De soeur Marie‑Dosithée Guérin à Mme Martin. V. + J De notre Mère du Mans le 31 Août 1868 Chère Soeur, Ta lettre d'hier m'avait mis le coeur en allégresse, je m'imaginais que mon cher Père allait se guérir, mais aujourd'hui je vois bien que ce n'est pas la volonté du bon Dieu enfin qu'il soit béni de tout, nous avons bien des grâces à lui rendre, de nous avoir conservé notre bon Père jusqu'à un âge si avancé (M. Guérin père a plus de 79 ans.), et de le mettre dans ses derniers moments dans de si saintes dispositions, je vous en prie mes chers bien-aimés frères et soeurette, aidez‑lui à passer saintement du temps à l'éternité, faites-lui faire fréquemment des actes d'amour, de contrition et d'abandon, pour moi j'ai permission de passer le plus de temps que je pourrai devant le St Sacrement. Je t'en prie ma chère soeur, ne te laisse pas abattre par la tristesse; que les pensées de foi te soutiennent dans ces tristes circonstances; je prie bien aussi mon frère et mon beau-frère de ne pas te laisser pour la nuit, réserve-toi pour le jour, ne le quitte pas et suggère-lui de saintes pensées, enfin soigne-toi ou tu vas tomber et que deviendront tes pauvres petites filles. Je t'envoie ma procuration, vous la mettrez dans le nom de qui vous voudrez soit de mon frère ou de ton mari, je m'oppose aussi à la mise des scellés; garde cette lettre, elle seule suffirait pour qu'on ne mette pas les scellés. Adieu et bon courage. Je t'embrasse une dernière fois mon vénéré et tant aimé Père (M. Guérin mourra le lundi 3 septembre) Je vous embrasse tous Ta Soeur affectionnée Sr Marie Dosithée Guérin De la Von Ste Marie D. S. B.
