Carmel
Sr Marie du Sacré Coeur à Mère Agnès de Jésus - 21 janvier 1937

DE  
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur
À 
MARTIN Pauline, Mère Agnès de Jésus

21/01/1937

Fête de Ste Agnès 21 Janvier 37
+ Jésus !
Ma petite Mère chérie,
Vous m'avez demandé de vous écrire pour votre fête le rêve que j'ai fait le 26 Décembre au matin. La veille à 4 h. et demie, Sr Geneviève est arrivée toute triste me raconter une conversation qu'elle avait eue avec Mr l'Aumônier qui ne la comprend plus sur un certain sujet qui lui tient très fort à coeur. C'est toujours avec moi qu'elle vient se consoler, lorsqu'on lui froisse ses convictions qui sont aussi les miennes. Elle ne veut pas comprendre, ni moi non plus que nos maux nous viennent du bon Dieu infiniment bon ! Non, mais Il permet nos souffrances parce qu'Il en tire pour nous un bien infini, une gloire éternelle. Enfin, elle me cite le passage d'une homélie de St Grégoire le Grand qui affirme que le doute de St Thomas, à la résurrection, a été préparé et voulu par Dieu. Alors, elle me dit : Comment se fait-il qu'Il le jette dans un piège d'incrédulité et qu'ensuite Il l'en retire en lui faisant ce reproche : « Ne sois plus incrédule mais fidèle » puisque c'est Lui qui l'a rendu incrédule ? Elle me dit : Vous devez croire à St Grégoire, c'est un pape. Je lui ai répondu : ne me parlez pas de toutes ces dissertations des Docteurs et de tous les savants en spiritualité, je ne crois à rien, je laisse tout cela , je ne suis qu'un enfant qui peut à peine bégayer et ne sait dire que a-a-a. Là-dessus elle est partie consolée.
Et voilà que le matin, une demi-heure avant le réveil, je vois en rêve sur une montagne tout ensoleillée et riant, la Ste Vierge assise tenant devant elle un enfant qu'elle protégeait avec amour. C'était un tableau si simple et si doux ! Puis je vois debout, les regardant avec stupéfaction, un grand personnage, comme un vénérable moine ou prophète qui avait surgi tout à coup de sa solitude pour contempler ce tableau.
Aussitôt je me suis réveillée et j'ai compris qu'une ère nouvelle s'ouvrait pour les âmes. C'est bien cela en effet qu'est « la petite voie », mystère de miséricorde expliqué par un enfant !
Ma petite Mère chérie, c'est vous qui avez aidé cette enfant à faire connaître ce mystère de petitesse. Jésus a eu besoin de vous pour faire comprendre aux pauvres humains la Crèche et tous ses abaissemants ! O petite Mère bien-aimée, qu'est-ce qui vous attend là-haut ? Heureusement que vous me ferez jouir de toutes vos richesses car tout ce qui est à vous, je le sais, sera aussi à moi. Bonne fête, ma petite Mère chérie ! Nous n'avons plus beaucoup de fêtes à passer ensemble sur la terre mais nous aurons la fête éternelle qui ne finira jamais, où nous serons toujours ensemble sans craidre aucune séparation.
Votre Marie du Sacré Coeur, c.d.i.

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