Carmel
De Mme Martin à Mme Guérin CF 139 – 7 septembre 1875.

DE  
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin
À 
GUÉRIN Céline née FOURNET

07/09/1875

 
Lettre de Mme Martin CF 139
 
A Mme Guérin
7 septembre 1875.
. . . Le pèlerinage pour Lourdes part de Séez le lundi 27 septembre, à neuf heures et demie du matin, et prendra les pèlerins d'Alençon vers dix heures; ils seront de retour vendredi, vers cinq heures.
Notre bonne y va, il paraît que votre femme de chambre, Aline, a aussi le désir d'y aller ? Si elle se décide, qu'elle m'écrive de suite, je la recevrai avec plaisir; elle n'a pas besoin d'emporter de provisions, je leur donnerai à toutes deux ce qu'il leur faudra.
Quant à moi, les voyages ne me tentent pas; il n'y en a qu'un seul pour lequel je me sentirais beaucoup d'attrait, celui de visiter la Terre Sainte. Je crois pourtant que je ne la visiterai qu'au Jugement général, dans la Vallée de Josaphat; je tâcherai bien de tout voir, pendant que j'y serai !
Marie et Pauline ont été très heureuses de recevoir votre lettre; elles sont en partie de plaisir. Melle Romet est venue les chercher pour les promener à la campagne avec ces demoiselles Benoît; elles sont neuf jeunes filles et vont s'en donner à plein coeur. Je ne sais à quelle heure elles vont rentrer ce soir.
Pauline a aujourd'hui quatorze ans; elle a bien du chagrin de retourner seule en pension. C'est un grand crève‑coeur pour elle et pour moi. Que je serais heureuse de la garder avec Marie ! Si vous saviez ce qu'est cette enfant, elle fait ma consolation.
Je ne suis pas mécontente de ma Léonie; si on pouvait arriver à triompher de son entêtement, à assouplir un peu son caractère, on en ferait une bonne fille, dévouée, ne craignant point sa peine. Elle a une volonté de fer, quand elle veut quelque chose, elle triomphe de tous les obstacles pour arriver à ses fins.
Mais elle n'est pas du tout dévote, elle ne prie le bon Dieu que lorsqu'elle ne peut faire autrement. Cette après‑midi, je l'ai fait venir à côté de moi pour lui faire lire quelques prières, mais bientôt, elle en a eu assez et m'a dit:  « Maman, raconte‑moi la vie de Notre‑Seigneur Jésus‑Christ. » Je n'étais pas décidée à conter, cela me fatigue beaucoup, j'ai toujours mal à la gorge. Enfin, j'ai fait effort et je lui ai
raconté la vie de Notre‑Seigneur. Quand je suis arrivée à la Passion, les larmes la gagnaient. Cela m'a fait plaisir de lui voir ces sentiments.

Retour à la liste