Carmel
De soeur Marie‑Dosithée Guérin à Mme Martin – 23 février 1870.

DE  
GUÉRIN Marie-Louise, Sr Marie-Dosithée
À 
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin

23/02/1870

De soeur Marie‑Dosithée Guérin à Mme Martin. 23 février 1870.
 
 
                                                                                    De notre Mère du Mans
                                                                                    23 février 1870
 
Ma chère Soeur,
Sursum Corda ! les coeurs en haut !. . . Notre Ange est au ciel (la petite Hélène Martin est morte le mardi matin, 22 février) et sans avoir connu les misères de la terre, elle a passé des bras de sa Mère bien-aimée dans ceux du Seigneur, avec la robe blanche de son Baptême.
O ma chère petite soeur ! que je suis heureuse de voir ta foi si profonde et ta résignation. Tu retrouveras bientôt ceux que tu pleures et que tu as tant aimés, et alors, ce sera pour ne plus t'en séparer jamais. Oui, ta couronne sera belle et très belle; ton coeur est sous le pressoir, mais par ton acquiescement à toutes les volontés divines, il en sort un baume qui réjouit le Coeur de Dieu.
Si tu pouvais venir me voir nous nous consolerions toutes les deux, et la vue de tes deux petites filles qui sont ici te ferait du bien. J'écris avec elles en ce moment, elles ont bien de la peine, mais l'espoir du ciel console, elles voudraient bien aussi consoler leurs pauvres parents.
Que les desseins de Dieu sont différents des nôtres ! Nous aurions voulu conserver cette enfant, elle promettait beaucoup mais qui peut connaître l'avenir ?. . . Non, il ne faut pas s'attrister outre mesure du départ de notre petite Hélène, ne possède-t-elle pas les vrais biens qu'elle aurait peut-être perdus plus tard. Réjouissons-nous donc surnaturellement de voir cette pure colombe s'envoler dans le sein de son Créateur avant d'avoir souillé ses pieds innocents dans la fange du péché.
Je suis calme et tranquille dans ma tristesse, je sens au fond de mon coeur que je ne voudrais pas autre chose que ce que Dieu a fait; il n'est pas moins aimable quand il nous ôte que quand il nous donne !
Je ne puis m'empêcher de te trouver heureuse de donner au Ciel des élus qui seront ta couronne et ta joie. Et puis, ta foi et ta confiance qui ne vacillent jamais, auront un jour leur rétribution magnifique. . . . . . . . (.... ) sois sûre que le Seigneur te bénira et que la mesure de tes peines sera celle des consolations qui te sont réservées; car enfin si le bon Dieu content de toi veut bien te donner le grand saint que tu as tant désiré  pour sa gloire, ne seras-tu pas bien récompensée ?

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