Carmel
De Mme Martin à son frère Isidore Guérin CF 8 – 16 mai 1864.

DE  
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin
À 
GUÉRIN Isidore

16/05/1864

 
Lettre de Mme Martin à son frère Isidore CF 8
16 mai 1864.
Tu m'apprends que la tante de Paris (Mme Ambroise Guérin, belle‑soeur de M. Guérin père) doit venir cette semaine, cela nous fait à tous le plus grand plaisir et nous nous en réjouissons d'avance. Marie ne fait qu'en parler. Elle me demande si on mettra la nappe, si on mangera des gâteaux, si on boira du vin et de la liqueur; tout cela l'intéresse beaucoup.
Tu me dis qu'elle ne passera qu'un jour chez nous; nous verrons cela quand elle sera ici. Je veux qu'elle reste plus longtemps. Mais si tu pouvais la décider à ne venir que la semaine prochaine, j'en serais bien contente pour la raison que voici: mercredi, vendredi et samedi, c'est le jeûne des Quatre‑Temps. Tu sais que Louis est rigoureux observateur des Commandements de l'Eglise, il ne voudrait ni faire gras, ni ne pas jeûner pour un empire et je doute que ma tante soit aussi fidèle à son devoir. Quand M. D. est venu, ce Carême, tu ne pourrais croire combien nous avons été gênés. Louis jeûnait seul, puisque je m'en trouve dispensée pour le moment; il nous regardait manger de bonnes choses pendant qu'il ne faisait que sa légère collation. Et il a fallu ne donner que du maigre. Ainsi, tâche donc d'arranger cela pour la semaine prochaine et dis‑nous le jour et l'heure, nous irons attendre la bonne tante à la gare.
Mon père est presque décidé à aller passer quelques jours à Paris, je crois qu'il s'en ira avec ma tante.
Je ne connais rien de nouveau à Alençon. Je compte que tu auras un petit neveu—ou nièce—pour le mois d'octobre; ce bébé ira en nourrice, hélas ! puisque je ne puis plus nourrir moi‑même. A la grâce de Dieu.
La petite Léonie ne pousse pas bien; elle ne paraît pas vouloir marcher. Elle est grosse et grande comme rien, sans être infirme, toutefois; elle n'est que très faible et très petite. Elle vient d'avoir la rougeole dont elle a été bien malade, avec des convulsions très fortes
Pauline est toujours la même. Elle est bien amusante et bien espiègle. Je pense la conduire demain au Mans voir ma soeur. Marie ne viendra pas, j'en ai assez d'une à me tourmenter ! L'autre jour, je faisais le mois de Marie avec elle et je lui disais de prier le bon Dieu pour toi; elle a inter­rompu sa prière en pleurant, elle voulait voir son « tonton ! »

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