ce sinon nous détourner de notre but, perdre notre temps, et nous préparer le plus sombre avenir ?. . .

PRATIQUE. Recherchez en toutes choses l'ordre de la volonté de Dieu, c'est le moyen de vous épargner bien des regrets et des peines.

PRIEZ pour les infortunés qui se livrent aveuglément à une fatale dissipation.

ORAISON.

Dieu, qui nous remplissez de joie par la solennité de la fête du bienheureux Paul, ermite daignez nous accorder d'imiter les actions de celui dont nous honorons la mémoire. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE; ROMAIN.

En Anjou, saint Maur. Abbé

A Come. sainte Faustine, vierge

 

Ce Saint Paul naquit dans la basse Thébaïde en Egypte, vers l'an 227. On le vit toujours, dès sa plus tendre jeunesse, doux, modeste, et craignant Dieu. L'empereur Dèce ayant excité une cruelle persécution l'an 250, Paul, pour mettre sa foi en sûreté, commença par se cacher ; puis il se sentit inspiré de vivre tout à fait dans la retraite. Il s'enfuit donc au désert, et s'arrêta dans une caverne auprès de laquelle étaient une fontaine et un palmier dont les feuilles lui fournissaient le vêtement, et les fruits la nourriture. Il vécut ainsi jusqu'à l'âge de quarante-trois ans. Le reste de sa vie, il fut nourri comme l'avait été autrefois le prophète Elie, par un corbeau qui lui apportait chaque jour la moitié d'un pain. On n'a point de détails sur les longues années qu'il passa au désert. Il avait déjà cent treize ans, lorsque saint Antoine, alors âgé de quatre-vingt-dix ans, averti par une révélation, vint dans sa solitude. Les deux ermites s'embrassèrent, et, s'étant assis au bord de la fontaine, ils s'entretenaient des choses du ciel, lorsque le corbeau apporta un pain entier. Après un frugal repas, ils passèrent la nuit en prières. Le lendemain, Paul pria Antoine de lui aller chercher le manteau de saint Athanase; mais, à son retour, il trouva le saint ermite à genoux, sans mouvement et sans vie. Il enveloppa son corps dans le manteau, et deux lions venus du désert ayant creusé une fosse, il l'y déposa, après avoir récité les prières de l'Eglise, l'an 342.

Estimez la vie religieuse. 1° Une entière séparation du commerce des hommes est une de ces voies extraordinaires que Dieu n'emploie qu'à l'égard de quelques âmes privilégiées; 2° un état aussi parfait n'est que pour ceux qui se sont en quelque sorte familiarisés avec la pratique des plus sublimes vertus, et qui, par l'habitude de la contemplation, ne tiennent plus aux choses terrestres; 3° sans ces marques de vocation, le cloître n'offrirait que des illusions, des mécomptes, et enfin des scandales.

Saint Honorat - 16 janvier.

PENSÉE. Les âmes lâches, tièdes et paresseuses sont dans un état spirituel fort dangereux, parce qu'elles ne peuvent faire ce que Dieu exige de tous ceux qui le servent c'est-à-dire avancer dans la vie de la grâce.

PRATIQUE. Veillez continuellement sur vos sens et sur vos actions. Sans cette vigilance, vos chutes se multiplieront à l'infini.

PRIEZ pour les personnes tentées d'offenser Dieu.

ORAISON.

O Dieu, la lumière des fidèles et le pasteur des âmes, qui avez élevé à l'épiscopat le bienheureux Honorat, pour nourrir la piété des enfants de votre Eglise par la parole et le bon exemple, accordez-nous de mettre en pratique les vérités qu'il nous a enseignées, et de marcher sur les traces de ses vertus. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN

A Rome, saint Marcel, pape et martyr.

En Egypte, saint Mélos, évêque.

 

Saint Honorat naquit dans les Gaules d'une illustre famille originaire de Rome. Dès sa jeunesse, il eut le bonheur de connaître la vanité des   idoles, d'être éclairé de la lumière de la foi et de s'attacher au service du vrai Dieu : il engagea Ve­nance, son frère ainé, à imiter sa conduite. Convaincus tous deux du néant -des grandeurs humaines, ils n'eurent pour elles qu'un souverain mépris. Ils auraient bien voulu renoncer entièrement au monde; mais leur père, païen zélé, s'opposait à l'exécution de leurs désirs. A la fin cependant, ils eurent le courage de rompre tous les liens qui les retenaient dans le siècle: Ils prirent avec eux un saint ermite nommé Caprais, qu'ils avaient choisi pour leur directeur, et s'embarquèrent à Marseille pour passer en Grèce. Leur dessein était d'y vivre inconnu dans quelque désert. Venance mourut, quelque temps après, de la mort des justes; et quant à Honorat sa santé se dérangea considérablement, et il fut obligé de revenir dans les Gaules. Il vécut d'abord en ermite sur les montagnes voisines de Fréjus ; il se retira ensuite dans la petite ville de Lérins, où il fonda le célèbre monastère de ce nom vers l'an 400. La réputation du saint abbé y attira un grand nombre de religieux qu'animait sans cesse un esprit de charité et d'union. Le mérite d'Honorat devint si connu qu'on l'éleva sur le siège d'Arles en 426. Il eut beau s'opposer à son élection, on n'écouta point tout ce que put dire son humilité. Il ne gouverna son Eglise que peu de temps, car il succomba sous le poids de ses austérités et de ses travaux apostoliques l'an 429.

Nous sommes les temples vivants du Saint-Esprit. 1° Il est dans nos coeurs comme un feu brûlant qui communique à nos âmes une activité toujours nouvelle pour la vertu; 2°. qui nous console au milieu de nos peines, de nos épreuves, et de nos combats; 3° qui élève nos coeurs vers le ciel, et nous fait soupirer de plus en plus après la possession de Dieu.

Saint Antoine abbé - 17 janvier.

PENSÉE. Le démon est bien faible quand on sait le désarmer par une généreuse résistance. Il redoute le jeûne, la prière, l'humilité et les bonnes oeuvres. Il ne faut que le signe de la croix pour dissiper ses prestiges et ses illusions

PRATIQUE. Veillez sans cesse contre les tentations : ayez courage et confiance, sachant que la grâce vous suffit et ne vont fera pas défaut.

PRIEZ pour les personnes soumises à de rudes tentations.

ORAISON.

Que l'intercession du bienheureux Antoine abbé nous soit favorable, Seigneur, nous vous en supplions, afin que nous obtenions, par sa protection, ce que nous ne pourrions espérer de nos mérites. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

Au diocèse de Fréjus, sainte Roseline, vierge,

En Cappadoce, sainte Léonille, martyre

 

Saint Antoine naquit l'an 251, à Côme, dans la haute Egypte, et fut élevé avec le plus grand soin. On le vit, dès son enfance, aimer la sobriété, assister régulièrement aux offices de l'église, et obéir à ses parents avec une ponctualité singulière. La mort les lui ayant enlevés, il devint possesseur d'une fortune considérable, et se trouva chargé du soin de pourvoir à l'éducation d'une soeur plus jeune que lui. Il n'avait pas encore vingt ans, lorsqu'il entendit lire dans l'église ces paroles adressées au jeune homme de l'Evangile. Allez,, vendez ce que vous avez, donnez-le aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel. Il s'en fit sur-le-champ l'application à lui-même. Il donna ses biens aux pauvres, et mit sa soeur dans un monastère de vierges, où elle devint dans la suite la conductrice d'un grand nombre de personnes du son sexe. Puis il se retira dans un désert voisin, où il mena cette vie, toute céleste dont il est regardé comme le père et le modèle. Il se fit une règle de pratiquer tout ce qu'il trouvait de plus édifiant dans les autres. L'enfer, jaloux, déchaina contre lui toute sa rage. La prière et le jeûne furent principalement les armes spirituelles avec lesquelles il triompha des tentations les plus horribles et les plus opiniâtres. La vénération qu'on avait pour lui était universelle. Des philosophes païens même vinrent le visiter, et tous étaient dans l'admiration de sa science et de sa vertu. Il mourut l'an 356, âgé de cent cinq ans.

Une dévotion sombre, farouche, rebutante ne saurait être le propre d'un coeur où règnent la paix, la simplicité, la douceur et la charité. 1°. La vraie vertu, toujours inflexible lorsque le devoir parle, ne peut rendre intraitable celui qui la possède ; 2° elle sait que le défaut d'affabilité et de complaisance pour le prochain a communément sa source dans l'orgueil, vice qui ternit l'éclat de toutes les vertus que l'on aurait d'ailleurs, et qui, en nous éloignant de cette ressemblance que nous devons avoir avec la nature divine, nous rend en quelque sorte participants de celle des démons.

La chaire de Saint Pierre à Rome - 18 Janvier.

PENSÉE. Si Jésus-Christ, annonçant que son Eglise reposait sur des fondements contre lesquels les portes de l'enfer ne prévaudraient jamais, n'avait point parlé en Dieu, l'Eglise, comme les institutions humaines, aurait. passé avec le temps; mais le doigt de Dieu est là et l'Eglise est toujours la reine du monde ayant pour époux Jésus-Christ le roi immortel des siècles.

PRATIQUE. Nourrissez dans votre coeur un grand amour pour l'Eglise.

PRIEZ pour N. S. -P. le Pape et pour les hommes apostoliques.

ORAISON

O Dieu, qui, en remettant les clefs du royaume des cieux au bienheureux Pierre, votre apôtre, lui avez donné le pouvoir sacré de lier et de délier : accordez-nous, par le secours de son intercession, d'être délivrés des liens de nos péchés. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN,

A Rome, sainte Prisque. vierge et martyre.

 

Saint Pierre, après avoir triomphé du démon en Orient, fondé, par la prédication, plusieurs Eglises, et gouverné en particulier celle d'Antioche durant quelques années, alla, l'an 41, combattre à Rome la superstition et l'erreur dans son centre et sa source. Il fallait bien du courage pour une telle entreprise, puisqu'il s'agissait d'attaquer l'idolâtrie jusque sur son trône. Ce courage, l'Esprit-Saint l'inspira à celui que la voix d'une simple servante avait autrefois fait trembler. Il était réservé au prince des apôtres de planter la foi dans une ville dont la puissance ne s'était étendue si loin que pour faciliter la promulgation de l'Evangile, et qui, après avoir été longtemps le centre de toutes les superstitions du paganisme, était destinée, dans les desseins de Dieu, à être le centre de l'unité catholique. Saint Pierre n'y fut pas plutôt arrivé, qu'il y prêcha Jésus-Christ, et y établit son siège épiscopal. C'est l'anniversaire de cet établissement que l'on célèbre aujourd'hui. Il était bien juste que les chrétiens fêtassent tous les ans la mémoire de la fondation de cette Eglise, qui est la mère commune de tous les fidèles. Pour entrer dans l'esprit de cette fête, nous devons remercier Dieu des miséricordes particulières qu'il a exercées envers l'Eglise catholique, apostolique, romaine, et le prier de lui en accorder la continuation, de multiplier le nombre de ses enfants, de la délivrer de ses ennemis, et de répandre les dons les plus abondants de sa grâce et de sa sagesse sur notre saint père le Pape; afin que brillent toujours en lui, dans tout leur éclat, les vertus qui doivent caractériser le successeur au prince de apôtres.

Nous sommes de vrais enfants de l'Eglise, 1°. par une conduite formée sur les exemptes de Jésus-Christ ; 2° par notre charité, c'est-à-dire par l'amour de nos frères, enfants d'une même mère ; 3° par notre zèle pour l'honneur de celle qui nous environne de tant de sollicitude et de tendresse.

Saint Canut, roi et martyr - 19 Janvier.

PENSÉE. Heureux le roi, le chef, le supérieur qui s'étudie de tout son pouvoir à rendre heureux ceux qui sont placés sous sa dépendance; il n'a d'ennemis que les méchants, comme le mauvais prince, le mauvais général, le mauvais père n'a d'amis que de méprisables courtisans.

PRATIQUE. Mettez votre bonheur, après le service de Dieu, à vous montrer obligeant envers le prochain.

PRIEZ pour les autorités civiles.

ORAISON.

O Dieu, qui, pour exalter votre Eglise, avez daigné distinguer le bienheureux Canut, roi, par la palme du martyre et par de glorieux miracles : accordez-nous avec bonté que nous méritions d'arriver aux joies éternelles, en marchant sur les traces de celui qui a été l'imitateur de Jésus souffrant. Par le même J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

Smyrne, saint Germanique, martyr

Spolette, saint Pontien, martyr.

 

Saint Canut, roi de Danemark, alliait toutes les belles qualités de l'âme, à celles du corps. Mis sous la conduite de maîtres habiles, ils n'eurent jamais qu'à se louer de sa docilité et des progrès rapides qu'il faisait en tout genre: ils remarquèrent surtout en lui une éminente piété qui donnait un nouveau lustre à ses autres vertus. Quand il fut en âge de commander les armées, il le fit avec cette supériorité qui annonce les héros. Ses premiers coups d'essai furent de purger les mers des pirates qui les infestaient, et de soumettre plusieurs peuples voisins qui désolaient le Danemark par leurs incursions. Exclu d'abord du trône, sa conduite lui gagna tous les coeurs des Danois, qui lui rendirent sa couronne en 1080. Saint Canut parait avoir été choisi par la Providence pour achever la conversion des Danois. Il eut des guerres à soutenir, et il remporta d'éclatantes victoires. Le succès de ses armes ne l'enorgueillit point ; on le vit toujours, au milieu de ses triomphes, déposer son diadème aux pieds de Jésus crucifié, et présenter au Roi des rois l'offrande de sa personne avec celle de son royaume. Il choisit une épouse digne de lui, et travailla de toutes ses forces à connaitre les abus qui existaient dans ses Etats et à y remédier. Supérieur à toutes les considérations, il prit la défense des opprimés contre la tyrannie des grands. En un mot, il ne s'occupait que des moyens de rendre ses sujets heureux. Il établit le plus bel ordre dans son royaume, et commença par régler son propre palais. Aux vertus qui font les grands rois, Canut, joignait toutes celles qui font les grands saints. Cependant des dissensions s'élevèrent, au milieu desquelles il donna son sang pour l'amour de Jésus-Christ, le 10 juillet 1086.

La véritable amitié se trouve plutôt dans les hommes de foi:  parce que l'homme de foi est plein-de franchise, de loyauté; 2° il est fidèle et constant ; 3° il est dévoué et généreux.

Saint Sébastien et Saint Fabien, martyrs - 20 Janvier.

PENSÉE. Celui qui aime vraiment Dieu est plein de générosité à son service. Jugeons, d'après notre piété, notre dévouement à nos devoirs et notre zèle de la gloire de Dieu, comment nous aimons le Seigneur.

PRATIQUE. Chaque jour faites à Dieu un sacrifice de coeur, soit humiliation, soit mortification, soit privation.

PRIEZ pour les faibles et les tièdes.

 

ORAISON.

Voyez notre faiblesse, ô Dieu tout-puissant, et parce que le poids de nos devoirs nous accable, faites que la glorieuse intercession de vos bienheureux martyrs Fabien et Sébastien nous protège. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

En Bithynie, saint Néophyte, martyr

 

Saint Sébastien naquit à Narbonne, mais il fut élevé à Milan d'où sa famille était originaire. Il se montra, dès sa jeunesse, fervent disciple de Jésus-Christ. Quelque répugnance qu'il eût pour l'état militaire, il ne laissa pas d'aller à Rome, vers l'an 283, et de rendre dans les armées de l'empereur Carin. Son véritable dessein était d'être plus à portée d'assister les confesseurs et les martyrs dans leurs souffrances. Carin ayant été tué, peu de temps après, eut pour successeur Dioclétien. Créé par ce­lui-ci capitaine d'une compagnie de la garde prétorienne, il rendit dans cette place de grands services à la religion, en exhortant et consolant les martyrs au milieu des supplices, les visitant dans leurs prisons, et convertissant même des idolâtres. L'empereur, informé qu'il était chrétien, le manda, et, après lui avoir reproché son ingratitude, il le remit entre les mains de quelques archers qui, l'ayant percé de flèches, le laissèrent pour mort sur la place ; mais une sainte veuve, étant venue pour l'ensevelir, le trouva encore vivant, et, par ses soins généreux, lui rendit en peu de temps la santé. Sébastien, au lieu de se cacher, alla reprocher à l'empereur sa cruauté. Dioclétien, surpris et irrité de cette hardiesse, voulut le voir expirer devant lui sous les coups de bâton, en 288. La ville de Milan et plusieurs villes et contrées ont ressenti, dans des temps de peste, des effets sensibles de sa protection et de son crédit au ciel.

Soyez constant dans vos bonnes résolutions : 1° c'est la volonté qui nous fait faire le bien, plutôt que le lieu et même les moyens. Si vous aimez le changement, prenez garde que ce ne soit par légèreté, on par illusion du démon. 2° En quelque endroit que l'on aille, quelques moyens que l'on emploie pour se sanctifier, on n'arrive jamais à la vertu que par le sacrifice de sa volonté propre à la volonté de Dieu.

Sainte Agnès, vierge et martyre - 21 janvier.

PENSÉE. Beaucoup de personnes s'égarent pour avoir pris part à de mauvaises conversations ; un plus grand nombre se perd pour n'avoir point réprimé la concupiscence des yeux.

PRATIQUE. Soyez modeste et veillez sur vos regards; c'est le moyen de prévenir bien des tentations.

PRIEZ pour les âmes chastes.

ORAISON.

Dieu tout-puissant et éternel, qui choisissez ce qui est faible, selon le monde, pour confondre ce qui est fort: daignez nous accorder qu'honorant la mémoire de la bienheureuse Agnès vierge et martyre, nous imitions sa constance dans la foi. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

Tarragone en Espagne, saint Fructueux, évêque et ses compagnons martyrs

Troyes, saint Patrocle, martyr

 

Partout on publie les louanges de sainte Agnès, qui triomphant de la faiblesse de son âge, et de la cruauté du tyran, couronna la gloire de la chasteté par celle du martyre. On l'a toujours spécialement invoquée, avec la Mère de Dieu et sainte Thècle, pour obtenir du ciel le don d'une parfaite pureté. Elle naquit à Rome, sur la fin du III siècle, de parents chrétiens. L'éclat de sa naissance, relevé par une rare beauté, la lit rechercher en mariage par plusieurs jeunes gens des premières familles de la ville; mais toutes leurs démarches furent inutiles, aussi bien que les menaces du gouverneur, à qui ses. prétendants méprisés la dénoncèrent comme chrétienne. Quoiqu'elle n'eût que treize ans, elle aima mieux s'exposer aux plus affreux supplices, que d'être infidèle à Jésus-Christ, qu'elle avait pris pour son époux. On la conduisit aux autels des faux dieux pour la forcer de leur offrir de l'encens, et elle ne leva la main, dit saint Ambroise, que pour faire le signe de la croix. Delà elle fut traînée dans un lieu de débauche, où on se proposait d'employer tous les moyens les plus infâmes pour triompher de sa vertu; mais Dieu la protégea si visiblement que personne n'osa l'insulter ; et un jeune libertin ayant voulu braver le respect qu'elle inspirait aux autres, il se sentit à l'instant frapper les yeux par un éclat de feu céleste qui le renversa par terre, aveuglé et demi-mort. Agnès lui rendit, par ses prières, la vue et la santé; mais le juge, encore plus irrité, la condamna à avoir la tête tranchée. Elle consomma son glorieux martyre vers l'an 304.

Conservez-vous pur. 1° La chasteté fait un ange d'un homme mortel, en bannissant de son esprit et de son coeur toutes les pensées et toutes les affections terrestres. 2° C'est par cette vertu, plus que par aucune autre, que l'homme s'approche de la Divinité. 3° De magnifiques récompenses lui sont réservées ; mais il ne faut pas oublier qu'elle n'a sa perfection que quand elle est unie à la divine charité, à une humilité profonde, et à toutes les autres vertus.

Saint Vincent, diacre et martyr - 22 Janvier.

PENSÉE. La puissance et les fureurs des tyrans passent, et l'affliction et les tourments des martyrs aussi : seulement il reste la cruauté des uns à punir, et les mérites des autres à récompenser dans l'éternité !. . .

PRATIQUE. Montrez-vous généreux et fort dans les petites choses, afin de vous aguerrir pour les grandes occasions.

PRIEZ pour les catéchistes et les missionnaires.

ORAISON.

Nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, qui n'avez pas permis que le bienheureux diacre Vincent fût effrayé par les menaces, ni vaincu par les souffrances: daignez nous accorder de supporter les contrariétés de cette vie avec une constance d'âme invincible. Par J-C. N. -S. Ainsi soit-il.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Rome, saint Anastase, moine persan et martyr.

A Navarre, saint Gaudance évêque.

 

Saint Vincent, l'un des plus illustres martyrs de Jésus-Christ, naquit à Saragosse en Espagne. Valère, évêque de cette ville, après l'avoir fait élever dans la connaissance des saintes lettres et dans les maximes de la plus solide piété, l'ordonna diacre, et le chargea, sans avoir égard à sa grande jeunesse, du soin de distribuer aux fidèles le pain de la parole divine. L'Espagne avait alors pour gouverneur Dacien, l'un des plus cruels persécuteurs qu'ait jamais eus l'Eglise, lequel, voulant faire de Valère et de Vincent les premières victimes de sa fureur contre les chrétiens, les fit arrêter. Ils restèrent longtemps exposés dans une horrible prison à tout ce que les chaines et la faim ont de plus rigoureux ; mais leur intrépidité fut supérieure à toutes les épreuves. Valère fut condamné à l'exil, et Vincent fut réservé pour tous les genres de tortures que peut imaginer la cruauté la plus raffinée, tellement que, selon saint Augustin, sans une force surnaturelle, la nature humaine n'aurait pas été capable de les supporter. Vincent, les yeux élevés au ciel, et le coeur uni à Dieu, conservait une paix profonde et une tranquillité inaltérable au milieu de ces horribles souffrances. On l'enferma dans un cachot obscur où les anges vinrent le consoler. Dacien, outré de rage, mit recours, par une compassion perfide, à un dernier expédient, et fit mettre Vincent sur un lit mollet. Mais il expira aussitôt, âgé de vingt-deux ans, l'an 304.

Patience. 1° Nous ne voulons rien souffrir pour Jésus-Christ ; la plus légère contradiction nous décourage. Lâches et impatients, nous aimons à nous représenter notre situation comme la plus malheureuse qu'il y ait au monde. 2° Il est vrai que la nature soutire dans les épreuves, et que l'on peut demander à Dieu d'en être délivré, pourvu que ce soit pour sa gloire. 3° Mais attendons sans murmure l'effet de nos prières; et si nous ne sommes pas exaucés souffrons avec résignation. Dieu ne se retire de nous que pour nous procurer l'occasion de le chercher avec plus d'ardeur, et nous faire désirer de lui être unis d'une manière plus intime.

 

Saint Raymond de Pennafort - 23 janvier.

PENSÉE. Si nous n'avions personne pour nous enseigner pour la route de la sanctification, nous serions à plaindre : mais, pour peu que nous sachions les prendre à propos, ce ne sont pas les conseils qui nous manquent; disons plutôt que c'est la docilité à les suivre.

PRATIQUE. Sur toutes choses préparez-vous dignement à la réception des sacrements, et fréquentez-les souvent.

PRIEZ pour les directeurs des âmes, et le vôtre en particulier.

ORAISON.

O Dieu qui avez choisi le bienheureux Raymond pour être un ministre distingué du sacrement de pénitence et qui l'avez conduit admirablement à travers les mers : accordez-nous par son intercession, la grâce de faire de dignes fruits de pénitence, el d'arriver au port du salut éternel. Par J. -C.

N-S; Ainsi soit-il.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Rome, sainte Emerentienne. vierge et martyre.

A Tolède saint Ildefonse évêque.

 

Saint Raymond naquit en 1175, au château de Pen­nafort en Catalogne, d'une famille alliée aux rois d'Aragon. Ses progrès dans l'étude furent très rapides; à vingt ans il enseigna la philosophie à Barcelone, ce qu'il fit gratuitement et avec succès. Il s'appliquait plus à former les coeurs que les esprits ; de là ce zèle à inspirer une solide piété à ses disciples. Le temps qu'il pouvait dérober aux fonctions de son état, il l'employait à secourir les malheureux, et à terminer les différends qui s'élevaient entre ses concitoyens. A trente ans, il se retira à Bologne en Italie, pour se perfectionner dans l'étude du droit canonique et du droit civil; il y reçut le degré de docteur, et y professa toujours avec le même zèle et le même désintéressement qu'il avait montrés dans sa patrie. Son mérite l'avait élevé aux premières dignités de l'église de Barcelone, lorsqu'il entra dans l'ordre de Saint-Dominique, huit mois après la mort de son saint fondateur. Il fut successivement chargé de la conversion des hérétiques, des juifs et des Maures, et de la composition d'un recueil de cas de conscience pour l'instruction des confesseurs, connu sous le titre de Somme de saint Raymond. Appelé à Rome par le souverain pontife Grégoire IX, il devint auditeur des causes du palais apostolique, pénitencier et confesseur du Pape. Ce fut alors qu'il composa les cinq livres des Décrétales pour faire suite à Gratien. De retour dans sa patrie, les dominicains le nommèrent général de leur ordre; Raymond, après en avoir réformé les constitutions, se démit de sa charge et reprit les fonctions du saint ministère. Il mourut en 1275.

Pour profiter de ses confessions, il faut, 1° s'y préparer avec soin, s'attachant surtout à s'excitera la contrition de ses fautes et au désir de les réparer; 2° s'approcher du saint tribunal, avec humilité, franchise et soumission ; 3° tenir aux bonnes résolutions que l'on a renouvelées au Seigneur, pour éviter le péché à l'avenir et l'expier pour le passé.

Saint Timothée, évêque et martyr - 24 janvier.

PENSÉE. « Proposez-vous pour modèle, disait saint Paul à Timothée, les saines instructions que vous avez entendues de moi touchant la foi et la charité qui est en Jésus-Christ. Gardez, par le Saint-Esprit qui habite en nous, l'excellent dépôt qui vous a été confié. »

PRATIQUE. Ayez un grand respect pour le prêtre : n'y voyez plus l'homme sujet aux faiblesses de l'humanité, mais l'oint du Seigneur !

PRIEZ pour les jeunes gens appelés aux fonctions ecclésiastiques.

ORAISON.

Voyez notre faiblesse, ô Dieu tout-puissant, et parce que le poids de nos devoirs nous accable, faites que la glorieuse intercession de votre bienheureux martyr et pontife Timothée nous protège. Par J. C. N. S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN,

A Antioche, saint Babylas, évêque.

A Foligny, saint Félicien, martyr.

 

Saint Timothée naquit en Lycaonie d'un père gentil et d'une mère juive, mais déjà convertie à la religion chrétienne. Timothée, élevé dans la piété par les soins de sa pieuse mère, s'appliqua, dès son enfance, à l'étude de l'Ecriture sainte. L'éloge qu'on fit à saint Paul, qui vint prêcher en Ly­caonie l'an 51 de J. -C. , engagea le grand apôtre à le choisir pour compagnon de ses travaux apostoliques. Timothée accompagna saint Paul dans la plupart de ses voyages en Asie et jusqu'à Rome. Saint Paul, après l'avoir circoncis, lui confia le ministère de la parole, sans avoir égard à sa grande jeunesse, une vertu extraordinaire suppléant au nombre des années. Depuis lors il le regarda toujours non seulement comme son pieux disciple et son cher fils, mais comme son frère dans l'apostolat. Après divers voyages, saint Paul l'ordonna évêque, et le préposa à l'Église d'Ephèse comme le pasteur. le plus éclairé et le plus capable de la défendre contre les loups qui cherchaient à la ravager. Saint Paul passa en Macédoine, et écrivit de là à son cher disciple une lettre pleine de tendresse et d'instruction sur les devoirs de l'épiscopat. Il lui en écrivit une seconde de Rome, dans laquelle il lui apprenait à connaître les ennemis de la foi. Timothée ayant fait éclater son zèle à l'occasion d'une fête de païens, où il se commettait d'affreux désordres, fut pris, traîné par les rues, et assommé à coups de pierres l'an 97.

Faites de bonnes lectures.  Quiconque n'a pas des moments réglés chaque jour pour s'examiner dans la retraite, pour vaquer à la lecture, à la méditation, et à la pratique des autres exercices de piété, oublie le premier et le plus essentiel de ses devoirs, le soin de son âme. 2° Ce fut principalement la lecture des Livres saints qui inspira Timothée dès son enfance, et qui nourrit en lui, durant tout le cours de sa vie, cet esprit de religion et cet assemblage de toutes les vertus qui le rendirent si cher au grand apôtre des nations

La conversion de Saint Paul - 25 janvier.

PENSÉE. Combien de chrétiens à qui Jésus-Christ pourrait demander avec plus de raison qu'à Saul : Pourquoi me persécutez-vous? Est-ce ainsi que vous répondez à mes bienfaits, à mon amour?

PRATIQUE. Dites souvent avec le saint roi David : «  Seigneur, Dieu de mon salut, convertissez-moi, et détournez de moi votre colère »

PRIEZ pour la conversion des pécheurs.

ORAISON.

O Dieu, qui avez enseigné tout le monde par la médication du bienheureux Paul apôtre, nous vous supplions qu'honorant la mémoire de sa conversion, nous allions à vous en suivant ses exemples. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Damas, saint Ananie, martyr.

Clermont en Auvergne, saint Prix, évêque et martyr.

 

Saul, qui après sa conversion prit le nom de Paul, naquit à Tarse en Cilicie, était citoyen romain, et fut élevé dans la plus stricte observance de la loi mosaïque. Il apprit à faire des tentes, métier qu'il exerçait même en prêchant l'Evangile. Saul, animé, d'une haine mortelle contre les chrétiens, gardait les vêtements de ceux qui lapidaient saint Etienne; il obtint même des lettres qui lui donnaient le pouvoir d'arrêter tous les chrétiens qu'il trouverait à Damas. Il était en chemin pour cette ville, quand une lumière céleste le terrassa et lui ôta la vue. Il entendit, au même moment, une voix qui lui dit : Saul, pourquoi me persécutez-vous ?— Qui êtes-vous, Seigneur, répondit-il — Je suis Jésus, que vous persécutez, reprit le Sauveur. Alors, tout tremblant, il s'écria : Que voulez-vous que je fasse ?— Que vous alliez. trouver Ananie, qui vous déclarera mes volontés. Il se fit conduire chez Ananie, à qui le Seigneur avait révélé l'état de Saul, et ce qu'il en attendait pour sa gloire. Ananie lui rendit la vue, et, l'ayant baptisé, lui prédit tout ce qu'il aurait à souffrir pour Jésus-Christ. Dès lors le nouvel apôtre, rempli du Saint-Esprit, parcourait. les synagogues, et déclarait ouvertement que Jésus, qu'il avait persécuté, était le vrai Messie. Saint Paul ne se rappelait jamais sa conversion sans entrer dans les sentiments de la plus vive reconnaissance; et l'Eglise, en instituant cette fête, s'est aussi proposé de remercier Dieu d'un tel prodige, et de signaler aux pécheurs un modèle à imiter.

On persécute Jésus- Christ :1°. en profanant les sacrements dans lesquels son sang divin coule d'une manière invisible pour nous faire l'application de ses mérites et de sa mort ; 2° en résistant à sa grâce qui nous détourne du péché et nous persuade la vertu ; 3° en maltraitant, d'une manière quelconque, nos frères, qui, comme nous, par le baptême, sont ses membres vivants.

Saint Polycarpe, évêque et martyr - 26 janvier.

PENSÉE. Soyons les imitateurs de la patience de Jésus-Christ: car nous ne pouvons véritablement le glorifier qu'en souffrant pour son nom, comme il le dit lui-même, et comme nous le prouve l'exemple des Saints.

PRATIQUE. Exercez-vous chaque jour à souffrir quelque chose pour l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

PRIEZ pour ceux qui sont persécutés pour la justice.

ORAISON.

O Dieu, qui nous remplissez de joie en solennisant chaque année la fête de votre bienheureux martyr et pontife Polycarpe : daignez nous accorder qu'honorant sa mémoire nous nous félicitions aussi, de sa protection. Par J-C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN

A Bethleem, sainte Paule veuve.

A Crémone, saint Sylvain. évêque

 

Saint Polycarpe se convertit au christianisme vers l'an 80. Il eut le bonheur de converser avec ceux qui avaient vu le Sauveur. Jean l'Evangéliste l'ordonnât évêque de Smyrne vers l'an 96. La sixième année de l'empire de Marc Aurèle et de Lucius Verus, il s'alluma une violente persécution contre les chrétiens de l'Asie, dont Statius Quadrantus était proconsul. S. Polycarpe fut arrêté; on le présenta au proconsul, qui l'exhorta à avoir pitié de son grand âge, à jurer par la fortune de César, et à dire : Otez les impies. Les impies dont parlait le proconsul étaient les chrétiens. S. Polycarpe regarda d'un visage sévère toute la multitude du peuple qui était dans l'amphithéâtre, puis il s'écria en soupirant: Otez les impies, témoignant par là du désir ardent qu'il avait de leur conversion. Le proconsul voulut lui faire insulter le Christ: « Il y a quatre-vingt-six ans que je le sers, et il ne m'a jamais fait de mal; il m'a au contraire comblé de biens. Eh ! comment pourrais-je dire des injures à celui qui m'a sauvé. . . » En vain le proconsul menaça le saint évêque du feu et des bêtes. II fut mis sur un bûcher où il reçut la couronne du martyre.

Prière de saint Polycarpe mourant. Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de Jésus-Christ, votre Fils béni et bien-aimé, par qui nous avons reçu la grâce de vous connaître, Dieu des anges et des puissances, Dieu de toutes les créatures et de toute la nation des justes qui vivent en votre présence, je vous rends grâce de ce que vous m'avez fait arriver à cette heure où je dois être associé au nombre de vos martyrs, de ce que j'ai le bonheur de prendre part au calice de votre Christ pour ressusciter à la vie éternelle dans l'incorruptibilité du Saint-Esprit. Recevez-moi aujourd'hui en votre présence avec eux, comme une victime agréable que vous avez préparée vous-même, afin d'accomplir ce que vous avez prédit, vous qui êtes le vrai Dieu incapable de mensonge. C'est pourquoi je vous loue de toutes choses, je vous bénis, je vous glorifie par le pontife éternel Jésus-Christ, votre cher Fils, avec qui gloire soit rendus à vous et au Saint-Esprit maintenant et à jamais. Ainsi soit-il.

Saint Jean Chsrysostome, évêque et docteur de l'Église - 27 janvier.

PENSÉE. Je ne cesse de dire : Seigneur, que votre volonté s'accomplisse! Je ferai et souffrirai avec joie, non pas ce que telle ou telle créature voudra mais ce qu'il vous plaira d'ordonner. Je trouve dans cette disposition de mon coeur une solide consolation, une ferme ressource.

PRATIQUE. Ne cherchez que le bon plaisir de Dieu.

PRIEZ pour les prédicateurs.

ORAISON.

Nous vous supplions, Seigneur, d'exalter, par la grâce céleste, votre Eglise que vous avez voulu environner de la gloire des mérites et des doctrines du bienheureux Jean Chrysostome votre confesseur et pontife. Par le même J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

 

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Brescia, sainte Angèle Mérici, vierge.

Au Mans, saint Julien, premier évêque de cette ville.

 

Saint Jean, qui, par la force et par les charmes de son éloquence, mérita le surnom de Chrysostome ou Bouche d'or, naquit à Antioche vers l'an 334. Jean étudia l'éloquence sous Libanius, le plus célèbre orateur de son siècle, qu'il égala et surpassa même bientôt. Il avait un tempérament qui le portait à la colère, mais il vint à bout d'en réprimer les saillies, et d'acquérir cette douceur tant recommandée dans l'Évangile. A cette vertu il joignait une aimable modestie, une tendre charité pour le prochain et une conduite si pleine de sagesse, qu'on ne pouvait le connaitre sans l'aimer. Ses talents lui permettaient d'avoir les plus belles prétentions aux faveurs du monde ; mais, depuis qu'il eut goûté combien le joug du Seigneur est doux, les honneurs du monde ne le touchaient plus, et son unique désir était de se consacrer à Dieu dans la solitude. Cependant, entraidé à prendre part aux divertissements du siècle, il courut des dangers, mais la grâce lui découvrit la profondeur de l'abîme sur le bord duquel il marchait, et, saisi d'effroi, il se livra à la prière, à la lecture et à la méditation de l'Ecriture sainte. Il ne faut pas s'étonner qu'il ait parlé avec tant de force contre les jeux et les spectacles. Son humilité était si profonde qu'il fallut lui faire violence pour lui conférer les saints ordres. On eut encore plus de peine à lui faire accepter le siège de Constantinople mais, une fois qu'il y fut place, il déploya tout son talent pour la conversion des païens et des hérétiques, comme l'attestent ses nombreux et admirables écrits. Après avoir, rendu les plus grands services à l'Eglise, il mourut en exil l'an 407.

Réjouissez-vous dans le Seigneur. 1° la tristesse de l'âme est le plus dangereux des maux de l'homme. 2° C'est un bourreau domestique qui le tourmente, une tempête qui le plonge dans les ténèbres. 3°. C'est une guerre intestine qui le déchire, une fièvre lente qui le mine et le consume.

Saint Cyrille, patriarche d'Alexandrie - 28 janvier.

PENSÉE. Les Saints agissent comme ils pensent, et pensent comme ils agissent : franchise, droiture, simplicité, modestie, noblesse, grandeur d'âme, zèle ardent et vrai, voilà ce qui les distingue au fond de l'âme, comme à l'extérieur:

PRATIQUE. Ayez horreur du mensonge et de la duplicité.

PRIEZ pour les coeurs purs.

ORAISON.

Exaucez Seigneur, nous vous en supplions, les prières que nous vous adressons en célébrant la mémoire du bienheureux Cyrille votre confesseur et pontife, et daignez nous pardonner tous nos péchés en considération de ses mérites et de son intercession. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN

Rome, saint Flavien, martyr.

A Mons, saint Lemons, berger

 

Saint Cyrille naquit à Alexandrie vers la fin du IVe siècle. Son esprit, vif et brillant, fut, dès sa plus tendre jeunesse, un présage de ce qu'il devait être un jour. On peut dire de saint Cyrille qu'il fut suscité de Dieu pour défendre le mystère de l'Incarnation dans un temps où l'hérésie s'était déchaînée pour l'anéantir. II fut toujours si attaché à la conduite des ancien Pères, qu'il n'enseignait rien que d'après eux. Théophile, son oncle, étant mort en 412, saint Cyrille fut élu pour lui succéder. Il commença par purger la ville d'Alexandrie des juifs et des hérétiques dont elle était remplie. Ces succès furent suivis de la réforme des moeurs qui s'étaient bien relâchées parmi le peuple et même dans le clergé. Vers cette époque-là Nestorius, patriarche de Constantinople, sous un faux masque de piété, répandait ses erreurs. Il soutenait qu'il y avait deux personnes en Jésus-Christ, et que Marie n'était point mère de Dieu et le pape Célestin 1er chargea saint Cyrille de défendre la cause de la vérité. Dans le concile d'Ephèse, qu'il présida au nom du Pape en 431, les Pères, au nombre de deux cents, ne firent que confirmer ce qu'il avait écrit contre Nestorius, et ils consolèrent toute l'Eglise, en assurant à Marie, dans les termes les plus pompeux et les plus touchant le glorieux privilège de la maternité divine. La ville d'Ephèse, en particulier, fit éclater à cette occasion une joie extraordinaire. L'hérésiarque avait été excommunié et déposé, tous ceux qui soutenaient son parti se déchainèrent contre Cyrille; mais le saint méprisa leurs vaines clameurs; et il mourut paisiblement à Alexandrie l'an 444.

Que d'effets heureux produit la sainte Eucharistie dans ceux qui la reçoivent dignement 1° Elle guérit les maladies spirituelles de nos âmes. 2° Elle amortit les ardeurs de la concupiscence, et nous fortifie contre les tentations. 3° Elle nous incorpore à Jésus-Christ, et nous unit à notre divin chef de la manière la plus intime !

Saint François de Sales, évêque - 29 janvier.

PENSÉE. S'il avait quelque chose de meilleur que la douceur, Dieu nous l'aurait appris ; mais il ne nous recommande que deux choses, d'être doux et humbles de coeur. Voulez- vous m'empêcher d'observer le commandement de Dieu, et d'imiter le plus que je pourrai la vertu dont il nous a donné l'exemple, et dont il fait un si grand cas? Sommes-nous donc plus savants que Dieu?

PRATIQUE. Soyez doux : un zèle amer ne produit que du mal.

PRIEZ pour les personnes qui ont un caractère violent.

ORAISON.

O Dieu, qui, pour le salut des âmes, avez voulu que le bienheureux François, pontife, se fit tout à tous ; daignez nous accorder, nous vous en supplions, qu'inondés de la douceur de votre charité, dirigés par ses conseils, aidés du suffrage de ses mérites, nous obtenions le bonheur éternel. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE ROMAIN.

A Bourges, saint Sulpice (le Sévère), évêque.

En Bretagne. saint Gildas, abbé (surnommé le sage)

 

Saint François de Sales naquit le 21 août 1567, au château de Sales en Savoie, de parents plus recommandables encore par la piété dont ils faisaient profession, que par la noblesse de leur sang. Après ses premières études, on l'envoya au collège des jésuites à Paris, où il se distingua encore plus par sa piété que par ses talents. Il aimait à aller prier devant l'image de la sainte Vierge dans l'église de Saint-Etienne des Grès : ce fut là qu'il fit voeu de chasteté, et qu'il recouvra miraculeusement la paix de son âme, troublée par une horrible tentation de désespoir. Après avoir fait son droit à Padoue, il embrassa l'état ecclésiastique, et s'appliqua aux missions du Chablais. Au bout de trois ans, il avait déjà converti plus de soixante-douze mille calvinistes. Ces prodigieux succès furent principalement l'effet de sa rare douceur. Cependant il était naturellement vif et colère, mais il se fit, depuis sa jeunesse, les plus grandes violences pour vaincre ce défaut. Elevé, malgré ses résistances, sur le siège de Genève, il y retraça toutes les vertus de saint Charles Borromée qu'il avait pris pour modèle, et il travailla constamment par ses exemples, par ses écrits, par ses travaux, à gagner tous les coeurs à Jésus-Christ. Une vertu si aimable et si pure ne fut pourtant pas à l'abri de la calomnie, ni même des attentats, mais il en triompha comme de tout le reste. Sa mort, arrivée subitement à Lyon en 1622, excita des regrets universels.

Voici les caractères de la douceur.  Quiconque possède la douceur chrétienne, a un coeur tendre pour tout le monde; il est porté à pardonner et à excuser les fragilités des autres. Il témoigne la bonté de son coeur par une douce affabilité qui influe sur ses paroles et ses actions, et lui fait trouver tout agréable; il s'interdit tout discours sec, brusque, impérieux. 2° Une aimable sérénité est toujours peinte sur son visage ; il ne ressemble point à ces gens qui ne lancent que des regards furieux, qui ne savent que refuser, ou qui accordent de si mauvaise grâce, qu'ils perdent tout le mérite du bienfait.

Sainte Bathilde, reine - 30 janvier.

PENSÉE. Notre principale, notre seule affaire doit être de vivre pour Dieu, d'accomplir sa volonté, de travailler sans cesse à la sanctification de nos âmes, puisque c'est l'unique moyen d'arriver à !a céleste patrie.

PRATIQUE. Soupirez souvent vers le ciel.

PRIEZ pour les grands du monde : que Dieu leur inspire de donner bon exemple et de faire le bien.

ORAISON

O Dieu, en qui espère toute âme qui, exilée loin de vous sur la terre, se sent vraiment veuve et désolée : daignez nous accorder que, nous livrant à la prière et à la méditation, nuit et jour, nous méritions de participer aux consolations célestes. Par J. -C. N. -S. Ainsi soit-il.

AUTRES SAINTS DU MARTYROLOGE. ROMAIN.

A Rome, sainte Martine, vierge et martyre.

A Maubeuge en Hainault, sainte Aldegonde, vierge.

Sainte Bathilde naquit en Angleterre. Toute jeune encore, elle fut vendue comme esclave, et achetée à vil prix par un seigneur français qui devint maire du palais sous Clovis II. Sa vertu et sa prudence lui gagnèrent tellement l'estime et l'affection de son maitre, qu'il se reposa entièrement sur elle du gouvernement de sa maison. Dieu, qui la destinait à quelque chose de grand, même selon le monde, permit que l'éclat de ses vertus se répandit dans toute la France. Aussi, quand le roi Clovis II fut en âge d'être marié, on ne crut pas pouvoir mieux faire que de l'unir à Bathilde, et ce choix fut universellement applaudi. Ce mariage fut célébré en 649. Bathilde, ne s'enorgueillit pas de cette auguste alliance, qui ne servit qu'à donner un nouveau lustre à son zèle pour la religion. Chargée de la régence, après la mort de son époux, elle en signala l'époque par l'entier affranchissement des esclaves, et par un grand nombre d'autres bonnes oeuvres. Aussitôt que Clotaire III, son fils, fut en âge de régner, elle obtint la permission de suivre son attrait pour la solitude, et se retira à l'abbaye de Chelles, qu'elle avait fondée. Sa sortie du monde lui fit oublier le haut rang qu'elle y avait occupé. Elle vécut dans le cloitre comme une simple religieuse, où on ne la distingua que par son humilité, son obéissance et sa charité pour les malades. Dieu l'éprouva elle-même par des maladies qu'elle souffrit avec joie. Elle mourut l'an 580.

Elevons nos coeurs vers le ciel au milieu de nos occupations extérieures: 1° animons-les de cet esprit du christianisme qui seul peut les rendre méritoires pour l'éternité; 2° regardons le monde comme notre ennemi, craignons les pièges qu'il tend à notre innocence, veillons sans relâche de peur que le poison contagieux des vices dont il est l'esclave ne vienne infecter nos coeurs ; 3° allons de temps en temps aux pieds de Jésus-Christ, afin de ranimer notre ferveur et d'effacer, par nos soupirs, ces taches secrètes dont est si difficile de se préserver dans le commerce du monde.

 

Saint Nom de Jésus - 2e dimanche après l'Épiphanie

PENSÉE. « Le Fils de Dieu s'est anéanti en se faisant homme et obéissant jusqu'à la mort. Mais à cause de cela lui a donné un nom qui est au-dessus de tous les noms, devant lequel tout genou fléchit au ciel, sur la terre et dans ses enfers, et par lequel seul nous pouvons obtenir le salut ». (saint Paul).

PRATIQUE. Invoquez souvent le saint nom de Jésus, surtout dans vos tentations.

PRIEZ pour ceux qui, selon la prédiction du Sauveur, ont plus à souffrir pour la gloire de son nom.

ORAISON.

O Dieu, qui avez établi votre Fils unique Sauveur du genre humain, et avez ordonné de l'appeler Jésus : daignez nous accorder qu'après avoir vénéré son saint nom sur la terre, nous jouissions au ciel du bonheur de le contempler à jamais. Par le même J -C N -S Ainsi soit-il.

 

Le saint nom de Jésus fut donné à notre divin Sauveur le jour de sa Circoncision, selon la coutume des Juifs, de nommer les enfants mâles à cette cérémonie religieuse. Il est juste qu'au moment où quelqu'un est inscrit parmi les enfants de Dieu, honoré de son alliance, comblé de ses dons et rendu héritier de ses promesses, il prenne un nom qui rappelle cette glorieuse adoption et le caractère sublime dont il a été revêtu. Il ne faut pas s'imaginer que ce soit un ange, ou Joseph, ou Marie, qui ait eu la première idée de donner ce nom au divin enfant. Saint Luc nous apprend que ce nom fut apporté du ciel par l'archange Gabriel, avant que Jésus-Christ fût conçu, et qu'il fut dès lors révélé à Marie. il fut aussi découvert à saint Joseph dans une autre circonstance. Il appartenait à Dieu de nommer lui-même son Fils unique, puisque lui seul pouvait connaitre le nom qui convenait le mieux à son caractère, à sa dignité, à sa mission. Le mot de Jésus signifie sauveur. D'autres l'ont porté avant lui, mais ce n'était pour eux qu'une simple qualification extérieure et temporaire ; et, dans le Rédempteur, le nom de Jésus n'est pas l'ombre d'un grand nom, c'est la réalité pour toujours. Ce nom, plein de douceur, rappelle à notre esprit les plus doux souvenirs, et nous est un garant des plus précieuses espérances. Aussi l'Eglise a-t-elle cru devoir autoriser une fête spéciale en son honneur, fête dont la solennité a été fixée au deuxième dimanche après l'Epiphanie.

La fête du saint nom de Jésus parait en quelque façon comprendre tous les autres mystères de l'Homme-Dieu. 1°. Le nom sacré de Jésus rappelle à notre esprit la majesté et la gloire de sa divinité, et les charmes attrayants de son humanité sous le caractère de Sauveur et d'Époux de nos âmes. 2° Cet adorable nom lui fut donné par son Père, comme le titre de sa souveraineté suprême, de sa puissance, de sa victoire sur le péché, la mort et l'enfer, et comme le garant de la grâce, des consolations et du bonheur.