Carmel
De soeur Marie-Dosithée Guérin à Mme Martin – Juillet-août 1866.

DE  
GUÉRIN Marie-Louise, Sr Marie-Dosithée
À 
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin

31/07/1866

De soeur Marie-Dosithée Guérin à Mme Martin. Juillet-août 1866.
 
V. + J.
Chère Soeur,
Je n'ai pas le temps de t'écrire bien au long. D'abord je me porte bien, ensuite je t'en désire autant pour toi et ta famille. Je voudrais bien que tu soignerais ta petite Pauline, il me semble que si tu la soignais comme je veux elle serait bientôt guérie la pauvre petite. D'abord de l'huile de foie de morue, si tu savais comme cela fait du bien aux enfants, nous avons de pauvres petites créatures qui ont l'air de n'avoir pas pour deux jours de vie, qui prennent force et vigueur au bout de quelques mois de ce remède, que les enfants prennent bien plus facilement que les grandes personnes; ensuite il faudrait la mettre 1 mois ou deux à la campagne chez  quelques *[1v°] personnes sûres chez qui l'innocence de ton enfant ne serait point en danger et là la bien nourrir; et je t'assure qu'elle reprendrait bien vite, quoique cet ange serait bien plus heureux d'aller au ciel, mais si le Seigneur veut lui conserver la vie, nous tâcherons avec sa grâce d'en faire une sainte.
J'ai été agréablement surprise d'apprendre les succès de tes enfants (les enfants fréquentent alors la Providence d'Alençon. C'est seulement à la rentrée d'octobre 1868 qu'elles deviendront pensionnaires à la Visitation du Mans), félicite-les de ma part et dis-leur que leur tante les verra avec grand plaisir l'année prochaine si elles continuent d'être sages. Je trouve que tu as bien fait de mettre Marie en pension pour te décharger et en même temps, afin qu'elle se forme le jugement, cela me déplaît grandement qu'elle ait cette tendance au scrupule, ne lui parle tant de son âme et de la crainte de la souiller, car à la fin cette crainte excessive lui nuirait  plus qu'une conscience trop large, enfin je voudrais bien qu'elle tomberait entre [2r°] les mains d'une Maîtresse habile qui la dirigerait dans la dilatation de la confiance en Dieu.
Chère soeur, je prie tous les jours pour toi afin que le Seigneur te soutienne dans toutes tes épreuves, mais courage cela finira et la récompense sera une félicité sans fin pour des travaux passagers et d'un moment.
J'aurais bien désiré que tu m'aurais donné quelques détails sur notre future belle-soeur, enfin j'espère que la Ste Vierge y mettra la main afin que notre pauvre frère trouve le bonheur dans ce monde et dans l'autre.
Chère petite soeur que te dirai-je de plus sinon que je t'aime tendrement, plus que tu ne le crois. Envoie-moi la grosseur de la tête de la Ste Vierge (« la Vierge du Sourire ») et nous demanderons permission de lui faire une couronne.
Je t'embrasse chère soeur.
Ta soeur affectionnée
Sr M. Dosithée Guérin
de la Von Ste Marie
        D. S. B.
[2r° tv]   Si tu voulais avoir la complaisance de voir si tu trouverais de la toile pareille au modèle, aussi unie et claire comme le modèle, enfin nous en voudrions une 1/2 pièce ou une pièce si on ne pouvait en avoir moins. Je pense qu'il faudrait avant de conclure nous en dire le prix.
 

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