Carmel
De soeur Marie‑Dosithée Guérin à Mme Martin – le 18 août 1868

DE  
GUÉRIN Marie-Louise, Sr Marie-Dosithée
À 
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin

18/08/1868

De soeur Marie‑Dosithée Guérin à Mme Martin.

V. + J.
De notre Mère du Mans
le 18 août 1868

Chère soeur,
Je te remercie de la détermination que tu as prise (l'entrée de Marie et Pauline en pension à la Visitation du Mans), c'est certainement le Saint Esprit qui te l'a inspirée et j'espère qu'il bénira les efforts que nous ferons pour rendre ces chères enfants vertueuses.  A la réception de ta lettre, j'ai été de suite trouver N. T. h. l'assistante (Notre bonne Mère étant malade et ne pouvant s'occuper de rien) qui m'a accueillie avec une extrême bonté, me disant qu'elle était disposée à toutes les concessions pour le bien de tes enfants; alors on te met le prix de la pension à 600 Frs pour les deux petites filles, tu auras en plus les frais...
(deux lignes de texte ont été découpées)
cher on te la mettra à moins. Tu vois chère soeur combien on est bon ici pour toi et que [1v°] J'aurais grand tort de ne pas me dévouer à ma chère communauté qui a tant de bontés pour moi et ma famille.
Je t'envoie le prospectus, tu verras ce qu'il faut faire pour le trousseau, quoique tu ne sois pas obligée de donner tout ce qui est marqué dessus, pourvu qu'elles aient assez de linge pour attendre qu'il revienne du blanchissage, je te conseille même de les amener toi-même afin de trouver une blanchisseuse, si tu ne les fais pas blanchir chez toi, parce que je trouve que la blanchisseuse de la maison en prenant 50 Frs par an pour chaque enfant prend un peu cher, il me semble qu'en payant tout pour chaque objet, cela ne monterait pas si haut.
Sur le prospectus on demande des robes de nuit, tu peux les remplacer par des camisoles blanches et même j'ai vu des enfants avoir des robes de nuit et des camisoles de couleur, fais comme cela t'accommodera le mieux; pour les cols, à ta (.... ) 4 voiles mais je crois que la moitié suffirait, les petits enfants vont beaucoup moins au choeur que les autres, pour le grand voile de tulle, je [2r°] crois que tu peux attendre à la première communion; les tabliers noirs tu pourrais les donner de couleur mais je crois qu'un tablier noir à corsage ou une blouse vaudrait mieux ce serait moins salissant, un ou deux suffirait les deux robes d'uniforme en laine noire, une plus chaude pour l'hiver, et l'autre moins pour l'été, si tu veux n'en donner qu'une pour commencer ‑ 3 pèlerines (sic), les petites n'en portent que le dimanche pour aller au choeur, alors une ou deux au plus seront suffisantes; pour les livres de prières tu leur donneras ce que tu voudras.
Je te conseille chère soeur de fournir la literie cela te reviendra à moins cher que de t'abonner, pour la descente de lit elle n'a pas besoin d'être belle je t'assure. Les frileuses sont marquées en laine noire mais si tu en as de couleur, elles peuvent très bien les porter.
On désire que les enfants aient des pantalons fermés, une robe courte comme celles qu'elles portent ; un corset suffit; elles portent des sabots pour aller au jardin l'hiver et même l'été quand il fait humide, mais généralement elles n'ont pas de chauffe‑pieds, leurs classes sont bien chauffées.
Lorsque j'ai été demander un prospectus à la lère Maîtresse du pensionnat elle a été très contente et m'a dit de vous dire qu'elle aimerait bien mes chères petites nièces, elle m'a dit aussi qu'elle [2v°'] avait envoyé un prospectus à Mme Clouet qui désirait mettre sa seconde fille chez nous, J'en serais bien contente cela pourrait vous épargner des voyages, quand elle viendrait chercher sa demoiselle au 1er de l'an et à Pâques, elle pourrait emmener les vôtres et son commissionnaire pourrait être aussi le vôtre.
Je crois que lorsque tu n'auras plus que trois enfants chez toi, tu pourrais bien te passer avec une bonne, mon Père aurait une femme de ménage pour lui, et si tu avais de la peine à tout faire, en donnant quelque chose à la femme de ménage elle t'aiderait; crois-moi prends le moins de bonnes que tu pourras, on a trop de mal à s'en procurer de convenable.
Je pense que tu n'as pas de sujet de t'alarmer du dérangement de ton petit Joseph, son tempérament n'en sera que meilleur à ce que crois  (Dans quelques jours, les faits vont démentir cette confiance. Cf. lettre 75), il va se purger de toutes les mauvaises humeurs que les petits enfants ont bien souvent, et ensuite il deviendra fort comme Léonie.
Quant à moi tu aurais tort de t'effrayer pour ma santé; il est bien vrai que pendant 7 ou 8 mois J'ai cru que je n'irais pas loin, l'appétit ne revenait pas et enfin je ne pouvais me remettre mais depuis plus de 15 jours, je me sens complètement remise, l'appétit est très bon, je ne [3 r°] fais qu'un somme, enfin je me porte très bien. Pour le numéro de tes enfants je pense qu'il sera assez tôt de l'envoyer dans 15 jours par Isidore, la rentrée n'est que le 8 octobre; tu me répondras par mon frère ou plus tôt si tu veux, si tu trouves la pension trop chère.
Je te charge de bien embrasser mon cher petit Père pour moi, j'espère le voir dans 15 jours si sa santé le permet. Embrasse aussi mon beau-frère pour moi et dis-lui que j'espère le voir plus souvent maintenant.
J'en suis contente, cela lui procurera de la distraction de venir voir ses enfants.
Adieu chère soeur et amie crois que le Seigneur et moi t'aimons bien, rends bien des actions de grâces à notre bon Sauveur de la faveur qu'il t'accorde pour tes enfants.
Je t'embrasse de tout mon coeur   Ta Soeur  affectionnée
Sr Marie Dosithée Guérin
De la Von Ste Marie
D. S. B.

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