Lettre de Mme Martin à son frère Isidore CF 34 11 août 1868. Le petit Joseph est à la maison depuis un mois. La nourrice ayant sa mère infirme, j'ai vu qu'elle avait trop à faire et j'ai préféré le retirer. Il est toujours malade; voilà six semaines qu'il est pris d'une maladie d'intestins, il n'a pas les membres plus gros qu'à trois mois. J'ai beaucoup de chagrin et des tribulations de toutes sortes. Dis‑moi au juste à quelle époque vous viendrez. Les enfants sont en vacances, il faudrait que ce soit au commencement de septembre ou à la fin du mois présent; le plus tôt sera le mieux. Cela me consolera et j'en ai grand besoin tout de suite. Je me fais une fête de voir ta femme et ta petite fille qui doit être plus forte que mon petit Joseph. Cela me fera encore pousser de gros soupirs. Ce ne sera pas de jalousie, pensez‑le bien, car j'aurais beaucoup de peine de vous voir aussi malheureux que moi et surtout si embarrassés avec un commerce difficile et cinq petits enfants à élever. Mais le bon Dieu, qui est un bon Père et qui n'en donne jamais à ses créatures plus qu'elles n'en peuvent porter, a allégé le fardeau, le Point d'Alençon se ralentit. Je vous assure que c'est presque un soulagement pour moi à l'heure actuelle, car je ne sais pas comment je m'en tirerais s'il fallait que j'aie des commandes en ce moment. A l'instant, je reçois votre lettre, j'attends donc avec bonheur votre arrivée pour le 30. Faites en sorte qu'il n'y ait pas d'empêchements, car si vous manquez cette fois, on sera fâché et bien fâché ! Les enfants sont là autour de moi qui dansent de joie.