Carmel
Sr Marie du Sacré Coeur à Mère Agnès de Jésus - 14 octobre 1936

DE  
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur
À 
MARTIN Pauline, Mère Agnès de Jésus

14/10/1936

+                                                             14 Octobre 1936
(A l'occasion de ses Noces d'or de vie religieuse célébrées le 15 Octobre 1936)
Le premier jour de ma retraite pendant la messe, mon coeur s'est comme fondu de reconnaissance. Je pensais à ces cinquante ans passés au Carmel où le bon Dieu m'a rendue si heureuse. Comment pourrais-je douter jusqu'à la fin de ma vie de sa miséricorde et de son amour ! Pourquoi craindrais-je en songeant aux mois d'exil qui restent ? Je sais qu'Il ne m'abandonnera jamais. Je sentais le besoin de chanter sa bonté ineffable, de lui offrir des sacrifices de louanges et d'action de grâces.
Le lendemain j'ai pris pour faire oraison « l'Histoire d'une Ame » je la sais par coeur, mais j'y trouve toujours quelque trésor nouveau. Ce passage m'a fait particulièrement du bien : « Rester petit, c'est reconnaître son néant, attendre tout du bon Dieu comme un petit enfant attend tout de son père. C'est ne s'inquiéter de rien, ne point gagner de fortune. Etre petit c'est encore ne point s'attribuer à soi-même les vertus que l'on pratique, se croyant capable de quelque chose, mais reconnaître que le bon Dieu pose ce trésor de la vertu dans la main de son petit enfant pour qu'il s'en serve quand il en aura besoin et c'est toujours le trésor du bon Dieu. » Oh ! que c'est doux de ne s'inquiéter de rien, de ne point gagner de fortune. Ainsi c'est le bon Dieu qui nous la donnera et il est infiniment riche, infiniment bon. Que c'est encourageant de bien comprendre qu'on n'est capable de rien et que c'est Lui qui fait tout.
Vendredi j'ai été bien émue en demandant pardon au chapitre pour toutes les fautes et infidélités de ma longue vie religieuse ; il me semble que j'en avais la contrition parfaite. Quel privilège de vivre entourée d'âmes saintes qui sont toujours prêtes à vous pardonner ! Que rendrais-je au Seigneur pour tous les biens que j'ai reçus de Lui ?,,,
Ma petite Mère chérie, en me voyant l'objet de tant de délicatesses à l'occasion de mon jubilé, moi qui ne mérite rien, en voyant ma petite Mère chérie si empressée à me combler de mille manières, c'est pour moi comme une image du jugement. Ainsi le bon Dieu fera à la fin de ma vie, le jour de ma mort, il me comblera de tous ses biens, sans que je l'aie mérité, il me récompensera sans que j'aie gagné une seule récompense. – Cela me coûtait d'être ainsi à l'honneur, mais à présent, je le veux bien, puisque c'est sa volonté et que cet honneur est surtout pour Lui, parce que je suis son épouse.
Sr Marie du Sacré Coeur c.d.i.

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