Carmel
De Mme Martin à son frère Isidore Guérin et à sa Belle‑Soeur CF 113 – 13 décembre 1873.

DE  
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin
À 
GUÉRIN Isidore
GUÉRIN Céline née FOURNET

13/12/1873

 
Lettre de Mme Martin CF 113
 
A son frère Isidore Guérin et à sa Belle‑Soeur
13 décembre 1873.
Vous allez recevoir, aujourd'hui, une petite caisse conte­nant les étrennes de Jeanne et de Marie. J'envoie à Jeanne une montre porte‑monnaie, un accordéon et le volume intitulé: Les petites filles modèles, de Mme de Ségur. Pour Marie, deux boîtes de jouets qui ne valent pas la peine de s'envoyer ! puis un alphabet.
J'ai été sur le point de vous écrire, il y a huit jours, pour vous demander ce qui aurait pu vous convenir pour vos enfants, mais j'ai pensé que vous ne voudriez pas me le dire. Pourtant, entre parents, on ne doit pas se gêner, et je vous assure que vous me feriez plaisir si vous vouliez bien n'y pas manquer dorénavant. Pour moi, je ne fais pas de cérémonies et je vais vous indiquer franchement ce que je désire.
Céline voudrait une petite voiture pour sa poupée, c'est-à-dire un petit panier roulant que l'on pousse devant soi; je lui ai promis que sa marraine lui en enverrait un et, tous les jours, elle me demande si c'est demain le premier de l'An ! Ainsi, vous la combleriez de joie, en lui donnant l'objet de ses rêves. Pour Thérèse, elle est en nourrice, attendons à l'année prochaine.
Quant à Léonie, elle entre à la Visitation au mois de janvier; ne lui envoyez ni papeterie, ni nécessaire à ouvrage, elle a tout cela, ce serait de l'argent perdu; seulement un livre de piété, soit une Imitation ou un Manuel du Chrétien.
Si vous voulez combler les voeux de Pauline, donnez‑lui une Imitation également, mais avec prière et pratique pour chaque chapitre. Surtout, que ce ne soient pas des livres précieux, ce serait comme si elles n'avaient rien, parce qu'elles ne s'en serviraient pas avant d'être plus soigneuses.
Léonie use un catéchisme en un mois, pour ne rien savoir    à la fin !         
Marie est hors des rangs; si vous lui envoyiez des étrennes, vous me contraririez vivement, et j'espère de votre amabilité que vous ne voudrez pas me déplaire.
Je n'ai rien de bien nouveau à vous apprendre, sinon que le Château du Comte de Curial a brûlé avant‑hier, au milieu de la nuit et qu'il a été impossible d'éteindre le feu ; il est complètement détruit. Autre chose: le journal Le Pro­grès d'Alençon est menacé d'être suspendu et, pour le moment, il est défendu de le vendre sur les places publiques Cela ne va pas arranger ce pauvre P., qui n'est déjà pas trop riche !
Je vous dirai aussi que ma petite Thérèse marche presque seule; elle n'a encore que deux dents, elle est bien gaie et bien mignonne.
Je termine en vous souhaitant une bonne fin d'année, que vous soyez satisfaits de votre inventaire et que l'an prochain soit plus heureux pour vous que ne l'a été celui‑ci.
Mon mari me charge de vous faire toutes ses amitiés.

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