Carmel
De soeur Marie‑Dosithée Guérin à Mme Martin – 10 janvier 1869.

DE  
GUÉRIN Marie-Louise, Sr Marie-Dosithée
À 
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin

10/01/1869

De soeur Marie‑Dosithée Guérin à Mme Martin. 10 janvier 1869.
 
V. + J.
 
Chère soeur, sois sans inquiétude sur tes enfants ; elles sont rentrées bien gaies, mais ayant bien faim, on les a fait dîner et ensuite on me les a amenées à l'infirmerie. Pauline semblait avoir perdu sa langue, elle ouvrait la bouche et ne disait mot; peut-être que le singulier accoutrement dans lequel elle me voyait l'interdisait; J'étais enveloppée dans une couverture à cause d'un vésicatoire que j'ai derrière l'épaule qui m'empêche de m'habiller. Pour ta consolation je te dirai que je suis mieux et en voie de guérison; c'était une fluxion sur le poumon que j'avais, le bon Dieu a permis que le médecin ait bien trouvé le siège du mal; dimanche dernier j'avais une douleur de poitrine très forte, je pensais qu'un vésicatoire m'enlèverait cette douleur, mais le médecin l'a fait mettre derrière [2r°] l'épaule. Deux jours après il revenait de nouveau et trouvait la respiration meilleure, mais il ordonnait d'entretenir le vésicatoire qui rend énormément et depuis ce temps-là me voilà enveloppée dans une couverture pour jusqu'à je ne sais quand, mais aujourd'hui surtout je suis beaucoup mieux, j'ai très bien dormi cette nuit, point de transpiration, un peu de moiteur seulement; j'espère que dans quelques jours je serai tout à fait remise. Si tu savais comme je suis bien soignée. Notre bonne et chère Mère vient tous les jours quoique malade elle-même me voir et faire une petite neuvaine à N‑D‑de-la-Salette qui finira mercredi. Nos bonnes soeurs infirmières sont aux petits soins pour moi on ne me laisse pas quitter la chambre où je suis, pas même pour aller au réfectoire qui est tout à côté, enfin, c'est une charité tout à fait extraordinaire. Je pense souvent que j'aime bien mieux que ce soit moi qui soit malade que toi, car avec tes enfants et ta maison tu te serais si mal soignée, qu'assurément tu ne te serais pas tirée d'affaire, mais moi j'en serai bien vite quitte.
J'ai pensé que pour les livres que tu désirais offrir à N. T. H. Mère, il valait mieux que nous les fissions venir nous-mêmes que de t'en embarrasser : ce sont les lettres de St François de Sales à des religieuses : nous les avons de suite demandés je crois qu'il n'y en a pas au Mans on les fera venir d'ailleurs.
Adieu chère soeur tranquillise-toi, ainsi que mon beau-frère, que je remercie de la part qu'il prend à ma petite maladie je te prie de l'embrasser pour moi et de lui offrir les voeux que j'adresse à Dieu pour lui. Embrasse bien les deux petites pour moi.
Ta soeur affectionnée
Sr M. Dosithée Guérin
De la Von Ste Marie
      D S. B.
[2r°tv]     je n'ai plus de douleur à la poitrine ni ailleurs. 

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