Carmel
Sr Marie de l’Eucharistie à son père – 2 février 1898

DE  
GUÉRIN Marie, Soeur Marie de l'Eucharistie
À 
GUÉRIN Isidore

02/02/1898

Marie Guérin à son père
+ Jésus !                                           J.M.J.T.                                                       2 février 1898
                                            Mon cher petit Père,
   Ta petite fille a bien de la peine de te savoir malade aussi avec quelle ferveur elle prie pour toi... Oh ! si elle pouvait donc souffrir à ta place, elle serait bien heureuse !.. Mais non, il faut qu'elle voie souffrir les siens pour les voir un jour ceints d'un diadème éclatant aux mille feux. Plus ils auront souffert, plus la couronne sera brillante, aussi à cause de cela elle ne refuse pas le combat, la souffrance. Elle les aime véritablement et tout en souffrant de les voir souffrir, elle jouit, elle sourit en voyant les anges, l'ange surtout qui vient de quitter la terre et qui nous est si cher, recueillir les fleurs que la grâce fait germer à chaque instant dans l'âme de mon cher petit Père.
   Nous prions toutes avec ferveur, aux heures de communauté notre Mère prie la Ste Vierge, la Ste Face, les Mères de Compiègne, notre petit ange de nous obtenir la guérison. Toute la journée je fais brûler un petite lampe à la Ste Face et à N.D. du Mt Carmel. Le bon Dieu ne peut pas nous refuser, car c'est avec tant de coeur que nous prions. Puisque je ne puis souffrir à ta place, mon cher petit Père, eh ! bien , les petites souffrances, les petits sacrifices journaliers je les offre en compensation de tes grandes douleurs. Je dis : Mon Dieu, je vous offre ces petits coups d'épingles, contentez-vous de mes faibles efforts, et enlevez bien vite les grandes souffrances de celui que j'aime tant.
   J'ai pensé qu'aujourd'hui, la Ste Vierge voulait te faire partager le glaive de douleurs qui autrefois lui transperça le coeur. Quand on aime on veut toujours faire partager ce qui semble le meilleur, et c'est bien sûr pour cela que la souffrance est venue te visiter.
   J'espère que les nouvelles vont être meilleures, s'il n'en est pas ainsi eh ! bien, le coeur va souffrir mais va dire : « Fiat » en union avec mon cher petit Père. Chaque souffrance peut sauver tant d'âmes, cela est bien consolant et redonne du courage quand on pense qu'à chaque instant on peut ouvrir le Ciel à une âme.
   Je t'envoie le plus gros des baisers celui qui vient du fin fond du coeur de ta petite fille
                                                   Marie de l'Eucharistie
                                                               r.c.i.
Le fin fond du coeur recèle deux baisers, un pour Papa, un pour Maman.

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